Christian a été l’un des pionniers du Parti socialiste ici ; il en a été le premier Secrétaire ; il n’a jamais varié dans ses opinions. Tout ceci, on le sait. Il a été maire de Saint-Louis ; il a reçu VGE avec qui il a évoqué l’épineuse question de l’autonomie de gestion. Ce qui lui a été longtemps reproché. Mais avec lequel VGE il n’a JAMAIS parlé d’autonomie politique et encore moins d’indépendance, ce que ses détracteurs passent religieusement sous silence.
Le socialisme était « sa » religion des rapports entre êtres humains, sa façon de dire : « Nous sommes différents, tu penses différemment de moi, mais je t’aime quand même ! »
Ceci lui a été maintes fois reproché, souvent violemment : comment faire passer les relations humaines avant la politique pure et dure ? Un seul exemple : alors que Christian était maire de Saint-Louis, son 1er adjoint d’alors, staliniste pur et dur (socialos et communistes s’étaient alliés pour remporter le scrutin), l’a giflé en plein conseil municipal. Christian n’a même pas porté plainte.
Il a laissé ce violent patenté devenir plus tard maire de Saint-Louis et laisser les caisses communales plus vides que des bourses d’eunuque. Alors que lorsque lui, Christian, a quitté son fauteuil de maire, les caisses étaient pléthoriques.
Plus tard, Christian s’est mis en retrait de la politique, se contentant d’être le 1er adjoint de son ami d’enfance, Élie Hoarau, à Saint-Pierre. Il en a été pour ses frais : lorsque le maire Élie Hoarau a truqué les élections municipales de 1989 qu’il avait perdues, il a soigneusement laissé le soin à Christian d’annoncer les résultats au balcon de l’Hôtel de Ville.
Je m’en souviens comme si c’était hier, étant avec quelque 2.500 partisans du docteur Pihouée, sous ce même balcon, prêts à investir les lieux, choqués par une telle outrecuidance !
Nous n’avons jamais élevé la voix contre Christian : le maire avait donné l’ordre à son 1er adjoint d’annoncer les résultats, ce que Christian a fait, contraint et forcé. Ce chantre de la démocratie ne pouvait décemment pas approuver un coup de force contre le suffrage universel !
Ce que je retiens de Christian est l’attitude d’un homme de science hors catégorie, exempte de tabous, attaché à acquérir toutes les connaissances lui permettant de soulager les souffrances de ses semblables. Cela lui tenait à coeur. Il en avait fait le moteur de sa vie et cela l’a épuisé.
Outre son diplôme de médecin généraliste, Christian avait étudié l’homéopathie (dont il était un fervent défenseur), la sophrologie, l’acupuncture. Pour toutes ces spécialisations, il possédait un diplôme en bonne et due forme, ne voulant pas s’arroger des connaissances indues. Il était ainsi titulaire acupuncteur de la plus vieille société d’acupuncture du monde, chinoise bien sûr !
Si nos médecins actuels râlent (ils ont raison !) contre leurs honoraires insuffisants, Christian a appartenu aux médecins d’avant, dont on disait qu’ils brassaient du pognon à ne plus savoir qu’en faire.
Christian prouve par neuf que ce n’était pas forcément vrai : il ne s’est jamais enrichi.
Au lieu de faire « de l’abattage », de traiter cent clients par jour, Christian n’en recevait jamais qu’une petite quarantaine. Il prenait tout son temps avec chacun d’eux, le laissant parler, le laissant raconter aussi bien ses douleurs que sa vie intime.
De la même façon, il refusait d’obéir à la coutume voulant qu’un patient fût heureux en ressortant de chez le pharmacien avec un caddie bourré à craquer. Je l’entends encore : « Jules, s’il y a plus de trois ou quatre médicaments sur l’ordonnance, il y a danger d’interactions entre eux. Et là, on ne sait pas où ça va s’arrêter ».
Cet amoureux du genre humain ne voulait jamais contraindre son patient et sollicitait toujours son accord. Je me souviens…
Ma fille Mikala était venue passer une année chez moi. Une grosse grippe, douleurs de gorges, céphalées. L’aspirine s’était révélée aussi efficace qu’une chiquenaude sur le nez d’un gorille.
Christian m’a juste demandé : « Tu as quelque chose contre l’homéopathie ? »
Je n’avais rien contre rien, moi. Il m’a donc délivré une ordonnance avec deux flacons de gélules homéopathiques. Au deuxième jour, les ennuis de ma fille avaient déserté la région.
Christian était aussi un fervent connaisseur de notre histoire créole, des familles créoles. Il m’en a appris, sur ma propre famille, j’vous raconte pas…
Christian ne s’est jamais résigné à arrêter de travailler. Il recevait moins qu’avant mais il recevait.
La semaine dernière, Leïla, ma fifiille chérie, l’a croisé dans une pharmacie. Il lui a brièvement dit qu’il vendait tout ce qu’il avait ici pour… se retirer à Madagascar.
Il avait victorieusement lutté contre tous les démons du genre humain. Sauf un… l’épuisement.
Voilà ! C’était ça, le docteur Christian Dambreville, mille fois plus qu’un médecin, mille fois plus qu’un scientifique. Un amoureux du genre humain, désireux de soulager l’âme et le corps de l’humain. Il y a mis toute sa générosité, tout son appétit du savoir.
La main du scientifique tendue vers le coeur des autres, voilà le Christian Dambreville que je pleure aujourd’hui.
Jules
Le socialisme était « sa » religion des rapports entre êtres humains, sa façon de dire : « Nous sommes différents, tu penses différemment de moi, mais je t’aime quand même ! »
Ceci lui a été maintes fois reproché, souvent violemment : comment faire passer les relations humaines avant la politique pure et dure ? Un seul exemple : alors que Christian était maire de Saint-Louis, son 1er adjoint d’alors, staliniste pur et dur (socialos et communistes s’étaient alliés pour remporter le scrutin), l’a giflé en plein conseil municipal. Christian n’a même pas porté plainte.
Il a laissé ce violent patenté devenir plus tard maire de Saint-Louis et laisser les caisses communales plus vides que des bourses d’eunuque. Alors que lorsque lui, Christian, a quitté son fauteuil de maire, les caisses étaient pléthoriques.
Plus tard, Christian s’est mis en retrait de la politique, se contentant d’être le 1er adjoint de son ami d’enfance, Élie Hoarau, à Saint-Pierre. Il en a été pour ses frais : lorsque le maire Élie Hoarau a truqué les élections municipales de 1989 qu’il avait perdues, il a soigneusement laissé le soin à Christian d’annoncer les résultats au balcon de l’Hôtel de Ville.
Je m’en souviens comme si c’était hier, étant avec quelque 2.500 partisans du docteur Pihouée, sous ce même balcon, prêts à investir les lieux, choqués par une telle outrecuidance !
Nous n’avons jamais élevé la voix contre Christian : le maire avait donné l’ordre à son 1er adjoint d’annoncer les résultats, ce que Christian a fait, contraint et forcé. Ce chantre de la démocratie ne pouvait décemment pas approuver un coup de force contre le suffrage universel !
Ce que je retiens de Christian est l’attitude d’un homme de science hors catégorie, exempte de tabous, attaché à acquérir toutes les connaissances lui permettant de soulager les souffrances de ses semblables. Cela lui tenait à coeur. Il en avait fait le moteur de sa vie et cela l’a épuisé.
Outre son diplôme de médecin généraliste, Christian avait étudié l’homéopathie (dont il était un fervent défenseur), la sophrologie, l’acupuncture. Pour toutes ces spécialisations, il possédait un diplôme en bonne et due forme, ne voulant pas s’arroger des connaissances indues. Il était ainsi titulaire acupuncteur de la plus vieille société d’acupuncture du monde, chinoise bien sûr !
Si nos médecins actuels râlent (ils ont raison !) contre leurs honoraires insuffisants, Christian a appartenu aux médecins d’avant, dont on disait qu’ils brassaient du pognon à ne plus savoir qu’en faire.
Christian prouve par neuf que ce n’était pas forcément vrai : il ne s’est jamais enrichi.
Au lieu de faire « de l’abattage », de traiter cent clients par jour, Christian n’en recevait jamais qu’une petite quarantaine. Il prenait tout son temps avec chacun d’eux, le laissant parler, le laissant raconter aussi bien ses douleurs que sa vie intime.
De la même façon, il refusait d’obéir à la coutume voulant qu’un patient fût heureux en ressortant de chez le pharmacien avec un caddie bourré à craquer. Je l’entends encore : « Jules, s’il y a plus de trois ou quatre médicaments sur l’ordonnance, il y a danger d’interactions entre eux. Et là, on ne sait pas où ça va s’arrêter ».
Cet amoureux du genre humain ne voulait jamais contraindre son patient et sollicitait toujours son accord. Je me souviens…
Ma fille Mikala était venue passer une année chez moi. Une grosse grippe, douleurs de gorges, céphalées. L’aspirine s’était révélée aussi efficace qu’une chiquenaude sur le nez d’un gorille.
Christian m’a juste demandé : « Tu as quelque chose contre l’homéopathie ? »
Je n’avais rien contre rien, moi. Il m’a donc délivré une ordonnance avec deux flacons de gélules homéopathiques. Au deuxième jour, les ennuis de ma fille avaient déserté la région.
Christian était aussi un fervent connaisseur de notre histoire créole, des familles créoles. Il m’en a appris, sur ma propre famille, j’vous raconte pas…
Christian ne s’est jamais résigné à arrêter de travailler. Il recevait moins qu’avant mais il recevait.
La semaine dernière, Leïla, ma fifiille chérie, l’a croisé dans une pharmacie. Il lui a brièvement dit qu’il vendait tout ce qu’il avait ici pour… se retirer à Madagascar.
Il avait victorieusement lutté contre tous les démons du genre humain. Sauf un… l’épuisement.
Voilà ! C’était ça, le docteur Christian Dambreville, mille fois plus qu’un médecin, mille fois plus qu’un scientifique. Un amoureux du genre humain, désireux de soulager l’âme et le corps de l’humain. Il y a mis toute sa générosité, tout son appétit du savoir.
La main du scientifique tendue vers le coeur des autres, voilà le Christian Dambreville que je pleure aujourd’hui.
Jules