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Le Buzz-Déco

ALNOOR FAIT ART DE PRÉTENTION

Par Barbara Poirette

Exposition du 7 au 30 octobre 2010. Invité par Guillaume de Casson entre les murs de sa Galerie, rue de Seine à Paris, Alnoor continue de s’adresser à notre égo par une exposition qui fait sens par son esthétique comme par son sujet. Déjà le designer pointait sans détour notre narcissisme complaisant, affichant en toutes lettres notre état de beauté indiscutable. Aujourd’hui, il nous renvoie via l’exposition « Qui sont les beautiful people ? Vous et moi... » le reflet d’une époque piégée par culte de la beauté, une époque à qui il donne de l’épaisseur par la référence : de la symbolique des vanités au portrait de Dorian Gray.



ALNOOR FAIT ART DE PRÉTENTION
S’il continue de renvoyer des mots à nos états d’être, c’est aussi à notre âme que Alnoor s’adresse. Son miroir accompagne toujours le reflet de notre narcissisme de propos flatteurs, mais il l’entoure d’ornements mêlant crâne, cœur en flamme, cupidon, motifs végétaux et autres fleurs du mal, dans une version adulescente du baroque. « You are beautiful » d’un coup de crayon il unit avec une fabuleuse expression de style la symbolique des vanités – qu’elle suggère le caractère éphémère de la vie ou qu’elle souligne l’absurdité de notre monde – la jeunesse éternelle de Dorian Gray et le règne absolue de l’apparence dans lequel s’enferme une époque rendue folle par son reflet et ses espoirs de jouvence. Le jeunisme à l’unisson de l’adulescence verse dans la quête absolue, obsédante et vaine d’une éternelle jeunesse. Et Alnoor s’attaque à l’image comme à la posture de la plus agréable des manières : le beau répond au vide. Il investit des objets emblématiques coiffeuse ou miroir pour mieux dévoiler quelques impostures de l’apparence. Il les charge d’attributs, de symboles ou même les instrumentalise pour mieux servir cet idéal de beauté. Miroir, mon beau miroir, dis moi que je suis…

L’essence du sens donne de l’épaisseur la fugacité d’une image sur laquelle nous n’avons pas de prise. « Tout art est à la fois surface et symbole. Ceux qui dépassent la surface le font à leurs propres risques. Ceux qui déchiffrent le symbole le font à leurs propres risques. C’est en réalité le spectateur et non la vie que reflète l’art » Oscar Wilde – Préface au portrait de Dorian Gray. Un sujet qui n’a rien de nouveau, sinon peut être dans sa contagion galopante et universelle. La référence à l’œuvre d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, plane sur de cette collection de meubles et objets imaginés par Alnoor. La lampe Dorian éclaire de l’éclat de la vanité cette tension entre les aspirations terrestres et célestes. Des ornements du miroir aux motifs du tapis, le dessin nous rappelé l’impermanence de notre condition... Alnoor éveille un fond de spiritualité avec cette sainte trinité auréolée composée d’une liseuse, d’un chevet et du tabouret accompagnant le coiffeuse… et bien que l’époque ne se prête pas à l’angélisme rien n’empêche d’en savourer les attributs.
Les meubles conçus pour cette exposition cachent une réflexion sur la duplicité des images, l’intériorité et l’extériorité, le visible et l’invisible dans une esthétique léchée à laquelle chacun est libre de prêter Foi ou de se limiter à la frontière plus tangible du plaisir esthétique.

« Qui sont les beautiful people ? Vous et moi... »
du 7 au 30 octobre 2010 à la Galerie de Casson

21 rue de Seine 75006 Paris
www.galeriedecasson.com

28 Septembre 2010



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