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Assassinat des trois militantes kurdes : flou sur l'identité et les motivations du suspect

22/01/2013 - 00:09

PARIS (SIWEL) — Contredisant les versions faisant état d'une «piste interne», de «règlement de compte» ou d'une «appartenance au PKK», le lundi 21 janvier, au cours d'une intervention par téléphone à une émission diffusée sur CNN Türk, l'oncle du suspect, Zekai Guney,a déclaré que son neveu n'est pas un membre du PKK.«Ni lui, ni nous, ne pouvons en aucun cas être du PKK. Nous n’avons pas la moindre sympathie ou proximité avec cette organisation» précise encore l'oncle du suspect


Les trois cercueil des militantes kurdes assassinées à Paris symboliquement portés par des femmes pour être déposés dans une salle de fête pour un dernier hommage à Villiers-le-Bel le 15 janvier avant d'être rapatrié au Kurdistan. (Photo/(Joël Saget / AFP)
Les trois cercueil des militantes kurdes assassinées à Paris symboliquement portés par des femmes pour être déposés dans une salle de fête pour un dernier hommage à Villiers-le-Bel le 15 janvier avant d'être rapatrié au Kurdistan. (Photo/(Joël Saget / AFP)
Les deux hommes suspectés d'avoir perpétré l'assassinat contre les trois militantes kurdes ont été placés en garde à vue le 17 janvier. Ils habitaient dans le même appartement et sont tous deux présentés par les médias français comme étant d'origines kurdes, sans aucune précision, cependant, sur leurs véritable identités ou leurs passés, précisent les sources kurdes de la diaspora parisienne.

D'après les informations recueillies par ActuKurde, «le suspect "Ö.G" serait originaire de Sarikisla, dans la province de Sivas, une localité kurde mais il ne serait pas kurde. On ignore, pour le moment, comment il a pris le contact avec les trois femmes », précise le site d'information kurde selon lequel «le supect n'est pas vraiment connu de la communauté kurde de Paris», ce qui est tout à fait inhabituel pour une communauté aussi fortement unie et solidaire que les Kurdes.

Selon la Fédération des associations kurdes de France (FEYKA), Omer Guney n'aurait eu des contacts avec la communauté kurde que depuis un an et deux mois, «Il adhère à l'association kurde de Villiers-le-Bel en novembre 2011, paie 50 euros et fréquente l'association comme les autres adhérents» affirme la Fédération. «Il n'a pris aucune responsabilité au sein de nos associations. Il était un simple adhérant. Nous ne nous intéressons pas à l'origine ou à la couleur des gens. Les turcs et les français peuvent aussi devenir adhérents de nos associations» et surtout «Il n'était pas chargé de servir de chauffeur à Sakine Cansiz » précise la Fédération des associations kurdes de France (FEYKA)

D'autre part, sur une chaine de télévision kurde, le président du Congrès du Peuple du Kurdistan (Kongra Gel), M. Remzi Kartal, a déclaré que «Le suspect de l'assassinat n'a aucune rapport organique avec le PKK ». Pour une autre source kurde, précise AktuKurde, «le suspect serait même contre le PKK», le Parti des travailleurs du Kurdistan fondé par Abdullah Öcalan, leader charismatique du Kurdistan de Turquie, emprisonné depuis 1999 par les Turcs.


Une version que vient corroborer l'oncle du suspect Zekai Guney, qui a déclaré que son neveu n'est pas un membre du PKK, au cours d'une intervention par téléphone à une émission diffusée sur CNN Türk, le lundi 21 janvier. Zekai Guney a dit que son neveu, âgé de 31 ans originaire de Sivas, n'est pas un membre du PKK: «Omer est allé en France avec sa famille à l’âge de 5 ans. Son père avait un restaurant de Fast Food et il travaillait avec son père. Par la suite, il a commencé à travailler comme agent de sécurité à l’aéroport. Il n’est pas du PKK. Ils veulent lui mettre ces meurtres sur le dos. Ni lui, ni nous, ne pouvont en aucun cas être du PKK. Nous n’avons pas la moindre sympathie ou proximité avec cette organisation» précise encore l'oncle du suspect.

Les Kurdes s'interrogent sur les informations contradictoires qui circulent dans les médias français.

Selon 20 minutes : «Pendant la garde à vue, les policiers ont examiné ses affaires» et des «traces de résidus de tirs ont été retrouvées sur sa parka noire» et il y "aurait" un enregistrement de vidéosurveillance dans lequel on voit le suspect «entrer et ressortir du site avec des sacs».

Pour Europe 1: « aucune caméra n'est installée sur le lieu de l'assassinat. La version que le suspect a livrée aux enquêteurs est contredite par plusieurs témoignages et un enregistrement de vidéosurveillance prouve qu'il a menti sur son emploi du temps. Mais cela ne prouve pas, en revanche, qu'il est entré dans cet immeuble du nord-est de la capitale pour tuer les jeunes femmes car aucune caméra n'est installée à cet endroit».

De sons coté M. François Molins, procureur de la République de Paris, a donné des informations sur l’exécution des trois militantes kurdes à Paris. Le procureur a souligné «les incohérences entre les déclarations de Guney et les images des caméras de surveillance». M. Moulin n’a cependant donné aucune informations claire et précise sur sa véritable identité de même que sur les motivations du suspect dans ce triple assassinat.

Enfin, un détail troublant mérite d'être relevé. Selon ActuKurde, Mehmet Ali Şahin, le vice-président du parti au pouvoir en Turquie, l'AKP, a fait, lors d’une réunion de son parti à Karabuk, une déclaration qui confirme bien l’inquiétude des Kurdes sur l’approche de l’Etat turc vis-à-vis du mouvement kurde.

Le vice-président du parti au pouvoir en Turquie, a notamment indiqué que «des évènements comme celui de Paris pourraient aussi avoir lieu en Allemagne», un pays où vivent plus de 800 mille Kurdes et dont une importante partie soutient le PKK. Faisant référence à l'une des trois victimes, en l'occurrence à Sakine Cansiz, membre fondatrice du PKK, il a déclaré: «Nous leur [autorités allemandes.NDLR] avons écrit pour demander son extradition vers la Turquie et ils n’ont donnée aucune réponse. Ils voient maintenant, eux aussi, ce qui peut arrive. Dans les prochains jours des évènements pareils peuvent avoir lieu en Allemagne aussi». En effet, en 2007, Sakine Cansiz avait été arrêtée en Allemagne, puis libérée 40 jours plus tard. Les autorités allemandes avait refusé la demande de son extradition vers la Turquie pour manque de preuves.

Mais malgré les incertitudes, les contradictions, les déclarations de l'oncle du suspect et celles des organisations kurdes sur la très récente adhésion à l'association kurde de Villiers-le-Bel et l'absence de toute trace organique au sein du PKK, les médias français et les médias turcs continuent de parler d'une «piste interne », de «règlement de compte » ou d'une «appartenance au PKK » dans cette tragédie qui a frappé le Peuple Kurde.


source AktuKurde/AFP

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SIWEL 220009 JAN 13





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