De la Catalogne à la Corse en passant par la Russie. La destinée du révolutionnaire  Sebastián Piera LLobera,

 
Sebastian Piera llobrera  (1917-2014) est connu en Corse sous le non de Sébastien PIERA.
A travers la guerre civile espagnole, à travers son engagement dans l'armée rouge pour combattre l'Allemagne nazie, à travers les affres de sa captivité dans les geôles  de Franco dans une Espagne qu'il avait regagnée dans la clandestinité, à travers enfin sa fidélité au communisme dans le havre de paix qu'il avait trouvé en Corse, S.PIERA est toujours resté attaché à son idéal de jeunesse.


-  Est reproduit ci-après un portrait de Sebastien Piera signé Philippe Martinetti paru dans AGORAvox en date du 29/08/2007.
- Ce portrait est suivi d'une biographie extraite du "MAITRON", l'incontournable " Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier et du Mouvement social."
- Une autre  biographie lui a été consacrée sous le titre  "Le Soldat de Pandore : une biographie du XXe siècle"
Auteur :  Ricard Vinyes; Mercè Creixell
Éditeur: Corse : CMCAS de Corse, CCAS, Limonges : Rivet Presse Edition [2004]
Sujet : Piera Llobera, Sebastià, -- 1917-2014.


 

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/portrait-sebastia-piera-resistant-27909

Portrait : Sébastià Piera, résistant antifranquiste
par Philippe Martinetti
mercredi 29 août 2007
De la Catalogne à Ajaccio, l’histoire romanesque d’un homme engagé.
 
« Le vent n’est plus aussi fort que la nuit passée, mais la mer remue encore et le Sampiero Corso est près de chavirer. J’aperçois l’île et un palmier. Je dis à Trini que nous avons de la chance : les palmiers poussent sur des terres chaudes et, au fond, nous sommes des gens du soleil.  » Sébastià Piera arrive sur l’île de Beauté en 1951. Cet homme qui vibre d’espérances, dont le nom souffle la liberté, est un personnage doux à l’accent catalan chantant, aux paroles d’un lyrisme dénonciateur, exerçant un fort magnétisme sur tous ceux qui l’entourent. Une nuance de nostalgie dans un regard profond renforce le sentiment d’être face à un personnage charismatique, aux convictions humanistes chevillées au corps, aimant l’île qui l’a accueilli si chaleureusement. « En Corse ce qui m’a immédiatement séduit, c’est le sens de l’amitié. Ici l’amitié de circonstance n’existe pas  », concède-t-il, avec cet éclat de rire qui ponctue la plupart de ses phrases. Le sens de l’amitié, mais également de l’honneur, de l’universalité, le combat pour la liberté sont le fil d’Ariane de l’existence romanesque du Soldat de Pandore, comme le qualifie l’historien Ricard Vinyes, auteur de sa biographie, véritable devoir de mémoire. Sous les mots de Sébastià Piera, c’est l’Espagne qui se confronte à son passé, à son histoire.

Le refus de l’intolérance

De 1936 à 1939, la guerre civile en Espagne a fait près de 900 000 morts, 450 000 républicains se réfugient en France. D’avril 1939 à juin 1944 plus de 190 000 républicains meurent ou sont exécutés dans les camps et les prisons de Franco. Ce qui fait de nous des hommes libres c’est notre capacité à espérer, à résister. Sébastià Piera a fait bien plus, il a combattu pour la dignité humaine et aujourd’hui, il est temps de parler, de se raconter. « Qui tente de s’approcher de son propre passé enseveli, doit faire comme un homme qui fouille  », a écrit Walter Benjamin, Sébastià Piera a déterré pour notre génération une des plus cruelles pages de l’histoire de l’humanité et, bien que la mémoire invite parfois à des détours, il nous montre le chemin : combattre pour ses idéaux, ne pas céder à la peur et aux sirènes noires de l’intolérance. Chaque phrase prononcée résonne longtemps dans notre esprit. Fasciné par son parcours, nous sommes également effrayés et accablés par la fureur fasciste, la brutalité franquiste. Le visage de Sébastià porte encore les stigmates de la haine. En parcourant le Soldat de Pandore, en écoutant Sébastià Piera, on se retrouve au cœur d’une vie trépidante, tumultueuse, de la Catalogne à Paris, en passant par Leningrad pour terminer dans la Cité impériale. Nous sommes loin du voyage de Rimbaud, qui fuyait les rues, les places, le froid des villes de son enfance. Non Sébastià Piera ne fuyait pas son village natal, il affrontait la fureur des hommes. Si la mère demeure dans l’ombre, le père, instituteur, lui enseigne le respect de l’autre, la tolérance mais également les valeurs républicaines. L’effervescence collective des étudiants le pousse à se rebeller contre le pouvoir franquiste et la maturité l’entraîne à combattre le fascisme durant la Seconde Guerre mondiale. Puis c’est le départ pour la Corse, sous la pression de Franco, l’hospitalité des insulaires, la douceur de vivre ajaccienne, mais également les contrôles de police répétés. «  Durant 14 ans, jusqu’en 1965, nous allions chaque dimanche, signer au commissariat une feuille de présence, et pourtant nous étions appréciés de tous.  » Derrière cet aveu du cœur se dessine une certaine forme d’incompréhension. Néanmoins, la famille parvient à trouver sa place dans la ville de Napoléon, « Sébastià construisant des maisons et participant au réaménagement urbain du centre-ville et de la place du Diamant  »souligne Trini, son épouse. À présent, Sébastià Piera est heureux. Heureux du parcours de ses trois enfants « qui connaissent le prix de l’effort et ont le sens de l’éthique et de la morale  ». « Lorsque je pense à tout cela, je ne discerne pas une période se détachant parmi les autres. Toutes arrivent dans ma mémoire comme autant de moments d’espoir et d’émotion. Je ne sais pas comment cela se produit mais, ce dont je suis sûr, c’est que les souvenirs des hommes se chargent de paysages.  » Autrefois, Jean Daniel déclara avec force « Malraux notre ambition », aujourd’hui écrivons avec passion « Sébastià Piera notre témoin ».


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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140543, notice PIERA-LLOBERA Sebastià par Hélène Chaubin, version mise en ligne le 19 mai 2012, dernière modification le 27 juillet 2014.


PIERA-LLOBERA Sebastià

Né le 28 décembre 1917 à Santa Maria de Meià (province de Lérida) en Espagne , mort le 8 mars 2014 à Ajaccio (Corse-du-Sud) ; étudiant en droit ; militant communiste ; membre du PSUC (Parti Socialiste Unifié de Catalogne) depuis 1936 ; combattant dans les forces républicaines espagnoles de juillet 1936 à janvier 1939 puis en URSS dans l’Armée soviétique jusqu’en 1945 ; réorganisateur du PSUC à Barcelone en 1947 ; arrêté en France et déporté en Corse en 1951.

Sebastià Piera est né dans une famille très attachée à la République qui célébra dans la joie l’avènement de la république espagnole en avril 1931. Sebastià Piera avait alors quatorze ans. Ses deux grands pères étaient des militants laïques et républicains ; son grand-père maternel était le fondateur du centre républicain de Puigverd de Lleida en Catalogne. Son père Antoni Piera était instituteur à Vilanova de la Barca. Il avait un frère, Josep, et deux sœurs, Ramona et Dolors. Sa sœur aînée, Dolors qui avait 6 ans de plus que lui exerça une grande influence. Formée à l’école de magistère de Lleida, elle était devenue institutrice puis directrice du Groupe scolaire du patronat de la place d’Espagne à Barcelone. Elle appartenait à des cercles catalanistes de gauche et était très proche du PCE (Parti communiste d’Espagnel). En 1934, elle s’impliqua dans la violente insurrection des Asturies.

Sebastià Piera fit des études secondaires à Lleida puis entreprit des études supérieures en Droit et Administration locale à Barcelone. Il se destinait alors à une fonction à la Generalitat, le gouvernement de la Catalogne. Pendant ces années de formation, il eut des contacts avec le Bloc obrer i camperol (en catalan : Bloc Ouvrier et Paysan) qui luttait pour obtenir une reforme agraire ; il lut L’ABC du communisme de Boukharine, et Comment je devins communiste de Vera Figner, activiste socialiste russe, membre du groupe qui assassina Alexandre II en 1881, et qui laissa des cahiers manuscrits rédigés pendant ses 20 années de prison. Un gouvernement de Front populaire était au pouvoir en Espagne depuis les élections de février 1936 mais la société espagnole était profondément divisée. Avec d’autres étudiants de gauche, Piera se heurta souvent à la Faculté aux jeunes Phalangistes.

Dès l’annonce du putsch militaire, un soulèvement auquel participa Sebastià Piera éclata en Catalogne. Il faisait partie du comité révolutionnaire de Vilafranca de Penedès. Le 5 novembre, le gouvernement républicain quitta Madrid pour s’installer à Valence et laissa la capitale assiégée par les troupes franquistes : Sebastià Piera alla au combat avec les républicains et fut blessé près de la Cité Universitaire. L’arrivée des premières Brigades internationales fut bienvenue mais Madrid resta assiégée et les Franquistes progressèrent vers le nord. Les Forces républicaines, hétérogènes, tentaient de s’organiser en divisions ; Piera appartint à la division « Karl Marx ». Son Parti était dans le camp des communistes qui se heurtaient aux autres républicains : les anarchistes de la CNT (Confédération Nationale du Travail) et de la FAI (Fédération anarchiste ibérique). Le POUM, le Parti ouvrier d’unification marxiste, créé en 1935, prit le parti des anarchistes lors de la crise de mai 1937 ; il regroupait des communistes dissidents en rupture avec Staline et avec le Komintern. Anarchistes et Trotskystes accordaient à la révolution la priorité sur les exigences de la guerre anti-franquiste ; à Barcelone, en mai 1937, se produisirent entre les différents partis pro-républicains de violents affrontements. Le POUM qui était l’organisation la plus faible fut dissous et une dure répression frappa ses militants. Piera participa aux luttes de Barcelone puis resta au combat jusqu’au bout, surtout sur le Front d’Aragon et dans la bataille de l’Èbre.

Quand la Catalogne fut prise, Sebastià Piera fit partie des réfugiés de la « Retirada » ; avec son frère Josep, il arriva au Boulou (Pyrénées-Orientales) sous le contrôle de la gendarmerie française. Ils appartenaient à la dernière unité républicaine arrivée en Vallespir. Ils furent dirigés vers Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) où un camp d’internement avait été théoriquement créé le 8 février 1939 : il s’agissait d’un espace délimité sur la plage par des barbelés. Au début, faute d’abris, les internés creusèrent des trous dans le sable pour s’y protéger du froid. Le camp était surveillé par des soldats sénégalais. On y manquait de tout et la mortalité fut élevée. Quelques secours furent apportés par le Secours rouge puis par un système de parrainage initié par le journal [La Dépêche] qui publiait les annonces des républicains. Un instituteur d’Angers parraina le groupe et apporta quelques objets indispensables. Faute de pouvoir trouver des armes pour reprendre la guerilla antifranquiste, les Espagnols s’adressèrent au SERES (le Service d’émigration des Républicains espagnols) ; Piera et ses amis choisirent le Mexique. Mais une offre d’accueil arriva de l’ambassade soviétique. En mai, ils embarquèrent au Havre à destination de l’URSS. Piera était à Kharkov au centre de repos des mineurs du Donbass quand la guerre commença. Il découvrait en Ukraine les conditions de vie difficiles des Kolkhoziens. Des conférenciers vinrent expliquer la politique internationale de l’URSS. Le pacte germano-soviétique perturbait Sebastià sans diminuer sa confiance dans les choix staliniens. Il obtint le droit de faire venir ses parents qui lui apprirent que sa sœur Dolors était restée jusqu’au dernier jour à Barcelone pour assurer la retraite et qu’après un passage à la prison de la Santé, elle avait émigré vers Saint-Domingue.

En 1940, Piera fut appelé par Dimitrov au siège du Komintern puis affecté à l’école des cadres de Planernaia où il se trouvait encore quand l’ Allemagne déclencha en juin 1941 le plan Barbarossa. Incorporé dans l’Armée, Piera fut soumis à un entraînement militaire en compagnie d’ex-brigadistes italiens et autrichiens. Sa première mission fut à Moscou : la recherche des parachutistes allemands dans les bois de la périphérie et la défense du Kremlin. Des dirigeables avaient été placés en trois cercles concentriques au-dessus de la ville. En août 1942, une nouvelle mission amena Piera au Kazakhstan puis sur les rives de la Caspienne. L’enjeu était désormais le contrôle des puits de pétrole du Caucase. Il s’agissait pour le groupe de Piera de préparer la destruction des puits de pétrole en cas d’arrivée des Allemands. Enfin une troisième mission, à partir de la fin de 1943, fut en Lithuanie à Vilnius, après une terrible traversée des marais du Pripet. Le projet dénommé « Opération Guadalajara » était de s’emparer du commandant en chef des Pays Baltes le gauleiter Von Rheitel et du général en chef de la division Azul, Esteban Infantes, avec l’appui de la guerilla lithuanienne. La retraite allemande annula l’opération. Rappelé à Moscou en août 1944, Piera fut affecté à l’école des cadres de Nagornaia où il se perfectionna dans les techniques de la guerre clandestine et où il retrouva Trinitat Revoltò, une jeune catalane qui avait participé aux combats de Madrid ; il l’épousa le 11 février 1945, avec l’accord de la Pasionaria, Dolores Ibárruri. Tous deux croyaient alors à la chute prochaine de Franco et quand ils reçurent l’ordre de retour de leur parti leur objectif était de préparer le changement de régime en Espagne. Ils passèrent par Belgrade où ils furent reçus par Tito. En France, Piera eut la tâche de repérer parmi les exilés espagnols ceux qui seraient capables d’affronter la vie clandestine. Quant à Trinitat, elle fut choisie comme secrétaire de l’Union des Femmes de Catalogne qui avait son siège à Paris.

Sebastià Piera retourna seul en Catalogne en février 1947. Le passage des Pyrénées se fit en hiver pendant trois nuits par les filières clandestines à partir d’Amélie-les Bains. La situation n’était pas celle que les républicains avaient espérée dans les années de guerre : en 1947, la première année de la guerre froide, les objectifs diplomatiques étaient déjà modifiés. Tous les gouvernements à l’ouest étaient en pourparlers avec Madrid. Piera croyait encore à l’efficacité d’une pression intérieure. Il remplaça donc le responsable du PSUC dans toute la Catalogne Angel Carrero Sancho qui venait d’être arrêté. Le parti avait déjà multiplié les attentats depuis l’été de 1946 contre les locaux de la Phalange ou ceux des journaux franquistes, mais Piera croyait davantage à la progression de son parti et à l’importance d’une réorganisation syndicale Il savait pouvoir disposer à Barcelone de 2 000 hommes. Mais il fut arrêté et incarcéré en avril 1947 sous son pseudo de Ramon Verdù Mora. Avec lui, ce sont les 80 dirigeants qui formaient à Barcelone ce qui était appelé « Délégation du Comité central » qui furent arrêtés. Le rôle de Piera, récemment arrivé, était mal connu de la police : les considérants du Tribunal de guerre qui le jugea en octobre 1948 le présentent ainsi : [ commissaire de compagnie pendant la guerre, s’enfuit en France, lors de la déroute, d’où il revient sur l’ordre du secrétaire général du PSUC ]. Au cours de longues séances de tortures, ni lui ni ses amis n’en révélèrent davantage. Les coups reçus lui valurent une paralysie faciale. Il fut condamné à trois ans de prison. Il y eut 17 condamnations à mort et exécutions. Pour les détenus une remise de peine intervint en avril 1949. La direction de son parti enjoignit à Piera de regagner Paris sans mettre en danger les filières clandestines en place. Il dut rompre les filatures pendant son retour par l’Andorre.

À Paris, en août, il trouva son parti déchiré à la suite de la rupture avec Tito. C’étaient désormais ses amis qui l’interrogeaient et le suspectaient. Son épouse Trinitat fut écartée de la direction de L’Union des Femmes. Piera, d’abord réfugié sans papiers obtient sa régularisation en janvier 1950. Il se savait cependant surveillé par les Renseignements généraux. Il apprit plus tard que la police espagnole avait transmis son dossier aux services du Deuxième Bureau et tenté de le compromettre. En septembre 1950, le Parti communiste espagnol et le Parti socialiste unifié de Catalogne furent dissous et leurs publications interdites. Piera apprit les arrestations suivies de déportations opérées dans le cadre de l’opération « Boléro-Paprika » sous inculpation d’espionnage pro-soviétique. La police recherchait surtout les communistes espagnols qui étaient allés en Union soviétique.

Trinitat et Sebastià avaient eu un fils, Serge, en juin 1950. Les médecins de l’hôpital des Enfants malades conseillaient pour lui un séjour à l’hôpital héliomarin de Banyuls. On l’y envoya le 22 novembre 1951.Trinitat et Sebastià furent arrêtés dès le lendemain. Les RG le soupçonnaient d’être un agent soviétique. Il fut finalement décidé de le déporter en Corse avec sa femme. Ils furent rejoints à Marseille, dans une caserne de CRS, par 5 autres catalans. Ils embarquèrent pour Ajaccio sur le [Sampiero Corso]. Un an plus tôt, un premier groupe de déportés était arrivé en Corse : la liste dressée par les Renseignements généraux comptait 64 Espagnols assignés à résidence en Corse après « Boléro-Paprika ». Neuf mois plus tard, en juin 1951, 54 d’ entre eux étaient repartis vers la Pologne ou la Tchécoslovaquie. À Ajaccio, en novembre 1951, le commissaire Armani prévint les communistes de l’arrivée d’autres Espagnols [Vos copains arrivent, allez les chercher !]. Martin Borgomano, ancien résistant et adjoint au maire, possédait un restaurant et put les nourrir au début de leur séjour. Les Piera travaillèrent : elle comme couturière, lui sur les quais, puis dans une briqueterie. Il fut renvoyé après avoir organisé une grève de solidarité en faveur de Jacques Duclos* accusé d’espionnage. Toujours surveillé et parfois interrogé par les RG, le couple devait se présenter chaque semaine au commissariat. Cela dura 14 ans. Au début, l’éloignement du jeune fils des Piera était un moyen de pression. Mais Trinitat en mai 1952 parvint à le ramener. Sebastià Piera a témoigné que pendant des années la solidarité des communistes ajacciens fut pour eux une « carapace protectrice ». Malgré la précarité de leur situation, les Espagnols, en retour, soutenaient les revendications des Corses. En mai 1958, puis en avril 1961 lors du putsch d’Alger, communistes et déportés espagnols firent cause commune autour d’Albert Ferracci, envisageant de se replier sur les anciennes zones-refuges des maquis. Resté très proche des communistes corses, Piera participait à leurs actions. Il avait dans le secret reconstitué localement son parti qui comptait « quelques dizaines de membres ». Il avait pu en 1965 sous un prétexte médical aller à Paris pour répondre à une convocation de sa direction. Il y retrouva le dirigeant communiste Santiago Carrillo. Il avait retrouvé la confiance de la Direction parisienne.
En Corse, Piera devint le contremaître d’un promoteur basque qui construisit plusieurs nouveaux quartiers d’Ajaccio ; sa famille, avec Trinitat et leurs deux fils, avait trouvé sa place. Après la mort de Franco, ils revirent la Catalogne mais sans y rester : « Nous étions des Catalans de Corse ».


SOURCES :

Arch. Nat. CARAN, F/7/16114. ̶ Entretiens d’Hélène Chaubin avec Sebastià Piera en avril 2012. — Ricard Vinyes, El soldat de Pandora, éd. Perfils, Barcelone, 1999, 236p. — Jordi Guixé, L’Europa de Franco, Publicacions de l’abadia de Monserrat, Barcelone, 2002, 255 p. — Denis Peschanski, La France des camps, Gallimard, 2002, 456p. — André Balent et Nicolas Marty, Catalans du nord et Languedociens et l’aide à la République espagnole, 1936-1946, Actes de la Journée d’études de l’Association Maitron Languedoc-Roussillon, Perpignan février 2009, PUP de Perpignan, 2009, 202 p. — Notes d’André Balent.


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