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Kabylie : ANADI, une association qui refuse le chantage politique

24/01/2013 - 15:52

TIZI AMEUR (SIWEL) — Durant les festivités de Yennayer 2963, dans le village de Tizi Ameur des At Yahia Moussa, l’Association Culturelle « Anadi » se place parmi ces Associations qui refusent tout embrigadement partisan orchestré par la Direction de la Culture de Tizi-Ouzou. Pour fêter Yennayer, dans l’esprit de la lutte pour l’identité kabyle et amazighe, l’association Anadi, a organisé une table ronde avec des membres du Congrès mondial Amazigh (CMA) et du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK).


Image illustrant le site de l'association où l'on peut lire en Tifinagh le nom du village Tizi-Ameur et le nom de l'association "Anadi". (Photo/Anadi)
Image illustrant le site de l'association où l'on peut lire en Tifinagh le nom du village Tizi-Ameur et le nom de l'association "Anadi". (Photo/Anadi)
Cette Association se veut autonome vis-à-vis des autorités et des partis qui jettent leur dévolu sur les mouvements associatifs aux fins inavouées de les instrumentaliser le moment venu. Pour domestiquer les associations culturelles, les autorités locales pratiquent un chantage par subventions publiques interposées. Les associations visées sont bien sur celles qui demeurent indociles aux chapelles politiques qui cautionnent l'asservissement de la kabylie à un régime qui les assassine à petit feu.

Aussi, comme on pouvait bien s'y attendre, l'association « Anadi » n’a ni Agrément ni subventions des autorités algériennes. Elle fonctionne garce aux legs et aux dons des Comités de Villages limitrophes qui leur reconnaissent leur indépendance.

Le 12 Janvier, pour Yennayer, Anadi, a fait le choix d'inviter des membres du Congrès mondial amazigh (CMA) et du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), la seule formation politique qu'ils considèrent indépendante du régime et qui défend réellement la cause kabyle et amazighe sans aucune ambition électorale ou de prise de pouvoir. Anadi a organisé une Table ronde avec M. Saidoun, Secrétaire National du MAK à Prospective, M. Hachim, Conseiller auprès du Président du MAK, Hocine Azem, Secrétaire National aux Relations Extérieurs du MAK ainsi que M. Méziani, Membre du Bureau Mondial du CMA. Les invités ont présenté leurs communications face à une assistance mixte et nombreuse où plusieurs générations se sont rassemblées autour des quatre animateurs qui ont développés des thématiques qui ont passionné les participants.

M. Hachim articula son intervention sur l’histoire et la symbolique de Yennayer en faisant une rétrospective remontant aux temps immémoriaux. Son allocution, accueillie comme une bouffée d'oxygène, a permis à l'assistance de se rendre compte, preuve à l'appui, que les Amazighs sont loin d'être insignifiant, comme on tente de le faire croire. Il a apporté des éléments d'histoire qui permettent de se rendre compte que les Amazighs, ces anciens Lebous ou Numide ont contribué à la civilisation et ont façonné à l’Histoire de la Méditerranée, de Chachnaq à Dihya, en passant par Massinissa, sans oublier Apulée qui a été le premier romancier de l'Histoire de l'Humanité. Les Amazighs, qui occupaient tout le quart Nord-Ouest n'ont eu de cesse de combattre les invasions qui se sont, sans répit, succédées. Les Peuples actuels d'Afrique du Nord sont leurs descendants dira l'orateur. Ils sont issues de la grande famille Amazighe et ceux d'entres-eux qui ont pu, jusqu'à maintenant, sauvegarder leur identité millénaire sont maintenant menacé de disparition. L'orateur a mis en exergue la lutte de certains d'entres-eux qui luttent pour leur existence. Il a pris en exemple le peuple Kabyle, le peuple Touareg et le peuple Rifain au Maroc. Il n’a pas manqué de souligner que la menace d’extinction nous guette, telle l'épée de Damoclès sur nos têtes puisque aucun de nos peuples ne dispose d'un Etat autonome qui leur permette de se prémunir des politiques d'assimilation. Il a finit en exhortant les générations montantes à poursuivre le combat de leur ainés, un combat pour les droits et la dignité du peuple Kabyle qui ne peuvent se réaliser que dans le cadre d'un Etat kabyle.

Dans la foulée, M. Méziani, dont le verbe incisif va droit au but, a abordé la problématique de l'aliénation et de la dépersonnalisation des Amazighs en général par les Etats centraux postcoloniaux des pays de l’Afrique du Nord. Depuis leurs Indépendances respectives, les Amazighs sont pris en otage par des tyrans arabo-islamistes qui n’ont aucun programme politique en dehors de l’entreprise de dépersonnalisation identitaire, culturelle et linguistique, notamment le pouvoir algérien qui excelle en la matière à travers, par exemple, la TV 04 une chaîne dite Amazigh où l'on voit des islamistes qui s'expriment dans une langue très arabisée, ou encore à travers les programmes scolaires qui distillent des mensonges et érigent le Hold-up historique en principe fondateur de la nouvelles Algérie, une Algérie qui tourne le dos à son Histoire et qui œuvre dans le seul et unique but de briser l'identité et la personnalité des amazighs, notamment des Kabyles.

M. Méziani a cité la presse arabophone, distribuée en Kabylie à la nouvelle génération, qui diffuse sciemment un discours idéologiques arabo-islamistes qui relève de l'intégrisme pur et dur, et ce, dans le but de nous arabiser linguistiquement et de nous islamiser à la mode wahhabite, celle-là même qui produit le terrorisme islamique qui ravage maintenant le monde entier. Leur but est l'anéantissement de nos valeurs kabyles de respect, de liberté, de solidarité, de tolérance et de laïcité. Le conférencier a fait appel à la responsabilité des parents afin de protéger et d’encadrer en leur inculquant la recherche du savoir, les valeurs de la modernité et de l’universalité que la Kabyle avait épousé depuis des siècles dans la première institution humaine qui est la Famille.

Emboitant le pas au conférencier précédent, Mr Azem aborda la question des droits humains en Kabylie et leurs flagrante violations par le pouvoir algérien en dépit des engagements signés devant une Communauté internationale qui demeure aussi sourde que les Partis que l'on dit démocratiques et des Syndicats algériens aux droits fondamentaux des citoyens qu'ils sont sensés défendre. M. Azem a rappelé que les Tribunaux et les Cours de justice violent chaque jour que Dieu fait les droits des Kabyles en les privant de leur langue tout en usant et abusant de la langue arabe dans leurs travaux quotidiens. Les écoles maternelles, les écoles primaires, les collèges et les lycées violent quotidiennement la conscience des enfants kabyles en leurs faisant subir des cours uniquement en langue arabe et ce, sur le territoire kabyle, au mépris et en dépit des droits universels et des traités et conventions des Droits de l’Homme ratifiés par l’Etat algérien.

En conclusion M. Azem a préconisé l’unique solution pour le peuple kabyle qui réside dans l’exercice de son droit à l’autodétermination pour accéder à sa liberté et fonder ses propres institutions en fonction des ses valeurs, de sa la langue et de ses objectifs d’épanouissement en accord avec sa culture et son identité.

Quant à M. Saidoun, il retracé la pensé moderne kabyle qui été portée par nos poètes et nos vaillants écrivains d’expression kabyle des générations durant. Il a rendu hommage à leur difficile et patient travail malgré l'environnement hostile des Etats qui ont tout fait pour étouffer nos voix. Cela nous permet aujourd'hui de disposer de notre propre littérature et de nos propres références. Il nous appartient désormais de continuer le combat avec nos propres méthodes. Les compétences et les potentialités existent, à nous d'imposer leur émergence afin de nourrir notre peuple de la culture du savoir, de la liberté et de la tolérance, des valeurs qui font partie de nos fondements et que nous nous devons de sauvegarder.

ib,
SIWEL 241552 JAN 13




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