Entre André-Maurice et moi, cela a commencé alors que j’étais sur un brancard des Urgences, à l’Hôpital de Saint-Pierre. Quand lui et Christian Dambreville, récemment disparu, m’ont sauvé la vie. Ça crée des liens, forcément. C’était en 1986…
Depuis plusieurs semaines, je souffrais de lancinantes douleurs au plexus. Un jour, je crus avoir découvert le remède-miracle, cette dangerosité incontrôlable que l’on appelle Aspégic 1000 si elle n’est pas maîtrisée. Un sachet et hop ! Miracle. La douleur disparaissait en moins de deux minutes. Super ! et le con que j’étais hurlait de bonheur sans me rendre compte que j’étais en train de m’assassiner par empoisonnement.
Un matin, paralysé par d’invraisemblables douleurs, je fus transporté aux Urgences. Raideur des membres, sueurs glacées, ventre gonflé, regards hallucinés, je donnais l’image d’un drogué en manque et le jeune Interne, après m’avoir administré force doses de sérum physiologique pour me faire croire à un traitement de substitution, m’annonça qu’on allait me mettre dehors.
André-Maurice arriva sur le fait, prit le jeune Interne par le collet et lui dit : « Soignez Jules ! »
Pourquoi m’appelait-il par mon prénom ? Parce qu’il était un vieil ami de ma famille.
Là-dessus surgit Christian Dambreville qui, avec sa voix douce et menaçante, dit à l’Interne qui en perdait tous ses pigments faciaux : « Jules boit, Jules fume, soit. Mais il ne s’est jamais drogué ! »
Il faut dire, à la décharge du jeune Interne, qu’à cette époque, les ulcères ne se décelaient pas à la radiographie. J’étais victime d’une ulcère éclaté. Je foutais le camp par empoisonnement interne.
Un formidable chirurgien, le docteur Nicholas, décida de m’opérer le lendemain de toute urgence. Il pensait à une appendicite violente et « cela durera vingt minutes, rassurez-vous, Madame », dit-il à ma mère. Le lendemain, elle se rongeait les ongles jusqu’au sang au bout de huit heures d’attente : je n’avais pas une appendicite mais un ulcère du duodénum qui avait eu la mauvaise idée d’éclater !
Ce chirurgien, le docteur Nicholas, a certainement réalisé une prouesse. Mais sans André-Maurice Pihouée et Christian Dambreville, je ne serais pas là aujourd’hui pour faire chier le peuple.
Tout le temps que je suis resté hospitalisé, chaque matin, André-Maurice, alors responsable du service cardiologie, venait prendre de mes nouvelles. J’ai appris, plus tard, que je n’étais pas le seul objet de sa sollicitude : il agissait ainsi avec tous les patients passés par son service.
André-Maurice Pihouée aimait vraiment son métier de cardiologue ; il ne « traitait pas », il « aimait » ses patients.
Ces derniers n’étaient jamais des « sujets ». Ils étaient des Humains dont il se tenait pour responsable. Un humaniste, un vrai !
La politique ensuite…
J’étais alors journaliste à l’agence Sud du Quotidien. Je m’étais rendu compte que la politique du communiste Élie Hoarau n’allait pas dans le sens des intérêts de Saint-Pierre. En clair, la capitale du Sud était la vache à lait du PCR, avec des manœuvres et magouilles laissant pantois.
Des partisans d’André-Maurice m’ont alors contacté et j’ai tiré dans leur sens. Un jour même, au petit matin, le chef nervi d’Élie Hoarau, est entré dans les locaux du Quotidien situés juste derrière la mairie. Avec un revolver. Pour me flinguer !
La route fut alors longue…
En 1989, Pihouée avait largement gagné les municipales mais Élie Hoarau truqua les votes. Nous étions, ce soir là, plus de 2.500 partisans devant la mairie, indestructibles, près d’envahir l’édifice.
André-Maurice, grand légaliste devant Dieu, nous en dissuada, à notre grand dépit : « Je fais confiance en la justice de mon pays ».
Total, on a en a eu pour douze ans de PCR de plus dans le … !
Plus tard, lorsqu’André-Maurice décida de se retirer de la politique, il accorda tout son soutien à Michel Fontaine. Il a mis, au service de Michel, tout le staff de ses soutiens. Alors que lui-même ne briguait plus rien.
Ce que je retiens d’André-Maurice Pihouée, plus que l’homme politique, plus que le député, c’est le très grand humaniste et vous savez que cette expression m’est chère.
Le regard, dit-on, ne trompe pas.
Alors… regardez-le dans les yeux.
Salut, André-Maurice !
Qu’Hypocrate et L’Abbé Pierre te guident dans ta route de médecin et d’humaniste ! Ni artrouve in’ d’ces quat’ !
Depuis plusieurs semaines, je souffrais de lancinantes douleurs au plexus. Un jour, je crus avoir découvert le remède-miracle, cette dangerosité incontrôlable que l’on appelle Aspégic 1000 si elle n’est pas maîtrisée. Un sachet et hop ! Miracle. La douleur disparaissait en moins de deux minutes. Super ! et le con que j’étais hurlait de bonheur sans me rendre compte que j’étais en train de m’assassiner par empoisonnement.
Un matin, paralysé par d’invraisemblables douleurs, je fus transporté aux Urgences. Raideur des membres, sueurs glacées, ventre gonflé, regards hallucinés, je donnais l’image d’un drogué en manque et le jeune Interne, après m’avoir administré force doses de sérum physiologique pour me faire croire à un traitement de substitution, m’annonça qu’on allait me mettre dehors.
André-Maurice arriva sur le fait, prit le jeune Interne par le collet et lui dit : « Soignez Jules ! »
Pourquoi m’appelait-il par mon prénom ? Parce qu’il était un vieil ami de ma famille.
Là-dessus surgit Christian Dambreville qui, avec sa voix douce et menaçante, dit à l’Interne qui en perdait tous ses pigments faciaux : « Jules boit, Jules fume, soit. Mais il ne s’est jamais drogué ! »
Il faut dire, à la décharge du jeune Interne, qu’à cette époque, les ulcères ne se décelaient pas à la radiographie. J’étais victime d’une ulcère éclaté. Je foutais le camp par empoisonnement interne.
Un formidable chirurgien, le docteur Nicholas, décida de m’opérer le lendemain de toute urgence. Il pensait à une appendicite violente et « cela durera vingt minutes, rassurez-vous, Madame », dit-il à ma mère. Le lendemain, elle se rongeait les ongles jusqu’au sang au bout de huit heures d’attente : je n’avais pas une appendicite mais un ulcère du duodénum qui avait eu la mauvaise idée d’éclater !
Ce chirurgien, le docteur Nicholas, a certainement réalisé une prouesse. Mais sans André-Maurice Pihouée et Christian Dambreville, je ne serais pas là aujourd’hui pour faire chier le peuple.
Tout le temps que je suis resté hospitalisé, chaque matin, André-Maurice, alors responsable du service cardiologie, venait prendre de mes nouvelles. J’ai appris, plus tard, que je n’étais pas le seul objet de sa sollicitude : il agissait ainsi avec tous les patients passés par son service.
André-Maurice Pihouée aimait vraiment son métier de cardiologue ; il ne « traitait pas », il « aimait » ses patients.
Ces derniers n’étaient jamais des « sujets ». Ils étaient des Humains dont il se tenait pour responsable. Un humaniste, un vrai !
La politique ensuite…
J’étais alors journaliste à l’agence Sud du Quotidien. Je m’étais rendu compte que la politique du communiste Élie Hoarau n’allait pas dans le sens des intérêts de Saint-Pierre. En clair, la capitale du Sud était la vache à lait du PCR, avec des manœuvres et magouilles laissant pantois.
Des partisans d’André-Maurice m’ont alors contacté et j’ai tiré dans leur sens. Un jour même, au petit matin, le chef nervi d’Élie Hoarau, est entré dans les locaux du Quotidien situés juste derrière la mairie. Avec un revolver. Pour me flinguer !
La route fut alors longue…
En 1989, Pihouée avait largement gagné les municipales mais Élie Hoarau truqua les votes. Nous étions, ce soir là, plus de 2.500 partisans devant la mairie, indestructibles, près d’envahir l’édifice.
André-Maurice, grand légaliste devant Dieu, nous en dissuada, à notre grand dépit : « Je fais confiance en la justice de mon pays ».
Total, on a en a eu pour douze ans de PCR de plus dans le … !
Plus tard, lorsqu’André-Maurice décida de se retirer de la politique, il accorda tout son soutien à Michel Fontaine. Il a mis, au service de Michel, tout le staff de ses soutiens. Alors que lui-même ne briguait plus rien.
Ce que je retiens d’André-Maurice Pihouée, plus que l’homme politique, plus que le député, c’est le très grand humaniste et vous savez que cette expression m’est chère.
Le regard, dit-on, ne trompe pas.
Alors… regardez-le dans les yeux.
Salut, André-Maurice !
Qu’Hypocrate et L’Abbé Pierre te guident dans ta route de médecin et d’humaniste ! Ni artrouve in’ d’ces quat’ !