II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

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Dimanche 26 Octobre 2008


Ayn Rand, une philosophe américaine proche du mouvement libertarien née en 1905, soutenait que le capitalisme est moral, et l'égoïsme vertueux… On ne peut trouver dans toute la philosophie occidentale une position aussi radicale sur l'ultralibéralisme ! Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale américaine, a toujours été un de ses fervents adeptes.



Alan Greenspan vs Ayn Rand… La fin d'une idéologie ?
Il affirmait encore l'année dernière que les "marchés libres et concurrentiels sont de loin la meilleure façon d'organiser les économies, sans équivalent". Après le tsunami de la crise financière et des subprimes, Alan Greenspan revoit ses croyances. Il est surpris par la nature humaine, il pensait que l'intérêt des banquiers suffisait à protéger ceux des actionnaires… Il revient aujourd'hui sur ses positions idéologiques et avoue qu'il s'est tout simplement trompé.

Pour ma part, je suis étonnée de voir à quel point le capitalisme a fait dégénérer la notion de libéralisme. Historiquement, le libéralisme est né avec la philosophie des lumières. Il est avant tout le garant des droits de l'Homme et de la liberté d'expression. Il ne doit pas être réduit à l'économie de marché. Sa base fondamentale est la tolérance. Souvenons-nous de John Locke et sa Lettre sur la tolérance. : La pensée libérale est née d'une volonté éthique : faire en sorte que les hommes naissent égaux en droit et que chaque citoyen soit responsable. Cette notion de responsabilité individuelle est d'ailleurs au cœur de la philosophe libérale. Pour cette raison, il paraît aberrant que le système des parachutes dorés et du sauvetage des banques soit mis sur le compte du libéralisme : ceux qui se trompent et font des erreurs doivent les assumer.

Le fond du problème est la spéculation et son décalage avec la réalité. Nous n'avons jamais autant entendu parler de "l'économie réelle". C'est étonnant de réaliser subitement que l'on ne peut pas dépasser la réalité… Pourtant, déjà, Montesquieu à son époque mettait en garde contre la spéculation. Dans L'esprit des lois, il distingue la monnaie réelle de la monnaie idéale : la monnaie devient idéale lorsque sa valeur réelle s'éloigne de sa valeur affichée. Le danger d'une idéalisation de la monnaie est de conduire à des opérations frauduleuses. Il écrivait : "Pour ôter la source des abus, ce sera une très bonne chose dans tous les pays où l’on voudra faire fleurir le commerce, que celle qui ordonnera qu’on emploiera des monnaies réelles, et que l’on ne fera point d’opération qui puisse les rendre idéales".

Ainsi, pourquoi faut-il de l'éthique et une politique de régulation dans l'économie de marché ? Pour la bonne raison qu'il est absolument indispensable de vérifier la valeur des biens… La spéculation est un phénomène psychologique extrêmement dangereux.

"La spéculation est un luxe, tandis que l'action est une nécessité" Henri Bergson.



Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 26 Octobre 2008 à 13:34 | Commentaires (0)

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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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