II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

Louis, Enzo, Charlotte, Océane, Léa... Souvent choisis par effet de mode, les prénoms ne sont pourtant pas anodins. Les parents n'en ont pas forcément conscience et privilégient la plupart du temps le prénom "coup de cœur" qui les fait rêver. Ont-ils raison ? Pas toujours car le prénom peut conditionner quelques aspects de l'avenir de leur enfant. Et ce, non pas pour des raisons d'astrologie ou de numérologie ! En effet, de nombreuses études en psychologie ont été réalisées pour évaluer l'impact d'un prénom sur les comportements de celui qui le porte que de ceux qui peuvent le juger. Le livre de Nicolas Gueguen sur la psychologie des prénoms est à ce titre fort intéressant et instructif.


Attention : choisir le prénom d'un enfant n'est pas anodin pour son futur
On sait déjà qu'un prénom renseigne sur l'origine sociale de la personne. L'impact sociologique d'un prénom est manifeste si l'on compare des faire-part publiés dans des journaux comme le Figaro ou des magazines plus populaires. "Le prénom est chargé de transmettre une information sociale sur son porteur". Il faut savoir tout de même que cette différenciation par le prénom était moins forte avant les années 70. Mais, notre société recherchant à tout prix la singularisation, le prénom en est déjà la première empreinte. Le prénom peut même renseigner sur le niveau éducatif de la mère de l'enfant !

Dis-moi comment tu t'appelles, je te dirai si ta mère a fait des études...
D'après une étude américaine (Lieberson et Bell 1992), plus le niveau d'éducation de la mère est élevé, plus le prénom a tendance à être commun. Cela s'expliquerait par le fait que les femmes qui font des études ont davantage la volonté de s'adapter à la société, savent généralement se montrer plus conformistes et par conséquent moins enclines à choisir des prénoms trop singuliers.

Plus c'est court, plus c'est tendance !
Si vous avez choisi pour votre enfant un prénom court, vous êtes pile dans la mouvance du moment. Le top : deux syllabes, sinon rien. Cette tendance aux prénoms courts est d'ailleurs paradoxale car elle est plus difficilement compatible avec le besoin de singulariser son enfant. D'après d'autres études, plus un prénom contient de lettres, plus on l'estime féminin et empreint de moralité. Mais moins on l'estime populaire... "Les plus longs sont associés avec le succès, la moralité (qui sont des caractéristiques du statut social) tandis que les plus courts sont associés à la popularité, la gaieté (qui sont des caractéristiques de la familiarité)." Gaieté ou moralité, à vous de choisir !


Tant pis pour les féministes, la théorie des genres est toujours aussi infiltrée dans le choix des prénoms
Les prénoms des garçons sont en général moins singuliers que ceux des filles : les parents cherchant surtout pour leurs garçons un prénom qui les pose socialement, alors que pour les filles, la recherche de l'esthétique prend souvent le dessus. Mais attention les jeunes filles ayant un prénom inhabituel ont tendance à être plus névrotiques. Aider votre future fille à éviter des futures séances de psychanalyse interminables peut être utile...

Apprécier son nom et son prénom favorisent l'estime de soi
Et cela est vrai également pour mesurer son niveau de rigueur, plus on aime son prénom, plus on s'estimerait consciencieux. Etrange, non ? Après, on peut se demander quel est l'effet, quelle est la cause. Est-ce que c'est parce que l'on est consciencieux que l'on aime davantage son prénom, ou l'inverse ? Les paris sont ouverts.

Les prénoms pourraient également avoir un effet sur notre santé...
Alors que des publicités nous rabâchent quotidiennement qu'il faut manger 5 fruits ou légumes par jour pour préserver sa santé, nos initiales pourraient également jouer un rôle dans notre état de santé. Des initiales à connotation positive comme "VIP" au lieu de "FAT" favoriseraient une longévité plus importante que la moyenne. Un gain de 4,48 ans ! Les parents doivent se méfier des acronymes négatifs..


L'influence du nom sur notre crédibilité professionnelle : un professeur de maths dénommé Mr Py aura plus de succès que Mr Durand
D'après une étude réalisée avec des annonces pour proposer des cours particuliers de mathématiques, les parents ont davantage appelé les professeurs qui avaient un nom évocateur comme Mr Clair ou Mr Py que Mr Dupont.
Nous sommes aussi en général plus cléments envers ceux qui portent le même prénom que nous, par l'effet de familiarité que ce prénom produit sur nous. Il ne faut pas pour autant s'inquiéter de ce manque d'objectivité, car ces critères inconscients comme le prénom nous influencent que quand nous n'avons pas d'autres critères plus objectifs : "lorsque nous ne trouvons pas de différence entre 2 personnes et que nous devons pourtant faire un choix, nous refusons de nous remettre au hasard. Nous cherchons donc des variables certes peu pertinentes (beauté, prénom)les éléments nécessaires qui vont permettre d'effectuer cette différenciation."


Et enfin, la grande question : existe-t-il une personnalité des prénoms ?
Sur la question des personnalités, les psychologues sont sceptiques et parlent d'un "effet Barnum". Les portraits décrits par prénom seraient toujours suffisamment généralistes pour s'adapter à n'importe quel type de personnalité. Ils ne seraient par conséquent pas fiables. En revanche, une étude prouverait qu'il y aurait un déterminisme du jour de naissance. D'après cette étude, les délits les plus graves seraient commis par des garçons nés un mercredi... Alors que les enfants nés un lundi seraient plus calmes. Effet de prophétie s'autoréalisant ? Les croyances peuvent affecter le comportement des enfants. Dans tous les cas, cela donne du grain à moudre à l'astrologie !



Pour en savoir plus :
Psychologie des prénoms, pour mieux comprendre comment ils influencent notre vie, Nicolas Gueguen, Editions Dunod (100 Petites expériences de psychologie).




Rédigé par Marjorie Rafécas le Mardi 27 Mai 2014 à 09:34 | Commentaires (0)

Recherche






Profil
Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




Infos XML

RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile

Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs