Justice

Assises de La Réunion contre les VIF : Les hommes frappent, les institutionnels réfléchissent


De l'institutionnel aux actions concrètes, tel était l'objectif de cette manifestation qui est la suite des Etats généraux des violences faites aux femmes de 2016 et du Grenelle des violences conjugales en 2019. L'événement s'est déroulé en deux temps : le premier en matinée pour comprendre et le second dans l'après-midi pour agir.

Par IS - Publié le Jeudi 1 Juin 2023 à 11:51

La table ronde animée par Erick Gokalsing sur l'analyse des racines des VIF à La Réunion
Les Assises de la Réunion contre les Violences Intra Familiales (VIF) qui se sont déroulées ce mercredi 31 constituent "un enjeu prioritaire de politique publique commun à l’ensemble des territoires et tout particulièrement à la Réunion", commente le préfet. Car en effet, sur 11.208 victimes de violences dans le département en 2022, une personne sur deux l'est au sein de sa famille.

Les violences conjugales sont ainsi les plus représentées composant 70 % des violences intrafamiliales. Les femmes sont très majoritairement victimes de ces violences conjugales. Ainsi, poursuit le représentant de l’État, face a la gravité et l’ampleur du phénomène des violences au sein de la famille et dans la continuité des États généraux des violences faites aux femmes qui se sont déroulés en 2016 et du Grenelle des violences conjugales qui a suivi en 2019, les Assises de la Réunion ont notamment pour objectif de mieux cerner et qualifier la réalité des violences familiales sur notre île et d’apporter une meilleure prise en charge de celles-ci, en abordant leur résolution dans leur globalité avec l’ensemble des parties prenantes et dans un cadre pluridisciplinaire. 

Quatre ateliers ont rythmé l'après-midi
La manifestation a été animée par Sylvie Guillery, la directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité. Elle s’est déroulée en plusieurs temps : les travaux de la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes de la diversité et de l’égalité des chances ont ouvert la journée puis, à l’issue des discours officiels, des témoignages issus du Livre blanc intitulé "Enfants exposés aux violences conjugales" recueillis par Marie Tamarelle-Verhaeghe ont été lus. Une table ronde réunissant les principaux acteurs de la lutte a suivi ces lectures afin d'aborder les racines des violences intrafamiliales à La Réunion.

Cette table ronde a réuni Geneviève Payet, présidente d'honneur du réseau VIF, Dominique Ramaye, docteur en sociologie et cadre de formation à l’IRTS Reunion, Érick Gokalsing, psychiatre des hôpitaux et chef de service à l'EPSMR (Etablissement public de santé mentale), Frederic Rousset, président du CEVIF, et Fabienne Rubira, fondatrice directrice de l’association Chancegal.

Les racines du mal que constituent les VIF pourraient se trouver dans le contexte historique et sociétal qui a façonné, et façonne encore, les relations conjugales et familiales à La Réunion. Une société multiculturelle, la matrifocalité, la place du père, le déséquilibre des rapports femmes/hommes, la reproduction des modèles sont des paramètres à prendre en compte pour comprendre les rapports, qui s’entretiennent au sein de la famille et du couple dans l'île. Pour sortir de cette spirale, il est donc impératif d’accompagner les victimes et les auteurs et de disposer des moyens pour ce faire.

Dans l’après-midi, plusieurs ateliers se sont déroulés simultanément. Il s'est agi de réfléchir à comment améliorer le parcours de prise en charge des victimes, enfants co-victimes et femmes de façon pluridisciplinaire mais aussi réfléchir au parcours de santé des femmes victimes ainsi que la prise en charge des auteurs.

Divers acteurs, médecins, maître de conférence, directeur d’enfance et de la famille du Conseil départemental, procureures, conseillère technique auprès de la rectrice, l’Union des femmes réunionnaises, l'EPSMR, le président du tribunal judiciaire de Saint-Pierre, la directrice du réseau VIF, le CHU, ou encore le directeur en charge des politiques institutionnels au sein du Service pénitentiaire d’insertion et de probation, le CHU, se sont retrouvés répartis dans quatre groupes de travail. De ces groupes, des préconisations vont être faites et devraient déboucher sur des actions concrètes. Le résultat de ces travaux sera mis en ligne prochainement sur le site de la préfecture.