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Rencontres

ELISE FOUIN, L’ÂME DE LA MATIÈRE

Par Barbara Poirette

Une expression forgée à une formation d’orfèvrerie, Elise Fouin, diplômée de l’école Boulle, s’aventure à la fragilité d’une autre poésie. C’est par le papier qu’elle entame sa démarche sensible. La rencontre prend corps à la visite d’une usine de récupération des déchets papier et au spectacle extraordinaire que lui offre cette matière triée par qualité.



ELISE FOUIN, L’ÂME DE LA MATIÈRE
« Paprec m’a permis de récupérer des échantillons, d’expérimenter la matière et de découvrir leur savoir-faire. Mais cette apparition naturellement artistique du papier trié par nature m’a vraiment conforté dans le potentiel du matériau. C’était terriblement stimulant ». La création est empirique. Elise Fouin éprouve la matière pour découvrir ce qu’elle a à donner, sans négliger la part du hasard. Les caractéristiques techniques posent elles aussi quelques jalons. Le déploiement des bobines de polystyrène par exemple, les prédispose à la confection de luminaires comme illustré par ses spectaculaires suspensions Lucinda ou sur le même principe, le siège Bobine fait de papier. Les matériaux moins structurés nécessitent d’être accumulés dans une structure pour prendre forme. Son expérimentation permet à Elise de catégoriser les différentes natures de papier dans lesquelles elle trouve la fonction. « Ce métier induit naturellement la curiosité, l’observation et l’expérimentation. Ne pas avoir d’apriori sur les matières dites nobles ou pauvres, ne pas sectoriser, tout peut avoir un potentiel selon la manière dont il est travaillé ».

ELISE FOUIN, L’ÂME DE LA MATIÈRE
L’imagination fertile d’Elise fait le lien entre exploration et création. Ses lampes Gigote en papier indéchirable sont librement inspirées des bottillons de papier des gigots d’agneau. Et de s’exprimer en luminaire, mobilier, scénographie ou encore en design d’espaces notamment pour les Galeries Lafayette de Lille, elle ne souhaite pas se déterminer. « J’exerce un métier avec un champ d’action extrêmement large, c’est pour cela que je l’ai choisi. Je veux entretenir cette liberté d’intervention sur des domaines aussi nombreux que différents ». Du papier à l’étiquette, le raccourci peut être fait. Mais là encore, elle n’entend pas se laisser enfermer. « La recherche, l’expérimentation créent une inertie qui peut donner une vue tronquée du designer ». Le papier est une matière visible mais non exclusive de sa personnalité créative. Le bois et plus précisément le pin maritime des Landes tombé avec la tempête Klaus fournit à Elise Fouin un nouveau sujet d’expérimentation.

Une corbeille à papier dont la housse transparente révèle l’âme de l’objet, différente selon la nature des papiers froissés ou passés à la déchiqueteuse. Une forme de vanité offerte à la matière, lui rappelant sa condition périssable mais aussi sa nature revalorisable.

11 Mars 2010



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