Alors que tout le monde attentait l'annonce de la décision du Grand Jury, qui devait déterminer si le policier blanc qui a abattu Michael Brown, un supposé délinquant noir à Ferguson en août dernier, allait subir un procès, les médias anticipaient des réactions violentes de la population de la ville. Leurs prédictions ont été vérifiées, le policier n'a pas été inculpé, et plusieurs scènes de violences ont été constatées.
Le rôle de tout journaliste est d'être sur les lieux d'un événement. Il doit être là où l'actualité se déroule. Mais doit-il y être avant, et le dire, au risque de ne plus être spectateur mais de provoquer ou d'amplifier l'événement. C'est toute la question posée par Laurence dans son article.
Pour résumer, elle nous explique qu'elle a refusé de se rendre à Ferguson alors que ses collègues lui disant qu'il "allait" y avoir des émeutes. Elle considère que quand 500 caméras filment les méfaits de 80 personnes, ce sont les journalistes qui créent l'événement et contribuent à envenimer la situation.
Réflexion intéressante sous l'angle de l'analyse de données et de l'analyse prédictive.
Imaginons, et nous n'en sommes pas très loin, que la technologie et l'analyse de gros volumes de données, nous permette de prévoir où il va se passer un événement. Quel est le rôle du journaliste ? Se déplacer avant que l'évènement ne se produise, pour être présent au moment M ? Ou attendre que l'événement se soit produit pour se déplacer et en rendre compte ?
Il est intéressant de constater qu'en fonction du phénomène à observer notre réponse personnelle varie.
Si les données prédictives annoncent l'éruption d'un volcan, tout le monde trouvera normal que les journalistes s'y préparent, positionnent leurs caméras, pour tenter de capturer l'éruption en direct. Tout comme à l'occasion d'un événement sportif où le journaliste a en charge de faire vivre l'évènement.
En revanche, si des émeutes, un meurtre, ou tout autre événement négatif est "prédit" on reprochera aux caméras de servir la cause des émeutiers. Pire encore, si un assassin profite des caméras pour mettre en pratique son dessein, les journalistes seront accusés d’avoir provoqué l’événement.
La différence vient du fait que dans le premier cas, le volcan, qu'il n'y ait qu'un seul journaliste ou 500, cela n'a, à notre connaissance, aucun impact sur le moment et l'intensité de l'éruption.
En revanche lors d'évènements "humains", ces derniers peuvent instrumentaliser ou être instrumentalisés par la présence de médias.
Il y a aussi une segmentation entre événements positifs et événements négatifs. Personne ne reprochera aux caméras filmant une course à pied d'avoir influencé l'évènement, en donnant peut être plus d'énergie au coureur, ce dernier se sachant observé par des millions de téléspectateurs. Indirectement pourtant la présence médiatique a peut-être servi le vainqueur.
Mais face à un événement négatif, on interprétera la présence de nombreux médias comme un incitateur ou un amplificateur.
Le billet de Laurence Haïm pose donc au moins deux questions :
- l'analyse de données et l'application de modèles prédictifs au journalisme doit-elle être utilisée par les reporters pour couvrir un événement AVANT qu'il ne se produise (vous ferez vous même le parallèle avec Minority Report) ?
- le journaliste par sa présence, est-il un amplificateur de l'évènement ? Doit-il dans ce cas s’auto-censurer au risque de ne pas informer ?
Le rôle de tout journaliste est d'être sur les lieux d'un événement. Il doit être là où l'actualité se déroule. Mais doit-il y être avant, et le dire, au risque de ne plus être spectateur mais de provoquer ou d'amplifier l'événement. C'est toute la question posée par Laurence dans son article.
Pour résumer, elle nous explique qu'elle a refusé de se rendre à Ferguson alors que ses collègues lui disant qu'il "allait" y avoir des émeutes. Elle considère que quand 500 caméras filment les méfaits de 80 personnes, ce sont les journalistes qui créent l'événement et contribuent à envenimer la situation.
Réflexion intéressante sous l'angle de l'analyse de données et de l'analyse prédictive.
Imaginons, et nous n'en sommes pas très loin, que la technologie et l'analyse de gros volumes de données, nous permette de prévoir où il va se passer un événement. Quel est le rôle du journaliste ? Se déplacer avant que l'évènement ne se produise, pour être présent au moment M ? Ou attendre que l'événement se soit produit pour se déplacer et en rendre compte ?
Il est intéressant de constater qu'en fonction du phénomène à observer notre réponse personnelle varie.
Si les données prédictives annoncent l'éruption d'un volcan, tout le monde trouvera normal que les journalistes s'y préparent, positionnent leurs caméras, pour tenter de capturer l'éruption en direct. Tout comme à l'occasion d'un événement sportif où le journaliste a en charge de faire vivre l'évènement.
En revanche, si des émeutes, un meurtre, ou tout autre événement négatif est "prédit" on reprochera aux caméras de servir la cause des émeutiers. Pire encore, si un assassin profite des caméras pour mettre en pratique son dessein, les journalistes seront accusés d’avoir provoqué l’événement.
La différence vient du fait que dans le premier cas, le volcan, qu'il n'y ait qu'un seul journaliste ou 500, cela n'a, à notre connaissance, aucun impact sur le moment et l'intensité de l'éruption.
En revanche lors d'évènements "humains", ces derniers peuvent instrumentaliser ou être instrumentalisés par la présence de médias.
Il y a aussi une segmentation entre événements positifs et événements négatifs. Personne ne reprochera aux caméras filmant une course à pied d'avoir influencé l'évènement, en donnant peut être plus d'énergie au coureur, ce dernier se sachant observé par des millions de téléspectateurs. Indirectement pourtant la présence médiatique a peut-être servi le vainqueur.
Mais face à un événement négatif, on interprétera la présence de nombreux médias comme un incitateur ou un amplificateur.
Le billet de Laurence Haïm pose donc au moins deux questions :
- l'analyse de données et l'application de modèles prédictifs au journalisme doit-elle être utilisée par les reporters pour couvrir un événement AVANT qu'il ne se produise (vous ferez vous même le parallèle avec Minority Report) ?
- le journaliste par sa présence, est-il un amplificateur de l'évènement ? Doit-il dans ce cas s’auto-censurer au risque de ne pas informer ?













