Le design a une histoire, dont l'ouvrage Design contre Design remonte le fil, sans pour autant égrainer les périodes et inventorier les styles. Catalogue de l'exposition éponyme, l'ouvrage échappe à son tour au cadre formel, aux langueurs monotones du récit chronologique et de la catégorie… Comme l'exposition, l'ouvrage prend le parti de l'ordre thématique, se laisse guider par les formes et se plait à souligner les confrontations, les dialogues entre meubles et objets. L'homme et le design. Deux siècles de vie commune exprimés dans la forme et dans la richesse des pièces présentées. "Devant une telle diversité de l'histoire et un tel foisonnement de la création contemporaine, il fallait faire des choix. N'ont été réunies dans "Design contre Design", que des créations destinées à l'environnement domestique" souligne Jean Louis Gaillemin, dans l'Avant-propos.
Mais l'ouvrage comble aussi les faiblesses de l'exposition. Chaînon manquant entre la présentation et la compréhension, il apporte le contenu, le fond qui fait défaut à l'exposition. Certes il est plaisant de déambuler parmi des pièces exceptionnelles, simplement légendées. Si l'exercice parvient à montrer les persistances et les récurrences, sans aucune explication, il laisse au visiteur le soin de la déduction. Mais l'exercice est périlleux de croire comprendre, d'autant que le design est par essence voué à la reproduction, à la réédition. Sans plus d'explication et malgré le plaisir des yeux, l'exposé prend des allures de vitrine, là ou l'ouvrage fait sens. Il séduira tous ceux qui aiment aller au-delà de la surface des choses. L'ambition d'éclairer d'une façon nouvelle des objets d'époques différentes et de provoquer des courts circuits dans le temps et dans le genre est remplie au fil des pages. Deux siècles de mouvements de styles, deux siècles durant lesquels la modernité n'a cessée de s'inventer, de se contredire, de s'opposer, d'explorer de nouvelles voies…
La première partie explore les influences extérieures. Barry Bergdoll, Camille Morineau et Stéphane Calais, Christian Witt-Dörring, Benjamin Loyauté, Priska Schmückle von Minckwitz, Olivier Gabet, Augustin David, Adrien Goetz et Jean-Louis Gaillemin se relaient à la plume et, chacun dans sa spécialité, exposent les rapports du design avec l'art contemporain, l'architecture, la mode, le cinéma, la bande dessinée, l'humour, le décalage ou encore la littérature. Le rapport toujours plus ténu entre le design et l'art, la manière dont ils se nourrissent l'un l'autre mais aussi la considération du premier qui progressivement se frotte aux critères du second. "Aujourd’hui le design s’expose au musée et des salons présentent à Milan, Cologne ou Paris les dernières créations des fabricants de meubles et d’objets. Les industriels ne sont pas les seuls à le promouvoir. Les artistes contribuent également à sa création. Des créateurs sont à la fois designers, artistes, artisans. Le design s’adapte aux besoins des différents marchés, de la grande série à la pièce unique. Il n’y a plus un, mais des designs" développe Jean Louis Gaillemin.
La seconde partie reprend les thèmes de l'exposition. Une démonstration de géométrie variable qui donne progressivement forme à la pluralité du design. Une entrée en matière permet d'apprécier chaque thème. Les Formes… font naître l'image. Elles se tendent en lignes droites, explorent le cercle ou le carré, ondulent en courbes ou expérimentent le biomorphisme. Les pièces sont présentées, replacées dans leurs époques. Les parentés apparaissent, volontaires ou accidentelles. Imaginaires… La seconde thématique nous rappelle que si les formes font image, les types font l'histoire. Et comme elle, ils se répètent. Le primitivisme comme une mémoire stylistique nous ramène à nos racines, africaines, celtiques, moyenâgeuses, vikings…
Style et ornement stimulent notre mémoire contemporaine de la charge colorée et rocaille du fauteuil Proust (Alessandro Mendini - 1979) au médaillon du transparent fauteuil Louis Ghost (Philippe Starck - 2001), en passant par les hommages de paille et de béton rendus respectivement par John Angelo Benson et par Stefan Zwicky au fauteuil du trio Jeanneret, Le Corbusier, Perriand. "Mises à mal" incarne les brisures, les biais, le chaos… Comme ce bris de vaisselle figé dans l'air par le lustre de Ingo Maurer (1991) ou cette chaise bancale de Jürgen Bey, rééquilibrée par une pile de document… "Environnements", met en scène les mutations formelles de l'objet… Homme ou animal, le sujet n'est pas à la définition du bon goût, mais à la démonstration de l'histoire de l'esthétique, jusque dans l'audace et parfois peut être dans la gratuité de la provocation. Le végétal, le minéral complètent le tableau… puis l'architecture et enfin la plus parfaite des formes, l'œuf…
D'hier à aujourd'hui, le design se nourrit de son époque. L'objet se forme aux Rencontres fortuites et prend les chemins du ready made. De l'accumulation de tiroirs de Tejo Remy (1991) en équilibre maîtrisé, au fauteuil Hairy Chair de Charles Kaisin (2005), tout donne matière à la création.
Auteurs : Ouvrage collectif, sous la direction de Jean-Louis Gaillemin
Style et ornement stimulent notre mémoire contemporaine de la charge colorée et rocaille du fauteuil Proust (Alessandro Mendini - 1979) au médaillon du transparent fauteuil Louis Ghost (Philippe Starck - 2001), en passant par les hommages de paille et de béton rendus respectivement par John Angelo Benson et par Stefan Zwicky au fauteuil du trio Jeanneret, Le Corbusier, Perriand. "Mises à mal" incarne les brisures, les biais, le chaos… Comme ce bris de vaisselle figé dans l'air par le lustre de Ingo Maurer (1991) ou cette chaise bancale de Jürgen Bey, rééquilibrée par une pile de document… "Environnements", met en scène les mutations formelles de l'objet… Homme ou animal, le sujet n'est pas à la définition du bon goût, mais à la démonstration de l'histoire de l'esthétique, jusque dans l'audace et parfois peut être dans la gratuité de la provocation. Le végétal, le minéral complètent le tableau… puis l'architecture et enfin la plus parfaite des formes, l'œuf…
D'hier à aujourd'hui, le design se nourrit de son époque. L'objet se forme aux Rencontres fortuites et prend les chemins du ready made. De l'accumulation de tiroirs de Tejo Remy (1991) en équilibre maîtrisé, au fauteuil Hairy Chair de Charles Kaisin (2005), tout donne matière à la création.
Auteurs : Ouvrage collectif, sous la direction de Jean-Louis Gaillemin
370 pages
Prix public : 59 euros
Editeur : Rmn (Réunion des musées nationaux)
Parution : Octobre 2007
ISBN : 9782711853373
Prix public : 59 euros
Editeur : Rmn (Réunion des musées nationaux)
Parution : Octobre 2007
ISBN : 9782711853373




