II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

Il y a un an, je lisais avec un sincère amusement "la vie sexuelle d'Emmanuel Kant" d'un certain Jean-Baptiste Botul, philosophe de tradition orale et chauffeur de taxi. Il y décrit un Emmanuel Kant constipé, hypocondriaque, dédaignant la sexualité de peur d'y perdre son énergie vitale… Un essai pétulant d'humour qui peut expliquer les œuvres monstrueuses de notre philosophe ruminant l'impératif catégorique. Je me suis alors interrogée, mais qui est donc ce Jean-Baptiste Botul ?


Quand la philosophie crée des personnages aussi attachants que Jean-Baptiste Botul, on a envie de prendre le taxi !
Dans le livre, on apprend qu'il s'agit de la retranscription d'une conférence en mai 1946, au Paraguay… et que l'auteur est décédé.
Intriguée par cet auteur, en mars 2009 je récidive : j'achète un livre de Botul sur Nietzsche, intitulé "Nietzsche et le démon de midi". Là encore, il s'agirait de la retranscription d'une plaidoirie de Botul face à un syndicat de taxis qui lui reproche d'avoir kidnappé une jeune fille mineure dans son taxi pendant 6 heures. Pour appuyer sa défense, il compare la jeune fille, dénommée Héloïse à Lou Andréas-Salomé, celle qui séduisit le grand Nietzsche. Lou y est semblable à la Lolita de Nabokov, et Nietzsche a l'air aussi misérable qu'un personnage de Houellebecq… Toute la défense de Botul est axée sur le démon de midi de Nietzsche. Un démon de midi qui en dit long sur la lente descente en enfer du philosophe allemand. Nietzsche n'aurait-il pas créé le surhomme par désespoir ? A cause d'un chagrin d'amour non digéré ? Zarathoustra n'est décidément pas aussi crédible que le botulisme…
Car, Botul, notre cher chauffeur de taxi n'a jamais existé ! C'est un personnage créé par Frédéric Pagès.
Dommage car je commençais vraiment à m'attacher à ce cher Botul ! Un philosophe drôle, insolent et pertinent !

Maintenant, à vous de découvrir, mais qui est vraiment Frédéric Pagès ???

Et méfiez-vous du démon de midi…

Nietzsche et le démon de midi, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.


Pour en savoir plus sur le botulisme : http://botul.free.fr/

Rédigé par Marjorie Rafécas le Lundi 27 Juillet 2009 à 00:06 | Commentaires (3)

Commentaires

1.Posté par florent le 11/05/2011 19:01
Encore une fois, psychanalyse de bazar... décidément vous êtes une spécialiste ! Je viens de comprendre pourquoi je n'ai rien écrit de génial : j'adore ma mère et ma copine ne m'a pas largué ! Mais ma soeur m'énerve parfois... je vais creuser de ce côté là...

2.Posté par Marjorie Rafécas le 19/05/2011 08:21
Sur cet article, le concept du démon de midi ne vient pas de moi, mais de l'auteur dont je parle, Frédéric Pagès, plus connu sous le nom du Botulisme... Et puis, pourquoi cette hantise de la psychanalyse ? C'est une théorie comme une autre !

3.Posté par florent le 22/05/2011 15:29
Je n'ai pas de hantise de la psychanalyse, juste de ses carricatures grotesques, de même pour la pensée de Nietzsche par exemple...mais après tout si ce type d' "insolences" (de ricanement de dernier homme ?) vous plait, chacun ses gouts...
Allons-y donc pour la psychanalyse de bazar : je SENS que l'auteur de ce texte a projeté sur Nietzsche son propre désir de "posséder" une très jeune fille. Il a probablement écrit ce texte pour se débarasser du fantasme de violer une lycéenne amie de sa fille, dont il a cru interpréter certains gestes comme des provocations sexuelles.
S'il a utilisé le personnage de Nietzsche c'est en tant qu' idéalisation de lui-même (universitaire, mais GENIAL, donc avec ENCORE PLUS d'autorité symbolique sur les jeunes filles) A ce premier masque il en a superposé un autre en créant le personnage fictif de Botul, son défenseur : Il cherche manifestement à ne surtout pas parler EN SON NOM, il se sent tellement coupable qu'il en devient paranoïaque.
C'est cette paranoïa qui fait échouer son projet louable de se débarasser de ce fantasme pédophile, car il se sent en outre tenu d'ajouter à ces masques la DISTANCE de l'humour : le pauvre homme va alors recommencer ce processus en se décrivant cette fois sous les traits de Kant, avec le même échec final (et tellement prévisible ! ). Il n'a jamais osé exprimer franchement ses désirs malsains, il les a moqués comme extérieurs à lui-même, bref : il les a REFOULES.
C'est donc à présent un homme gravement névrosé qui passera très probablement à l'acte. IL FAUT L'ENFERMER !


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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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