Voici une des propositions présentes dans le livre "Le bonheur est-il dans la décroissance" de Christophe Caresche, Géraud Guibert et Diane Szynkier


La mise en place d’un revenu maximal autorisé
L’arrêt, depuis vingt ans, du mouvement séculaire de réduction des inégalités est d’autant plus choquant que l’accroissement des écarts de revenus ne correspond pas toujours, loin s’en faut, à une prise de risque ou un talent particulier, mais est souvent le résultat de phénomènes de rentes, d’héritages ou de pratiques abusives sur les marchés financiers.

Cette situation pose un triple problème social, écologique et républicain : elle génère un fort sentiment d’injustice dans la population ; elle entretient une élite financière hyperconsommatrice autorisée à gaspiller de manière outrancière les ressources de la planète ; elle met gravement en cause le modèle républicain, dont l’une des composantes fondatrices est la recherche de l’égalité.

Pour les classes moyennes, elle représente une véritable double peine, la menace de déclassement s’accompagnant de l’existence d’une surconsommation manifeste qui mine la légitimité d’un discours écologique de modération. Pour les catégories populaires, elle accentue ce sentiment de ne pas appartenir au même pays ou au même monde, facteur majeur de la crise démocratique.

Pour corriger cette situation, plusieurs propositions sont indispensables, mais insuffisantes, car défensives (comme la suppression du boucler fiscal), de portée relativement limitée (comme la création d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu) ou concernant les seuls salaires (comme l’encadrement des écarts de rémunération dans une entreprise). C’est pourquoi nous proposons d’aller vers la création d’une forme de revenu maximal admissible permettant de mieux encourager les projets utiles et durables.

Ce dispositif concernerait l’ensemble des revenus et non les seuls salaires. Il rendrait obligatoire, au-delà d’un seuil relativement élevé de revenus, l’utilisation du surplus pour des actions conformes à la logique du développement durable.

A défaut, ce surplus serait taxé à un taux élevé. De telles règles permettraient de mieux concilier l’enjeu social (réduction des inégalités), écologique (limitation des consommations ostentatoires des très riches) et économique (financer des activités cohérentes avec l’état de la planète).

La totalité de cet essai est téléchargeable sur le site de la Fondation Jean-Jaurès

Tags : rma
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Dimanche 2 Octobre 2011 à 17:18 | Commentaires (0)

Livre

Une critique du livre paru dans "Le Monde"


La Course au luxe, de Robert H. Frank
Le prix Nobel d'économie (2001) George Akerlof a qualifié ce livre, sous-titré 'L'économie de la cupidité et la psychologie du bonheur' d''une des plus importantes contributions à la science économique de ces dernières années'.

Pour Robert H. Frank, les dépenses de luxe ont un effet négatif sur la société. 'Il y a d'autres manières de dépenser notre temps et notre argent', écrit le professeur à l'université Cornell (Etats-Unis), en commençant par raconter les difficultés qu'il a eu à changer son barbecue, acheté 89,95 dollars ; les modèles proposés coûtaient tous... entre 1 000 et 5 000 dollars.

Pourquoi la 'fièvre du luxe' ? (le titre original du livre est Luxury Fever). Parce que, explique l'auteur, également chroniqueur régulier au New York Times, un certain type de marché s'est considérablement développé sur le modèle du sport et du spectacle. Des écarts de performance minimes s'y traduisent par d'énormes différences en termes de récompense économique. C'est ce que montrait déjà un précédent livre de Frank, écrit en collaboration avec l'économiste Philip Cook : The Winner-Take-All Society (Free Press, 1995), littéralement 'La société où le gagnant rafle la mise'.

La consommation ostentatoire pour les ménages est comme les dépenses militaires pour les Etats, souligne Frank : il faut rester dans la course. Il y a ceux, qui sont en haut du 'totem économique', et les autres. Quand Onassis se faisait construire un yacht de 100 mètres, son rival Niarchos commandait un bateau de 114 mètres. Mais le luxe est relatif. Il est affaire d''écart', écrit l'auteur, qui reprend à son compte le théorème de Mencken : 'L'homme riche est celui qui gagne cent dollars de plus que le mari de sa belle-soeur.'

En ces temps de disette budgétaire, l'ouvrage plaide pour une réforme fiscale. Non pas sous la forme d'une taxe supplémentaire sur le luxe. Mais sous celle d'un impôt progressif sur la consommation de chaque ménage. Ce prélèvement ne tuerait pas l'industrie et il permettrait de dégager des milliards pour l'amélioration de notre qualité de vie. De 'l'argent facile', soutient Frank. Sur le papier, c'est séduisant.

Philippe Arnaud, Le Monde, lundi 27 septembre 2010

Robert H. Frank, La course au luxe. L'économie de la cupidité et la psychologie du bonheur, Traduit de l'anglais par Monique Arav et John Hannon, Editions Markus Haller, Essai, 446 pages. Prix: 28 €

Un extrait du livre de Sam Pizzigati


Sam Pizzigati, Greed and good
“But to maintain wealth accumulations at democratic proportions, we would need an approach to leveling down that does more than just inspire the non-rich majority to noble struggle. We would need an approach that gives our wealthy a reason to care more about “leveling up” the bottom of society than ending “leveling down” limits on the top, a reason to believe that even they, as wealthy people, would be better off in a society with a more modest gap between top and bottom. We would need, in effect, an approach to fighting inequality that directly links leveling up and leveling down. Creating this link would, of course, demand an ambitious new set of rules for our economy. Or maybe just one rule. The Ten Times Rule.”

Pour lire le livre en ligne : http://www.greedandgood.org/NewToRead.html


le Vendredi 16 Avril 2010 à 15:27 | Commentaires (0)

Livre

Pour qui veut saisir la nécessité d'un revenu maximum dans un contexte social et écologique plus large doit absolument lire le livre d'Hervé Kempf !


Classe de loisir, Veblen et consommation ostentatoire
La France n’est pas la seule à choyer ses patrons. En 2005, selon une étude de Standard and Poor, la rémunération moyenne des PDG des 500 plus grandes firmes des Etats-Unis s’élève à 430 fois celle du travailleur moyen – dix fois plus qu’en 1980. (p 59)

Entre 1995 et 2005, le revenu tiré des dividendes a crû de 52% en France, selon une enquête de l’hebdomadaire Marianne ; dans le même temps, le salaire médian a augmenté de 7,8% soit sept fois moins. (p 61)

La seule solution pour que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle – et donc le revenu – de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi, pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de ce sacripant excentrique de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son revenu est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. (p 91)

En hommage à tonton Marcel (Dassault et son « café du commerce »), il faut juste diviser la fortune des milliardaires par cent ou par mille, et instaurer un indispensable RMA (revenu maximal admissible). (p 121)

Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Paris, Le Seuil, 2007

le Mercredi 27 Janvier 2010 à 13:59 | Commentaires (0)

Livre

Je vous propose trois passages éclairants du dernier et roboratif livre de Daniel Cohen, "La Prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie". A méditer...


Salaire des dirigeants d'entreprise et "prospérité du vice"
« On peut caractériser l’attitude des dirigeants des établissements financiers comme traduisant un comportement « panglossien » pour reprendre une formule de Paul Krugman. Pangloss, le héros de Voltaire, croit voir partout le « meilleur des mondes possibles ». Le trader fait pareil. Il ne voit que le bon côté des choses, il ignore le risque, non par myopie mais rationnellement, parce que le principe de rémunération est asymétrique. S’il gagne, il gagne tout, et s’il perd, il perd éventuellement son emploi, peut-être même sa carrière, mais sa perte ne sera jamais proportionné à celles qu’il a fait subir aux autres. » (p 254-255)

« La crise des subprimes a mis en relief certains traits aberrants du capitalisme contemporain. Les salaires des patrons, payés comme des rock stars, les prises de risque insensées dues au comportement panglossien des dirigeants…. Il ne fait désormais aucun doute aux yeux de la plupart des commentateurs que « l’empire du greed (cupidité) » doit être policé. » (p 263)

« Tel est le modèle de rémunération dans les industries créatives aujourd’hui. Les artistes vivent misérablement, sauf les stars. Et tout le monde l’accepte, car tout artiste aspire à devenir une star. Le star-system est un modèle où le winner takes all, où le « gagnant prend tout ». Il explique pourquoi les patrons, vivant dans le monde des marques et de la notoriété, trouvent « juste » que leurs salaires soient fixés selon les mêmes règles, oubliant au passage ce que disait en son temps le banquier John Pierpont Morgan, selon lequel une entreprise où le PDG gagne plus de vingt fois le salaire de ses employés ne peut pas bien fonctionner. Or la rémunération d’un dirigeant vaut aujourd’hui deux cents fois environ le revenu de ses employés… » (p 272)

Daniel Cohen, La Prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie, Paris, Albin Michel, 2009

le Vendredi 1 Janvier 2010 à 15:04 | Commentaires (0)

Livre

Dans son blog, "La pompe à phynance", Frédéric Lordon livre un chapitre de son livre à paraître. En voici un extrait :


Bonus et primes : le (résistible) chantage des « compétents »
Il est à craindre que, jusque dans « le camp » de Mme Parisot, le mélange de franche bêtise et de cynisme en roue libre requis pour tenir de pareils propos se fasse de plus en plus rare, même si dans un premier de temps, la solidarité de classe suggère à tous les faillis de faire bloc et de ne pas concéder à haute voix ce que l’évidence impose pourtant. Car c’est une forme de vie qu’il s’agit de défendre, la vie à millions – de celles qu’on n’abandonne pas facilement. C’est pourquoi seule une force extérieure leur fera lâcher ce qu’ils ne lâcheront jamais d’eux-mêmes. L’interdiction des bonus pour les traders, la limitation drastique des écarts de salaire dans l’entreprise, par exemple à un rapport qui reviendrait à 1 pour 30 ou 1 pour 20, l’intégration des revenus financiers dans la fiscalité ordinaire, le relèvement des taux marginaux d’imposition à des niveaux qui conviennent aux revenus produits par les fortunes constituées pendant les deux décennies passées – Paul Krugman rappelle opportunément que l’administration Roosevelt n’hésita pas à relever ses taux jusqu’à 80 % puis 90 % [28], et nous découvrons tout d’un coup les marges inutilisées d’une politique de justice sociale – : toutes ces choses peuvent être envisagées sans qu’à aucun moment ne se produisent les catastrophes dont les « compétents » agitent sans cesse la menace, puisque d’une part, les compétents, assez souvent, ne le sont pas et que, d’autre part, si certains d’entre eux l’étaient vraiment et venaient à partir, d’autres attendent derrière eux avec une grande envie de prendre leur place !

Source : http://blog.mondediplo.net/2009-03-26-Bonus-et-primes-le-resistible-chantage-des#nh2-29

Tags : lordon
le Mardi 11 Août 2009 à 20:39 | Commentaires (0)

Livre









RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile


Recherche

Archives