Education

Autisme : Ces parents dénoncent le manque d'encadrement pour leur fille à l'école


Alors que l'Education nationale a mis "l'école inclusive" au cœur de sa communication sur l'accueil des enfants en situation de handicap à l'école, les parents de la petite Alice*, 11 ans, dénoncent un manque criant de moyens. En classe spécialisée dans une école du chef-lieu, les remplaçants sans formation s'enchaînent depuis le début de l'année, rendant sa scolarisation compliquée. Le Rectorat promet de proposer aux parents un accompagnement adapté dans les prochains jours.

Par Maxime Bonnet - Publié le Lundi 5 Décembre 2022 à 06:05

C'est avec une pointe de colère et d'amertume que Jean* raconte le parcours du combattant que subit sa fille Alice* depuis le début de l'année. Atteinte de trouble autistique, cette fillette de 11 ans est actuellement scolarisée dans une classe Ulis du chef-lieu. Or, depuis le début de l'année, les professeurs remplaçants se succèdent, perturbant une élève qui a particulièrement besoin de repères, un pré-requis essentiel pour créer une relation de confiance.

Des remplaçants qui se succèdent
 
"L'école est devenu un lieu de stress pour elle. Depuis la rentrée, sa professeur en classe Ulis est en arrêt et il y a de nouveaux remplaçants chaque semaine. Ils ne sont pas formés, or ma fille a besoin de repères. Cela créé un climat anxiogène pour elle, et elle peut donc avoir des manifestations énergiques en classe",
décrit le père de famille. "Quand le rectorat envoie un professeur remplaçant, c'est pour pouvoir dire ensuite 'il y a un adulte devant tous les élèves', mais cela ne peut pas marcher pour des enfants en Ulis. Ils ont besoin d'un accompagnement particulier. Et quand il n'y a personne, on envoie ma fille dans la salle d'un autre enseignant, sa 'professeure de référence'. Elle se retrouve à gérer sa classe et ma fille, ce n'est pas tenable", poursuit Jean. "L'école se retrouve dépassée quand ma fille réagit 'avec énergie', et la seule solution qu'ils ont, c'est d'appeler les pompiers. Ils sont venus deux fois la semaine dernière", s'agace le père d'Alice.
 
Devant ces difficultés à faire suivre de manière sereine les cours, l'école a donc demandé à rencontrer les parents d'Alice le 16 novembre dernier. "La seule solution qu'ils avaient, c'était de la déscolariser durant un mois. Finalement, nous avons pris une semaine de congés avec ma compagne pour pouvoir garder notre fille et nous espèrons qu'elle pourra bientôt retourner à l'école. Elle ira prochainement à l'IME (Institut médico-éducatif) pour apaiser la situation, mais cela ne règle rien sur le long terme", poursuit Jean. Pourtant, le rectorat dispose d'une référente autisme, "mais nous n'avons pas pu la rencontrer, malgré nos demandes".

"Il faut réfléchir à un meilleur accompagnement"
 
Interrogé, le rectorat reconnaît une valse d'enseignants depuis la rentrée. "L'enseignante titulaire est en arrêt et il y a eu effectivement de nombreux remplaçants sur ce poste. Cependant, nous travaillons avec les parents pour un meilleur accompagnement. Un AESH supplémentaire a été mobilisé pour cette classe", explique Azzedine Frahetia, conseiller "école inclusive" de la rectrice.
 
"Cette élève traverse effectivement une période difficile, mais il est très compliqué de savoir pourquoi exactement cette situation se dégrade. Notre objectif est de mettre tout le monde autour de la table pour trouver une solution. Une rencontre sera bientôt proposée aux parents, avec les deux inspecteurs d'académie, celui du secteur et celui en charge de l'école inclusive. De plus, la professeure ressource autisme sera également mobilisée sur ce dossier. Il est normal que les parents soient mobilisés pour la scolarisation de leur enfant, et nous reconnaissons aussi qu'il faut évidemment apporter de la stabilité à cette classe", poursuit Azzedine Frahetia.
 
Si pour l'instant aucune date n'est avancée, les parents d'Alice espèrent voir leur fille de retour sur les bancs de l'école le plus rapidement possible.