Mourir à Madrid de Frederic ROSSIF



Mourir à Madrid de Frederic ROSSIF
Durée : 1h25mn Réalisateur - Frédéric Rossif Genre - Documentaire Nationalité - Français Date de sortie - 1963 Éditeur - Éditions Montparnasse http://www.avoir-alire.com/article.php3?id_article=8229&artsuite=0 Contre l’oubli et toutes les atrocités commises pour des idées, ce documentaire sur la guerre d’Espagne (1936-1939) nous présente les événements de manière claire, avec des documents passionnants à l’appui. L’argument : En 1936 éclate en Espagne une guerre civile qui met aux prises les Nationalistes, menés par Franco, aux Républicains. Ce film regroupe des documents d’époque sur ce terrible conflit, reflet du choc des idéologies qui menèrent à la Seconde Guerre mondiale. Notre avis : Des pleurs d’enfants terrorisés, des femmes apeurées qui tentent vainement d’échapper aux bombes et un amoncellement de cadavres le long des chemins sont autant d’images fortes gravées à jamais dans notre mémoire collective. Immortalisée par des œuvres majeures comme le Guernica de Pablo Picasso, l’horreur de la guerre d’Espagne (1936-1939) entamait le long cortège des terribles souffrances subies par les populations civiles durant le second conflit mondial. Grande répétition avant la déflagration majeure, la guerre civile espagnole fut le terrain d’expérimentation des nouvelles techniques de guerre. Ainsi, les Nationalistes de Franco, soutenus par les troupes fascistes de Mussolini et par la Luftwaffe (aviation allemande) de Goering, ont commis des atrocités innommables au nom d’une idéologie réactionnaire. Ayant peur de la victoire démocratique du Front Populaire en 1936, toutes les forces de droite (dont l’Eglise qui se lançait ici dans une collaboration avec des régimes peu "catholiques") se liguèrent pour revenir au pouvoir par la force. Partant du Maroc, Franco réussit en trois ans d’une guerre atroce à imposer son régime dictatorial qui durera jusqu’en 1975. Pendant ce temps, les démocraties tergiversent et se trouvent de bonnes excuses pour ne surtout pas intervenir. Seuls les volontaires des Brigades internationales, au nom de la fraternité entre les peuples, se sacrifient pour défendre un pays et une idée. Frédéric Rossif aborde ce terrible événement avec justesse et pudeur, rassemblant le plus de documents visuels disponibles en 1963, date de la réalisation du film. Avec un grand sens de la pédagogie, le documentariste nous explique tous les tenants et aboutissants du conflit, les différents mouvements de troupes, et ses répercussions sur le reste du monde. Le film demeure malheureusement trop évasif sur les massacres des civils, mais on ne peut pas en vouloir au cinéaste puisque les archives ne sont disponibles que depuis quelques années seulement. Soutenu par la musique discrète de Maurice Jarre et par un texte vibrant de Madeleine Chapsal, Mourir à Madrid reste une œuvre forte et indispensable, faisant preuve d’un vrai courage à une époque où Franco était toujours le maître absolu de l’Espagne. Cet hymne à la liberté est un magnifique réquisitoire contre la guerre civile, épisode atroce où le fils prend pour cible le père et où les gens d’un même village s’entretuent pour des idées. A chaque balle tirée, à chaque homme blessé, à chaque larme versée, c’est un peu de notre humanité qui s’évanouit. Veillons donc à ce que de telles atrocités ne se reproduisent plus et crions tous ensemble : "no pasaran". Le DVD Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Très beau travail éditorial réalisé par les éditions Montparnasse puisque le joli coffret s’ouvre sur une chronologie de la guerre d’Espagne pour aider ceux qui ne maîtrisent pas cette période de l’Histoire. Sur le premier disque, on peut regarder le documentaire de quinze minutes intitulé Pour l’Espagne réalisé par Frédéric Rossif, véritable cortège de clichés sur la péninsule ibérique. En réalité, ce court métrage fut l’alibi donné par le cinéaste pour pouvoir se rendre en Espagne franquiste et tourner ainsi clandestinement son brûlot sur la guerre civile. Ceci est confirmé par un entretien intéressant, mais trop court, avec Nicole Stéphane, productrice du film. Elle mentionne notamment toutes les menaces et pressions qu’ils ont subies de la part de Franco afin de ne pas sortir cette œuvre. Enfin, la deuxième galette contient un documentaire espagnol d’une cinquantaine de minutes complétant parfaitement Mourir à Madrid puisqu’on évoque ici les massacres des civils, ainsi que l’implication de l’Eglise catholique. La paix ne semble toujours pas revenue dans le cœur des Espagnols qui n’ont pas encore réglé tous les comptes de cet événement atroce. Le documentaire joue peut-être un peu trop la carte du sensationnel, mais il parvient aussi à plusieurs reprises à étonner et à émouvoir. Un complément indispensable, donc. Image et son : La qualité des images varie forcément en fonction des documents présentés, mais l’ensemble est de très bonne tenue. On regrettera un léger souffle et des craquements sur la bande son, mais rien de rédhibitoire pour autant et on peut saluer le travail effectué sur cette belle édition.

Mercredi 20 Septembre 2006
philippe guistinati

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