RENE

12/06/2007

Plaisir : paradis, pompe, léger, liberté, assumer, apogée, ivresse, inouï, soupir, satin, indécis, inculte, rage, rire.
Jokers : rouge, bien, pour.



Billet commercial.


C’est mon jour de courses, chacun ses habitudes. Rituellement, je commence par le marché sous les halles, consacré au garnissage de mon panier. La rencontre de relations aussi pressées que moi donne lieu à de petits papotages intéressants. Puis, par facilité plus que par plaisir, j’ai pris l’habitude d’aller remplir mon caddy dans le magasin grande surface situé sur la zone commerciale implantée autour de la rocade. Ce n’est pas un paradis, mais je me gare aisément et à la pompe et le prix du carburant est un peu allégé.

Dans cette zone de « liberté » : libre accès, libre service et en principe libre arbitre, tout est conçu pour que chacun assume sa fonction consommatrice jusqu’à son apogée. Ici, tout est brillant, enluminé, sonorisé, animé, policé… Gagné par une ivresse indéfinissable, je m’engage dans le labyrinthe des rayons achalandés de pied en cap. Je déroge facilement à la liste prévisionnelle des commissions, notamment lorsque est promise une remise inouïe à valoir sur un prochain achat, ou lorsque je suppute que ça pourra servir... Il m’arrive d’échapper à la tentation, non sans un soupir de frustration! Pour compenser, je craque pour des pantoufles satinées. Je m’imagine déjà en position de relaxe devant la télévision… Plus avant, je retrouve mon indécision devant la pléthore de bouquins à laquelle je mesure mon inculture. Au rayon High-tech, j’enrage en constatant que mon appareil photo acheté récemment est déjà dépassé par un nouveau modèle…

Le périple s’achève à une heure bien avancée. Je m’octroie cependant un réconfort au bar de la galerie marchande, tout en consultant le journal. Tiens, les autorités délibèrent à propos de la circulation qui bouchonne la rocade. Elles comparent des solutions insatisfaisantes et le journaliste évoque un possible déplacement de l’enseigne ou je me trouve vers une nouvelle zone commerciale encore plus grande, plus complète, plus esthétique, encore mieux, ou l’on resterait encore plus longtemps… Sans doute beaucoup d’eau va-elle s’écouler dans la Midouze d’ici là ! Pourquoi n’irais-je pas voir le nouveau complexe commercial « modèle » ouvert récemment dans la ville voisine. Ce n’est pas si loin par la quatre voies. Sûr, je devrai prévoir la journée. Je me suis laissé dire qu’il comprend, entre-autres, une galerie marchande pharaonique. Enfoncés les constructeurs de cathédrale, encore que d’ici quelques centaines d’années, rira bien qui rira le dernier. Quant au centre ville de la cité, des boutiques péricliteraient. Encore du travail pour les édiles locaux…

Il est temps d’aller me restaurer à la cafétéria ? En tout cas, je ne passerai pas la nuit ici, ce n’est pas -encore- possible.


René pour le 11 juin 2007.


(nous saurons résister René, nous saurons hi hi )


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/06/2007 à 19:08