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Quand Said Sadi s’inquiète pour la Kabylie, c’est pour lui demander de sauver encore une fois l’Algérie !

15/12/2014 - 17:42

ALGER (SIWEL) — Bien que l’on ait aujourd’hui sous les yeux les résultats catastrophiques des fameuses « formulations modernistes du pays » dont parle Said Sadi, et que l’on a vu que celles-ci ont abouti à un lamentable échec, au détriment même de la Kabylie, Said Sadi demande quand même à la Kabylie qu’elle prenne sur elle (encore une fois) la charge du sauvetage de l’Algérie. En fait, Said Sadi parle comme si la Kabylie n’y avait pas perdu ses plumes dans toutes ces luttes où elle est la seule à ramer à contre-courant du marasme arabo-islamique. C’est comme si la Kabylie n’était pas toujours sortie perdante de tous les engagements et les lourds sacrifices qu’elle a fait pour tenter vainement de sauver l’Algérie : de la crise berbériste de 1949, en passant par le maquis de 1963, par la démocratisation de l’Algérie en 1992, par le printemps noir de 2001, jusqu’à aujourd’hui en 2014 : la Kabylie n’a fait que perdre, encore et toujours perdre, jusqu’à risquer sa propre disparition, sans jamais rien gagner.


Quand Said Sadi s’inquiète pour la Kabylie, c’est pour lui  demander de sauver encore une fois l’Algérie !

Lors d’une rencontre mercredi 10 décembre à Tizi-Ouzou, le fondateur et ancien président du RCD, Saïd Sadi, n’a pas caché ses inquiétudes pour l’Algérie par rapport à la situation de « fin de règne » que vit actuellement l’Etat algérien avec ce dernier, et grotesque, épisode du quatrième mandat de Bouteflika. Affirmant qu’au-delà de Bouteflika qui « certes, a sa responsabilité » mais que l’on « a chargé jusqu’à n’en plus pouvoir » ; l’ancien président du RCD a estimé que le problème en Algérie est « un problème de système et non pas d’individu ». Pour Said Sadi « Bouteflika n’est pas la cause mais la conséquence » d’un système qu’il convient donc de changer. La question est donc comment procéder pour le changer ce système ? Eh Bien, comme d’habitude … en mobilisant encore une fois la Kabylie !

Selon Said Sadi : « face aux perspectives de fin de règne qui s’annoncent, la Kabylie ne peut pas se permettre d’être une fois de plus victime de stigmatisation ni de servir d’alibi à une nouvelle fausse piste dans l’histoire algérienne ». Et pour se faire, l’ancien président du RCD ne propose rien de moins que de mobiliser encore une fois la Kabylie pour sauver l’Algérie : « Il faut absolument que nous nous mobilisions dans cette région avant tout », a-t-il expliqué car précise-t-il encore « c’est ici que l’essentiel des grandes décisions qui ont engagé la formulation moderniste du pays sont apparues. Il faut les revisiter ! (…) La responsabilité est immense ! ». Autrement dit, la Kabylie doit encore une fois se sacrifier pour l’Algérie…

Et bien que l’on ait aujourd’hui sous les yeux les résultats catastrophiques des fameuses « formulations modernistes du pays » dont parle Said Sadi, et que l’on a vu que celles-ci ont abouti à un lamentable échec, au détriment même de la Kabylie, Said Sadi demande quand même à la Kabylie qu’elle prenne sur elle (encore une fois) la charge du sauvetage de l’Algérie. En fait, Said Sadi parle comme si la Kabylie n’y avait pas perdu ses plumes dans toutes ces luttes où elle est la seule à ramer à contre-courant du marasme arabo-islamique.

C’est comme si la Kabylie n’était pas toujours sortie perdante de tous les engagements et les lourds sacrifices qu’elle a fait pour tenter vainement de sauver l’Algérie : de la crise berbériste de 1949, en passant par le maquis de 1963, par la démocratisation de l’Algérie en 1992, par le printemps noir de 2001, jusqu’à aujourd’hui en 2014 : la Kabylie n’a fait que perdre, encore et toujours perdre, jusqu’à risquer sa propre disparition, sans jamais rien gagner.

Le comble, c’est que pour convaincre de la nécessité d’engager encore une fois la Kabylie dans le sauvetage de l’Algérie, Said Sadi met en avant que la Kabylie a toujours servi d’exutoire au système arabo-islamique, autrement dit à ceux que Monsieur Said Sadi appelle « les fossoyeurs d’hier qui sont aujourd’hui les tuteurs du pays », c'est-à-dire depuis Ben Bella à Bouteflika et toujours dans la ligne de Boussouf.

Et Said Sadi qui nous explique encore que ces derniers, dans leurs manigances « depuis 1957 », font toujours appel à la provocation envers la Kabylie, car « On sait qu’à chaque fois que le système (…) arrive à bout de souffle (…) il y a la provocation » ; et, il précise encore qu’ «il y a un certain nombre de signes actuellement qui permettent de considérer que cette option de provocation de la Kabylie fait partie des hypothèses de travail du système ».

Sauf qu’il serait peut-être utile de rappeler que ceci n’est que l’éternel recommencement de la même logique qui :

En 1949, a fait liquider les berbéro-nationalistes !

En 1963 a fait liquider nos valeureux maquisards sortis de 7 années de guerre qu’ils ont menée quasiment seuls !

En 1990, a fait liquider les plus beaux fleurons de notre élite !

En 1998 a fait liquider Matoub Lounès pour faire taire à jamais la voix sans concession de la vérité !

En 2001, a fait liquider notre jeunesse farouche et engagée…

Et enfin c’est encore et toujours le même éternel recommencement qui depuis 1962 à 2014 s’acharne à liquider tous les fondements de la Kabylie. Ceux-ci sont méticuleusement démantelés par l’Algérie arabe et islamique qui y opère, de force, une substitution, culturelle, linguistique et identitaire au détriment de ce que nous sommes depuis des millénaires.

Alors, jusqu’à quand la Kabylie va-t-elle sacrifier en masse ses enfants pour sauver l’Algérie dont les fondements sont obligatoirement arabes et islamiques ! D’ailleurs, ces critères sont tant et si bien obligatoires (et non négociables) que c’est toute la classe politique, dite kabyle, qui s’est mise à l’arabisme et à l’islamisme dans un morbide jeu d’alliance alternatif, les uns s’allient avec les arabistes, les autres s’allient avec les islamistes, et inversement.

Faut-il rappeler que le RCD comme le FFS, alors qu’ils avaient la prétention de démocratiser l’Algérie, se sont retrouvés à arabiser leurs discours et leurs slogans, à se mettre à l’arabe pour pouvoir ouvrir la bouche à l’assemblée nationale algérienne, alors qu’ils étaient députés de la Kabylie ; ET le comble, à inaugurer leurs conférences par des versets coraniques lors de leurs rencontres avec des terroristes, désormais qualifiés de partenaires politiques, et bien sûr, tout cela rien que pour prétendre faire partie de la classe politique dite nationale et algérienne…sans pour autant récolter une seule voix en dehors des limites géographiques de la Kabylie !

Non monsieur Sadi, s’il y a effectivement nécessité de lancer des débats en Kabylie aujourd’hui, ce débat ne peut avoir comme seul objectif que celui de faire en sorte que la Kabylie ne fasse pas encore une fois les frais des magouilles algériennes et certainement pas pour éviter « le risque d’une implosion chaotique » de l’Algérie, comme vous dite.

Aujourd’hui, s’il y a lieu de sauver quelque chose, ce sera la Kabylie et rien d’autre ; et si vous avez réellement à cœur de sauver la Kabylie, allez donc prêter main forte à ceux qui tenter de sauver et de préserver ce qu’il nous reste de la Kabylie au lieu de lui demander de sauver encore une fois la vie de son bourreau…

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SIWEL 151742 DEC 14




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