FRANCOISE C.*

11/03/2008

Mots à insérer

Evasion, élégant, escargot, victoire, voyage, amour, anticipation, soie, suave, incorrect, inouï, oser, oriflamme, neige, nul
Jokers
Puisque, ou, gris.



Marin par défaut

Rien d’élégant dans la longue silhouette dégingandée. Une allure qui semble nonchalante puis non, plutôt chaloupée, accentuée par un regard d’un toupet inouï qui laisse chaque femme dévisagée plus que dévêtue, nue jusqu’au fond de l’âme.
Il revient d’un de ses voyages à l’autre bout du monde. Il ne travaille que sur des cargos qui partent vers l’extrême orient. Soie, porcelaine mais aussi amours faciles et une collection de cartes postales dignes d’images d’Epinal : pêchers sur les pentes du Kilimandjaro au moment où les neiges couronnent encore le mont sacré, pagodes décorées ou manifestations militaires avec oriflammes claquant au vent. Une évasion bénéfique a-t-il pensé longtemps quand sa vie bascula brusquement au moment où sa compagne osa l’abandonner. Elle ne supportait plus la violence physique et verbale qui alternait avec une tendresse accaparante et exclusive, un comportement incorrect que nul n’arrivait à lui faire modifier. Mais on n’échappe ni aux facettes de sa personnalité ni à son histoire par la fuite fut-elle vers les contrées les plus lointaines.
Regrets, fureur, souffrance sans un mot à quiconque, jamais. Après un stage de six mois, il partit mécanicien sur un cargo commercial. Six mois de navigation, six mois à terre jusqu’à ce qu’il renonce et s’ancre là puisqu’il y est né.
Il revient les bras chargés de cadeaux de pacotille qu’il ne sait à qui offrir, de quelques objets de plus grande valeur qu’il offre à sa sœur. Elle a accepté qu’il aménage une aile de la maison familiale pour avoir un lieu à lui entre deux voyages. Quelques rares amis y sont invités ainsi que sa sœur, son frère et leurs conjoints. Il cuisine pour eux les mets raffinés qu’il a appris à confectionner là-bas. Au delà de la cuisine, les épices les plus violents ou les plus suaves parfument le jardin et la rue. Les gens du village mêlent à son égard une bonne dose d’incompréhension, une forme d’admiration et un reste de ressentiment violent. Il ignore superbement leurs sentiments, distribuant poignées de main, quelques rares accolades et ce sourire à peine esquissé qu s’adresse à chacun, à chacune tout en les maintenant à distance.
Une exception le jour de la fête du pont : c’est lui qui fait griller toute la journée les escargots petits gris ramassés par tout le village les mois précédents. Il prépare la sauce du pays à la tomate poivrée et un accompagnement exotique dont il refuse de donner la recette : un goût pimenté qui emplit le palais, tapisse l’intérieur des joues et diffuse par les fosses nasales jusqu’au bord des narines. Il évoque avec chaque convive les souvenirs d’enfance et semble vraiment de retour au pays. Imperturbable, il cuisine et boit les canettes de bière qu’il a préparée à portée de main dans un petit frigo spécial.
Au moment où le dernier service du souper s’achève, il mélange whisky et reste de bière jusqu’à ce qu’il s’effondre sur son coin de table. Son frère et son beau-frère le ramèneront à la maison et le coucheront sous le regard désapprobateur du village : elle a bien fait de partir, la Marie, le Georges, il changera jamais !
Françoise, mars2008






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 11/03/2008 à 07:53

FRANCOISE C.*

08/03/2008

Mots à insérer :

LISTE : libellule, livre; intranquillité, intransigeant; susceptible, silence; téméraire, tardif; escadrille, espoir; sortie, souffle;
JOKERS : vers, déjà, jouer





Premier amour

Il est revenu des Hauts d'Hydra sans encombre malgré le marasme effrayant des derniers mois de la guerre d' Algérie. L'intranquillité du moment n'affecte pas réellement leur bonheur. Se blottir dans ses bras, s'accorder à son souffle, plonger dans le vert de ses yeux en un silence plus chargé de messages que n'importe quel mot; cet espoir téméraire, d'aucun penserait insensé va se concrétiser.
Ils sont jeunes, ils sont fous. Elle, est interne à l'Ecole Normale de Mont de Marsan; établissement au règlement très strict; tout écart à ce qui est autorisé est susceptible d'attirer bien des ennuis. Pire, l'équipe directoriale est intransigeante sur tout ce qui concerne les relations amoureuses, considérées hors cadre ou hors sujet pour la centaine d'adolescentes de l'école. Sans doute leur jeunesse est-elle trop loin ou leurs émotions de jeunes filles très refoulées.
Le jeudi, les sorties sont autorisées de quatorze à dix-sept heures. Tant pis, il arrivera d'Auvillar vers treize heures. D'Auvillar, à deux cent quarante kilomètres, en scooter, a-t-il précisé dans une de ses lettres: l'adresse à l'encre bleu pâle insolite s'est jouée des barrières si difficiles à contourner et chaque missive lui a été distribuée. il la demandera au parloir. Elle ne peut se résoudre à dire non même si elle sait ce qu'elle risque, même si toutes les convenances qui régissent les rencontres du parloir lui semblent intenables: se contenter d'un salut, d'un baiser esquissé, échanger des banalités sans se toucher sous le regard de quelques parents venus eux aussi en visite. A cette heure, elle sera à la bibliothèque dont elle est responsable, reclassant livres et revues. Elle le verra donc arriver et, peut-être, réussira-t-elle à le faire entrer sans encombre. Les amoureux ont de la chance; il arrive à l'heure dite, elle le voit pousser la grille du portail, avancer de cette allure nonchalante qui cache si bien sa détermination. Elle ouvre la porte, les larmes l'enveloppent d'un halo de lumière douce.
« Bonjour, cousine », murmure-t-il pour les spectateurs de la scène.
« Bonjour... entre ».
Les voilà assis sur deux des chaises de paille, jouant le jeu d'une rencontre familiale.
Enfin quatorze heures. Il sort le premier, il l'attendra au coin de la ruelle. Inspection de tenue, de coiffure, rien ne semble clocher, elle peut sortir avec ses amies habituelles. Qu'il est difficile de ne pas se précipiter!
Un sourire semi narquois vers les copines qui ne peuvent s'empêcher de le dévisager, pas plus de casque obligatoire que de téléphone portable ces années-là.
Elle le guide vers un coin de forêt délicieux. Depuis, les militaires ont annexé cette zone pour un camp d'entraînement. mais ce jour là, au bord du ruisseau si clair que le sable blond n'est troublé d'aucune brindille, ils peuvent s'allonger sur un tapis de mousse. Les rais de lumière, égayées de roses de Noël tardives et de violettes précoces, jouent avec les branches de pin et semble éclairer la scène comme au théâtre. Ils peuvent enfin échanger petits mots rituels, discussions plus sérieuses, caresses. Elle peut se noyer à sa guise dans le vert de ses prunelles. Ce qu'ils suivent des yeux, ce n'est pas la trace si bruyante qu'elle en est menaçante de l'escadrille de la base mais un couple de libellules aux ailes bleues en route pour leurs noces printanières.
« Et nous, quand nous marierons-nous? » demande-t-il le nez si bien collé au sien qu'ils en loucheraient s'ils ne fermaient souverainement les yeux.
Françoise, Capbreton, 11 février 2008





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 08/03/2008 à 14:06

FRANCOISE C.*

15/02/2008


légende: léger, lande; énergie, épars; gorge, gargote; emporte, exact; nouveau, nain; dedans, douve; entendre, euphorie;
jokers: un, beau, part



Entendre la légende du petit nain léger que le vin nouveau remplit d'euphorie.
Ne plus savoir s'il est dedans, s'il est sorti, s'il est parti par ce beau clair de lune où tous les chats sont gris.
Emporter an fond de la lande ce nain de jardin sautillant qui laissera traces éparses dans la prairie aux graminées.
Nain, chat, lune, prairie, toute une énergie occulte mène sabbat cette nuit là.
Se glisser tout au fond des douves, escalader le pont levis et arriver à la gargote à la place exacte qu'il occupait plus tôt.
Grimper sur la table à sa place, trinquer à toute l'assemblée, rire avec les soudards à gorge déployée.
Sursauter à son arrivée, chat perché sur son dos voûté, odeur de soufre



Françoise C. pour le 11 février 2008.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 15/02/2008 à 08:21

FRANCOISE C.*

15/02/2008


Mélancolie bucolique

Une tige de nénuphar sectionnée par un rongeur: quelle misère!
Le monde agricole ne sait plus à quel ordre se fier. Depuis tous les matins du monde, ceux qui m'ont précédés ont su que le respect des cycles des saisons, l'adaptation des cultures à la qualité des sols et aux besoins des habitants des environs permettraient une agriculture raisonnée et une campagne fertile et généreuse.
Puis les enjeux sont devenus complexes. Les paysans ont tendu l'oreille à des voix tentatrices: elles leur promettaient un travail moins dur, une meilleure rentabilité, la possibilité de périodes de loisirs. Elles évoquaient aussi sans doute la nécessité de la modernisation, de l'endettement pour plus de performance, pour accepter bientôt la mainmise des sociétés céréalières, camouflées en caricatures de coopératives ou pire s'affichant en multinationales. Mais le désir de progrès, comment apprendre à le nourrir en respectant l'authenticité de nos régions de polycultures, le quadrillage de nos campagnes avec leurs haies vives, leurs ruisseaux à l'eau si transparente qu'on y suit la trace des gardons, qu'on y dérange les grenouilles ou les poules d'eau conduisant leurs poussins à leur leçon de nage de plus en plus éloignée du nid de leurs parents?
A Pécoste, à côté du moulin, il raisonne; il espérait préserver une vie intelligente et accepter un modernisme de bon aloi. Oui au tracteur, au ramassage du lait, à la modernisation de la maison. Il ne serait pas dit que son petit fils à naître n'aurait pas une baignoire et que les amis du moulin ne pourraient pas surveiller les veaux qui têtent dans l'étable préservée. Il faudrait voir qu'on ne puisse bientôt plus cacher les cèpes têtes noires à l'entour des souches du petit bois avant que la bande rieuse ne s'égaie sous les chênes. Le temps avait beau s'accélérer, il aurait été malheureux qu'il ne prenne pas les après-midis nécessaires à la taille des haies pour que les mûres soient cueillies sans crainte de pesticides et deviennent tartes ou confitures. Qui aurait pu l'empêcher d'attendre le prof pour aller choisir avec lui les derniers outils nécessaires et rouler la gitane maïs en plastronnant devant les collègues sur la qualité de ses relations? Comment l'empêcher de déboucher le vin blanc inbuvable auquel seules les femmes réussissaient à échapper ou l'aider à ramasser au lieu de faire la sieste les haricots tarbais grimpant le long des quelques pieds de maïs plantés à cet usage?
Les fleurs de nénuphar dérivent, séparées de leurs racines, les champs de maïs ont remplacé les blés si importants pour la couleur de l'amitié et les rires des amis ne résonnent plus sur les étangs. Mais on s'attend toujours à deviner la silhouette de Guy dans les brouillards du souvenir et son petit fils conduit le tracteur à sa place avec sagesse et détermination, gitane papier maïs à jamais éteinte.


Françoise fin janvier 2008.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 15/02/2008 à 08:20

FRANCOISE C.*

04/02/2008


Mots à insérer

CAPRICE: cabochon, comment; artiste, arpège; punaise, positif; rire, rare; imprudent, improviser; cabine, caricature; espoir, élément
JOKERS: tout, pour, do(s)





Anorexie

Oh, imprudente qui laisse ton rire ricocher, véritable arpège cascadant vers un tel aigu qu'il ferait voler en éclat un cabochon de cristal si un tel élément existait encore dans le bric à brac qu'est devenu ton antre. Quel espoir ou quel désespoir te pousse à improviser un simulacre de joie de vivre, que dis-je simulacre, une caricature; te crois tu jouant de la harpe, artiste improvisant quelque mélodie en do pour séduire tout un public hypothétique fasciné par la punaise de bénitier que chacun aspergerait bien comme un diable fuyant à cheval sur sa fourche pour échapper à la moindre goutte d'eau bénite que le dissoudrait dans un nuage malodorant. Comment penses-tu échapper au dispositif qui se met en place? Tous ces gens qui te cernent ont pour mission de te forcer à avaler le contenu de ton assiette, Entre ceux qui croient encore à un caprice de ta part et ceux que ton anorexie incite à appliquer un dispositif contraignant pour te forcer à mettre en bouche le gratin onctueux préparé à ton intention, à le laisser fondre entre langue et palais pour que chaque épice et chaque aromate forcent tes papilles à s'ouvrir, que ta glotte ne bloque plus cette première bouchée mais l'accepte comme une promesse de vraie satiété, ne te débats plus, accepte de penser que la vie mérite de se croquer à belles dents, que tu peux baisser la garde. Ton entourage est prêt à débattre avec toi, à accepter tes arguments, à entendre tes raisons pour peu que tu t'ouvres à ton tour à leurs propositions et à leurs souhaits. Aucune cabine, aucun caisson sensoriel n'est assez étanche pour que tu t'y enfermes, que tes seules perceptions enflent si fort que n'entendant que toi, certes, tu risques d'y laisser la peau.
Sais-tu que le rire peut être léger, authentique, communicatif, que les mots peuvent se répondre, se propager en écho, s'affronter en diversité de sens sans que l'univers s'écroule pour autant mais au contraire s'éclaire d'une promesse d'aube nouvelle et de richesse partageable.
Ouvre ta fenêtre et ton antre deviendra accueil, ôte ton gant pour partager l'eau bénite, aucun doigt n'est sale même sous la crasse apparente, partage notre repas et laisse toi gagner par notre appétit, aucun regard glacial ne t'obligera plus à pousser la salade sur le pourtour de l'assiette pour faire semblant d'avoir dévorer tout le centre, détends ton dos, laisse s'ouvrir tes côtes pour un rire de connivence partagée, bientôt elles seront moins saillantes, tu auras moins l'air d'un porte manteau à pattes et nous pourrons te proposer sans arrière pensée une promenade au bord de la rivière et une collation à la guinguette du port.
Françoise, Capbreton, janvier 2008

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 04/02/2008 à 23:58

FRANCOISE C.*


En ouvrant votre imaginaire en toute liberté, comme le fait un acteur, vous pouvez changer de vie, de sexe, d’époque, de lieu, de caractère et oser ce que jamais vous n’oseriez dans le monde réel.
Vous êtes et vous faites…
Vous êtes et il vous arrive…
Vous fûtes et êtes devenu(e)…
Bref, imaginez…




Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

La servante a laissé les doubles rideaux ouverts sur le petit jardin. Une branche de cerisier bat doucement à la vitre de la fenêtre. Je voudrais que la peau de mon cou et de ma poitrine soit du rose si doux de ces fleurs à peine écloses.
Il ne saurait être être plausible de se prélasser ni de perdre trop de temps aux soins de la toilette. Olympe m'attend pour rédiger les premiers articles de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Cet été 1973 s'annonce bien exaltant et bien cruel à la fois.
je suis obligée d'avoir une pensée reconnaissante pour mon défunt mari Denys. Avant de partir guerroyer les Anglais, il m'avait fait don de ce bel hôtel particulier et la cassette qui alimente mes dépenses d'entretien et de vie quotidienne est aux mains d'un bien honnête homme de loi. Le frère archiprêtre de Denys a tout fait pour mettre la main sur ce qu'il considère comme une part inaliénable de sa fortune, de la fortune des Fustel de Coulanges, mais le roi est mort et les privilèges nobiliaires avec lui. Denys, ami de Saint Just et d' André Chénier, un trio auquel j'aimais me joindre pour des joutes oratoires nourries des idées audacieuses de notre siècle; il était pour l'égalité des sexes bien avant que quelques précurseurs la défende aux côtés de mon amie Olympe de Gouges, de notre petit cercle secret.
Je peux sonner Toinette pour qu'elle m'aide à me vêtir. Aujourd'hui, je veux ma dernière robe vert amande au décolleté qui affleure mes tétons, gorge soutenue par le large ruban au vert plus soutenu tressé de pêche de vigne écrasée. Elle ramassera mes cheveux dans un serre tête de ce même ruban.
Me voilà prête, je peux relire les premiers articles; il y en aura dix-sept a décrété Olympe, je ne sais quel sortilège elle associe à ce chiffre.
j'ai peur de ce qui peut nous arriver. Ne dit-on pas que Condorcet lui-même a failli être arrêté? Charlotte Corday vient d'assassiner Marat, les femmes ne savent pas encore que la violence devra être différente, que nous devons dès à présent réfléchir à un autre rapport de force.
Pourtant quel panache quand Olympe nous a lu son article 10: « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales. La femme a le droit de monter sur l'échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la Loi. » sa détermination et sa fougue ont repoussé mes réticences peureuses et enflammé mon exaltation citoyenne. Oui, nous vaincrons aux côtés des hommes et ils nous reconnaîtrons à notre juste place.
...Toinette!....sans frapper!....mais que tu es pâle et essoufflée!...
...Olympe!....mes sels, mon éventail!....je ne dois pas fléchir!
Olympe arrêtée, rien ne pourra arrêter l'échafaud pour elle. Seule, je dois penser à moi, à nos idées.
Prendre conseil de Saint Just et de Condorcet? Faut-il fuir? Partir en mon château de Coulanges? Que seront nos idées si nous ne sommes plus là pour les défendre? Est-ce bien mon idéal ou ma peur panique qui me conseille ainsi la fuite. La terreur, qu'y faire quand rien ne peut l'enrayer?


Fançoise, Capbreton, janvier 2008






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 29/01/2008 à 08:00

FRANCOISE C.*


Voeux 2008 à un clown


Voeux à un clown

Acer japonica, face au banc de pierre à l'ouest de l'allée du jardin de la sérénité.
Toi, jeune clown nouvellement sorti de l'école des bateleurs, que 2008 réalise ton voeu de départ pour le Japon, pays où la façon de dessiner un sourcil puis de le lever dans un visage impassible permet à chaque artiste de nous entraîner dans un monde de crainte, de joie ou de tendresse.
Bonne année à toi qui nous fera rire d'un mot,d'un geste, d'un quiproquo, à toi qui interpelle aussi bien le petit enfant que son grand frère blasé, la fillette émerveillée que son père encore encombré de ses histoires de travail.
Continue à sourire, à oser une grimace, à mimer un effort démesuré pour avancer d'un pouce, garde la force de mettre entre parenthèses la colère de ta femme, la jalousie de tes fils et la fatigue de ta mère.
Clown, quel mot insolite où la seule voyelle est le « o » de surprise, deux premières consonnes qui s'enroulent pour s'élancer en saut périlleux et le retournement du « w » pattes en l'air en « n » au repos penaud.
Va chercher le flamboyant qu'ils sauront t'offrir, remercie-les des mille subtilités de ton rire universel et reviens nous bien vite.
Bien des Contrats
Louanges
Opportunités
Wagons d'applaudissements
Nuages à capturer dans ton filet à rêves d'enfants.
Et bonne année aussi en l'homme qui veille en toi.




_________________________________________________________________________



Merci pour les vœux qui m’ont beaucoup touchés ; quelle richesse dans tes mots avec lesquels tu as su transformer mon rôle d’amuseur et le valoriser. Un tel encouragement me donne des ailes pour aller exercer dans un pays que je connais peu et les Japonais n’ont pas le rire facile, je saurai les dérider et leur apporter la joie et la détente, un peu d’illusion aussi.
J’ai beaucoup travaillé à l’école et les quelques expériences que j’ai vécues m’ont déjà appris à communiquer avec mon public, à répondre à son attente, les rires et les applaudissements sont pour moi le meilleur des encouragements, j’ai pu savourer combien c’est gratifiant d’être porté par le public.
Un avantage aussi dans ce métier, c’est que je peux me cacher derrière un masque ou jouer un rôle qui n’est pas du tout dans mon tempérament, ainsi je peux avoir plusieurs aspects et si je suis malheureux, personne ne le voit, en plus, je rends celui qui l’est, heureux, quelle victoire pour moi !
Je garde précieusement ta carte que j’emporte avec moi, je la relirai dans un coup de cafard (cela pourrait arriver).
En toute amitié



Normal : Françoise
Italique : Christiane L.

Le 21 janvier 2008.







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 24/01/2008 à 23:05

FRANCOISE C.*

18/01/2008

Mots à insérer ?


Un père

L'aileron du requin file sur la mer aux éclats argentés selon une trajectoire parfaite. Loin de la rive, tu vogues toi-même dans le silence rare du petit matin. Tu as passé la nuit en mer, fasciné par la poussière d'étoiles de la voie lactée. Ton rêve, participer à l'harmonie du monde transcendée par la certitude d'être dans le réseau intense de la vie humaine en ce qu'elle a de plus complexe.
Ton fils naîtra dans quelques jours. Depuis longtemps tu l'espères, depuis toujours, te semble-t-il. Cette naissance semble le vrai accomplissement de toi-même.
La puissance de ton désir s'altère en impatience ces derniers jours où tu te sens exclu de ce qui leur arrive à tous les deux, même si vous partagez tout ce qui est partageable. Mais c'est son ventre à elle qui le porte et c'est son arrivée à lui qui durcit son téton.
« Comme tu es énervé! » s'étonnait ta compagne, hier. Un mot inapproprié, une erreur même mais tu peux être insupportable et il valait mieux t'éloigner.
Oeuf d'une heure, pain d'un jour, viande d'un an, poisson de dix, maîtresse de quinze, ami de trente: le proverbe revient en boucle comme un clin d'oeil plein d'ironie. Repas frugal à bord avec les provisions amenées, l'ami est resté à quai et ta compagne n'a plus quinze ans mais c'est pour elle que tu t'es éloigné.
L'aileron du requin trace sa trajectoire rectiligne. Guidé par le feu rouge clignotant de la digue nord, apaisé, il est temps de suivre son exemple. Ton port d'attache, la maison en haut du chemin, ta nouvelle fonction t'y appellent, rien ne saurait mieux te convenir.

Françoise, Capbreton, janvier 2008





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 18/01/2008 à 08:08

FRANCOISE C.*

18/01/2008

Avec des « si » on pourrait mettre Paris en bouteille n’est-ce pas ? Et vous si… Vous pouvez utiliser toutes les propositions ou vous « envoler » à partir d’une seule. Dans le cas ou vous seriez très rapides, veillez à expliquer pour quelles raisons vous pensez avoir écrit » ceci » plutôt que « cela ». Et surtout laissez-vous aller, laissez vous prendre au simple jeu.
Si j'étais un objet,
Si j'étais une saison,
Si j'étais un plat,
Si j'étais un animal,
Si j'étais une chanson
Si j'étais une couleur,
Si j'étais un roman,
Si j'étais une légende,
Si j'étais un personnage de fiction,
Si j'étais un film,
Si j'étais un dessin animé,
Si j'étais une arme,
Si j'étais un endroit,
Si j'étais une devise,
Si j’étais un oiseau,
Si j'étais un air,
Si j'étais un élément,
Si j'étais un végétal,
Si j'étais un fruit,
Si j'étais un bruit,
Si j'étais un climat,
Si j'étais un loisir,
Si j'étais une planète,
Si j'étais un vêtement,
Si j'étais une pièce,
Si j'étais un véhicule,
Si j'étais un adverbe de temps,


Conditionnel

Si j'étais un objet, j'aimerais que tu me ranges au fond de ta poche.
Si j'étais une saison, je choisirais la plus forte marée d'équinoxe pour qu'elle me deséquilibre dans tes bras.
Si j'étais un plat, je forcerais sur les épices qui font briller tes yeux.
Si j'étais un animal, ce serait un kangourou femelle... pour la poche.
Si j'étais une chanson, je voudrais que tu me siffles.
Si j'étais une couleur, je me poserais sur la palette du peintre pour qu'il donne une image de la joie partagée.
Si j'étais un roman, ma fin serait à choix multiples pour que notre histoire se décline de mille façons.
Si j'étais une légende, je nous transformerais en cygnes noirs.
Si j'étais un personnage de fiction, ce serait un Orphée qui ne se retournerait pas vers Euridyce avant d'être loin de l'enfer.
Si j'étais un film, je demanderais qu'on ne rallume pas la salle juste après le mot fin.
Si j'étais un dessin animé, ce serait Droopy pour te faire rire en m'attirant dans tes bras.
Si j'étais une arme, je resterais enfermée dans le placard....à double tour.
Si j'étais un endroit, il serait méconnaissable pour que je n'y sois qu'avec toi.
Si j'étais une devise: regarder ensemble dans la même direction.
Si j'étais un oiseau, je bâtirais un nid sur la plus haute branche et le tapisserais du duvet le plus doux.
Si j'étais un air, il serait chargé des parfums les plus envoûtants.
Si j'étais un élément, tu flamberais dans mes langues de feu.
Si j'étais un végétal, je colorerais en bleu chaque instant de ta vie.
Si j'étais un fruit, ce serait une cerise double pour que tu me poses sur ton oreille.
Si j'étais un climat, il serait torride comme toi pour moi, comme moi pour toi.
Si j'étais un loisir, tu ne t'en lasserais jamais.
Si j'étais une planète: Vénus, bien entendu.
Si j'étais un bruit, ce serait une source pour ruisseler vers toi.
Si j'étais un vêtement, je n'aimerais pas que tu oublies de bien boutonner le col de ta chemise pour effleurer ta gorge.
Si j'étais une pièce: il ne faut jurer de rien, mais avec un clin d'oeil.
Si j'étais un véhicule, je t'amènerais dans la voie lactée, moi, le grand chariot.
Si j'étais un adverbe de temps, je changerais de nom: de jamais à peut-être, à bientôt,à toujours.
Et si tu n'étais pas tout ces si à la fois, qu'est-ce que je deviendrais?

Françoise, Capbreton, janvier 2008









Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 18/01/2008 à 08:06

FRANCOISE C.*

14/01/2008

Imaginez que le pied du magnétoscope soit en réalité un poteau de bois mangé par le temps. Imaginez que le petit siège qui lui fait face soit un autre poteau plus petit, plus vermoulu encore.
De l’un à l’autre, part un fil sur lequel reposent ou parfois pendouillent des tas d’objets, de souvenirs dont la provenance vous échappe(ou pas).
Laissez-vous emporter par votre imagination et en ce début d’année, encore plus que d’ordinaire, vous avez tous les droits


jeu du jour

Iyukak

Un derrick abandonné là-haut dans le grand espace blanc.
la tribu innuit a surveillé le départ de la dernière équipe technique. Les petits objets usuels ont été répartis sous la responsabilité du chef de village. La structure dressée et le long filin oblique qui l'arrime à la banquise restera en place: trop lourd, trop dense, trop utile si elle peut devenir un repère de balisage.
Pour le moment, ils ne savent que faire de l'igloo stylisé aux fenêtres verdâtres. Son ascenseur extérieur qui a tant fasciné les adolescents du village est définitivement en panne. Les sages de la tribu ont espéré que « les Elf » comme ils les appellent, leur offrirait le groupe électrogène et que l'igloo des blancs pourrait servir d'école, de bibliothèque, d'abri en cas de gros ouragan....Innégociable, tout ce qui pouvait leur servir pour aller polluer ailleurs, piller ailleurs, mépriser les autochtones ailleurs, ils l'ont amené.
Repère en rentrant des si longues expéditions ont imaginé les chasseurs mais voyez comme la mère d'Apoutziak a su tirer profit du filin. Il est tiré au dessus de son igloo et à ce titre, tous ont trouvé naturel de lui en laisser l'usage. Sur la partie la plus haute, elle a réussi à faire coulisser le drapeau de leur région. Dès que les grands froids s'éloigneront, il dégèlera et claquera fièrement au vent de leur territoire.
Sous la partie centrale, Iyukak a bâti un large monticule de neige tassée avec l'aide de son époux et de ses frères. Elle a préparé les emplacements où elle séchera les peaux de phoque, de renne que ramèneront les hommes de sa famille. Il n'y aura plus qu'à les travailler pour équiper petits et grands de vêtements chauds à capuche, bottes et bonnets rebrodés. Peut-être le père d'Apoutsiak tirera-t-il le gros ours blanc qui a failli le dévorer l'année dernière? Elle voit déjà le tapis moelleux qui embellirait le centre de l'igloo et comme il serait bon de s' y rencogner en écoutant les histoires légendaires des ancêtres célèbres.
Ce dont elle est la plus fière, c'est du crochet jaune avec son long croc qui descend assez bas pour qu'elle y accroche son petit dernier quand elle s'active autour de l'igloo. Complètement emmailloté, il est à l'abri de tous les prédateurs; elle peut lui sourire, lui faire de petits signes et, de temps en temps, venir déposer un baiser sur son bout du nez, si froid que ses propres yeux lui piquent quand elle l'embrasse. Elle aime aussi la longue guirlande jaune qui servait de limite de chantier. Elle ne sait pas encore à quoi elles l'emploieront avec ses compagnes, mais, le moment venu, la solution s'imposera.
Ce qui la tracasse, c'est comment utiliser la terrasse de l'igloo stylisé. Bien sûr, elle est battue à quatre vents mais comme l'horizon doit être vaste de là-haut, comme le soleil de minuit doit élargir son halo et comme elle serait fière d'être la première à fouler la neige immaculée de ce qui ressemble à une montagne poussée là, tout près, à portée d'escalade.
Regardez là devant son igloo, les poings sur les hanches, yeux plissés et sourire édenté. Les prédateurs passent mais l'avenir lui appartient.
Françoise, Capbreton, janvier 2008





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/01/2008 à 19:22