A la surprise générale, le candidat socialiste a proposé de taxer les revenus dépassant un million d'euros par an à 75%.
Pour une surprise... François Hollande a annoncé lundi 27 février sur TF1 qu'il créerait, s'il était élu, une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu, à 75%, pour les foyers fiscaux qui déclarent plus de 1 million d'euros par an. Jusque là, le député de Corrèze s'en était tenu à la création d'une tranche à 45% pour les revenus supérieures à 150.000 euros par part.
Dans les allées du Salon de l'agriculture mardi, le candidat socialiste a expliqué le sens de cette proposition: "c'est du patriotisme d'accepter de payer un impôt supplémentaire pour redresser le pays".
Un "symbole"
Redresser le pays? Cette proposition, dans laquelle le ministre de l'Economie et des Finances François Baroin voir surtout un "symbole", devrait toucher "3.000 à 3.500 personnes", selon François Hollande mercredi sur RTL. Soit "200 à 300 millions d'euros". Autant dire qu'elle ne suffira pas à réduire le déficit public du pays. Mais, a justifié Pierre Moscovici mardi, "il n'est pas bon que l'écart maximal des salaires soit trop élevé dans un pays". "Ce n'est pas une mesure de rapport" car "elle produira plus de mécénat ou de dons que de résultats fiscaux", a également réagi le député PS du Rhône et économiste Pierre-Alain Muet, mais "un signe qu'il faut être raisonnable dans les rémunérations et leurs écarts".
Dans ces deux commentaires se lit la véritable ambition de François Hollande: limiter l'écart des salaires, en créant une nouvelle tranche au-delà de laquelle gagner davantage n'a plus beaucoup de sens - une tranche "confiscatoire" selon le vocabulaire de la majorité (Alain Juppé a utilisé le mot). Comme si un embryon de salaire maximum se dessinait... Embryon seulement, puisque, si le socialiste arrive à la tête de l'Etat, chaque euro supplémentaire au-delà de 1 million d'euros annuels rapportera quand même 25 centimes à son bénéficiaire. Il n'est pas allé aussi loin que Jean-Luc Mélenchon, qui propose d'imposer à 100% les revenus dépassant 360.000 euros par an. Autrement dit, de fixer vraiment un salaire maximum.
Une mesure "rooseveltienne"
Par cette mesure, le candidat socialiste transpose en réalité dans le secteur privé ce qu'il a déjà dit vouloir faire pour les entreprises publiques, en y limitant l'écart de salaire de 1 à 20. François Hollande a choisi l'arme fiscale pour décourager les Jean-Paul Agon, Bernard Arnault et autres Carlos Ghosn, mais aussi les footballeurs, les chanteurs et acteurs vedettes... "Un signal fort", s'est réjouie ce mardi Ségolène Royal. "Une mesure rooseveltienne", a renchéri le patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault.
La proposition entre dans la droite ligne des travaux de l'économiste de gauche Thomas Piketty, qui cite régulièrement la politique de Franklin Roosevelt en référence. Après la crise de 1929, l'ex-président américain a instauré des taux de plus de 80% (restés en vigueur près d'un demi-siècle) sur les très hauts revenus et très grosses successions pour les écréter. En France, le taux maximal d'imposition sur le revenu date de 1981 à 1986, sous la présidence de François Mitterrand: 65%...
"Le déconnomètre fonctionne à plein tube"
Les arguments n'ont pas convaincu les opposants à François Hollande, qui pointent le risque d'exil fiscal. "Tout ça donne une impression d'improvisation, de précipitation, pour tout dire d'amateurisme qui est assez consternante", a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy au cours d'un déplacement à Montpellier sur le thème de l'éducation. "Où est l'Europe où est la convergence, quel est le sens d'une proposition comme ça?"
"M. Hollande devrait réfléchir", a lancé Gérard Longuet, le ministre de la Défense, sur France Info. Si elle concerne une "infime minorité" de personnes, cette mesure "peut décourager beaucoup", selon le ministre de la Défense. Quant à François Bayrou, président du Modem, il n'a pas fait dans la dentelle. "Je crois que c'est (le scénariste Michel) Audiard, qui avait une phrase un peu rude: le déconnonomètre fonctionne à plein tube."
Jérôme Lefilliâtre (avec Gaëlle Macke), Challenges, 28 février 2012
Dans les allées du Salon de l'agriculture mardi, le candidat socialiste a expliqué le sens de cette proposition: "c'est du patriotisme d'accepter de payer un impôt supplémentaire pour redresser le pays".
Un "symbole"
Redresser le pays? Cette proposition, dans laquelle le ministre de l'Economie et des Finances François Baroin voir surtout un "symbole", devrait toucher "3.000 à 3.500 personnes", selon François Hollande mercredi sur RTL. Soit "200 à 300 millions d'euros". Autant dire qu'elle ne suffira pas à réduire le déficit public du pays. Mais, a justifié Pierre Moscovici mardi, "il n'est pas bon que l'écart maximal des salaires soit trop élevé dans un pays". "Ce n'est pas une mesure de rapport" car "elle produira plus de mécénat ou de dons que de résultats fiscaux", a également réagi le député PS du Rhône et économiste Pierre-Alain Muet, mais "un signe qu'il faut être raisonnable dans les rémunérations et leurs écarts".
Dans ces deux commentaires se lit la véritable ambition de François Hollande: limiter l'écart des salaires, en créant une nouvelle tranche au-delà de laquelle gagner davantage n'a plus beaucoup de sens - une tranche "confiscatoire" selon le vocabulaire de la majorité (Alain Juppé a utilisé le mot). Comme si un embryon de salaire maximum se dessinait... Embryon seulement, puisque, si le socialiste arrive à la tête de l'Etat, chaque euro supplémentaire au-delà de 1 million d'euros annuels rapportera quand même 25 centimes à son bénéficiaire. Il n'est pas allé aussi loin que Jean-Luc Mélenchon, qui propose d'imposer à 100% les revenus dépassant 360.000 euros par an. Autrement dit, de fixer vraiment un salaire maximum.
Une mesure "rooseveltienne"
Par cette mesure, le candidat socialiste transpose en réalité dans le secteur privé ce qu'il a déjà dit vouloir faire pour les entreprises publiques, en y limitant l'écart de salaire de 1 à 20. François Hollande a choisi l'arme fiscale pour décourager les Jean-Paul Agon, Bernard Arnault et autres Carlos Ghosn, mais aussi les footballeurs, les chanteurs et acteurs vedettes... "Un signal fort", s'est réjouie ce mardi Ségolène Royal. "Une mesure rooseveltienne", a renchéri le patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault.
La proposition entre dans la droite ligne des travaux de l'économiste de gauche Thomas Piketty, qui cite régulièrement la politique de Franklin Roosevelt en référence. Après la crise de 1929, l'ex-président américain a instauré des taux de plus de 80% (restés en vigueur près d'un demi-siècle) sur les très hauts revenus et très grosses successions pour les écréter. En France, le taux maximal d'imposition sur le revenu date de 1981 à 1986, sous la présidence de François Mitterrand: 65%...
"Le déconnomètre fonctionne à plein tube"
Les arguments n'ont pas convaincu les opposants à François Hollande, qui pointent le risque d'exil fiscal. "Tout ça donne une impression d'improvisation, de précipitation, pour tout dire d'amateurisme qui est assez consternante", a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy au cours d'un déplacement à Montpellier sur le thème de l'éducation. "Où est l'Europe où est la convergence, quel est le sens d'une proposition comme ça?"
"M. Hollande devrait réfléchir", a lancé Gérard Longuet, le ministre de la Défense, sur France Info. Si elle concerne une "infime minorité" de personnes, cette mesure "peut décourager beaucoup", selon le ministre de la Défense. Quant à François Bayrou, président du Modem, il n'a pas fait dans la dentelle. "Je crois que c'est (le scénariste Michel) Audiard, qui avait une phrase un peu rude: le déconnonomètre fonctionne à plein tube."
Jérôme Lefilliâtre (avec Gaëlle Macke), Challenges, 28 février 2012
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