II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
LIVRES PHILous
Dimanche 15 Novembre 2009
Tout comme Schopenhauer, Michel Houellebecq n'a pas mérité sa mère. Est-ce par le ricochet de ce point commun que l'auteur des Particules élémentaires est manifestement touché par le philosophe Allemand le plus pessimiste de l'histoire ? Nul ne peut l'affirmer sans risquer de faire de la psychologie de comptoir. Mais, pourquoi préférer Schopenhauer à Nietzsche ? Probablement parce que Houellebecq, bien que romancier, n'aime pas se raconter des histoires. Il est finalement trop "pur" et un inconditionnel de la vérité.
De Nietzsche, voici ce qu'il en dit : "il a inauguré en philosophie ce qu'on pourrait appeler l'ère de la déloyauté. Car qu'est-ce une philosophie qui laisse glisser au second plan la question de la vérité ? On en revient, il me semble, à peu près aux sophistes". Ce qui n'est pas faux, car à force de jouer avec des aphorismes contradictoires, Nietzsche n'est pour certains philosophes ni plus ni moins qu'un sophiste, certes talentueux, posant les bonnes questions et les bons soupçons, sans toutefois proposer d'issue sérieuse… Schopenhauer, avec ses théories sombres et fatalistes, apparaît alors plus "honnête" selon Houellebecq. Le réalisme défaitiste est-il plus honnête que le réalisme optimiste ? Vaste débat incessant et passionnant duquel la philosophie n'est jamais sortie.
En dehors de ces digressions sur Schopenhauer, j'ai trouvé très intéressant l'échange de Houellebecq et de BHL sur les effets de la célébrité, qui attise la "meute" et sa vengeance terrible. Houellebecq évoque ses ennemis dans la métaphore de la meute. "Dans nos sociétés occidentales, un individu peut parfaitement se mettre à l'écart du groupe. Mais tôt ou tard, la meute se réveille, se met en chasse, et finit par le rattraper." La meute est "composée d'individus médiocres, conscients et honteux de l'être". BHL se montre moins pessimiste, il rappelle que la meute est avant tout peureuse et faible. Pour mieux illustrer ses propos, il utilise Spinoza à bon escient. Pourquoi la meute est-elle faible ? Parce qu'elle se nourrit de passions négatives. "Elle est animée par l'envie, la raillerie, le ressentiment, la haine, la rancune, la méchanceté, la colère, la dérision, le mépris, tout ce que Spinoza appelle les passions tristes et dont il a établi, de manière définitive, qu'elles ne donnent pas de la force mais de la faiblesse". BHL en profite pour faire un clin d'œil à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy "il a fait une campagne typiquement "passions tristes" et qu'avec des passions tristes, dit Spinoza, vous réussissez sur le court terme, mais vous échouez forcément sur le long terme". Rappelons au passage que Nietzsche s'est également toujours méfié de la foule, qu'il appelait "canaille", et a constamment mis en garde contre les effets du ressentiment.
Enfin, Michel, il faut que vous vous ressaisissiez ! Même si les passions vraies et tristes sont plus honnêtes que les passions fausses et gaies, il est temps de troquer Schopenhauer pour Spinoza !
Pour terminer plus précisément sur ce livre épistolaire entre BHL et Houellebecq, "Ennemis publics", j'avoue avoir été agréablement surprise par ces échanges plutôt profonds et sincères. Je n'avais pas du tout aimé la promotion et le marketing utilisés pour le lancement de ce livre, principalement fondés sur la "peopolisation". Que les éditeurs jouent le rôle de la meute est certes regrettable, que l'économie de marché leur sert souvent d'excuse pour masquer leur manque de créativité… Tout ceci est vrai, mais ne doit pas faire oublier l'essentiel : le contenu d'un livre. J'ai appris à mieux connaître Houellebecq, et ai fait connaissance avec BHL, car j'avoue n'avoir jamais eu la force de lire un de ces livres, à cause de son style trop alambiqué. D'ailleurs, en matière de style, on peut même être surpris dans ce livre par BHL, lorsqu'il décrit sa rencontre avec Aragon, il oublie ses hésitations philosophiques et décrit avec verve et humour cette rencontre très surréaliste.
Autre et dernier point positif du livre : il ne donne pas envie d'être célèbre ! Finalement, on se sent mieux, loin de la meute de foin…
En dehors de ces digressions sur Schopenhauer, j'ai trouvé très intéressant l'échange de Houellebecq et de BHL sur les effets de la célébrité, qui attise la "meute" et sa vengeance terrible. Houellebecq évoque ses ennemis dans la métaphore de la meute. "Dans nos sociétés occidentales, un individu peut parfaitement se mettre à l'écart du groupe. Mais tôt ou tard, la meute se réveille, se met en chasse, et finit par le rattraper." La meute est "composée d'individus médiocres, conscients et honteux de l'être". BHL se montre moins pessimiste, il rappelle que la meute est avant tout peureuse et faible. Pour mieux illustrer ses propos, il utilise Spinoza à bon escient. Pourquoi la meute est-elle faible ? Parce qu'elle se nourrit de passions négatives. "Elle est animée par l'envie, la raillerie, le ressentiment, la haine, la rancune, la méchanceté, la colère, la dérision, le mépris, tout ce que Spinoza appelle les passions tristes et dont il a établi, de manière définitive, qu'elles ne donnent pas de la force mais de la faiblesse". BHL en profite pour faire un clin d'œil à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy "il a fait une campagne typiquement "passions tristes" et qu'avec des passions tristes, dit Spinoza, vous réussissez sur le court terme, mais vous échouez forcément sur le long terme". Rappelons au passage que Nietzsche s'est également toujours méfié de la foule, qu'il appelait "canaille", et a constamment mis en garde contre les effets du ressentiment.
Enfin, Michel, il faut que vous vous ressaisissiez ! Même si les passions vraies et tristes sont plus honnêtes que les passions fausses et gaies, il est temps de troquer Schopenhauer pour Spinoza !
Pour terminer plus précisément sur ce livre épistolaire entre BHL et Houellebecq, "Ennemis publics", j'avoue avoir été agréablement surprise par ces échanges plutôt profonds et sincères. Je n'avais pas du tout aimé la promotion et le marketing utilisés pour le lancement de ce livre, principalement fondés sur la "peopolisation". Que les éditeurs jouent le rôle de la meute est certes regrettable, que l'économie de marché leur sert souvent d'excuse pour masquer leur manque de créativité… Tout ceci est vrai, mais ne doit pas faire oublier l'essentiel : le contenu d'un livre. J'ai appris à mieux connaître Houellebecq, et ai fait connaissance avec BHL, car j'avoue n'avoir jamais eu la force de lire un de ces livres, à cause de son style trop alambiqué. D'ailleurs, en matière de style, on peut même être surpris dans ce livre par BHL, lorsqu'il décrit sa rencontre avec Aragon, il oublie ses hésitations philosophiques et décrit avec verve et humour cette rencontre très surréaliste.
Autre et dernier point positif du livre : il ne donne pas envie d'être célèbre ! Finalement, on se sent mieux, loin de la meute de foin…
Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 15 Novembre 2009 à 16:01
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Je viens de terminer un petit livre sympathique, idéal pour les trajets d'une demi-heure, 50 pages, petit format, un concentré d'humour, dénommé "Descartes et le cannabis", de Frédéric Pagès, l'auteur révélé par Botul…. Pourquoi Descartes est-il parti s'installer en Hollande ? Pour fumer le cannabis ? Après l'investigation de cette idée très fumeuse, Frédéric Pagès ne trouve aucun signe d'incandescence dans la biographie de Descartes, mis à part une certaine tendance aux grasses matinées… Notre philosophe de la méthode cartésienne aimait dormir et travailler dans son lit. Soit. Mais n'aurait-il pas pu le faire en France ? Frédéric Pagès nous rappelle qu'en 1628, l'air en France était irrespirable : "tout n'est que tyrannie et moinerie".
Qu'en est-il aujourd'hui ? Frédéric Pagès fait dire à son personnage fictif hollandais "Aujourd'hui, ce grand pays cartésien sent le fagot à nouveau attiré par la tyrannie et la moinerie. Vous rêvez toujours de monarchie solaire." "Le bon sens est la chose la moins bien partagée entre la France et la Hollande". A propos de Descartes : "Je comprends son départ, son bras d'honneur à la France, son adieu à cette mondanité parisienne qui happe l'intellectuel et le transforme en saltimbanque. La liberté de penser n'est pas que celle que vous octroie l'Etat, mais celle que vous prenez vous-même par rapport à vous-même, à vos maîtres et à vos semblables".
Les Français pas assez libres intérieurement pour penser ?
Question de bon sens ?,
Saluons la conclusion de F. Pagès : "Finalement, quand on fait le bilan, il serait moins grave pour la grandeur française d'admettre que Descartes est venu en Hollande pour tâter du cannabis" !
LIVRES PHILous
Lundi 27 Juillet 2009
Il y a un an, je lisais avec un sincère amusement "la vie sexuelle d'Emmanuel Kant" d'un certain Jean-Baptiste Botul, philosophe de tradition orale et chauffeur de taxi. Il y décrit un Emmanuel Kant constipé, hypocondriaque, dédaignant la sexualité de peur d'y perdre son énergie vitale… Un essai pétulant d'humour qui peut expliquer les œuvres monstrueuses de notre philosophe ruminant l'impératif catégorique. Je me suis alors interrogée, mais qui est donc ce Jean-Baptiste Botul ?
Dans le livre, on apprend qu'il s'agit de la retranscription d'une conférence en mai 1946, au Paraguay… et que l'auteur est décédé.
Intriguée par cet auteur, en mars 2009 je récidive : j'achète un livre de Botul sur Nietzsche, intitulé "Nietzsche et le démon de midi". Là encore, il s'agirait de la retranscription d'une plaidoirie de Botul face à un syndicat de taxis qui lui reproche d'avoir kidnappé une jeune fille mineure dans son taxi pendant 6 heures. Pour appuyer sa défense, il compare la jeune fille, dénommée Héloïse à Lou Andréas-Salomé, celle qui séduisit le grand Nietzsche. Lou y est semblable à la Lolita de Nabokov, et Nietzsche a l'air aussi misérable qu'un personnage de Houellebecq… Toute la défense de Botul est axée sur le démon de midi de Nietzsche. Un démon de midi qui en dit long sur la lente descente en enfer du philosophe allemand. Nietzsche n'aurait-il pas créé le surhomme par désespoir ? A cause d'un chagrin d'amour non digéré ? Zarathoustra n'est décidément pas aussi crédible que le botulisme…
Car, Botul, notre cher chauffeur de taxi n'a jamais existé ! C'est un personnage créé par Frédéric Pagès.
Dommage car je commençais vraiment à m'attacher à ce cher Botul ! Un philosophe drôle, insolent et pertinent !
Maintenant, à vous de découvrir, mais qui est vraiment Frédéric Pagès ???
Et méfiez-vous du démon de midi…
Nietzsche et le démon de midi, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
Pour en savoir plus sur le botulisme : http://botul.free.fr/
Intriguée par cet auteur, en mars 2009 je récidive : j'achète un livre de Botul sur Nietzsche, intitulé "Nietzsche et le démon de midi". Là encore, il s'agirait de la retranscription d'une plaidoirie de Botul face à un syndicat de taxis qui lui reproche d'avoir kidnappé une jeune fille mineure dans son taxi pendant 6 heures. Pour appuyer sa défense, il compare la jeune fille, dénommée Héloïse à Lou Andréas-Salomé, celle qui séduisit le grand Nietzsche. Lou y est semblable à la Lolita de Nabokov, et Nietzsche a l'air aussi misérable qu'un personnage de Houellebecq… Toute la défense de Botul est axée sur le démon de midi de Nietzsche. Un démon de midi qui en dit long sur la lente descente en enfer du philosophe allemand. Nietzsche n'aurait-il pas créé le surhomme par désespoir ? A cause d'un chagrin d'amour non digéré ? Zarathoustra n'est décidément pas aussi crédible que le botulisme…
Car, Botul, notre cher chauffeur de taxi n'a jamais existé ! C'est un personnage créé par Frédéric Pagès.
Dommage car je commençais vraiment à m'attacher à ce cher Botul ! Un philosophe drôle, insolent et pertinent !
Maintenant, à vous de découvrir, mais qui est vraiment Frédéric Pagès ???
Et méfiez-vous du démon de midi…
Nietzsche et le démon de midi, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
Pour en savoir plus sur le botulisme : http://botul.free.fr/
PHIL-ANALYSE
Dimanche 26 Avril 2009
En mars dernier, Philosophie Magazine a consacré un dossier sur "Pourquoi fait-on des enfants ?". Question que l'on se pose rarement, tellement l'enfantement paraît naturel et un acte altruiste. Il est souvent la suite logique du couple, le résultat de pulsions chimiques, de l'amour ou du poids des traditions et de la société … Il peut même arriver par accident. Devoir ou plaisir, les individus s'interrogent donc rarement sur la cause de leur reproduction. Mais, les philosophes, pour ne pas faillir à leur fidèle réputation de "prise de tête", eux s'interrogent !
Le plus célèbre antinataliste reste le nihiliste Schopenhauer dont la citation, "L'ascète sauve de la vie des générations entières; les femmes ne l'ont pas voulu; c'est pourquoi je les hais" ne peut plus être ignorée. Enfanter reviendrait-il à reproduire le mal et la souffrance ? C'est ce que pensait Schopenhauer et continuent à fredonner certains de ces disciples comme Rolland Jaccard qui a sciemment renoncé à la paternité : "donner la vie m'est clairement apparu comme un acte mauvais, voire criminel".
Nancy Huston, une adepte de la maternité, estime que l'absence d'enfantement de la plupart des philosophes a eu "un effet dramatique sur la pensée occidentale". En effet, ne faut-il pas s'inquiéter que la plupart des philosophes occidentaux n'aient pas souhaité donner la vie ? Quelle conception avaient-ils réellement de l'existence ? Ressentaient-ils du dégoût ? Ou doit-on en déduire que trop philosopher éloigne de l'existence… Dans tous les cas, refuser d'enfanter témoigne davantage d'une vision pessimiste de l'existence que de grands élans optimistes. Mais le refus de se reproduire, c'est aussi accepter l'idée qu'il y ait une fin. Ce qui est rarement facile à admettre.
La plupart de ceux qui défendent le non enfantement le feraient pour des raisons éthiques : refuser de donner la naissance à un être qui ne connaîtrait que douleurs et misères ; autrement dit, pour éviter que le "mal" ne se reproduise. Selon eux, le monde est trop cruel, anti-écologique, égoïste, sans avenir. Mais, leur raisonnement est résolument fataliste. Le propre de l'homme n'est-il pas de créer et d'essayer de changer le cours de l'histoire ? C'est aussi oublier toutes les joies que procure la vie. N'est-ce pas au fond un acte égoïste, dans la mesure où c'est à chaque être de déterminer si la vie vaut la peine d'être vécue. Aurions-nous aimé que nos parents décident à notre place ?
A la rectitude fataliste des nihilistes, préférons le témoignage frais et spontané de Nancy Huston, qui écrivain avant d'être mère, craignait que le fait d'avoir des enfants gênerait son inspiration artistique. "Au fond, le roman est amoral, tandis que la vie de famille est morale – là est la contradiction". Mais, elle a dépassé largement cette contradiction. La maternité lui a au contraire apporté des nouvelles inspirations. Morale de l'histoire, il ne faut jamais avoir peur de ses contradictions, ce sont elles qui nous font avancer…
Samedi dernier, j'ai assisté à une conférence débat entre Luc Ferry et André Comte-Sponville, qui portait sur le thème de l'universalité. Deux interventions assurément de qualité, mais qui sont loin d'être rassurantes… Serions-nous en train de vivre dans une société décadente ? Je préfère ne pas le croire. D'autant plus qu'il paraît que l'optimisme permet de vivre plus longtemps ! Je préfère donc rester fidèle à la maxime d'Alain : l'optimisme est de volonté, le pessimisme est d'humeur. Même si, comme l'a fort justement dénoncé Luc Ferry, le pessimisme est vendeur, tous les médias en sont dépendants. Sauf que ce n'est certainement pas le pessimisme qui a créé le sens de l'universalité.
Pour en revenir au débat, il n'existe pas de valeur universelle selon André Comte-Sponville. Seule la vérité l'est. Les valeurs induisent un jugement de valeur et relèvent dès lors de la subjectivité. Le vrai se contente juste d'exister, le fait qu'il soit bon ou mauvais demeure un jugement. Pour donner un exemple, André Comte-Sponville utilise l'image de Monica Bellucci : les hommes sont-ils attirés par cette actrice parce qu'elle est belle ou la trouvent-ils belle parce que leur désir les incline vers elle ? Voilà un petit clin d'œil furtif à la théorie de Spinoza selon laquelle le désir crée la beauté. Les attributs que l'on donne aux objets ou êtres humains sont liés à notre désir. Ceci dit, n'en déplaise à Comte-Sponville, cela rappelle aussi la théorie de Nietzsche sur les notions de bien et de mal.
Pour Luc Ferry, certaines valeurs comme la justice et la liberté sont universelles. Sauf que ce ne sont pas les idées selon lui qui ont créé les droits de l'Homme, mais l'évolution de la vie privée. "Les droits de l’Homme ne sont pas passés par les idées mais par la vie quotidienne des européens, qui a été pour l’essentiel la vie des familles et, progressivement, la vie des familles fondées sur l’amour". Ainsi, l'évolution du mariage forcé vers le mariage d'amour aurait fait prendre conscience aux européens de la valeur de la liberté et de l'intimité. Tout comme la naissance du salariat : travailler pour gagner un salaire et s'émanciper.
Les valeurs ont donc besoin des hommes pour les faire vivre et donc, de sociétés énergiques. Attention à la fatigue, André Comte-Sponville nous met en garde.
Les valeurs ont donc besoin des hommes pour les faire vivre et donc, de sociétés énergiques. Attention à la fatigue, André Comte-Sponville nous met en garde.
Luc Ferry conclut que les cinquante premières années du XXème siècle ont été dominées par la philosophie de Marx, et que la deuxième moitié par celle de Nietzsche. Nietzsche a participé à la déconstruction de nos idoles, nos figures traditionnelles du sacré. Nietzsche dit dans Le crépuscule des idoles, qu’il faut casser avec son fameux marteau toutes les idoles. Il appelle idoles tous les idéaux quels qu’ils soient, les idéaux qui ont animé la morale, la métaphysique et la religion depuis Platon et la religion chrétienne. Nietzsche pense que nous avons inventé les idéaux, les idoles, pour nier la réalité. Nietzsche incite à se réconcilier avec le réel.
Nietzsche favoriserait par cette injonction à célébrer le réel, l'individualisme et le libéralisme. D'où l'ouvrage collectif dans lequel ont participé Luc Ferry et André Comte-Sponville "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens".
Peut-on considérer Nietzsche réellement comme un destructeur d'idoles ? Lui, qui finalement n'a eu de cesse d'en avoir, notamment dans le domaine musical. Il fallait juste qu'il écrase les idoles conformistes de son époque : Dieu, la science et le monde Platonicien.
Car, qui peut vraiment se passer d'idoles ? Là se devine les prémices d'un besoin universel. Aimer, Admirer. Nous en revenons finalement toujours aux mêmes désirs et aux mêmes valeurs.
Mais, comme il n'y a que dans l'adversité que l'on progresse, je vais m'empresser de lire "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens"…
b[Intervention de Luc Ferry et André Comte-Sponville à la Mutualité du 14 mars 2009 sur le thème de l'universalité. "Donner du sens à sa vie". ]b
Nietzsche favoriserait par cette injonction à célébrer le réel, l'individualisme et le libéralisme. D'où l'ouvrage collectif dans lequel ont participé Luc Ferry et André Comte-Sponville "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens".
Peut-on considérer Nietzsche réellement comme un destructeur d'idoles ? Lui, qui finalement n'a eu de cesse d'en avoir, notamment dans le domaine musical. Il fallait juste qu'il écrase les idoles conformistes de son époque : Dieu, la science et le monde Platonicien.
Car, qui peut vraiment se passer d'idoles ? Là se devine les prémices d'un besoin universel. Aimer, Admirer. Nous en revenons finalement toujours aux mêmes désirs et aux mêmes valeurs.
Mais, comme il n'y a que dans l'adversité que l'on progresse, je vais m'empresser de lire "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens"…
b[Intervention de Luc Ferry et André Comte-Sponville à la Mutualité du 14 mars 2009 sur le thème de l'universalité. "Donner du sens à sa vie". ]b
LIVRES PHILous
Mercredi 25 Février 2009
"Les philosophes et l'amour" est un essai sorti en 2008, coécrit par deux journalistes au Nouvel Observateur, Aude Lancelin et Marie Lemonnier, toutes deux diplômées en philosophie. Il est vrai qu'amour et philosophie ne font pas toujours bon ménage. Entre Schopenhauer qui ne voit dans l'amour que la reproduction de la souffrance, et Kant qui perçoit la sexualité comme une menace de perdre son énergie vitale, on préfère encore la douceur platonicienne et savourer son banquet.
Pour illustrer la relation entre l'amour et la philosophie, les auteurs du livre évoquent 12 philosophes : Platon, Lucrèce, Montaigne, Rousseau, Kant, Kierkegaard, Schopenhauer, Nietzsche, le couple Heidegger et Arendt, ainsi que le couple Sartre et Simone de Beauvoir. Le problème en philosophie est que l'amour n'est jamais clairement défini, il est tantôt désir, passion, amitié, voire générosité. De surcroît, il est dénué d'émotions et s'essouffle à grands renforts de conceptualisation. Ce livre était donc un pari difficile : il n'est pas aisé de parler d'amour de façon abstraite, surtout lorsque les philosophes sont aussi discrets sur leur vie intime !
Ce qui m'a fait sourire est que pour mieux étayer la philosophie de Schopenhauer et de Rousseau, les auteurs ont spontanément utilisé à plusieurs reprises notre grand écrivain pessimiste du moment : Michel Houellebecq. Grâce à ses romans, on peut en effet mieux pressentir certaines théories philosophiques. Pour Rousseau, une citation de la Possibilité d'une île est utilisée pour décrire son énergie "L'opposition entre érotisme et la tendresse m'apparaissait avec une parfaite clarté comme l'une des pires saloperies de notre époque, comme l'une de celles qui signent, sans rémission l'arrêt de mort d'une civilisation". Quant à Schopenhauer, on ne peut que s'attendre à plus défaitiste : "Quand l'amour physique disparaît, tout disparaît ; un agacement morne, sans profondeur, vient remplir la succession des jours", citation tirée également de la Possibilité d'une île.
Plus constructif, Nietzsche se montre moins récalcitrant à l'idée de l'amour. Il suggère seulement qu'avant d'épouser quelqu'un, il faut juste s'assurer : "Crois-tu pouvoir t'entretenir avec cette femme jusqu'à ta vieillesse ?". Ainsi, le mariage serait une longue conversation.
Personnellement, je n'ai pas vraiment appris de nouvelles choses sur les philosophes traditionnels tels que Kant ou Schopenhauer, mais j'ai bien apprécié la description des couples existentialistes, Heidegger/Arendt et Sartre/Beauvoir. Leur conception de l'amour est en effet peu commune. Ils tentent le pari difficile de concilier liberté et amour. Ont-ils réussi ? A vous d'en juger…
Seul reproche que l'on pourrait faire à ce livre : le parallèle entre la vie intime des philosophes et leurs théories n'est pas toujours très réussi. Mais, reconnaissons que ce n'est pas un exercice facile !
"Les philosophes et l'amour, aimer de Socrate à Simone e Beauvoir", Aude Lancelin et Marie Lemonnier, PLON, 2008.
La dernière fois, je vous avais promis que je vous proposerai un test pour savoir si vous êtes plus proche de Dionysos ou d'Apollon, au regard de la fameuse théorie de Nietzsche développée dans la Naissance de la tragédie. Histoire de faire plus ample connaissance avec vous-même et le philosophe inventeur du surhomme !
Seule contrainte pour faire le test : avoir un compte sur Facebook. En effet, le quizz a été programmé sur cette application.
Pour faire le test, copiez le lien suivant dans votre navigateur :
http://apps.facebook.com/d-couvrez-qu-faeejj/take?force=1
Si vous n'avez pas de compte, vous pouvez toujours en créer un très facilement sur facebook.
Dionysosement vôtre,
MR
Pour faire le test, copiez le lien suivant dans votre navigateur :
http://apps.facebook.com/d-couvrez-qu-faeejj/take?force=1
Si vous n'avez pas de compte, vous pouvez toujours en créer un très facilement sur facebook.
Dionysosement vôtre,
MR
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Jeudi 15 Janvier 2009
Bien qu'adorant la vie tumultueuse de la fashion incontournable Kate Moss, la presse people et de la mode s'inquiète des excès de leur icône : quand est-ce que Kate va délaisser ses vices pour enfin entrer dans les rangs d'une vie décente et équilibrée ? Le rock, c'est assurément tendance, mais pas très sain pour préserver un teint de rose… Kate serait-elle complètement immature ? Sa vie frôle Dionysos. Et si la vie démesurée n'était pas une question d'âge, mais de philosophie de vie ?
Comme nous l'a annoncé Nietzsche, Dieu est mort. Ainsi, l'homme moderne hésite perpétuellement entre l'ordre, la mesure, la maîtrise de soi, symbolisés par Apollon, et l'oubli de soi, la passion, la démesure, dont la caricature est Dionysos.
Kate est un excellent symbole pour imager la théorie de Nietzsche sur le paradoxe humain tiraillé entre Apollon et Dionysos. A travers son image de parfaite icône de la mode, elle symbolise Apollon, l'esthétique et la perfection. A côté de cette image statique, elle superpose une image frénétique de fan de rock et de bad boys, qui la rend plus proche de l'abyme dionysiaque. Kate n'a probablement pas conscience qu'elle baigne dans le dualisme nietzschéen ! Pourtant, n'est-ce pas Jim Morrison, la star du rock, qui s'est inspiré de la Naissance de la tragédie, le premier livre de Nietzsche, pour renverser les valeurs et faire éclater sa rage ? Morrison adorait provoquer les hystéries collectives, un sentiment très dionysiaque… Ainsi, il y a manifestement du rock dans la philosophie de Nietzsche…
La morale de Nietzsche consiste en fait à dire "il faut savoir se perdre pour mieux se retrouver". Mais, le tout est justement de savoir se retrouver… Le va et vient entre la retenue et le débordement est un exercice psychologique qui n'est pas si aisé. D'où, l'invention du surhomme par Nietzsche ! Kate arrivera-t-elle à trouver son équilibre ? Morrison n'a pas su, il est manifestement trop sorti de lui-même… Pas facile de manier la démesure, même quand on est musicien.
Et vous, vous sentez-vous plus proche de Dionysos ou d'Apollon ? La prochaine fois, c'est promis, je vous propose un test…
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Dimanche 4 Janvier 2009
D'après une étude publiée par le British Medical Journal, fréquenter des personnes heureuses augmenterait la probabilité d'être heureux !
Ainsi, le bonheur des autres ferait le bonheur des autres. Un constat quasi-révolutionnaire à l'heure de nos sociétés individualistes ! Seule exception : au travail, l'effet contagieux du bonheur n'est pas avéré, ceci en raison du fait qu'il y aurait moins de rapports affectifs en entreprise.
Ainsi, avoir des proches heureux favoriserait le bien-être et la santé.
Cette étude a généré un énorme buzz dans la presse, mais aucun journaliste n'a tenté de nous expliquer comment les auteurs de cette étude définissent le bonheur. Il semblerait d'après un rapide coup d'œil de la description de l'étude, que ce que ces chercheurs appellent bonheur est la bonne humeur, la positive attitude. Mais, alors pourquoi la bonne humeur n'est-elle pas contagieuse dans le travail ? Cela mériterait une explication plus approfondie.
Autre question inquiétante : faut-il arrêter de fréquenter les personnes malades et malheureuses ?! D'autres études n'ont-elles pas démontré qu'être généreux augmentait également le bien être ?
Dans tous les cas, ce que nous pouvons en retenir est que pour être en bonne santé, il ne suffit pas d'éviter des comportements à risque, mais aussi d'entretenir de bonnes relations sociales.
Si le bonheur est contagieux, alors les statuts mis à jours régulièrement sur Facebook devraient pouvoir transmettre un peu de bonne humeur chaque jour… Question au demeurant : est-ce que le bonheur peut se communiquer de façon virtuelle ?
Bref, morale de l'histoire pour 2009 : choisissez bien vos amis !
Et bonne année, pleine de bonheur !
Ainsi, avoir des proches heureux favoriserait le bien-être et la santé.
Cette étude a généré un énorme buzz dans la presse, mais aucun journaliste n'a tenté de nous expliquer comment les auteurs de cette étude définissent le bonheur. Il semblerait d'après un rapide coup d'œil de la description de l'étude, que ce que ces chercheurs appellent bonheur est la bonne humeur, la positive attitude. Mais, alors pourquoi la bonne humeur n'est-elle pas contagieuse dans le travail ? Cela mériterait une explication plus approfondie.
Autre question inquiétante : faut-il arrêter de fréquenter les personnes malades et malheureuses ?! D'autres études n'ont-elles pas démontré qu'être généreux augmentait également le bien être ?
Dans tous les cas, ce que nous pouvons en retenir est que pour être en bonne santé, il ne suffit pas d'éviter des comportements à risque, mais aussi d'entretenir de bonnes relations sociales.
Si le bonheur est contagieux, alors les statuts mis à jours régulièrement sur Facebook devraient pouvoir transmettre un peu de bonne humeur chaque jour… Question au demeurant : est-ce que le bonheur peut se communiquer de façon virtuelle ?
Bref, morale de l'histoire pour 2009 : choisissez bien vos amis !
Et bonne année, pleine de bonheur !
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Lundi 8 Décembre 2008
Image du site http://homepages.nyu.edu/~iav202/powers/spinoza.html
La joie n'a jamais été l'émotion favorite des philosophes. A ce concept un peu trop agité, ils préfèrent en général les termes plus rondelets comme le bonheur, la sérénité, la béatitude… Des expressions plus lisses, qui ne font pas de vague, mais qui peuvent manquer de spontanéité et de puissance.
Trois philosophes ont manifestement failli à la règle : Nietzsche, Spinoza et Bergson, qui ont su rendre la joie positive. Le magazine Psychologies leur consacre ce mois-ci un dossier, en vous proposant un mini test pour connaître la joie qui vous anime.
Pour ma part, j'ai trouvé les descriptions des théories de Nietzsche et de Bergson bien résumées, mais quelque peu réductrices pour Spinoza. Chez Spinoza, la joie n'est pas celle de l'homme avide de liberté, mais bien celle de l'homme qui a compris qu'il n'était pas libre de ses désirs, et que pour vaincre ses désirs compulsifs, il lui faut nécessairement des désirs plus grands. Le désir ne doit pas être un manque, mais une puissance pour nous permettre de nous réaliser.
Trois philosophes ont manifestement failli à la règle : Nietzsche, Spinoza et Bergson, qui ont su rendre la joie positive. Le magazine Psychologies leur consacre ce mois-ci un dossier, en vous proposant un mini test pour connaître la joie qui vous anime.
Pour ma part, j'ai trouvé les descriptions des théories de Nietzsche et de Bergson bien résumées, mais quelque peu réductrices pour Spinoza. Chez Spinoza, la joie n'est pas celle de l'homme avide de liberté, mais bien celle de l'homme qui a compris qu'il n'était pas libre de ses désirs, et que pour vaincre ses désirs compulsifs, il lui faut nécessairement des désirs plus grands. Le désir ne doit pas être un manque, mais une puissance pour nous permettre de nous réaliser.
Pour en savoir plus sur la joie spinozienne, je vous recommande vivement la lecture de "Etre heureux avec Spinoza" de Balthasar Thomass, un essai exceptionnellement clair sur la philosophie de Spinoza, et d'une finesse psychologique surprenante. Un essai qui vous grandit dans la connaissance de vos désirs…
Psychologies Magazine, décembre 2008, Ces philosophes qui nous enseignent la joie.
Etre heureux avec Spinoza, Balthasar Thomass, Eyrolles, 2008.
Psychologies Magazine, décembre 2008, Ces philosophes qui nous enseignent la joie.
Etre heureux avec Spinoza, Balthasar Thomass, Eyrolles, 2008.
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Profil
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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