Si pour beaucoup d’entre nous le chiffonnier évoque un meuble à tiroirs, le terme désigne également l’un des ces petits métiers basés sur la récupération et le recyclage. Aussi indispensables que méprisés, les chiffonniers se chargeaient de faire de tri parmi les ordures ménagères déposées devant les habitations : papiers, chiffons, métaux, verre, croûtes de pain, peaux, os… objets cassés qu’ils pensaient pouvoir restaurer. Par leur intermédiaire, ces reliefs trouvaient une seconde vie. Indépendante et auto réglementée, cette communauté était parfaitement structurée. Dans les rangs des chiffonniers, les placiers se fixaient dans un quartier et entretenaient des relations étroites avec les domestiques. En 1884, le métier devra composer avec le progrès et s’adapter à la mise en place d’un récipient imposé par le Préfet Poubelle.
LES ENCOMBRANTS
Si les chiffonniers ne sillonnent plus nos villes et nos campagnes, la récupération n’a pas disparu pour autant. Nos poubelles ne font plus l’objet d’inspections nocturnes. Toutefois, il y a encore peu de temps, nos trottoirs étaient livrés à la curiosité de quelques noctambules. A dates fixes, amateurs et éclairés arpentaient les rues dans l’espoir de dénicher un meuble, de l’électroménager, un objet à rafraîchir, à détourner de son usage premier… mais également afin de se meubler à moindre frais. Les heures fastes de cette activité ont d’ailleurs fait le bonheur de quelques uns qui pouvaient parfois dénicher quelques pièces de style.
Mais cette époque est révolue. Les industriels ont ouvert la voie du jetable. La plupart des meubles qui échouent sur les trottoirs sont brisés, irrécupérables, l’électroménager a déjà rendu son dernier souffle, sans espoir de trouver de pièces de rechange… Par ailleurs, l’enlèvement des encombrants est désormais réglementé dans la majorité des villes. Enfin, la tendance va au traitement des déchets et par conséquent au développement du recyclage et de la valorisation des matériels (ordinateurs, téléviseurs, électroménager).
L’âme des chiffonniers a donc survécue, même si la forme a largement évolué. Aujourd’hui encore, des hommes font le tri pour isoler et permettre le traitement de matières polluantes, mais également donner une seconde vie à des matériaux qui, valorisés, entreront à nouveau dans le cycle des matières premières.