Enfin le mois d'août, les vacances, l'espace, le calme et l'air frais de la montagne. J'allais enfin pouvoir me ressourcer. Les vaches n'étaient pas en pâture dans les environs, je ne serai donc pas bercée par l'omniprésence de leurs cloches. L'été est l'occasion de prendre le temps de ne rien faire, de lire… et me voilà interloquée devant l'édito de Marie-Françoise Colombani (ELLE du 14 août). C'est tellement grotesque que je crois d'abord au gag. Les Français auraient-ils pris un coup de chaud ? Je savais que la réintroduction de l'ours partageait les foules. Naturellement en faveur du plantigrade, je pouvais toutefois comprendre la crainte des éleveurs. C'est toujours plus facile de relativiser quand on vit à 800 kilomètres de l'ours. Mais ce n'est pas lui qui attise les foudres des vacanciers, ni même les incendies causés par la négligence ou parfois la bêtise humaine, non l'agresseur est ailleurs. Extraits de l'édito de Marie-Françoise Colombani…
A BON ENTENDEUR
"Comme pires ennemis la cigale n'a pas que la mésange charbonnière (…) Aujourd'hui, une nouvelle espèce de prédateur la menace : le touriste. (…) Des vacanciers sur un terrain de camping du Vaucluse auraient demandé au maire de prendre un arrêté pour stopper le vacarme de l'exubérante chanteuse. Ailleurs, un agent immobilier, loueur de maison de luxe, aurait subi l'injonction d'exterminer l'animal sous peine de voir ses clients plier bagage. Ici encore, c'est un pharmacien, délivrant du paracétamol (…), qui aurait été sollicité pour un insecticide puissant… (…) En Bretagne, c'est un hôtelier installé au bord de l'océan qui entend régulièrement ses clients se plaindre le matin du bruit des vagues. Dans un petit village Corse c'est le clocher de l'église qui a été prié de ne plus sonner pendant la nuit. Et l'on ne parle même pas du nombre de coqs estourbis en catimini à cause de leur chant, conquérant certes mais trop matinal."
Dans une autre affaire de clocher, dans le Loiret, le Conseil d'Etat a donné raison à un couple de plaignants, voisin de l'église. L'arrêt des cloches entre 19h30 et 7h30 a été ordonné au titre de la loi et suite à l'étude sonore des quelques 1179 coups journaliers. La nuit, le carillon dépassait sept fois les niveaux sonores autorisés.
La moralité tirée par Marie-Françoise Colombani est qu'il n'y a rien de plus subjectif que la pollution sonore. Mais dans cette hystérie estivale je crois qu'il est dangereux de confondre les bruits naturels (cigales, mer, vent, chants d'oiseaux…) de ceux produits par l'homme (clochers, musique, voitures, klaxonnes…). Le silence n'existe pas.
A force de croire en notre propre légende nous avons fini par nous croire investi des pleins pouvoirs. Nous accaparons la planète, nous considérons ses ressources comme un dû, un acquis… Nous voulons faire disparaître de gêneur, qu'il soit ours ou insecte, de nos paradis artificiels comme on zappe une mauvaise émission. Nous sommes partout chez nous. N'oublions pas que l'homme n'est jamais qu'un animal comme les autres, certes plus inventif mais pas toujours plus intelligent. J'ai de la nostalgie pour ces Gaulois qui craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête. Il est peut être temps de réapprendre à vivre avec la nature ou de prendre nos vacances avec vue sur les périphériques !
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