II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

Le coaching, notamment en entreprise, est souvent considéré comme légèrement suspect, dans la mesure où calquer un mode d’emploi sur tous les individus, sans les analyser en profondeur dans la durée, paraît superficiel. Le coaching global, contrairement au simple coaching, prend en compte l’ensemble de l’individu, de sa santé physique à sa spiritualité. Ce type du coaching est en phase avec la société d’aujourd’hui et son changement de paradigme. Comme nous l'explique Philippe Rosinski, l'auteur de Leadership & Coachin global, le monde est assurément complexe, il n’est plus possible de se contenter du modèle cartésien. Le corps ne peut être séparé de l’esprit. Ce mode de coaching s’imprègne du modèle holographique. Tout est interconnecté, chaque partie fait partie d’un tout et inversement. Ce qui évoque instantanément la conception spinoziste du monde. D’ailleurs, Spinoza y est cité plusieurs fois.


Coaching global, une piste à explorer pour sortir du libéralisme "simpliste" et de la prédominance du cerveau gauche ?
Il s’agit également d’un coaching optimiste et responsabilisant. En effet, il ne revient pas qu’aux hommes politiques et aux dirigeants des multinationales de changer le sens de l’histoire, il faut que chacun se responsabilise. Le coaching global peut avoir de réels effets positifs. On oublie que dans la théorie d’Adam Smith, trop connu pour sa main invisible, la finalité est certes d’atteindre des richesses, mais également dans l’intérêt des pauvres. Il ne fait pas l’apologie de la « rapacité mesquine ». Il faut sortir de l’engrenage du libéralisme « simpliste ». Nous ne tirons jamais les leçons des crashs boursiers, 1929, 2008… Et continuons à nous endetter de façon suicidaire, comme s’il n’y avait pas d’autres issues possibles. L’économie de marché ne peut pas répondre à elle-seule à tous les défis. Il faut de l’éthique et un sens des responsabilités.

L’éditeur de Philippe Rozinski, a été coach lui-même pendant 20 ans. Son projet est d’aider à promouvoir les valeurs humanistes. Raison pour laquelle il n’a pas hésité à traduire le livre « Global Coaching » de P. Rozinski, reconnu pour le coaching multiculturel qui se confronte aux nouveaux bouleversements techniques, sociaux et écologiques. Son objectif ultime est : coacher pour un monde meilleur.

Contrairement à certains types de coaching, le coaching global ne se cantonne pas à une approche psychologique. Il doit également être complété par des visions stratégiques et également de solides connaissances en économie. Un peu comme l’intelligence collective, il essaie de créer le maximum de liens entre les différentes disciplines pour apprivoiser la complexité du monde.

Comme ce coaching intègre six perspectives, spirituelle, culturelle, politique, psychologique, managériale et physique, il est un peu mal accueilli en France à cause de la perspective spirituelle. Car nous sommes dans un pays où la laïcité est un principe très structurant. Et de surcroît, un pays très rationaliste. Les questions de « donner du sens à sa vie » ont été longtemps méprisées par l’entreprise, même s’il semblerait aujourd’hui que ce soit la nouvelle tendance d’après les réseaux sociaux. Il ne faut pas confondre spiritualité et religiosité. Mais notre culture cartésienne voit d’un œil suspect toute connotation spirituelle, et ce surtout dans l’entreprise.

Côté sport, la corrélation entre l’activité physique et le leadership est clairement établie. L’activité physique joue un rôle certain dans la gestion des émotions. Les émotions positives permettent de renforcer l’humanité et de réduire le stress, ce fameux taux de cortisol qui sur long terme est néfaste. Une vie pleine de vitalité et porteuse de sens est un chemin vers le bonheur car elle procure un bon « flow » (état de grâce), qui sur le plan des neurosciences est prouvé.

Paradoxalement, l’entreprise favorise les personnes dénuées d’émotions fortes, ces « psychopathes intelligents » qui ne sont pas inquiétés de leurs abus. Or ce manque de compassion ou d’amour empêchent ces « psychopathes » de s’interconnecter avec l’univers holographique, autrement dit de faire face à la nouvelle complexité de nos sociétés.

Pour les adeptes de Process Communication créé par le psychologue Taibi Kahler, l’auteur a relié les 6 profils de Process com aux archétypes de Pearson. Par exemple le rebelle est associé à l’explorateur-chercheur, le rêveur au sage, l’empathique le soignant, à l’amant… Mais attention, malgré la diversité des profils, l’auteur nous rappelle qu’il est nécessaire d’aspirer à la complétude.

Ce livre s’adresse aux coachs, aux responsables d’entreprise mais aussi à tous les individus qui se souhaitent se confronter à leur ombre, chère à Jung, pour dompter leurs démons et leurs faiblesses. Et ce, dans l’objectif de créer un monde meilleur…

Leadership & Coaching global, Philippe Rosinski, Valeurs d'Avenir, 385 pages.

Rédigé par Marjorie Rafécas le Lundi 28 Janvier 2019 à 18:07 | Commentaires (0)

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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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