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Boudjima : les habitants du village de Tissegouine érigent une stèle à la mémoire de leurs 22 martyrs

22/10/2012 - 13:20

TISSEGOUINE (SIWEL) — Une stèle commémorative vient d'être érigée à Boudjima, en hommage aux martyrs de la région. C'est l'Association Azrou Ouhellal qui a pris cette initiative.


En ce début de l’année I954, le village de Tissegouine, appartenant actuellement à la commune de Boudjima et au aârch des Ath-Ouaguenoun, était constitué seulement de seize maisonnettes dont la plus part d’ailleurs étaient faites de bois et de chaume. N’empêche, entre le premier novembre I954, jour où le FLN sonna le tocsin, et le 5 juillet I962, jour de la victoire des Algériens face à la France coloniale, la liste du martyrologe du hameau appelé « Tissegouine » était composée de 22 noms. Et parmi ces veux martyrs, quatre d’entre eux ont pris les armes sous la bannière du FLN dès le premier novembre I954, c’est-à-dire dès la première sonnerie du tocsin.

Cinquante après, les habitants de Tissegouine, réunis autour de l’association à caractère social dénommée « Azrou Ouhellal » dont la présidence est confiée à M. Yazid Chekroun, ont décidé d’ériger une stèle à la mémoire de leurs martyrs au lieudit « Ifri » situé exactement au centre du village. C’est devant des milliers de personnes des deux sexes et de tous les âges que la cérémonie inaugurale s’est déroulée vendredi dernier. Parmi les invités venus des quatre coins du pays figuraient les représentants de l’organisation nationale des Moudjahidine (ONM), l’organisation nationale des enfants de Chouhada (ONEC), la coordination nationale des enfants de Chouhada (CNEC), la fédération des enfants de Chouhada (FFC), des représentants de l’administration, des universitaires et chercheurs en histoire, des personnalités politiques, culturelles et artistiques et autres sans compter naturellement les représentants des médias. Les communes de la Kabylie maritime étaient fortement représentées tant par leurs Moudjahidine que par leurs premiers magistrats.

C’est le cas effectivement de Ouaguenoun, Aït-Aïssa-Mimoun, Timizart, Fréha, Iflissen, Tigzirt, Mizrana et Makouda. Le programme des festivités, préparé et mis au point depuis longtemps, a été d’une richesse incontestable. Le coup d’envoi de la fête fut donné par l’écoute de l’hymne nationale et la levée des couleurs ainsi que l’observation d’une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la révolution. Ensuite, chorale, antiennes, chants patriotiques, épithalames, récits poétiques se succédaient et s’alternaient. Après cela, ce fut au tour de récits et témoignages des Moudjahidine sur cette guerre qui a coûté tant en vies humaines et tant de sacrifices.

En ce qui le concerne, le président de l’APC de Boudjima, M. Smaïl Boukherroub, a parlé de la participation active et du rôle des plus prépondérants des habitants d’Ath-Ouaguenoun et de l’ensemble de la région de la Kabylie maritime dans la résistance face aux conquérants français au cours du I9ème siècle. M. Smaïl Boukherroub a évoqué les célèbres batailles de Tizi-Nath-Aïcha (actuelle Thénia) et Thaouarga (daïra de Dellys et wilaya de Boumerdès) où beaucoup d’hommes des Ath-Ouaguenoun, notamment du douar Yaskren ont laissé leurs vies. Profitant de la présence des universitaires et spécialistes de l’histoires ainsi que des médias, le président de l’APC de Boudjima a évoqué le nom du héros local connu sous le nom d’Oubadji qui s’est illustré lors de la terrible confrontation entre conquérants français et résistants algériens à Thaouarga. « Beaucoup de arrière-grands parents sont morts au cours de ce I9ème siècle les armes à la main », a clamé l’orateur avant de plaider ensuite pour la recherche et l’écriture sur ces événements.

Une fois ce discours terminé, les organisateurs de la manifestation passèrent à une autre phase du programme. En effet, l’étape suivante fut marquée par la remise d’attestation de reconnaissance et de mérite aux six veuves de martyrs du village de Tissegouine encore vivantes. A noter que ces veuves en question sont également des Moudjahidate. L’opération suivante fut marqué également par la remise d’attestation de mérite pour ceux s’étant activement impliqué dans ce projet de la stèle et qui ne sont autres que les jeunes acteurs et animateurs de l’association « Azrou Ouhellal ».

Le grand Moudjahid connu sous l’appellation de « Da Moh-Saïd Kaci » lequel a prêté main forte à l’association ainsi que le Président d’APC de Boudjima, M. Smaïl Boukherroub, pour son soutien indéfectible, ont été également honorés par la remise de cette attestation de reconnaissance et de mérite. Une fois ce geste exécuté, les six veuves de Chouhada encore vivantes ont été désignées pour déposer la gerbe de fleurs au pied de la stèle.

Le dépôt de gerbe de fleurs s’est fait avec l’écoute de l’hymne nationale et la levée des couleurs. La levée du drapeau national a été faite par une fillette. Une fois cet acte exécuté, l’imam de la mosquée de Tarihant, cheikh Mohamed Dellak, lut la Fatiha. L’étape d’après fut marquée par le déplacement vers le cimetière commun de Tarihant et Tissegouine où dressé le monument des Martyrs. La cérémonie fut marquée par le dépôt d’une gerbe de fleurs au pied du monument et l’observation d’une minute de silence à la mémoire des martyrs de la révolution. De retour du cimetière, l’immense foule prit la direction de la cantine de l’école Mohamed Fahem dit « Mon l’Indochine ».

Juste une route sépare le cimetière et cet établissement scolaire. Dans cette cantine, un couscous avec de gros morceaux de viande fut servi aux invités. C’est la waâdha (offrande). Hommes, femmes et enfants ont bien fait ce qu’il convient d’appeler des agapes. Normal, c’est bien la fête chez les habitants de Tissegouine.

Addenda : L’œuvre sculpturale représentant le « combattant de l’ALN » a été réalisée par l’artiste Hakim Challal, diplômé de l’école des Beaux Arts d’Azazga. Quant au financement de l’érection de la stèle qui est de l’ordre de 1.000.000, 00 DA, il a été presque du ressort exclusif de l’APC de Boudjima. En effet, l’apport des pouvoirs publics a été d’un taux de 90%. Les 10% restants, soit un montant de 10.000, 00 DA, ils ont été assurés par les habitants du village concerné et autres donateurs anonymes.

ST/Siwel
SIWEL 221320 OCT 21




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