Plafonnement des bonus des dirigeants d'entreprise de l'UE : "à partir de 2014, les bonus ne pourront pas dépasser 100 % du salaire de base, ou 200 % avec l'aval exceptionnel des actionnaires."
Un député européen belge, du parti écologiste Ecolo, élu pour la première fois en 2009, et ingénieur informaticien de formation : Philippe Lamberts présente un profil improbable pour faire trembler la City. Avec sa mèche sage et ses bonnes manières, ce père de quatre enfants n'évoque pas vraiment le révolutionnaire, couteau entre les dents.
C'est pourtant lui qui a provoqué la fureur des banquiers de Londres en imposant le plafonnement de leur bonus. Le Parlement et le Conseil européen se sont mis d'accord, le 27 février, sur la proposition dont il est l'architecte : à partir de 2014, les bonus ne pourront pas dépasser 100 % du salaire de base, ou 200 % avec l'aval exceptionnel des actionnaires.
Boris Johnson, le maire de la capitale britannique, tempête, estimant que la mesure est une "vengeance (...) contre Londres", jurant qu'il "ne laissera pas faire". Mark Boleat, qui dirige les affaires politiques à la corporation de la City, parle d'une "mauvaise décision" qui va provoquer une hausse des salaires fixes, pour compenser. D'autres menacent - anonymement - de se délocaliser à New York ou à Singapour.
Vendredi 15 mars, M. Lamberts s'est justement offert, pour son 50e anniversaire - qu'il fêtait la veille - une visite à Londres. Il y a été assailli par les médias, de la BBC à Sky News, en passant par le Financial Times, qui voulaient voir l'homme qui a eu la peau des banquiers. Le président du régulateur financier britannique, Adair Turner, et le président de HSBC, Douglas Flint, l'ont aussi reçu.
M. Lamberts goûte l'instant, sans remords. Les banquiers "crient comme des pourceaux qu'on égorge, donc j'imagine que [le plafonnement] va avoir un impact", se félicite-t-il.
"Chapelet de scandales"
Au départ pourtant, la bataille était loin d'être gagnée. Certains de ses collègues l'accusaient de faire du populisme. "Mais ce qui nous a aidés, c'est qu'on a connu un chapelet de scandales dans l'industrie de la finance." En mai 2012, le Parlement européen vote donc le plafonnement.
Les Britanniques pensent pouvoir retourner la situation au Conseil européen, entre ces gens sensés que sont les ministres de l'économie. C'était sans compter sur le fait qu'aucun politique ne veut aujourd'hui défendre publiquement les bonus des banquiers. Fin février, à sa grande surprise, George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, se retrouve isolé et incapable d'empêcher la nouvelle règle.
Pour autant, M. Lamberts ne se présente pas comme un opposant des banquiers. "Je ne suis pas l'ennemi de la City, qui est utile à l'économie européenne, à condition qu'elle serve l'économie réelle." Lui-même, qui travaillait jusqu'à son élection chez IBM et qui est fils de patron de PME, n'est pas allergique au secteur privé, au contraire. Mais il accuse les banques d'être devenues des "extractrices de rente", qui profitent d'être "trop grandes pour faire faillite".
Au passage, il écorche le monde financier français : "Je vomis la clique de Bercy." Il estime que le passage permanent des hauts dirigeants entre l'inspection des finances, les banques privées et le régulateur est malsain. Et il critique l'assaut des établissements français pour bloquer la séparation partielle entre banques de détails et d'investissement, actuellement discutée à Bruxelles. Il n'en a pas terminé avec la finance : sa victoire sur les bonus... l'a mis en appétit.
Eric Albert, Le Monde, 17 mars 2013
C'est pourtant lui qui a provoqué la fureur des banquiers de Londres en imposant le plafonnement de leur bonus. Le Parlement et le Conseil européen se sont mis d'accord, le 27 février, sur la proposition dont il est l'architecte : à partir de 2014, les bonus ne pourront pas dépasser 100 % du salaire de base, ou 200 % avec l'aval exceptionnel des actionnaires.
Boris Johnson, le maire de la capitale britannique, tempête, estimant que la mesure est une "vengeance (...) contre Londres", jurant qu'il "ne laissera pas faire". Mark Boleat, qui dirige les affaires politiques à la corporation de la City, parle d'une "mauvaise décision" qui va provoquer une hausse des salaires fixes, pour compenser. D'autres menacent - anonymement - de se délocaliser à New York ou à Singapour.
Vendredi 15 mars, M. Lamberts s'est justement offert, pour son 50e anniversaire - qu'il fêtait la veille - une visite à Londres. Il y a été assailli par les médias, de la BBC à Sky News, en passant par le Financial Times, qui voulaient voir l'homme qui a eu la peau des banquiers. Le président du régulateur financier britannique, Adair Turner, et le président de HSBC, Douglas Flint, l'ont aussi reçu.
M. Lamberts goûte l'instant, sans remords. Les banquiers "crient comme des pourceaux qu'on égorge, donc j'imagine que [le plafonnement] va avoir un impact", se félicite-t-il.
"Chapelet de scandales"
Au départ pourtant, la bataille était loin d'être gagnée. Certains de ses collègues l'accusaient de faire du populisme. "Mais ce qui nous a aidés, c'est qu'on a connu un chapelet de scandales dans l'industrie de la finance." En mai 2012, le Parlement européen vote donc le plafonnement.
Les Britanniques pensent pouvoir retourner la situation au Conseil européen, entre ces gens sensés que sont les ministres de l'économie. C'était sans compter sur le fait qu'aucun politique ne veut aujourd'hui défendre publiquement les bonus des banquiers. Fin février, à sa grande surprise, George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, se retrouve isolé et incapable d'empêcher la nouvelle règle.
Pour autant, M. Lamberts ne se présente pas comme un opposant des banquiers. "Je ne suis pas l'ennemi de la City, qui est utile à l'économie européenne, à condition qu'elle serve l'économie réelle." Lui-même, qui travaillait jusqu'à son élection chez IBM et qui est fils de patron de PME, n'est pas allergique au secteur privé, au contraire. Mais il accuse les banques d'être devenues des "extractrices de rente", qui profitent d'être "trop grandes pour faire faillite".
Au passage, il écorche le monde financier français : "Je vomis la clique de Bercy." Il estime que le passage permanent des hauts dirigeants entre l'inspection des finances, les banques privées et le régulateur est malsain. Et il critique l'assaut des établissements français pour bloquer la séparation partielle entre banques de détails et d'investissement, actuellement discutée à Bruxelles. Il n'en a pas terminé avec la finance : sa victoire sur les bonus... l'a mis en appétit.
Eric Albert, Le Monde, 17 mars 2013
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