Culture

​Un livre : "Flic : un journaliste a infiltré la police" Un auteur : Valentin Gendrot


Par Gillette Aho - Publié le Dimanche 16 Juillet 2023 à 06:45

A malin, malin et demi. Ce principe irait comme un gant à Valentin Gendrot. Il est journaliste. Il a infiltré les rangs de la police afin de mieux appréhender le métier, l’environnement, bref toutes les facettes du mot « police » synonyme de « sécurité ». Par la suite il a rédigé deux livres : un récit et une bd.

A l’issue de trois mois de formation à l’école de police, Valentin Gendrot est habillé, armé, badgé et affecté pendant quinze mois au sein du service psychiatrique de la préfecture de police (i3p). Lieu où des patients présentant un danger pour la sûreté des citoyens sont enfermés. Sa seconde affectation se déroulera au commissariat du 19ème
arrondissement de Paris.

En lisant page après page, je me demandais si, à La Réunion, les problèmes de ce corps de métier étaient les mêmes : à savoir les violences policières, le mal-être des policiers dans leurs conditions de travail. J’ai questionné une connaissance. Je suis rassurée : « Aucun problème de cet ordre dans nos commissariats locaux. Tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Ici c’est Bisounours… Ce n’est pas Mayotte, ni le 19ème arrondissement de Paris ». Circulez ! il n’y a rien à voir.

Muté à Paris, Valentin Gendrot fait une plongée dans le milieu où « les chasseurs » (les policiers qui cherchent le flagrant délit) et les pêcheurs (les policiers qui attendent le flagrant délit) se côtoient dans une double ambiance (feutrée pour la hiérarchie, survoltée pour celles et ceux qui sont dans les rues de la ville).

Valentin Gendrot se dit sidéré par le vocabulaire, le langage violent de certains policiers envers ceux qu’ils surnomment « les bâtards » c’est-à-dire les noirs, les arabes, les migrants… jusqu’au jour où il est sollicité pour « couvrir une bavure policière ». (Et à La Réunion, il n’y a pas de policiers qui parlent mal ou qui giflent les Mahorais, les Comoriens et même des Réunionnais ou des zoreilles … Il n’y a pas un « entre-soi dans la police » ?
- « Non y’a pas ça chez nous ».
- Circulez ! il n’y a rien à voir.

Au fil du temps Valentin Gendrot se retrouve « torturé intérieurement ».

L’auteur mettra fin à son infiltration avec une conscience « pas tranquille » : violences physiques et verbales, bavures, contrôles d’identité avec palpations humiliantes et même suicide d’un collègue lors de son immersion.

« Je commence à saturer de l’omniprésence de la violence dans ce quotidien. Ce qui m’étonne, outre les profils violents, c’est de constater à quel point ils se sentent intouchables. Comme s’il n’y avait aucun cadre, aucune surveillance de la hiérarchie. Comme si un policier pouvait choisir, selon son libre arbitre et son humeur du moment : être violent ou
non. »

Notre infiltré s’impatiente de « quitter la police ». Mettre fin à son intromission dans ce monde de « virilité et de puissance » pour rédiger son ouvrage. Un ouvrage curieux dans lequel Valentin Gendrot dévoile les petites misères, les petits arrangements, les mauvaises manières de certains policiers…

Bref, l’auteur a soulevé « la poussière » de la vie d’un adjoint à la sécurité…

« oui, il y a certainement un p’tit peu de poussière à La Réunion » finit par reconnaitre mon interlocuteur.

Ecouter la lecture du premier chapitre :
Valentin Gendrot - Flic - Chapitre 1 - YouTube

- Récit : « Flic : un journaliste a infiltré la police »
Valentin Gendrot - 300 pages
- BD : Flic, l’histoire vraie du journaliste qui a infiltré la police.
- Thierry Chavant - Valentin Gendrot - 130 pages
Editions GOUTTE DOR