Kate Moss, l'excessive dionysienne au pays d'Apollon…

Marjorie Rafécas

Bien qu'adorant la vie tumultueuse de la fashion incontournable Kate Moss, la presse people et de la mode s'inquiète des excès de leur icône : quand est-ce que Kate va délaisser ses vices pour enfin entrer dans les rangs d'une vie décente et équilibrée ? Le rock, c'est assurément tendance, mais pas très sain pour préserver un teint de rose… Kate serait-elle complètement immature ? Sa vie frôle Dionysos. Et si la vie démesurée n'était pas une question d'âge, mais de philosophie de vie ?

Kate Moss, l'excessive dionysienne au pays d'Apollon…

Comme nous l'a annoncé Nietzsche, Dieu est mort. Ainsi, l'homme moderne hésite perpétuellement entre l'ordre, la mesure, la maîtrise de soi, symbolisés par Apollon, et l'oubli de soi, la passion, la démesure, dont la caricature est Dionysos.

Kate est un excellent symbole pour imager la théorie de Nietzsche sur le paradoxe humain tiraillé entre Apollon et Dionysos. A travers son image de parfaite icône de la mode, elle symbolise Apollon, l'esthétique et la perfection. A côté de cette image statique, elle superpose une image frénétique de fan de rock et de bad boys, qui la rend plus proche de l'abyme dionysiaque. Kate n'a probablement pas conscience qu'elle baigne dans le dualisme nietzschéen ! Pourtant, n'est-ce pas Jim Morrison, la star du rock, qui s'est inspiré de la Naissance de la tragédie, le premier livre de Nietzsche, pour renverser les valeurs et faire éclater sa rage ? Morrison adorait provoquer les hystéries collectives, un sentiment très dionysiaque… Ainsi, il y a manifestement du rock dans la philosophie de Nietzsche…

La morale de Nietzsche consiste en fait à dire "il faut savoir se perdre pour mieux se retrouver". Mais, le tout est justement de savoir se retrouver… Le va et vient entre la retenue et le débordement est un exercice psychologique qui n'est pas si aisé. D'où, l'invention du surhomme par Nietzsche ! Kate arrivera-t-elle à trouver son équilibre ? Morrison n'a pas su, il est manifestement trop sorti de lui-même… Pas facile de manier la démesure, même quand on est musicien.

Et vous, vous sentez-vous plus proche de Dionysos ou d'Apollon ? La prochaine fois, c'est promis, je vous propose un test…


Commentaires (1)
1. florent le 11/05/2011 19:24
Le parralèle est très intéressant et original : on pourrait dire que Kate Moss représente l'idéal féminin actuellement proposé et que celui-ci pêche par trop d'exigence : peut-on à la fois incarner la perfection de la forme (la norme) et la démesure, le chaos créatif, l'imrovisation libre ? C'est cet équilibre complexe qui fait les grandes réussites artistiques, et Nietzche lui-même a rapidement compris qu'il ne serait pas un musicien de génie malgré ces extraordiaires dons d'improvisations parce qu'il n'arrivait pas a mettre en forme son inspiration. Ce que vous dîtes de Kate Moss me rappelle par ailleurs son analyse (à Nietzsche ! ) de l'art grec classique : la perfection de sa forme cache justement selon lui un chaos intérieur non maitrisable. De même il analyse l'idéalisme de Platon comme la tentative de calmer une sexualité effrénée.
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