LUCIENNE

17/05/2007



Lorsque j'étais un petit poussin je me rappelle que dans la basse cour, je courais derrière ma maman, elle allait souvent sur un tapis dans la cour d'une maison. Sur ce tapis il y avait une sorte de cage avec des barreaux. Quelquefois sur des coussins à l'ombre un bébé pleurait ou gigotait. Il avait beaucoup de chance car des grandes formes venaient lui raconter des histoires ou jouer avec lui. Lorsque ces géants (pour moi) approchaient ils nous chassaient moi et ma maman, pourquoi? Moi je voulais simplement aller le voir et jouer avec lui! Moi personne ne venait s'occuper de moi à part ma maman et puis elle avait aussi mes frères et soeurs à promener et à nourrir, aussi je me sentais jaloux.
Toujours marcher, picorer, faire attention à ne pas se perdre, vivement que je sois grand pour revenir picorer près de cette couverture car j'y trouvais souvent des miettes très agréables pour me nourrir.
Maman poule n'aurait plus rien à me dire car elle aurait d'autres bébés poussins à promener et à surveiller...
Vite que je grandisse!




J'ai bien grandi depuis ce 14 Mai 2007, Je suis haut sur pattes maintenant, j'ai le mollet sec et musclé, une crête pousse sur ma tête, un beau jabot rouge orne mon cou,
Ma mère ne me surveille plus et je ne suis plus guère attiré par la cage où babillait le bébé,
J'ai d'autres préoccupations, mon entourage est peuplé de jolies poulettes qui se dandinent, je vois bien que je leur plais et qu'elles recherchent ma compagnie,
J'ai remarqué qu'un coq essaie de faire la loi, le matin il s'égosille et met tout le monde au pas,
En cachette je tente moi aussi de répéter ses cocoricos, mes exercices vocaux sont encore timides mais qu'il se méfie un jour mon bel organe le détrônera!


A force d'entraînement, j'étais certain de toucher la perfection. Ce matin, je suis décidé, ce sera le grand jour.
D'abord, je lisse mes plumes une à une du bout du bec puis je me secoue énergiquement pour gonfler le tout et paraître plus imposant.
Ensuite je retiens ma respiration le plus longtemps possible jusqu'à ce que je sente ma crête se raidir et que je paraisse ainsi plus grand. Enfin, je m'entraîne une dernière fois à me dresser fièrement sur mes ergots et j'en profite pour lancer un dernier cocorico silencieux.
Et j'entre dans l'arène. J'ai une telle classe qu'aucune de ces mignonnes ne me résistera! Le vieux coq peut aller se rhabiller...
Tel un prince, je risque un pas dehors. J'essaye de me grandir le plus possible. Je risque un autre pas, un autre pas encore. Je n'ai pas encore ouvert les yeux mais je ne doute pas de l'effet produit.
Je me suis bien préparé: encore deux pas et je lance mon cri qui me ralliera tous les suffrages ...
Un...deux...au moment ou j'ouvre un large bec, prêt à lancer le cri qui tue, mon cri de guerrier, je n'ai toujours pas compris comment, ce fut une bousculade insensée. Renversé, piétiné, le « cocoric' » en travers de la gorge, la pluie inondant déjà tout alentour, je ne vis de mes suffragettes que les pattes et j'entendis leurs cris effrayés : vite, vite, l'orage gronde! Aux abris!!!
Et le vieux coq qui rassemblait son monde sans sourciller: « Allez, ne poussez pas... Par ici... »
Ah! Vous parlez d'un succès!



Lucienne (normal) Christiane J (italique) et Pascale (gras)





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/05/2007 à 16:15