La polémique a resurgi autour du salaire d'Henri Proglio, mais elle n'est pas nouvelle. Est-il indécent que les patrons de grandes entreprises gagnent quelques millions par an ?
Pris dans la tempête, Henri Proglio n'a pas eu le choix. Le PDG d'EDF a dû renoncer à sa rémunération annuelle de 450 000 E au titre de président du conseil d'administration de Veolia Environnement. Mais il n'a pas pour autant fait taire les critiques soulignant qu'il touchait encore à EDF un salaire annuel de 1,6 million d'euros, soit 100 fois un SMIC brut annuel. Une rémunération jugée trop élevée par une partie des médias et de l'opinion publique.
Des observateurs ont beau faire remarquer qu'Henri Proglio n'est pas le mieux payé des patrons français et qu'au niveau international, certains salaires atteignent des sommets autrement mirobolants, qu'importe. En ces temps de crise, alors que les Français peinent à joindre les deux bouts, les rémunérations des hauts dirigeants semblent injustes, voire indécentes !
Au printemps dernier, le gouvernement avait déjà demandé au Medef un dispositif d'encadrement des salaires en temps de crise. Sans résultat. Cet automne, le Parti socialiste a déposé une proposition de loi « visant à rendre plus justes et plus transparentes les politiques de rémunérations des dirigeants d'entreprises ». Elle prévoyait qu'un dirigeant d'une entreprise aidée par l'État ne puisse pas recevoir une rémunération supérieure à vingt-cinq fois la plus basse rémunération dans l'entreprise.
Force est de constater que si les rémunérations des patrons suscitent la polémique, il n'en est pas de même pour les cachets souvent exorbitants des sportifs ou des stars de la chanson et du cinéma.
POUR : Anne Saigier, d'Emmaüs
Oui, il faut plafonner les salaires. On doit tirer de notre investissement dans la société le nécessaire pour vivre. Il faut se poser la question : le salaire, ça sert à quoi ? La loi doit fixer un salaire minimum et un salaire maximum, mais aussi la manière dont les bénéfices doivent être redistribués dans une entreprise. La richesse doit être partagée de manière équitable entre tous les salariés. Parce qu'une entreprise de transport, elle n'est rien sans ses chauffeurs et si tout le monde fait correctement son boulot, l'entreprise va bien. C'est juste une question de logique. Pourquoi aurait-on une prime en fonction de son QI ? Un patron a eu la chance d'avoir des bons gènes ou de naître dans un bon environnement pour faire le métier qu'il fait. Bien sûr, un chef d'entreprise a des responsabilités, mais moi aussi, directrice d'Emmaüs, j'ai des responsabilités. Un chauffeur aussi a des responsabilités. Mais c'est pareil pour les sportifs ou les stars. Ils ne mangent pas dix ou vingt fois plus que nous. Il faut qu'ils aient de quoi réaliser leurs rêves, comme les autres, mais pas plus.
CONTRE : Valérie Petit, de l'Edhac
Il y a plusieurs justifications qui font qu'on paie cher un patron. La relation entre le dirigeant et les actionnaires qui estiment qu'il travaille pour eux. Le fait que, pour en arriver là, il a fait des efforts, des sacrifices. On dit aussi qu'on rémunère le risque juridique, la précarisation parce que le marché du travail n'est pas facile. Et puis on paie le prix du marché qui est en tendance haussière car on s'aligne sur le marché américain.Enfin, il y a la performance effective du dirigeant. C'est ça la vraie question : quels sont les critères d'évaluation de la performance d'un dirigeant ?Une question à laquelle personne ne répond. Pour cela, on a besoin d'experts, de chercheurs. On a démontré qu'il n'y a pas de corrélation entre la performance d'un manager et sa rémunération. Seulement 4 à 5 % de la performance d'une entreprise dépendent du dirigeant lui-même. C'est aussi la question de ce qui est moralement acceptable de la part d'un dirigeant. Le problème avec Proglio, c'est moins l'argent que le cumul.
Violaine Magne
Nord Éclair, 26 janvier 2010
http://www.nordeclair.fr/Actualite/2010/01/26/polemique-faut-il-plafonner-les-salaires.shtml
Des observateurs ont beau faire remarquer qu'Henri Proglio n'est pas le mieux payé des patrons français et qu'au niveau international, certains salaires atteignent des sommets autrement mirobolants, qu'importe. En ces temps de crise, alors que les Français peinent à joindre les deux bouts, les rémunérations des hauts dirigeants semblent injustes, voire indécentes !
Au printemps dernier, le gouvernement avait déjà demandé au Medef un dispositif d'encadrement des salaires en temps de crise. Sans résultat. Cet automne, le Parti socialiste a déposé une proposition de loi « visant à rendre plus justes et plus transparentes les politiques de rémunérations des dirigeants d'entreprises ». Elle prévoyait qu'un dirigeant d'une entreprise aidée par l'État ne puisse pas recevoir une rémunération supérieure à vingt-cinq fois la plus basse rémunération dans l'entreprise.
Force est de constater que si les rémunérations des patrons suscitent la polémique, il n'en est pas de même pour les cachets souvent exorbitants des sportifs ou des stars de la chanson et du cinéma.
POUR : Anne Saigier, d'Emmaüs
Oui, il faut plafonner les salaires. On doit tirer de notre investissement dans la société le nécessaire pour vivre. Il faut se poser la question : le salaire, ça sert à quoi ? La loi doit fixer un salaire minimum et un salaire maximum, mais aussi la manière dont les bénéfices doivent être redistribués dans une entreprise. La richesse doit être partagée de manière équitable entre tous les salariés. Parce qu'une entreprise de transport, elle n'est rien sans ses chauffeurs et si tout le monde fait correctement son boulot, l'entreprise va bien. C'est juste une question de logique. Pourquoi aurait-on une prime en fonction de son QI ? Un patron a eu la chance d'avoir des bons gènes ou de naître dans un bon environnement pour faire le métier qu'il fait. Bien sûr, un chef d'entreprise a des responsabilités, mais moi aussi, directrice d'Emmaüs, j'ai des responsabilités. Un chauffeur aussi a des responsabilités. Mais c'est pareil pour les sportifs ou les stars. Ils ne mangent pas dix ou vingt fois plus que nous. Il faut qu'ils aient de quoi réaliser leurs rêves, comme les autres, mais pas plus.
CONTRE : Valérie Petit, de l'Edhac
Il y a plusieurs justifications qui font qu'on paie cher un patron. La relation entre le dirigeant et les actionnaires qui estiment qu'il travaille pour eux. Le fait que, pour en arriver là, il a fait des efforts, des sacrifices. On dit aussi qu'on rémunère le risque juridique, la précarisation parce que le marché du travail n'est pas facile. Et puis on paie le prix du marché qui est en tendance haussière car on s'aligne sur le marché américain.Enfin, il y a la performance effective du dirigeant. C'est ça la vraie question : quels sont les critères d'évaluation de la performance d'un dirigeant ?Une question à laquelle personne ne répond. Pour cela, on a besoin d'experts, de chercheurs. On a démontré qu'il n'y a pas de corrélation entre la performance d'un manager et sa rémunération. Seulement 4 à 5 % de la performance d'une entreprise dépendent du dirigeant lui-même. C'est aussi la question de ce qui est moralement acceptable de la part d'un dirigeant. Le problème avec Proglio, c'est moins l'argent que le cumul.
Violaine Magne
Nord Éclair, 26 janvier 2010
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