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I3ezzugen (Azazga) : Quand les maires chassés par la population se font réinstaller par des escadrons de police…

16/03/2015 - 17:21

I3EZZUGEN (SIWEL) — Face à une forte opposition populaire qui perdure depuis 6 mois, la police algérienne a procédé hier à la réinstallation, de force, du président de l’Assemblée populaire (sic !) communale ainsi que des « élus ». Le Maire et les élus ont été accompagnés et réinstallés dans les locaux de la mairie par des escadrons de policiers anti-émeutes, tôt dans la matinée d’hier aux environs de 7h30. La mairie était encerclée par impressionnant dispositif de policiers anti-émeutes pour leur garantir l’accès, en dépit des protestations populaires.


Hier matin devant le siège de la mairie (PH/El Watan)
Hier matin devant le siège de la mairie (PH/El Watan)

Le président de l’APC d’I3ezzugen (Azazga) ainsi que l’ensemble des « élus » sont interdit d’accès aux locaux administratifs de la mairie depuis le 21 septembre 2014, mais pas les simples fonctionnaires qui n’ont à aucun moment été empêchés de poursuivre normalement leur travail.

Pour rappel, le siège de l’APC d’I3ezzugen a été fermé au cours du mois de septembre 2014 par une coordination de plusieurs villages de la région dans l’objectif de dénoncer la gestion frauduleuse du Foncier par le maire et les élus locaux et exiger une commission d’enquête sur les détournements de terrains qui se sont produits dans cette zone de Kabylie ; des détournements imputés par les populations à la gestion douteuse des terrains de la commune par le maire et ses collaborateurs.

Face à la pression populaire, l’Etat, à la fois juge et parti, a fini par diligenter une enquête pour aboutir à la conclusion, du reste prévisible, qu’il n’y avait eu aucun détournement et que tout se passe le plus normalement du monde. Furieux, les citoyens ont donc poursuivi l’interdiction d’accès à la mairie au Maire et aux élus durant un peu plus de 6 mois, jusqu’à hier matin où ces derniers se sont fait assister par des escadrons de policiers anti-émeute pour occuper de force leur bureaux au siège de cette Mairie, pompeusement dénommée Assemblée Populaire Communale et tout cela par ce que le peuple (justement) leur refuse l’accès et exigent la dissolution de cette Assemblée bien plus impopulaire que populaire.

Les « élus » de l’assemblée « populaire » sont à peine installés dans leurs bureaux par la police algérienne que la nouvelle a déjà fait le tour des villages. La coordination des comités de village d’I3ezzugen, accompagnés par de très nombreux villageois, s’est aussitôt rendue au siège de la mairie l’APC. Mais celle-ci étant très fortement « encadrée » par des unités de police anti-émeute, les villageois ont alors entrepris de protester à ce coup de force en procédant à la fermeture de plusieurs axes routiers. De très nombreux commerçants ont fermé boutique. Deux membres de la coordination des Villages d’I3ezzugen ont été arrêtés.

Rappelons tout de même que la colère de la population a toujours été dirigées contre les élus et le maire, accusé de gestion frauduleuse du foncier dans la région et non contre les simples fonctionnaires qui n’ont à aucun moment été empêchés de se rendre à leur travail. Les services administratifs ont durant tout ce temps fonctionné sans le moindre problème. D’ailleurs plusieurs fonctionnaires ont déserté leurs bureaux pour rejoindre prestataires hier matin. Soulignons par ailleurs que l’intervention musclée de la police algérienne est intervenue suite la mobilisation d’un autre mouvement de protestation qui réclamait le retour des élus. Ceux-ci avaient organisé une marche mardi dernier menaçant de fermer la mairie si les élus n’étaient pas réintégrés…

Affaire à suivre…
zp,
SIWEL 161721 MARS 15




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