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Son vrai nom était Robert, mais tout le monde le connaissait sous le nom de Philippe Thérinca. C'était le Lion des Camélias, une armoire à glace qui s'était fait un nom à la force de ses poings.
Ce soir, je l'ai vu allongé sous un drap blanc, à même le sol.

Il venait d'être abattu d'une décharge de fusil par un dénommé Jean-Pierre Pothin, un "poison" comme le décrivent les gens qui le connaissaient. Un homme tout petit, qui était parait-il très perturbé après avoir été licencié de la mairie de Saint-Denis pour "avoir cherché à faire pression sur un élu" et qui, ce soir, a pris une arme pour compenser son déficit en gabarit.
J'ai bien connu Philippe Thérinca. Ça remonte à l'époque où j'avais une vingtaine d'années et où je m'entrainais régulièrement au karaté sur un petit parking, en face de ce qui est aujourd'hui devenu le Casino, boulevard de la Providence. Inévitablement, nos chemins se sont croisés, mais il y a toujours eu un grand respect entre nous.
Je sais que Philippe Thérinca n'était pas un saint. Il n'y a qu'à voir ses multiples condamnations, une des dernières étant quand même pour proxénétisme. Et loin de moi l'envie d'effacer ses mauvais côtés.
Mais c'était aussi un bagarreur comme on n'en fait plus, quelqu'un qui ne se battait qu'avec ses poings, là où d'autres sortaient facilement le sabre à canne ou une arme à feu.
C'était aussi quelqu'un de parole, et de fidèle en amitié.
Il avait "roulé" pour la plupart des hommes politiques dionysiens qui, pour reprendre l'expression d'un édile bénédictin, préféraient l'avoir avec eux que contre eux... Je me souviens même d'une période où Philippe Thérinca continuait à percevoir son salaire d'employé communal, alors qu'il croupissait en prison... Je tairai le nom du maire par charité chrétienne...
On le surnommait "Le Lion", ou "Le Maire des Camélias", car rien ne pouvait se faire sans son autorisation. Si vous souhaitiez organiser un meeting dans les Camélias, il fallait l'accord de Philippe Thérinca...
On disait qu'il s'était calmé depuis quelques temps. Il n'habitait d'ailleurs plus les Camélias, mais à Sainte-Suzanne. Il semblerait qu'il ne faisait plus que rarement le coup de poing, seulement "quand il avait bu un coup", m'ont raconté ses amis ce soir, ou alors quand un copain qui avait des problèmes venait le voir pour réclamer son aide. La simple évocation de son nom suffisait souvent à calmer les esprits.
Il se disait, ce soir dans les Camélias, que Philippe Thérinca était revenu pour "régler un problème" avec Jean-Pierre Pothin. Il y avait déjà eu un ralé-poussé vendredi dernier à l'occasion du marché forain des Camélias, entre la sœur et la concubine de Philippe Thérinca, et celle de Jean-Pierre Pothin.
Ça s'est malheureusement fini dans le sang quand, après avoir tiré un coup de fusil en l'air, Jean-Pierre Pothin a tiré en direction de sa victime, le touchant à l'abdomen. Le meurtrier s'est ensuite rendu aux forces de l'ordre.
Après "Kéké" à Saint-André, Johnny Catherine à Saint-François, c'est maintenant au tour de Philippe Thérinca aux Camélias.
C'est Mathieu qui, dans la Bible, a dit : "Qui a vécu par l'épée périra par l'épée"...

Lundi 25 Août 2008 Commentaires (21)


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