ARELACOR



Du corps en décomposition d'un taureau mort

naîtront spontanément

insectes et abeilles.

On trouve dans les Géorgiques

de Virgile

l'origine de cette idée légendaire,

la Bugonie.







Fils d'Apollon et de la nymphe Cyrène, Aristée, entouré de nymphes,

apprend à cailler le lait, à cultiver les oliviers, et à élever les abeilles.

Cette existence paisible fut troublée lorsqu'il rencontre la belle

Eurydice dont il tombe éperdument amoureux.

Il poursuit la jeune épousée.

"Tandis qu'elle te fuyait en se précipitant le long du fleuve, la jeune femme,

- et elle allait en mourir, - ne vit pas devant ses pieds une hydre monstrueuse

qui hantait les rives dans l'herbe haute. " (Géorgiques, Livre lV)

La suite... on connaît la descente aux Enfers d'Orphée venu réclamer son

Eurydice ainsi que sa perte irrémédiable.

Pour se venger Orphée tue les abeilles d'Aristée, qui, désespéré, va trouver

sa mère Cyrène.

"Ô mon fils, tu peux bannir de ton coeur les soucis qui l'affligent.

Voilà toute la cause de la maladie; voilà pourquoi les Nymphes,

avec qui Eurydice menait des choeurs au fond des bois sacrés,

ont lancé la mort sur tes abeilles. "

Sur les conseils de sa mère, Aristée se rend auprès de Protée

qui lui montre la marche à suivre :

Choisis quatre de ces superbes taureaux au beau corps,

et autant de génisses dont la nuque n'ait point encore

été touchée par le joug; fais jaillir de leurs gorges un sang sacré

et abandonne leurs corps.

Puis, quand la neuvième aurore se sera levée, tu apaiseras et honoreras

Eurydice en lui sacrifiant une génisse;

et tu immoleras une brebis noire et retourneras dans le bois sacré."

Alors, prodige soudain et merveilleux à dire, on voit,

parmi les viscères liquéfiés des bœufs des abeilles bourdonner

qui en remplissent les flancs, et s'échapper des côtes rompues,

et se répandre en des nuées immenses, puis convoler au sommet

d'un arbre et laisser pendre leur grappe à ses flexibles rameaux. "

(Virgile Géorgiques, Livre lV, vers 310-566)






La visée politique chez Virgile est claire : de la chute de

la République, Auguste fait émerger quelque chose de nouveau

qui ouvrira les portes de l'Empire.






Ce mythe a inspiré plusieurs sculpteurs, dont Sébastien Slodtz, (1655 - 1726)

qui représente Protée enchaîné par Aristée.

L'une des plus célèbres statues est celle en marbre de François Joseph Bosio,

(1768-1845), Salon de 1817, Louvre.



Jeremy Scott, printemps-été 2018, défilé de New York prête une de ses créations

à Aristée.

Aristée pensif
Aristée pensif

Bernard Bouisset Mardi 3 Octobre 2017