Rugby : une nouvelle philosophie de vie, plus ovale que ronde ?
Marjorie Rafécas
Depuis cet été, oubliez les rondeurs, la mode est ovale ! La coupe du monde de rugby semble fasciner les français. Pourtant, pas facile de démêler les règles de ce sport, tantôt rapide, tantôt rugueux. Mais, cette année, rien à dire, le rugby fascine. Publicités, sponsor, calendrier, personne ne peut y échapper !
Christophe Dominici
Les dieux du stade rappellent en effet étrangement l'esthétique de l'Antiquité. Des forces mythologiques herculéennes semblent se déployer des matchs. Et les femmes ont l'air aujourd'hui plus réceptives à ce charme quelque peu sauvage…
De façon plus terre à terre, le rugby est un concept marketing très porteur, car il se trouve dans la lignée du marketing authentique, ce marketing qui vous rassure, en utilisant des clichés nostalgiques. Le rugby véhicule les valeurs du terroir, un jeu collectif brut et loyal. On y sent une fraîcheur celtique et on se laisse volontier transporter par les fanfares du sud ouest !
Bref, toutes ces digressions sur le rugby pour en venir à l'excellent article que j'ai lu dans le dernier Philosophie Magazine, qui met en scène une conversation complice entre une philosophe fan de rugby, Catherine Kintzler et Christophe Dominici. Cela peut vous paraître étonnant qu'une intellectuelle puisse s'intéresser à un sport aussi "bourrin", mais cela va enfin vous aider à retirer vos préjugés sur ce sport plus subtil que vous ne l'imaginez. N'hésitez pas du reste à aller voir son blog : http://lachoule.blogs.paramourdurugby.com .
En fait, comme l'explique Christophe Dominici, le rugby est paradoxal : il est à la fois viril et tactile, va de l'avant comme à reculons. Bizarrement, il faut reculer pour avancer. C'est un sport multiple, qui joue dans la diversité et l'adversité. "Il y a le petit qui court vite, le gros qui fait barrage, le hargneux qui relance, le hardi qui fonce dans l'adversaire…", s'amuse à décrire C. Kintzler. Force est de constater que le rugby, à la différence du foot, échappe à la schématisation. Pas de babyfoot donc pour les joueurs de ballon ovale…
Reculer pour avancer, c'est aussi accepter ses fautes. Comme le dit si bien C. Dominici "il faut savoir se brûler, se construire par la faute et l'erreur, je veux dire que cela permet de faire un retour sur soi. Mais la société actuelle est une société d'antidépresseurs, elle refuse le négatif".
Ainsi, pratiquer le rugby, serait-ce une façon d'accepter l'échec ? Une dialectique de vie, qui se nourrit des fautes pour mieux les transgresser ? Un bonheur à reculons pour avancer doucement ? Bref, je vous laisse méditer sur ces quelques idées, pour mieux savourer cette coupe du monde !
Et terminerai sur ce petit clin d'œil à Nietzsche : ce qui ne tue pas, nous rend plus fort…
Source : Article lu dans le Philosophie Magazine n12 (septembre 2007) : Le RUGBY EST UNE PHILOSOPHIE DU CONTACT (propos recueillis par Julien Charnay et Martin Legros).
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