Faut-il instaurer un salaire maximum pour les managers ? L’introduction d’un salaire minimum universel va-t-elle conduire à la destruction de 1,9 million d’emplois ? Ces questions sont au centre de la « bataille des salaires » qui agite l’Allemagne.
Quel point commun y a-t-il entre Carl Eduard von Bismarck, arrière-petit-fils du grand chancelier allemand, Wendelin Wiedeking, patron de Porsche, et mon facteur? A priori aucun, sauf que leurs salaires et rémunérations sont au centre du débat politique allemand.
Baptisé le « député le plus paresseux d’Allemagne », le premier a été invité par le groupe parlementaire conservateur à abandonner son mandat de député fédéral pour cause d’absentéisme répété. Après seulement 33 mois de mandat, M. von Bismarck a tout de même acquis le droit à 631 euros de retraite, ce qui scandalise l’opinion publique.
1 million d’euros maximum
Le second, patron d’un des groupes automobiles les plus rentables du monde, va quant à lui toucher près de 60 millions d’euros de salaires et primes en 2007. Juste rémunération pour des performances exceptionnelles ou rétribution immorale ? Le débat sur le salaire des patrons est relancé et le député conservateur Christian Baümler demande même l’introduction d’un salaire annuel maximum de 1 million d’euros.
Enfin, mon facteur travaille chez PIN AG, première entreprise postale privée, et gagne 700 euros net par mois en poussant son vélo. Est-ce un scandale ou bien mieux que le chômage, là aussi les avis sont partagés.
Ces questionnements sur la juste participation aux « fruits de la croissance » sont au centre du débat politique actuel et devraient être l’un des principaux sujets de la campagne électorale de 2009. Depuis 2002, les salaires des patrons allemands ont augmenté de 62%, alors que ceux des salariés allemands stagnent depuis dix ans. Par ailleurs, le nombre des emplois à bas salaires (6 à 7 millions) a explosé et l’on compte aujourd’hui 1,3 million de salariés à plein temps dont le salaire est si bas qu’ils bénéficient d’un complément d’aide sociale. Enfin, les hausses salariales obtenues en 2007 ont finalement été dévorées par l’inflation.
Pour lutter contre l’effondrement des salaires, les syndicats et la gauche allemande ont donc choisi le salaire minimum universel, inexistant en Allemagne, comme cheval de bataille. Mise sous pression par son partenaire social-démocrate au sein de la coalition gouvernementale, Angela Merkel a refusé catégoriquement la généralisation d’un tel salaire. En contrepartie, elle a accepté de l’envisager pour les secteurs où les partenaires sociaux en émettraient le désir.
Angela Merkel, piégée sur le salaire minimum
Ce compromis est très critiqué par les adversaires du salaire minimum. Car depuis, le SPD et les syndicats ont réussi à faire adopter un salaire minimum compris entre 7,5 euros et 9,8 euros, dans le BTP, les entreprises électriques, le nettoyage industriel, les services hôteliers ou encore, récemment, les services postaux. Le prochain objectif est le secteur de l’intérim : « J’en suis persuadé, le salaire minimum va venir, et pour tout le monde », a récemment déclaré Olaf Scholz, le ministre social-démocrate de l’Emploi et des Affaires sociales.
Face à cette offensive, les adversaires du salaire minimum, c’est-à-dire une partie de la droite, les patrons et certains économistes sonnent l’alarme : «Un salaire minimum universel de seulement 7,50 euros peut conduire à la suppression de 1,1 million d’emplois. Au-delà, on aboutirait même à 1,9 million de suppressions », analyse Hans-Werner Sinn, patron de l’Institut de recherches économiques de Münich (IFO). Il estime que le salaire minimum tue la concurrence et qu’a tout prendre, il est préférable de laisser les lois du marché définir le niveau des salaires.
Pour Angela Merkel, la situation est très embarrassante. Dépassée par les ambitions du SPD, la chancelière est fortement critiquée par son propre camp. Plutôt que de se battre une bonne fois pour toutes et d’opposer un non définitif au salaire minimum, elle a ouvert les vannes à une série d’accords sectoriels qui seront autant d’affrontements politiques. Ceux-ci seront d’autant plus dangereux que deux tiers des Allemands sont favorables au salaire minimum.
Thomas Schnee, à Berlin - 18/12/2007 15:34 - L'Expansion.com
Baptisé le « député le plus paresseux d’Allemagne », le premier a été invité par le groupe parlementaire conservateur à abandonner son mandat de député fédéral pour cause d’absentéisme répété. Après seulement 33 mois de mandat, M. von Bismarck a tout de même acquis le droit à 631 euros de retraite, ce qui scandalise l’opinion publique.
1 million d’euros maximum
Le second, patron d’un des groupes automobiles les plus rentables du monde, va quant à lui toucher près de 60 millions d’euros de salaires et primes en 2007. Juste rémunération pour des performances exceptionnelles ou rétribution immorale ? Le débat sur le salaire des patrons est relancé et le député conservateur Christian Baümler demande même l’introduction d’un salaire annuel maximum de 1 million d’euros.
Enfin, mon facteur travaille chez PIN AG, première entreprise postale privée, et gagne 700 euros net par mois en poussant son vélo. Est-ce un scandale ou bien mieux que le chômage, là aussi les avis sont partagés.
Ces questionnements sur la juste participation aux « fruits de la croissance » sont au centre du débat politique actuel et devraient être l’un des principaux sujets de la campagne électorale de 2009. Depuis 2002, les salaires des patrons allemands ont augmenté de 62%, alors que ceux des salariés allemands stagnent depuis dix ans. Par ailleurs, le nombre des emplois à bas salaires (6 à 7 millions) a explosé et l’on compte aujourd’hui 1,3 million de salariés à plein temps dont le salaire est si bas qu’ils bénéficient d’un complément d’aide sociale. Enfin, les hausses salariales obtenues en 2007 ont finalement été dévorées par l’inflation.
Pour lutter contre l’effondrement des salaires, les syndicats et la gauche allemande ont donc choisi le salaire minimum universel, inexistant en Allemagne, comme cheval de bataille. Mise sous pression par son partenaire social-démocrate au sein de la coalition gouvernementale, Angela Merkel a refusé catégoriquement la généralisation d’un tel salaire. En contrepartie, elle a accepté de l’envisager pour les secteurs où les partenaires sociaux en émettraient le désir.
Angela Merkel, piégée sur le salaire minimum
Ce compromis est très critiqué par les adversaires du salaire minimum. Car depuis, le SPD et les syndicats ont réussi à faire adopter un salaire minimum compris entre 7,5 euros et 9,8 euros, dans le BTP, les entreprises électriques, le nettoyage industriel, les services hôteliers ou encore, récemment, les services postaux. Le prochain objectif est le secteur de l’intérim : « J’en suis persuadé, le salaire minimum va venir, et pour tout le monde », a récemment déclaré Olaf Scholz, le ministre social-démocrate de l’Emploi et des Affaires sociales.
Face à cette offensive, les adversaires du salaire minimum, c’est-à-dire une partie de la droite, les patrons et certains économistes sonnent l’alarme : «Un salaire minimum universel de seulement 7,50 euros peut conduire à la suppression de 1,1 million d’emplois. Au-delà, on aboutirait même à 1,9 million de suppressions », analyse Hans-Werner Sinn, patron de l’Institut de recherches économiques de Münich (IFO). Il estime que le salaire minimum tue la concurrence et qu’a tout prendre, il est préférable de laisser les lois du marché définir le niveau des salaires.
Pour Angela Merkel, la situation est très embarrassante. Dépassée par les ambitions du SPD, la chancelière est fortement critiquée par son propre camp. Plutôt que de se battre une bonne fois pour toutes et d’opposer un non définitif au salaire minimum, elle a ouvert les vannes à une série d’accords sectoriels qui seront autant d’affrontements politiques. Ceux-ci seront d’autant plus dangereux que deux tiers des Allemands sont favorables au salaire minimum.
Thomas Schnee, à Berlin - 18/12/2007 15:34 - L'Expansion.com
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