Avec tous ses titres et qualités, Gilles Gauvin donne une leçon dans l’affaire du déplacement de la statue de Mahé de La Bourdonnais. Elle vaut son pesant. Que dit-il ?
J’approuve le déplacement de cette statue.
J’approuve ceux qui disent qu’elle n’aurait pas dû être placée sur cette place foulée par les esclaves le 20 décembre 1848.
J’approuve ceux qui disent « nous sommes les meilleurs défenseurs des esclaves, nous savons ce qui est bon pour eux, que cette statue là où elle est, est une insulte insupportable ».
J’approuve ceux qui disent que ce déplacement est une grande réparation, que les esclaves y gagnent beaucoup et qu’ils n’ont jamais autant.
J’approuve ceux qui disent que les Gros Blancs voulaient perpétuer l’esclavage en tous les temps, en décidant de mettre cette statue en cet endroit.
J’approuve ceux qui disent que Mahé de La Bourdonnais a été un vil colonialiste esclavagiste.
J’approuve ceux qui disent « ce n’est pas parce qu’il a mis un petit bout de manioc dans la bouche des esclaves, que nous allons le laisser là » et qui étalent leur ignorance crasse du fait qu’il a fallu du temps avant que les esclaves acceptent de manger du manioc, la première variété introduite étant vénéneuse quand elle est consommée crue.
J’approuve ceux qui disent agir au nom des esclaves et en leur faveur, qui connaissent mieux que quiconque ce qui est bon pour eux, et que ceux qui ne veulent pas que l’argent public soit gaspillé pour ce déplacement sont de vils extrémistes, des ultra-conservateurs, des traîtres.
Il n’exprime donc pas un avis divergent sur ce dossier, mais convergent presque sur toute la ligne.
Après avoir justifié longuement son approbation de la décision de déplacement, il avance ce qui ne lui convient pas. La méthode employée pour décider du lieu d’accueil de cette statue déplacée ne lui paraît pas sympathique. En tant qu’expert, il estime qu’il aurait dû être entendu, parce qu’avec lui, ce n’est pas dans la cour de la caserne Lambert qu’elle aurait été placée, mais au musée de Villèle. Il fait semblant de ne pas savoir qu’une telle décision voulue depuis des décennies, a nécessité tout dernièrement pour arriver à sa concrétisation des dizaines de réunions de travail entre toutes les autorités et un certain nombre de transactions. Dès lors, s’il n’a pas participé à ces réunions, il n’a pas à s’en plaindre, car d’autres plus dignes que lui, ont été conviés. C’est ainsi et il doit l’accepter. En fait, il fait un clin d’œil à ses amis, la prochaine fois, ne m’oubliez plus ! À bon entendeur, salut !
En réalité, ce que dit Gilles Gauvin est important, car il veut mener là une réflexion sur le pouvoir de la rue. C’est ce film qu’il nous propose de visualiser. Qu’est-ce qu’un élu ?
Un élu est celui qui a remporté une majorité après avoir fait des promesses pendant une campagne électorale. En tant qu’élu, son rôle est d’accomplir ce qu’il a promis, notamment à sa garde rapprochée qui l’a soutenu pendant sa campagne. Après le temps de la campagne électorale, c’est le temps du travail. Cette décision de déplacer cette statue, qui est un chapitre de la lutte contre le système colonial, ne date pas de 2023, Gilles Gauvin ne l’ignore pas. À partir de là, l’élu qui s’est emparé de ce projet pendant la campagne électorale, fort de sa victoire remportée grâce à la rue qui l’a soutenu et qui surveille s’il remplit au doigt et à l’œil sa promesse de campagne, n’a pas besoin de s’adresser à Gilles Gauvin pour prendre une décision validée justement pendant la campagne électorale. L’élu avec des gens qui ont milité pendant sa campagne, nuit et jour, pour assurer sa victoire, peut faire ce qu’il veut avec la manne des impositions et n’a nullement besoin de son avis. C’est plié, c’est ainsi ! L’élu fait une promesse électorale, l’élu accomplit.
Mais le discours de Gilles Gauvin est très subtil. Il laisse entendre qu’à travers sa personne, c’est la rue qui n’a pas été entendue. Comme il a à l’esprit des combats menés par la rue récemment, pour lui, après l’élection, la rue est là pour faire repousser toutes les décisions qui lui paraissent nocives.
À travers son discours, deux conceptions de la démocratie s’affrontent : d’un côté ceux qui disent la rue s’exprime pendant le temps de l’élection par son bulletin et après l’élu hache et coupe sans elle, et de l’autre, ceux qui soutiennent fermement, qu’après l’élection, la rue doit s’exprimer constamment pour faire repousser toute décision qui lui paraît contraire à ses intérêts. Gilles Gauvin en spécialiste du politique sait très bien, ce vieux chant des campagnes électorales du milieu XXème siècle « La pa di le zour, la pa di la date, nou va kasé brizé ». C’est la première partie de leçon.
Gilles Gauvin veut que la statue incriminée soit au musée de Villèle, parce qu’elle est mal placée sur cette place qui a rassemblé les esclaves le jour de l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848, parce qu’elle est une insulte aux esclaves, parce qu’elle symbolise deux horreurs, le colonialisme et l’esclavage.
Gilles Gauvin veut-il nous faire croire que les esclaves de l’habitation Desbassayns n’ont pas foulé ce sol et qu’ils sont moins que les esclaves de Saint-Denis ? Ou encore que les esclaves n’ont pas foulé le sol de tous les autres quartiers de l’île ? Si Mahé de La Bourdonnais est un esclavagiste colonialiste à Saint-Denis, il l’est partout ailleurs. Personne ne peut soutenir le contraire.
Mais encore une fois, son discours est très subtil. Que veut nous dire Gilles Gauvin ? Comme il considère que cette statue qui est une insulte aux esclaves, qui est une horreur vantant le colonialisme doit être au musée de Villèle, il veut tout simplement que ce musée soit le musée de l’insulte aux esclaves et le musée des horreurs, que sont le colonialisme, l’esclavage et l’engagisme. C’est la deuxième partie de sa leçon. Au moins, il ne passe pas par quatre chemins. Il dit en missouk pour certains, il dit sans dire et abasourdit pour d’autres.
Après cette approbation, espérons que Gilles Gauvin soutiendra aussi ceux qui veulent les vraies réparations sonnantes et trébuchantes, car il est trop facile de déplacer une statue, de remplacer des noms de rues, de brûler des livres qui mettent en avant des colonialistes esclavagistes. Tout cela, ce sont des broutilles. Le peuple dont les ancêtres ont souffert de l’esclavage ne gagne rien avec cela. Il n’y a plus aucune raison de se débiner maintenant. Le bon rail est pris. Il faut battre le fer quand il est chaud. La boîte de Pandore a été ouverte, il n’est plus question de la refermer.
J’approuve le déplacement de cette statue.
J’approuve ceux qui disent qu’elle n’aurait pas dû être placée sur cette place foulée par les esclaves le 20 décembre 1848.
J’approuve ceux qui disent « nous sommes les meilleurs défenseurs des esclaves, nous savons ce qui est bon pour eux, que cette statue là où elle est, est une insulte insupportable ».
J’approuve ceux qui disent que ce déplacement est une grande réparation, que les esclaves y gagnent beaucoup et qu’ils n’ont jamais autant.
J’approuve ceux qui disent que les Gros Blancs voulaient perpétuer l’esclavage en tous les temps, en décidant de mettre cette statue en cet endroit.
J’approuve ceux qui disent que Mahé de La Bourdonnais a été un vil colonialiste esclavagiste.
J’approuve ceux qui disent « ce n’est pas parce qu’il a mis un petit bout de manioc dans la bouche des esclaves, que nous allons le laisser là » et qui étalent leur ignorance crasse du fait qu’il a fallu du temps avant que les esclaves acceptent de manger du manioc, la première variété introduite étant vénéneuse quand elle est consommée crue.
J’approuve ceux qui disent agir au nom des esclaves et en leur faveur, qui connaissent mieux que quiconque ce qui est bon pour eux, et que ceux qui ne veulent pas que l’argent public soit gaspillé pour ce déplacement sont de vils extrémistes, des ultra-conservateurs, des traîtres.
Il n’exprime donc pas un avis divergent sur ce dossier, mais convergent presque sur toute la ligne.
Après avoir justifié longuement son approbation de la décision de déplacement, il avance ce qui ne lui convient pas. La méthode employée pour décider du lieu d’accueil de cette statue déplacée ne lui paraît pas sympathique. En tant qu’expert, il estime qu’il aurait dû être entendu, parce qu’avec lui, ce n’est pas dans la cour de la caserne Lambert qu’elle aurait été placée, mais au musée de Villèle. Il fait semblant de ne pas savoir qu’une telle décision voulue depuis des décennies, a nécessité tout dernièrement pour arriver à sa concrétisation des dizaines de réunions de travail entre toutes les autorités et un certain nombre de transactions. Dès lors, s’il n’a pas participé à ces réunions, il n’a pas à s’en plaindre, car d’autres plus dignes que lui, ont été conviés. C’est ainsi et il doit l’accepter. En fait, il fait un clin d’œil à ses amis, la prochaine fois, ne m’oubliez plus ! À bon entendeur, salut !
En réalité, ce que dit Gilles Gauvin est important, car il veut mener là une réflexion sur le pouvoir de la rue. C’est ce film qu’il nous propose de visualiser. Qu’est-ce qu’un élu ?
Un élu est celui qui a remporté une majorité après avoir fait des promesses pendant une campagne électorale. En tant qu’élu, son rôle est d’accomplir ce qu’il a promis, notamment à sa garde rapprochée qui l’a soutenu pendant sa campagne. Après le temps de la campagne électorale, c’est le temps du travail. Cette décision de déplacer cette statue, qui est un chapitre de la lutte contre le système colonial, ne date pas de 2023, Gilles Gauvin ne l’ignore pas. À partir de là, l’élu qui s’est emparé de ce projet pendant la campagne électorale, fort de sa victoire remportée grâce à la rue qui l’a soutenu et qui surveille s’il remplit au doigt et à l’œil sa promesse de campagne, n’a pas besoin de s’adresser à Gilles Gauvin pour prendre une décision validée justement pendant la campagne électorale. L’élu avec des gens qui ont milité pendant sa campagne, nuit et jour, pour assurer sa victoire, peut faire ce qu’il veut avec la manne des impositions et n’a nullement besoin de son avis. C’est plié, c’est ainsi ! L’élu fait une promesse électorale, l’élu accomplit.
Mais le discours de Gilles Gauvin est très subtil. Il laisse entendre qu’à travers sa personne, c’est la rue qui n’a pas été entendue. Comme il a à l’esprit des combats menés par la rue récemment, pour lui, après l’élection, la rue est là pour faire repousser toutes les décisions qui lui paraissent nocives.
À travers son discours, deux conceptions de la démocratie s’affrontent : d’un côté ceux qui disent la rue s’exprime pendant le temps de l’élection par son bulletin et après l’élu hache et coupe sans elle, et de l’autre, ceux qui soutiennent fermement, qu’après l’élection, la rue doit s’exprimer constamment pour faire repousser toute décision qui lui paraît contraire à ses intérêts. Gilles Gauvin en spécialiste du politique sait très bien, ce vieux chant des campagnes électorales du milieu XXème siècle « La pa di le zour, la pa di la date, nou va kasé brizé ». C’est la première partie de leçon.
Gilles Gauvin veut que la statue incriminée soit au musée de Villèle, parce qu’elle est mal placée sur cette place qui a rassemblé les esclaves le jour de l’abolition de l’esclavage, le 20 décembre 1848, parce qu’elle est une insulte aux esclaves, parce qu’elle symbolise deux horreurs, le colonialisme et l’esclavage.
Gilles Gauvin veut-il nous faire croire que les esclaves de l’habitation Desbassayns n’ont pas foulé ce sol et qu’ils sont moins que les esclaves de Saint-Denis ? Ou encore que les esclaves n’ont pas foulé le sol de tous les autres quartiers de l’île ? Si Mahé de La Bourdonnais est un esclavagiste colonialiste à Saint-Denis, il l’est partout ailleurs. Personne ne peut soutenir le contraire.
Mais encore une fois, son discours est très subtil. Que veut nous dire Gilles Gauvin ? Comme il considère que cette statue qui est une insulte aux esclaves, qui est une horreur vantant le colonialisme doit être au musée de Villèle, il veut tout simplement que ce musée soit le musée de l’insulte aux esclaves et le musée des horreurs, que sont le colonialisme, l’esclavage et l’engagisme. C’est la deuxième partie de sa leçon. Au moins, il ne passe pas par quatre chemins. Il dit en missouk pour certains, il dit sans dire et abasourdit pour d’autres.
Après cette approbation, espérons que Gilles Gauvin soutiendra aussi ceux qui veulent les vraies réparations sonnantes et trébuchantes, car il est trop facile de déplacer une statue, de remplacer des noms de rues, de brûler des livres qui mettent en avant des colonialistes esclavagistes. Tout cela, ce sont des broutilles. Le peuple dont les ancêtres ont souffert de l’esclavage ne gagne rien avec cela. Il n’y a plus aucune raison de se débiner maintenant. Le bon rail est pris. Il faut battre le fer quand il est chaud. La boîte de Pandore a été ouverte, il n’est plus question de la refermer.