Mayotte

Wuambushu : Darmanin doit venir fin juin constater l'opération... et ses conséquences indirectes


Alors que des rumeurs circulent sur une éventuelle visite de Gérald Darmanin à Mayotte à la fin du mois, la tension ne retombe pas entre la population et les délinquants. S'il vient pour constater le travail des forces de l'ordre, c'est surtout la détresse des autres services publics qui subissent indirectement les conséquences de l'opération qui risque de l'accaparer.

Par GD - Publié le Mardi 6 Juin 2023 à 10:34

Rien n'est encore officiel, mais des rumeurs circulent concernant une visite de Gérald Darmanin à Mayotte, et à La Réunion, pour la fin du mois de juin. Le ministre de l'Intérieur effectuerait ce déplacement afin de constater lui-même les avancées de Wuambushu sur le terrain.

Si les expulsions des migrants et les opérations de décasage connaissent des difficultés de mise en place sur le plan diplomatique et judiciaire, ce sont surtout les conséquences indirectes de Wuambushu qui pourraient bien accaparer le ministre de l'Intérieur durant sa visite.

La semaine dernière, le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) a dû déclencher le niveau 2 du plan blanc en raison de la pénurie de soignants. Déjà peu attractif, il a fait face à une vague de départs liés à Wuambushu et peine à recruter pour compenser. Les professionnels de la santé ont peur de se rendre à Mayotte.

La prison de Majicavo déborde jusqu'à Domenjod

Mais l'hôpital n'est pas le seul service public à voir Mayotte asphyxiée par l'opération Wuambushu. Dans la journée d'hier, ce sont les agents pénitentiaires de la prison de Majicavo qui se sont mis en grève. Ils dénoncent des conditions de travail inacceptables. La prison, prévue pour accueillir 278 détenus, en compte 620 pour 112 gardiens. Soit un taux de remplissage de 230% comme le rapportent nos confrères de Les Nouvelles de Mayotte (LNDM).

Les syndicats demandent des renforts de personnel et l'extension de la maison d'arrêt. Le personnel est dans la peur constante d'une mutinerie. Des transferts vers La Réunion sont hebdomadaires, mais les arrivées à Majicavo sont toujours deux fois plus nombreuses que les départs vers notre département.

Dépités par Wuambushu, certains habitants prennent les devants

À Tsingoni, les habitants ne décolèrent pas devant Wuambushu qu'ils considèrent comme inefficace. Selon eux, les cambriolages ont explosé depuis le début de l'opération.

Hier, ils ont donc bloqué l'entrée de la ville, avec le soutien du Collectif des citoyens, en exigeant l'expulsion d'une famille jugée indésirable. Samedi dernier, certains habitants s'étaient rendus dans des quartiers insalubres pour faire pression sur les clandestins.

Pendant ce temps-là, les violences se poursuivent

Toujours selon LNDM, un camion livrant du pain et des viennoiseries au RSMA et au lycée de Coconi a été pris pour cible hier matin. Le chauffeur a reçu un coup de pierre à la tête, mais a pu s'enfuir et se cacher de ses agresseurs. Ces derniers ont totalement brûlé la camionnette.

En fin d'après-midi, c'est à Kahani que des violences ont éclaté. Deux bandes rivales se sont affrontées à la sortie des écoles. Les gendarmes sont parvenus à séparer les belligérants à coups de bombe lacrymogène.