Vax est un raconteur de péripéties, un vrai de vrai. Dans un français parfait de A à Z, il s’attache cependant moins au style qu’à la trame de son propos. Il n’écrit pas pour les cénacles élitistes qui attachent plus d’importance à la forme qu’au fond, au paraître qu’à l’être. Il écrit pour donner du plaisir à son lecteur ; ceci sans jamais prendre de libertés avec cette langue que nous prisons par-dessus tout. On chercherait en vain un barbarisme, une incongruité, un solécisme là-dedans ; mais on est tellement pris, aussi, par les histoires qu’il sait mettre en scène avec la science d’un Lelouch…
Même lorsqu’il balance un énorme pavé, comme « Les mutins de la liberté », mon préféré, il ne nous fait jamais périr d’impatience, au contraire. Comme un Jules Verne trimbalant ses adeptes d’un bout à l’autre de la planète, il raconte, raconte, raconte, multipliant coups de tonnerre et de théâtre.
Même si certains de ses écrits sont très longs, « comme ces romans russes délicieusement interminables » (la formule n’est pas de moi), on ne se demande jamais quand ça va s’arrêter : ses chapitres, courts, très « enlevés », apportent chacun sa pierre à un édifice romanesque savamment mijoté. On nage dans le plaisir.
Comme souvent, ce passionné de l’histoire ultra-marine, prend à partie un fait-divers et le triture à plaisir pour en tirer une pure oeuvre d’imagination.
Ce qui est l’essence-même du roman historique : mêler l’imagination pure à l’authenticité historique sans que jamais le lecteur ne soit dupe.
« La Cigale », modeste vapeur, quitte Port-Louis en décembre 1929 et va se fondre dans des éléments désastreux. Voilà pour l’Histoire. Sur ce modeste rafiot puant l’essence, on retrouve trois jeunes frères, et une flopée de gens aussi divers qu’étranges ; un curé, des bonnes soeurs, des Chinois et des Noirs que tout le monde méprise, des hommes d’équipage faisant ce qu’ils peuvent, un « gros Blanc » bouffi de suffisance, un fils de famille, « gros Blanc lui-même », qui aime tout le monde, une prostituée au grand coeur…
Les trois gamins sont envoyés en vacances à La Réunion chez une tante.
Dès que le vapeur quitte Port-Louis, le drame s’installe. « La Cigale » s’enflamme et tout le reste de ce très court mais très dense roman va révéler au grand jour le courage de quelques-uns et la lâcheté des autres. Tout l’art de Vax est là : avec un humanisme à fleur de peau, il met le doigt sur les défauts de ce vaste monde, pour notre plus grand plaisir.
Vax montre une fois de plus sa foi en l’Humain. Les actes d’héroïsme insoupçonnés ; le « vieillissement » inattendu de gamins exposés à l’indicible ; l’amour inattendu entre une fille de joie et un héros qui s’ignorait ; l’immense courage d’un matelot séssélois fabriquant un radeau impensable pour trois jeunes gamins qu’il ne connaissait pas vingt-quatre heures plus tôt…
Il en va ainsi tout au long de ce roman et une fois encore, je conseillerais à tous de ne rater ce moment de bonheur sous aucun prétexte.
Je vous laisse l’infini plaisir de découvrir le reste.
J.B.
« Les naufragés de La Cigale »
Daniel Vaxelaire
Editions Orphie, en librairie
Même lorsqu’il balance un énorme pavé, comme « Les mutins de la liberté », mon préféré, il ne nous fait jamais périr d’impatience, au contraire. Comme un Jules Verne trimbalant ses adeptes d’un bout à l’autre de la planète, il raconte, raconte, raconte, multipliant coups de tonnerre et de théâtre.
Même si certains de ses écrits sont très longs, « comme ces romans russes délicieusement interminables » (la formule n’est pas de moi), on ne se demande jamais quand ça va s’arrêter : ses chapitres, courts, très « enlevés », apportent chacun sa pierre à un édifice romanesque savamment mijoté. On nage dans le plaisir.
Comme souvent, ce passionné de l’histoire ultra-marine, prend à partie un fait-divers et le triture à plaisir pour en tirer une pure oeuvre d’imagination.
Ce qui est l’essence-même du roman historique : mêler l’imagination pure à l’authenticité historique sans que jamais le lecteur ne soit dupe.
« La Cigale », modeste vapeur, quitte Port-Louis en décembre 1929 et va se fondre dans des éléments désastreux. Voilà pour l’Histoire. Sur ce modeste rafiot puant l’essence, on retrouve trois jeunes frères, et une flopée de gens aussi divers qu’étranges ; un curé, des bonnes soeurs, des Chinois et des Noirs que tout le monde méprise, des hommes d’équipage faisant ce qu’ils peuvent, un « gros Blanc » bouffi de suffisance, un fils de famille, « gros Blanc lui-même », qui aime tout le monde, une prostituée au grand coeur…
Les trois gamins sont envoyés en vacances à La Réunion chez une tante.
Dès que le vapeur quitte Port-Louis, le drame s’installe. « La Cigale » s’enflamme et tout le reste de ce très court mais très dense roman va révéler au grand jour le courage de quelques-uns et la lâcheté des autres. Tout l’art de Vax est là : avec un humanisme à fleur de peau, il met le doigt sur les défauts de ce vaste monde, pour notre plus grand plaisir.
Vax montre une fois de plus sa foi en l’Humain. Les actes d’héroïsme insoupçonnés ; le « vieillissement » inattendu de gamins exposés à l’indicible ; l’amour inattendu entre une fille de joie et un héros qui s’ignorait ; l’immense courage d’un matelot séssélois fabriquant un radeau impensable pour trois jeunes gamins qu’il ne connaissait pas vingt-quatre heures plus tôt…
Il en va ainsi tout au long de ce roman et une fois encore, je conseillerais à tous de ne rater ce moment de bonheur sous aucun prétexte.
Je vous laisse l’infini plaisir de découvrir le reste.
J.B.
« Les naufragés de La Cigale »
Daniel Vaxelaire
Editions Orphie, en librairie