ARELACOR

Cliquetis de timbales d'or,
Laissez passer César

Cliquetis de timbales d'or,
Laissez passer César


Comment ne pas évoquer l'empereur Hadrien quand on parle d'Antinoüs ?

Mais tant d'autres souvenirs affluent que tout le monde connaît... Marguerite Yourcenar et son ouvrage "Les mémoires d'Hadrien", livre qui retrace sa passion pour son favori de Bythinie, Antinoüs.

Que les pages fardés pleurent leurs larmes de miel
Les dieux sont fatigués d'habiter dans le ciel

Que le festin commence que les Nubiennes dansent
Que les vins de Chaldée apportent l'oubli

Antinoüs, Antinoüs, ton esclave endormi
Antinoüs, Antinoüs, tu ne peux l'oublier

Comment cet être épris de beauté aurait-il pu oublier le bel Antinoüs, mort tragiquement dans les eaux profondes du Nil, âgé d'à peine 20 ans avant que le Temps n'ait accompli son œuvre destructrice ?

Antinoüs, idéal de la beauté, beauté idéalisée, tête tournée et légèrement inclinée, yeux pudiquement tournés vers le bas. Chevelure légèrement décoiffée aux mèches épaisses qui tombent sur la nuque, yeux grands ouverts soulignés de superbes sourcils.




Par le cuir et le fer et les aigles de Rome
Tu as conquis la terre et soumis les hommes

Tous ces princes barbares qui se traînent à tes pieds
N'ont même pas le courage de te faire oublier

Antinoüs, Antinoüs, ton esclave endormi
Antinoüs, Antinoüs; ton esclave endormi



Dans les statues de marbre les monnaies de l'Empire
Dans le souffle des arbres il y a son sourire

Par la pourpre impériale qui te couvre le corps
Par le chant des vestales il vivra encore

Antinoüs, Antinoüs, ton esclave endormi
Antinoüs, Antinoüs, tu ne peux l'oublier


Cliquetis de timbales d'or
Laissez passer César
Cliquetis de timbales d'or
Laissez passer César


Nous avons laissé un aède nous parler d'Antinoüs, la très belle chanson d'Hervé Cristiani, tirée de son album "Antinoüs".

Bernard Bouisset Dimanche 11 Janvier 2015

Chacun à sa manière apporte son soutien à cette liberté de parole que certains nous refusent. Voici la petite obole d'ARELACOR pour les 17 victimes de cette sanglante semaine. Car si la réalisation de ce petit travail s'adresse aux hérauts qui, par leurs dessins, veulent nous tenir éveillés, notre pensée ne doit pas plonger dans les profondeurs de l'oubli toutes les autres victimes. Un humble hommage donc à chacun.


Il fallait donc choisir un héros qui s'accordât avec ce que furent ces éternels adolescents, et Prométhée était une évidence !
Prométhée, titan qui pense et agit, et pas son frère Epiméthée, tout son contraire.

Personnage central d'un des mythes fondateurs de notre civilisation, Prométhée apporte aux hommes la lumière en volant le feu à Zeus. N'est ce pas la mission que s'étaient donnée les dessinateurs de Hara Kiri et de Charlie Hebdo, nous maintenir éveillés en nous éclairant de leurs dessins ?

Et puis, il y a chez Prométhée ce côté enfantin, enfant terrible, toujours prêt à se rebeller dès qu'on lui donne un ordre, celui qui n'accepte pas la hiérarchie, chenapan irrévérencieux qui, par goût du jeu, cherche toujours à ruser, même avec les plus forts.

Regardons-le exécuter, à sa manière, l'ordre de Zeus qui lui demande de faire comprendre aux hommes qu'ils sont bien inférieurs aux dieux, et voyons-le s'approcher du dieu des dieux avec les deux paquets qu'il fait choisir à Zeus : dans une main, le bel emballage qui contient les parties les moins belles de l'animal qu'il a sacrifié, dans l'autre, les chairs les plus tendres et les plus goûteuses qu'il a ficelées dans le sachet le moins appétissant ! N'est ce pas là encore l'image que l'on a de ces dessinateurs, garnements qui ne respectaient pas la pensée commune, et qui sous un habillage peu agréable nous offraient les mets les plus savoureux ?


Et Zeus s'est violemment vengé, comme d'autres l'ont fait cette semaine...


Un peu de grec (moderne), un peu de latin, le monde antique se reconnaît dans les événements de cette semaine et s'associe à la douleur des proches des victimes. Voici ce que peut donner notre "Je suis Charlie"


Et parce qu'il faut finir sur une note d'espoir, Héraklès libèrera Prométhée. Puisse cet acte se réaliser !!!

Il a été souhaité que l'on montrât Prométhée plus en accord avec les tee shirt et écriteaux que l'on a pu voir toute cette semaine "Je suis Charlie", donc en français ! Et merci aux yeux aiguisés de certain qui m'ont permis de rectifier une approximation...


Bernard Bouisset Dimanche 11 Janvier 2015

Famille maudite que cette famille des Atrides ! Mais qu'est-il donc passé par la tête de Tantale, pour se montrer plus rusé que les dieux et leur proposer son odieux repas ? Ignorait-il que Zeus ne pouvait être abusé depuis qu'il avait avalé sa première épouse, Μῆτις, Métis, la ruse.
Impitoyable Zeus, qui châtiera les descendants de Tantale jusqu'à ce que les Erinyes finissent de poursuivre Oreste.


Parmi cette famille, la fille de Tantale, la belle Niobé. Heureuse dans son mariage avec Amphion, le grand poète et le merveilleux musicien qui avait le pouvoir par sa musique de déplacer les pierres. La légende dit qu'il bâtit les remparts de Thèbes uniquement à l’aide de sa flûte et de sa lyre.

De cette union naquirent sept garçons et sept filles. Aussi Niobé voulut être honorée dans sa cité en lieu et place de Léto, qui, la malheureuse, n'avait eu que deux enfants. Mais s'attaquer aux dieux, c'est bien sûr faire preuve de cette ὕϐρις / húbris, cette démesure que les dieux ne pardonnent pas. Tous les enfants de Niobé périrent sous les flèches D'Artémis et d'Apollon.

A la vue de l'horrible spectacle des corps de ses enfants, Niobé fut comme pétrifiée ; pris de pitié, Zeus la changea en rocher, d’où coulèrent ses larmes sous la forme d’une source.


Niobé au bord des larmes
Niobé au bord des larmes

Bernard Bouisset Dimanche 14 Décembre 2014

Qui n'a pas vu Le Choc des Titans ?.. le "vieux", celui où Aphrodite est incarnée par la sublime Ursula Andress, où Laurence Olivier est un Zeus pas toujours très courageux où un oiseau aux griffes léonines transporte la superbe Andromède dans une merveilleuse cabine téléphonique pour l'amener au sordide Kalibos! Et ce Poséidon lilliputien qui actionne le levier de la grille qui enferme le Kraken (tout petit, sur la droite de l'écran!!).


Mais Persée c'est cette histoire qu'on ne se lasse pas de raconter un couvercle d'airain qui enferme la belle Danaé, une pluie d'or qui permet à Zeus de l'atteindre et de la séduire, trois sœurs, nées vieilles et ridées, qui doivent se partager la seule dent et le seul œil qu'on leur a donné... Et puis, il y a toute la magie du casque qui rend invisible, des sandales d'Hermès etc.
Pour couronner le tout bien sûr, l'ignoble Méduse dont le regard pétrifie tous ceux qui la fixent dans les yeux.


Le plus beau pourtant est cette image où l'on voit Persée sortir victorieux de sa quête, brandir à bout de bras la tête tranchée de Méduse.


Il a donc fallu représenter un Persée moderne et viril, et une Gorgone qui soit à la fois la reptilienne du film, d'où la couleur verte de sa chevelure, sans oublier ce qui fascine chez elle : l'éclat éblouissant de son regard... sans oublier non plus que Méduse avait dans sa jeunesse, par sa beauté, exacerbé les violents désirs de Poséidon....


Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre,
Et mon sein où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière...

Baudelaire, Les Fleurs du Mal


Ce poème de Baudelaire serait destiné à cette hétaïre du lVème siècle, née à Thespies, en Béotie, Phryné.

Elle eut, dit-on, comme amants les artistes les plus célèbres... et les tarifs les plus élevés car tous s'accordaient à reconnaître sa beauté qu'elle n'a jamais perdue.

Elle qui ne sortait que voilée dans la rue, par amour pour les arts elle posait nue devant le pinceau d'Apelles et le ciseau de Praxitèle. Sa beauté était celle d'une statue de marbre de Paros, son visage, pour le poète, l'image de la déesse.



Il faut l'imaginer aux fêtes de Poséidon et d'Aphrodite se dénuder sur les degrés du temple, n'ayant que ses longs cheveux d'ébène pour recouvrir la nudité de son corps, s'avancer vers la mer, entrer dans les flots pour rendre hommage à Poséidon et en sortir comme Aphrodite à sa naissance. Aphrodite renaissait une seconde fois.


Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.




Praxitèle créa l'Aphrodite de Cnide en la prenant pour modèle, et signa le premier nu féminin que, paraît-il, les habitants de Cos refusèrent pour une Aphrodite vêtue!

Ludovisi collection, Musée national romain.
Ludovisi collection, Musée national romain.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;



L'épisode le plus célèbre est celui du procès fait à Phryné : accusée de corrompre les femmes, elle est trainée devant les héliastes où le célèbre orateur Hypéride, qui est aussi son amant, la défend. Au moment où les héliastes vont prononcer l'arrêt final, sentant la cause perdue, Hypéride fait approcher Phryné, lui déchire ses voiles, arrache sa tunique, dévoilant sa poitrine. Les juges, émus et transportés à la vue de tant de charmes croient apercevoir la déesse elle-même. Phryné est sauvée!


Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles.

Une autre version d'une Phryné rêvée...

Phryné, une Cendrillon qui a retrouvé sa chaussure!..
Phryné, une Cendrillon qui a retrouvé sa chaussure!..

Heureux Hypéride et Praxitèle !
Heureux Hypéride et Praxitèle !
Un ultime hommage à Phryné partie retrouver Morphée....


Une Phryné sortie de son univers aquatique et transportée dans le monde du Street Art !


Bernard Bouisset Samedi 15 Novembre 2014
1 ... « 24 25 26 27 28 29 30 » ... 35