Les Garibaldiens soutiennent le débarquement d'émigrés anti-Berlusconi à Gènes.



Les Garibaldiens soutiennent le débarquement d'émigrés anti-Berlusconi à Gènes.
Sur le Majestic Palermo, 500 Italiens venus de Barcelone, Bruxelles, Paris ou Hambourg, embarqués pour une traversée à destination de Gênes. Pour dénoncer la dérive de l'Italie, la violence du discours public sur l'immigration, la mise en danger des droits élémentaires et l'image désastreuse que donne Berlusconi de leur pays.
breakParce qu'ils pensent la démocratie fragile, la constitution menacée, ils élèvent la voix pour ne plus rester indifférents au sort d'un pays qu'ils aiment toujours. En signe de solidarité avec ceux qui sont restés sur la « galère » Italia, ces Italiens d'ailleurs, partis avec un aller simple en poche, Européens à la culture complexe, veulent encore espérer qu'ils pourront un jour rentrer… Et pas seulement pour les vacances.
A la fin du XIXe siècle, l'Italie a connu de grandes vagues d'émigration vers les autres pays européens, les Etats-Unis ou l'Amérique du Sud, où de véritables communautés se sont développées. Aujourd'hui, le pays est devenu à son tour terre d'accueil, l'immigration y est en pleine expansion.
En parallèle, l'exode des jeunes générations connaît une recrudescence ces dernières années. Des moins de 40 ans, diplômés, formés, qualifiés, qui cherchent ailleurs des opportunités qui n'existent pas dans leur pays. Ce phénomène commence à être l'objet d'enquêtes et d'ouvrages pour tenter de comprendre les raisons de ces départs, ce qu'ils reflètent des problèmes de la société italienne. Des expatriés qui symbolisent une méritocratie en berne.

« Il existe un mal totalement “Made in Italy” »

Dans « Vivo altrove » (« Je vis ailleurs », éd. Mondadori, mai 2010), Claudia Cucchiarato écrit :
« Ce sont des cerveaux en fuite, mais pas seulement. Ce sont des “néo-migrants”, des gens qui partent pour oublier, pour quitter un pays où ils se sentent à l'étroit. Des gens qui voudraient changer l'Italie, mais qui ne savent pas comment faire et ignorent s'il sera possible de le faire dans le futur. Alors ils changent de pays et s'en vont, à la recherche de meilleures opportunités et d'une alternative. »

Dans « La Fuga dei talenti » (« La Fuite des talents - Histoires des professionnels que l'Italie a laissé s'échapper », éd. San Paolo, 2009), Sergio Nava écrit :
« Il existe un mal totalement “Made in Italy” qui permet trop souvent de faire progresser, surtout dans les secteurs les plus stratégiques, deux catégories de personnes : les pistonnés et les lèche-culs. […]
Nous sommes ici pour pleurer sur le sort d'un pays qui ne fonctionne pas : un “bel paese”, au climat indépassable, aux beautés naturelles uniques au monde, à l'héritage historique majeur, à la qualité de vie sans égale.
Mais un pays, si les choses continuent ainsi, condamné à un déclin inexorable. »

« Mon fils, quitte ce pays ! »

Signe supplémentaire de cette crise profonde de la méritocratie italienne : Pier Luigi Celli, le directeur de la prestigieuse grande école Luiss Guido Carli de Rome -un mix entre HEC et Sciences-Po d'où sont sortis de nombreux dirigeants et personnalités politiques-, ancien directeur de la RAI, a publié une lettre ouverte dans le journal La Repubblica intitulé « Mon fils, quitte ce pays ! » :
« Ce pays, ton pays, n'est plus un endroit où on peut rester avec orgueil. […] Ceci est un pays où si tout va bien, tu commenceras en gagnant un centième de ce que touche une “velina” [jeune femme dénudée qui danse dans les émissions de la Mediaset, groupe de Berlusconi, ndlr] ou un “tronista” [participant à des émissions de trash TV de la Mediaset, principalement choisis pour leur physique et leur sens de la polémique, ndlr] […].
Choisis plutôt de partir là où la loyauté, le respect et la reconnaissance du mérite et des résultats ont encore une valeur. » (Voir le reportage vidéo)









La précarité croissante des jeunes travailleurs

Selon le rapport « Italiens dans le monde » publié par la Fondation Migrantes le 19 novembre 2009 :
  • 3 915 767 Italiens résident à l'étranger.
  • Les pays où ils sont les plus nombreux sont l'Allemagne, l'Argentine et la Suisse.
  • La Sicile arrive en tête des régions d'où ils émigrent le plus (600 000 Siciliens vivent hors d'Italie) : 54,8% sont d'origine méridionale (1 400 000 sont du sud, 800 000 proviennent des îles), 30,1% sont d'origine septentrionale (600 000 du nord-est, 580 000 du nord-ouest), 15% viennent du centre (580 000).
  • Plus de la moitié des Italiens de l'étranger ont moins de 35 ans (dont 30% de mineurs).
  • Les émigrants sont beaucoup moins nombreux qu'autrefois, par contre leur profil est très différent. L'exode des jeunes, principalement des diplômés avec un niveau d'étude élevé, est en forte croissance.
Selon l'Istat (l'Institut national italien de statistique) :
  • En 2009, dans six régions, le taux de chômage des jeunes entre 15 et 24 est supérieur à 30% (notamment la Sardaigne : 44,7% et la Sicile 38,5%).
  • Les régions où le chômage est le plus bas sont la Toscane (17,8%), la Vallée d'Aoste, la Vénétie et le Trentino-Alto Adige (10,1%).
A noter que ces statistiques ne font pas état de la précarité croissante du travail des jeunes (contrats à temps partiel, durée courte…) ni du travail au noir.
Photo : Peggy Picot.

Jeudi 8 Juillet 2010
philippe guistinati

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