MENU ZINFOS
Courrier des lecteurs

Que signifie "mourir dans la dignité" ?


Par Bruno Bourgeon - Publié le Mardi 4 Juillet 2023 à 10:00

Une approche plus philosophico-juridique de la mort, indigne par essence, et du mourir, véritablement indigne ici car injuste au sens de la Justice, du Droit, de Nahel, d’un tir à bout portant d’un policier, qui a déclenché les émeutes en France.

L'utilisation du terme dignité au sujet des droits des malades en fin de vie génère controverses et polémiques. Derrière ce terme se cachent des courants de pensée philosophiques et des pratiques souvent divergentes, voire des législations totalement opposées.

En France, depuis une vingtaine d'années, partisans et adversaires de l'euthanasie utilisent le même terme de dignité. Mais de quelle dignité parle-t-on au juste ?

En France, depuis une vingtaine d'années, partisans et adversaires de l'euthanasie utilisent le même terme de dignité. Cette focalisation sur un terme identique de la part de courants opposés mérite attention et décryptage. Mais de quelle dignité parle-t-on au juste ? On peut concevoir deux significations de l'expression « dignité face à la mort » : la dignité relative et la dignité absolue.

Le recours à la notion de dignité relative dans les questions soulevées par la fin de vie est étroitement lié à l'état physique et psychologique dans lequel se trouve le malade. En effet, la dignité s'oppose, de plus en plus, à la déchéance tant physique que morale, mais aussi, par extension, à la souffrance intolérable et à la dégradation de la conscience. De plus, le sentiment de perte de dignité est renforcé par l'image que le mourant peut renvoyer à son entourage. Il cesse de correspondre à la représentation qu'on se fait de l'être humain. On assimile alors le mourant à un objet et non plus à une personne humaine sujet de droit ; d'où l'emploi de qualificatifs, tels que déchet, épave ou encore légume qui tendent à rejeter le mourant de la communauté humaine.

Ainsi définie, la dignité relative subordonnée aux capacités et aux qualités de la personne humaine est aliénable. En effet, elle peut se perdre par la déchéance, la dégradation, la souffrance, la dépendance. On oppose alors dignité et indignité, dignité et perte de dignité. Dès lors, la dignité relative conduit à une impasse. Une position « courageuse » serait de préférer la mort dans la dignité plutôt qu'une vie indigne. C'est sur ce concept de dignité relative que repose l'argumentation des défenseurs de l'euthanasie. Le malade en fin de vie disposerait d'un droit à mourir lorsque son existence est devenue indigne et inacceptable pour lui et pour les autres. Dans notre société, largement dominée par l'image, il s'agit de sauver une dernière vision, celle de l'individu libre dans sa mort comme dans sa vie.

En revanche, la dignité absolue est inaliénable, c'est une valeur morale, un droit au respect de la personne humaine. Aucun être humain ne peut perdre cette dignité quels que soient les dommages physiques ou psychologiques infligés par la maladie, quels que soient ses actes ou sa condition sociale. La dignité de l'homme tient à son humanité. Ainsi, la personne humaine possède une dignité intrinsèque indépendante de ses fonctions ou de ses qualités. C'est sur cette reconnaissance de la dignité absolue que repose la distinction entre une personne humaine et une chose, distinction qui constitue l'un des fondements de notre civilisation.

Le malade en fin de vie disposerait d'un droit à mourir lorsque son existence est devenue indigne et inacceptable pour lui et pour les autres. Dans notre société, largement dominée par l'image, il s'agit de sauver une dernière vision, celle de l'individu libre dans sa mort comme dans sa vie.

La dignité absolue de la personne humaine prend sa source dans la philosophie des droits de l'homme et s'est cristallisée dans l'ordre juridique par une décision du Conseil constitutionnel du 27 juillet 1994 affirmant que « la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d'asservissement et de dégradation est un principe à valeur constitutionnelle ». C'est sur ce fondement de la dignité absolue que repose le mouvement des soins palliatifs. Respecter la dignité du mourant, c'est refuser l'euthanasie et reconnaître à celui-ci sa singularité. Le soigner avec considération et dévouement, c'est aussi l'accompagner au terme de sa vie et lui redonner la parole. La dignité du mourant est inaliénable. L'altération de la dignité relative (autonomie-conscience) n'entame pas la dignité absolue et ne saurait légitimer une quelconque dévalorisation du mourant.

Ainsi, la dignité du mourant ne fait pas l'objet d'un consensus, deux conceptions de la dignité se heurtent ici, bien que des points communs existent tels que, l'urgence de soulager la douleur et le refus d'une obstination déraisonnable, le dialogue demeure impossible sur la question de l'euthanasie, appelée par certains droit de mourir dans la dignité.




1.Posté par A mon avis le 04/07/2023 11:16

EUTHANASIE,
♦ Pratique consistant à provoquer la mort d'un malade incurable afin d'abréger ses souffrances.

******************

Très intéressant exposé sur la "dignité" de " la fin de vie".
Chacun interprète la "dignité" selon sa philosophie, selon sa conscience ou selon le but recherché.

Pour le philosophe Pascal : " Toute la dignité de l'homme est en la pensée "

Que penser alors de la dignité de la personne qui ne pense plus (dans le coma irréversible par exemple) ?

L'application des " soins palliatifs" n'est-ce pas une sorte de pratique hypocrite de l'euthanasie ?

Et quid du suicide assisté ?
Est-il indigne de respecter la volonté d'une personne qui désire (pour diverses raisons) abréger sa vie ?

2.Posté par SOIXANTE TROIS le 04/07/2023 17:14

A post 1 A mon avis
Que penser alors de la dignité de la personne qui ne pense plus (dans le coma irréversible par exemple) ? Dites vous ?
Qu'en savez vous ? Y a t il vagabondage de votre esprit ?
J'en suis surpris ! Quand cela vous arrange ....

3.Posté par A mon avis le 04/07/2023 21:54

@ 2.Posté par SOIXANTE TROIS
Ma question est en rapport à pensée de Pascal !

4.Posté par Omarie le 05/07/2023 19:48

Ce qui est indigne, dans notre société moderne et en ce XXIème siècle, c'est de tolérer que des gens puissent mourir dans une lente agonie avec une souffrance qu'aucun médicament n'arrive plus à soulager. Ce qui est indigne, c'est de s'acharner à prolonger une vie qui n'en est plus une. Lorsqu'il n'y a plus rien à espérer, que même l'air qu'on respire devient source de douleur, que l'on ne peut plus offrir à ceux qu'on aime rien d'autre que l'image d'un corps délabré, alors, ce n'est plus une vie, c'est un calvaire.

Ce qui serait digne, c'est d'accorder à la personne le droit de choisir quand et comment elle veut partir, et de permettre à des professionnels qualifiés et assermentés d'abréger ses souffrances si telle est sa volonté et celle de ses proches. La "dignité absolue" serait de pouvoir accéder à ce qui n'est au fond, qu'une délivrance.

Légaliser l'euthanasie contribuerait à rendre "la fin de vie" un peu plus supportable pour les mourants comme pour les vivants. Ce serait une décision respectueuse de la volonté et de la dignité de l'être humain, qui ajouterait du sens à la notion de liberté, cette devise française à laquelle nous sommes tellement attachés.

5.Posté par L'Ardéchoise le 06/07/2023 14:09

Bonjour Omarie.
Je partage entièrement ton point de vue.
Il n'est pas besoin d'être confronté(e) à l'acharnement thérapeutique pour comprendre cela.
Et lorsque que l'on a eu à assister à cet acharnement qui ne préserve ni les mourants, ni les vivants, ni leurs souffrances, différentes mais réelles...

6.Posté par Omarie le 06/07/2023 20:42

Bonjour l'Ardéchoise,

Quand on voit des membres de sa famille dans cet état où ils réclament d'en finir au plus vite et qu'on est dans l'incapacité à leur venir en aide, c'est très, très pénible.

Mais même sans cela, je pense que toute personne qui a un brin d'humanité et de compassion peut comprendre.

Bien à toi.

7.Posté par coupdesang le 08/07/2023 10:06

ayant un membre de ma famille très âgée qui souffrent et qui en a marre,
j'ai recherché sur internet le moyen d'abréger ma vie en cas de souffrance
insupportable. ma crainte est de ne pas pouvoir le faire moi-même.
je n'espére rien de la prochaine loi sur l'euthanasie au vu de la couardise
de nos hommes politiques influencés par la pression religieuse qui a pour dogme :la rédemption par la souffrance. Amen !

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter

Si aucune page de confirmation n'apparaît après avoir cliqué sur "Proposer" , merci de nous le faire savoir via le mail contact@zinfos974.com
------
Merci de nous donner les informations suivantes, elles nous serviront à mieux cerner votre situation :
-- Smartphone ou ordinateur (mac ou windows)
-- Navigateur utilisé
-- Votre fournisseur d'accès internet
------
CHARTE DES COMMENTAIRES

Zinfos 974 vous offre un espace commentaires vous permettant de réagir, discuter, informer. Cet espace est ouvert aux internautes inscrits et non-inscrits au site.

Les intervenants doivent respecter les principes élémentaires du débat.

Sont proscrits :

- Les insultes, les attaques personnelles, les agressions, les propos discriminatoires sous toutes les formes - que ce soit envers les intervenants, les commentateurs ou l'équipe de Zinfos 974.

- Tout contenu contraire à la loi : l'incitation à la violence ou à la haine raciale, la discrimination et la diffamation, les propos homophobes, la négation des crimes contre l'humanité, ou la justification des actes violents et des attentats.

- Les propos pornographiques ou délibérément choquants ne sont pas autorisés.

- Merci d'éviter le hors sujet, les rumeurs infondées et les fausses informations.

- La répétition d'un même commentaire, assimilée à du spam.

- La publicité. Ne soumettez pas des liens commerciaux.

Si le commentaire d'un autre internaute vous paraît contrevenir à cette charte, utilisez la commande "signaler un commentaire abusif" plutôt que d'envenimer le débat.

Pour protéger votre vie privée, ne donnez pas d'indication personnelle (mail, adresse ou numéro de téléphone) dans un commentaire.

En cas de litige, vous pouvez contacter la rédaction de Zinfos 974 via l'adresse contact@zinfos974.com

Vous restez le responsable des commentaires que vous soumettez et en portez la responsabilité. De son côté, la rédaction de Zinfos 974 se réserve le droit de retirer tout commentaire si elle l'estime nécessaire pour la bonne tenue du débat.

Zinfos 974 est seul juge des messages qu'il publie ou modère - y compris pour des raisons qui ne seraient pas répertoriées dans la liste ci-dessus. Vous pouvez demander des explications sur la modération en utilisant l'adresse contact@zinfos974.com, mais toute allusion au travail de modération dans un commentaire sera systématiquement mis hors ligne.

------
Toute l'équipe de Zinfos974 vous remercie





Les + plus lus de la journée

Les + plus lus de la semaine



Les + plus lus du mois
 

3 rue Émile Hugot
Immeuble Rigolet

97490 Sainte-Clotilde

06 92 97 75 75
contact@zinfos974.com


- Contact

- Signaler un abus

- Mentions légales

- CGU

- Politique de Confidentialité

- Nos Journalistes