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L'Air du Temps

| LA RECUPERATION, UN ART DE VIVRE EN HERITAGE

Par Barbara Poirette

Vide grenier, dépôts-ventes, brocante, enchères… la récupération n’a pas attendu la vague « vintage » pour s’exprimer. Bien au contraire, cette activité a su traverser les époques et les géographies dans des formats plus ou moins structurés. Tout d’abord motivée par la nécessité, elle est devenue un art de vivre.



| LA RECUPERATION, UN ART DE VIVRE EN HERITAGE

Longtemps la récupération a été associée à la nécessité de se meubler à peu de frais. Mais au-delà d’un aménagement bon marché, les objets et meubles devenus inutiles pour les uns, sont mis à profit par d’autres qui leur donnent une autre vie. La récupération, qu’elle soit nécessaire ou motivée par le plaisir de chiner, s’accompagne d’une créativité plus ou moins débridée. Bien avant que cela ne devienne un loisir, certains d’entre nous se livraient à l’exercice et maîtrisaient l’art du détournement.

Il n’en fallait pas plus pour que la récupération s’inscrive comme un domaine d’expression, de créativité, et devienne un art de vivre. Soumise à l’imagination fertile du sculpteur Arman, elle est promue au panthéon des arts plastiques qu’il s’agisse de ses accumulations, de ses colères ou encore de ses coupes et fragmentations.

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Mais la récupération fédère également les tendances. Celle, post-cocooning, où chacun aspire à se retrouver chez soi. A l’instar de la mode, une recherche identitaire s’exerce. Il ne s’agit plus d’être victime de la tendance mais bel et bien d’être acteur, de naviguer dans l’offre qu’elle soit commerciale ou de seconde main et de s’approprier pleinement ses choix… L’heure est au mélange des styles et à la personnalisation.

Il n’y a plus de style mais des styles qui se croisent et cohabitent à l’envie, à l’humeur… La commode ventrue héritée de grand-maman peut être rafraîchie et se fondre dans une chambre classique mais aussi répondre à un intérieur résolument moderne. Les idées portées par les créateurs sont autant de sources d’inspirations et de démonstrations par l’exemple. Les fauteuils cabriolets se parent de couleurs et de matières résolument modernes, parfois improbables et accueillent quelques portraits et bestiaires.
La récupération n’est que la première étape, libre à chacun de laisser parler ses envies, son imagination… qu’il s’agisse d’appliquer une laque fuchsia à une armoire normande ou de détourner une brouette pour la parer des attributs d’un siège.

L’APOLOGIE DE LA LENTEUR


Dans cet univers trépidant où les nouvelles technologies règnent en maître du temps, la récupération est une ode à la lenteur ! Une parenthèse, un répit, mais aussi un contre poids dans nos habitudes consuméristes. La récupération est basée sur la patience et une certaine part de hasard. La récupération est une visite, une rencontre, une recherche. Ecumer les antiquaires, les dépôts-ventes, les puces, fréquenter les vides grenier, les ventes aux enchères… identifier ceux qui vous correspondent, chiner sans but précis ou avec une idée en tête.

Vous rentrerez cent fois bredouille de la table que vous avez en tête, mais exhiberez avec fierté ce meuble radio des années 30 déniché pour une misère. Vous viendrez pour une cheminée en marbre et repartirez avec une cheminée certes, mais en fonte. Un jour l’alchimie est complète, l’occasion est là, au propre comme au figuré, votre table, au détour d’un amoncellement. Il ne reste plus qu’à la nettoyer et à matérialiser votre idée, mais là encore il faudra laisser le temps au temps.

15 Novembre 2005



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