ARELACOR




"Pour moi, malheur toujours est suivi de malheur".

Homère, Iliade (XIX 282-302)




Plainte funèbre prononcée par Briséis en présence du défunt, Patrocle.

De son vrai nom Hippodamie, elle est la fille de Brisès, prêtre d'Apollon en Troade.

A la mort de son époux, le roi Mynès, allié de Troie elle fut amenée en captivité

et donnée à Achille.


On aurait pu penser qu'une reine captive dont la famille avait été décimée par les grecs

aurait gardé rancoeur à ses maitres de ses malheurs mais Patrocle, le premier,

sut la réconforter comme elle le rappelle devant sa dépouille mortelle.


"Et cependant, même le jour où le rapide Achille eut tué mon époux et ravagé

la ville du divin Mynès, tu ne me laissais pas pleurer ; tu m’assurais que tu ferais

de moi l’épouse légitime du divin Achille, qu’il m’emmènerait à bord de ses nefs

et célébrerait mes noces au milieu des Myrmidons.

Et c’est pourquoi sur ton cadavre je verse des larmes sans fin – toi qui toujours étais si doux ! »




Une version récente de l'amour entre Briséis et Achille
Une version récente de l'amour entre Briséis et Achille




Vexé d'avoir dû rendre son esclave Chryséisà son père , Agamemnon se venge

en s'appropriant la compagne d'Achille, Briséis.

Ovide (Les Héroïdes, Epitre 3) nous dévoile la lettre que Briséis écrit,

lettre qui mêle à la fois le désespoir d’avoir été éloignée de son amant

et l’espoir qu’elle va le retrouver très bientôt .

«Grecs, envoyez-moi vers lui. Députée par vous, je prierai mon maître,

je mêlerai à mes discours des baisers sans nombre, je ferai plus que Phénix,

plus que l'éloquent Ulysse, plus aussi, croyez-moi, que le frère de Teucer.

Des bras entourant un cou habitué à leurs étreintes ne sont pas sans pouvoir,

non plus que le sein que j'offrirai alors à ses yeux charmés.

Quoique barbare et plus cruel que les ondes de ta mère, tu seras, sans que je parle,

attendri par mes larmes.»



La colère qui s'empare alors du héros Achéen ouvre l'Iliade.

Achille se retire dans sa tente et refuse de combattre.

Il faudra la mort de Patrocle pour le voir reprendre les armes et

sauver les Achéens.


Briséis rendue par Achille aux hérauts d’Agamemnon, (Musée Correr, Venise)
Briséis rendue par Achille aux hérauts d’Agamemnon, (Musée Correr, Venise)



Ce bas-relief en gypse (fin du XVIIIème) est l'oeuvre d'Antonio Canova.

L'accent est mis non sur le décor,  mais sur la lisibilité de l’événement

et la représentation des personnages.

Dans ce bas-relief domine l’intensité de la scène.


L’un des hérauts, tête basse, mains croisées, honteux de l’ordre

qu’il doit exécuter, se dirige vers la sortie de la tente.

Le deuxième, tourné vers Briséis, la prend par l’épaule, l’invitant à le suivre.


Celle-ci, sagement vêtue, se tourne et regarde avec désespoir  les deux héros,

Achille et Patrocle, qui, nus, montrent ainsi la beauté de leur corps de jeunes guerriers.

Patrocle pousse doucement sa captive vers son destin,

tandis qu’Achille, bras et tête dirigés vers le ciel, adjure sa mère Thetis de punir les grecs.


La chaise, avec à ses pieds un casque d’hoplite, sont le symbole de l’inactivité qu’il s’imposera

jusqu’à la mort de son compagnon.

sources : http://www.1oeuvre-1histoire.com/index.html







On doit au sculpteur néoclassique américain, Hiram Powers (1805 - 1873)

cette chaste statue "The Greek slave" (1844).

Cette jeune femme nue et enchaînée qui tient une petite croix à la main

représente une jeune femme capturée par les Turcs,

à l'époque de la Révolution grecque.

Trésor trop précieux pour être jetée, elle est exposée aux regards des gens

et attend anxieusement ce qui lui arrivera.

Dénonciation de l'esclavage aux Etats Unis ? volonté d'exhiber sa chrétienté ?

cette statue fut en tout la source d'un grand nombre de commentaires et de perceptions.



The Greek Slave
The Greek Slave

Briséis moderne
Briséis moderne

Bernard Bouisset Jeudi 27 Juillet 2017