Rémunération des hauts dirigeants - Yves Michaud veut un salaire maximum
«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillage de l'avoir des actionnaires», croit le fondateur du MEDAC
Selon Yves Michaud, du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, «il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes».
Les hauts dirigeants des grandes entreprises touchent des rémunérations «himalayennes» et il est plus que jamais temps de leur imposer des limites, affirme le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires. Au gouvernement d'agir.
Yves Michaud n'a absolument pas fini d'en découdre avec les grandes entreprises. Cette fois-ci, il espère lancer un débat sur l'imposition d'une «rémunération maximale» des grands dirigeants de celles-ci, à l'instar de celui mené par différents économistes et intellectuels français. Et selon lui, ce sera aux élus de leur forcer la main en légiférant.
«Il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes -- choisissez le terme que vous voulez -- des dirigeants d'entreprise, qui ne sont pas au service des actionnaires, mais plutôt à leur service à eux», lance-t-il d'entrée de jeu en entrevue au Devoir.
«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillage de l'avoir des actionnaires, en plus de donner un fort mauvais exemple, soutient le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). Dans la majorité des cas, c'est de l'enrichissement sans cause.»
Une situation déplorable rendue possible grâce à la complicité des conseils d'administration, «qui servent d'estampilles à caoutchouc, qui sont complaisants et qui sont au service de la direction, alors qu'ils sont élus pour défendre les intérêts des actionnaires».
Insistant sur le fait qu'«on ne peut se fier aux conseils d'administration», M. Michaud propose plutôt de lancer «une pétition gigantesque» qui permettrait de faire pression sur la classe politique, au point de forcer le gouvernement du Québec à légiférer en la matière. Il suggère ainsi, par exemple, que tout revenu excédant un million de dollars soit imposé à 90 %.
Exemples européens
Une proposition similaire a été lancée sous forme de pétition publiée sur le site de l'hebdomadaire Marianne par des économistes bien en vue, notamment Samir Amin, et soutenue par le cofondateur du Parti socialiste en France, Jean-Pierre Chevènement. «Ce n'est pas une question de morale mais de société, insistent-ils. Le système hyper-inégalitaire que nous connaissons vient d'exploser, il nous faut inventer autre chose.»
Les Pays-Bas, rappelle M. Michaud, ont justement adopté une réglementation qui fait office de pionnier contre les rémunérations des dirigeants qui excèdent 500 000 euros, soit environ 785 000 $. Depuis le 1er janvier, le pays a mis en œuvre une politique fiscale taxant les bonus, les parachutes dorés et autres augmentations de salaire, allant jusqu'à 30 %.
Dans certains autres États européens, comme la Norvège et la Suède, on ne doit pas seulement consulter les actionnaires au sujet du programme de rémunération des dirigeants, il faut soumettre le plan à un vote décisionnel. Et début avril, les membres du G20 se sont engagés à mettre en place des principes «fermes» sur la rémunération dans les compagnies.
Celui qui a été surnommé le Robin des banques a fait part de son idée à «plusieurs membres» du Parti québécois, mais aussi du Parti libéral du Québec. Il devrait en outre contacter les formations politiques de la scène fédérale à cet effet. Il faut dire qu'au Canada, il n'existe aucune mesure contraignante. Jusqu'à présent, le gouvernement Harper n'a pas non plus fixé de règle spéciale à l'intention des institutions financières qui bénéficient de son aide en cette période tourmentée.
Vote «consultatif»
Le MEDAC a néanmoins remporté une petite victoire en faisant adopter, par les grandes banques canadiennes, une proposition qui stipule que la politique de rémunération de leurs hauts dirigeants doit faire l'objet d'un vote «consultatif» auprès des actionnaires. Au MEDAC, on précise que la Financière Manuvie et BCE devraient voter en ce sens lors de leurs assemblées, qui se tiennent demain. Power Corporation a pour sa part refusé de suivre.
Aux États-Unis, l'administration de Barack Obama a annoncé en février que le total du salaire et des bonus versés aux principaux dirigeants des entreprises qui bénéficieront d'une «aide exceptionnelle» du gouvernement américain ne devra pas dépasser 500 000 $US par année.
Mais ce resserrement des règles pourrait bien n'être, pour ces entreprises, qu'un mauvais moment à passer, observait en février Claudio Gardonio, conseiller principal en rémunération des cadres supérieurs chez Mercer, au cours d'un entretien avec Le Devoir. «Cela ne durera qu'un temps. Une fois la crise passée, le gouvernement n'aura plus de raison de fixer la rémunération des dirigeants d'entreprise et elle reviendra à ce qu'elle était auparavant. Ce n'est pas la première fois que l'on traverse une récession et que l'on affirme en avoir tiré des leçons. Ces bonnes intentions sont chaque fois oubliées aussitôt la crise terminée.»
Selon une étude du Centre canadien des politiques alternatives publiée au début de 2008, l'écart entre la rémunération d'un p.-d.g. et celle d'un salarié moyen atteint aujourd'hui 218 fois. Dix ans auparavant, un tel rapport était de 104 fois.
http://www.ledevoir.com/2009/05/06/249052.html
Selon Yves Michaud, du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, «il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes».
Les hauts dirigeants des grandes entreprises touchent des rémunérations «himalayennes» et il est plus que jamais temps de leur imposer des limites, affirme le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires. Au gouvernement d'agir.
Yves Michaud n'a absolument pas fini d'en découdre avec les grandes entreprises. Cette fois-ci, il espère lancer un débat sur l'imposition d'une «rémunération maximale» des grands dirigeants de celles-ci, à l'instar de celui mené par différents économistes et intellectuels français. Et selon lui, ce sera aux élus de leur forcer la main en légiférant.
«Il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes -- choisissez le terme que vous voulez -- des dirigeants d'entreprise, qui ne sont pas au service des actionnaires, mais plutôt à leur service à eux», lance-t-il d'entrée de jeu en entrevue au Devoir.
«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillage de l'avoir des actionnaires, en plus de donner un fort mauvais exemple, soutient le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). Dans la majorité des cas, c'est de l'enrichissement sans cause.»
Une situation déplorable rendue possible grâce à la complicité des conseils d'administration, «qui servent d'estampilles à caoutchouc, qui sont complaisants et qui sont au service de la direction, alors qu'ils sont élus pour défendre les intérêts des actionnaires».
Insistant sur le fait qu'«on ne peut se fier aux conseils d'administration», M. Michaud propose plutôt de lancer «une pétition gigantesque» qui permettrait de faire pression sur la classe politique, au point de forcer le gouvernement du Québec à légiférer en la matière. Il suggère ainsi, par exemple, que tout revenu excédant un million de dollars soit imposé à 90 %.
Exemples européens
Une proposition similaire a été lancée sous forme de pétition publiée sur le site de l'hebdomadaire Marianne par des économistes bien en vue, notamment Samir Amin, et soutenue par le cofondateur du Parti socialiste en France, Jean-Pierre Chevènement. «Ce n'est pas une question de morale mais de société, insistent-ils. Le système hyper-inégalitaire que nous connaissons vient d'exploser, il nous faut inventer autre chose.»
Les Pays-Bas, rappelle M. Michaud, ont justement adopté une réglementation qui fait office de pionnier contre les rémunérations des dirigeants qui excèdent 500 000 euros, soit environ 785 000 $. Depuis le 1er janvier, le pays a mis en œuvre une politique fiscale taxant les bonus, les parachutes dorés et autres augmentations de salaire, allant jusqu'à 30 %.
Dans certains autres États européens, comme la Norvège et la Suède, on ne doit pas seulement consulter les actionnaires au sujet du programme de rémunération des dirigeants, il faut soumettre le plan à un vote décisionnel. Et début avril, les membres du G20 se sont engagés à mettre en place des principes «fermes» sur la rémunération dans les compagnies.
Celui qui a été surnommé le Robin des banques a fait part de son idée à «plusieurs membres» du Parti québécois, mais aussi du Parti libéral du Québec. Il devrait en outre contacter les formations politiques de la scène fédérale à cet effet. Il faut dire qu'au Canada, il n'existe aucune mesure contraignante. Jusqu'à présent, le gouvernement Harper n'a pas non plus fixé de règle spéciale à l'intention des institutions financières qui bénéficient de son aide en cette période tourmentée.
Vote «consultatif»
Le MEDAC a néanmoins remporté une petite victoire en faisant adopter, par les grandes banques canadiennes, une proposition qui stipule que la politique de rémunération de leurs hauts dirigeants doit faire l'objet d'un vote «consultatif» auprès des actionnaires. Au MEDAC, on précise que la Financière Manuvie et BCE devraient voter en ce sens lors de leurs assemblées, qui se tiennent demain. Power Corporation a pour sa part refusé de suivre.
Aux États-Unis, l'administration de Barack Obama a annoncé en février que le total du salaire et des bonus versés aux principaux dirigeants des entreprises qui bénéficieront d'une «aide exceptionnelle» du gouvernement américain ne devra pas dépasser 500 000 $US par année.
Mais ce resserrement des règles pourrait bien n'être, pour ces entreprises, qu'un mauvais moment à passer, observait en février Claudio Gardonio, conseiller principal en rémunération des cadres supérieurs chez Mercer, au cours d'un entretien avec Le Devoir. «Cela ne durera qu'un temps. Une fois la crise passée, le gouvernement n'aura plus de raison de fixer la rémunération des dirigeants d'entreprise et elle reviendra à ce qu'elle était auparavant. Ce n'est pas la première fois que l'on traverse une récession et que l'on affirme en avoir tiré des leçons. Ces bonnes intentions sont chaque fois oubliées aussitôt la crise terminée.»
Selon une étude du Centre canadien des politiques alternatives publiée au début de 2008, l'écart entre la rémunération d'un p.-d.g. et celle d'un salarié moyen atteint aujourd'hui 218 fois. Dix ans auparavant, un tel rapport était de 104 fois.
http://www.ledevoir.com/2009/05/06/249052.html
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