II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

I phil good !

Samedi 17 Novembre 2018

Récemment, j’ai pris plaisir à me plonger dans deux livres a priori diamétralement opposés : Remèdes à la mélancolie (2016) d’Eva Bester et Le pouvoir de l’optimisme (2018) de Christelle Crosnier. La mélancolie peut sembler une force antagoniste à l’optimisme, mais la bile noire est peut-être juste le signe que nous ne sommes pas dans la bonne direction. Ce jet noir attend alors d’être transformé.

La mélancolie est peut-être le préambule nécessaire à l’optimisme. Tout dépend comment est surmontée l’épreuve de la mélancolie. Comme l’écrit Eva Bester « Nous avons à chaque seconde la possibilité de nous diriger vers la construction, l’effort, la création, ou vers l’inclination naturelle de l’homme : la passivité, le chaos, la destruction. Se diriger vers la joie est un labeur ». Tout est question de persévérance.

Alors, au travail !


La mélancolie, un prélude à l’optimisme ?
Tout d’abord, constatons qu’il existe une différence notable entre le sens littéraire de la mélancolie et sa définition médicale. Pour les médecins, la mélancolie est une maladie maniaco-dépressive, sans aucune connotation poétique. En littérature, il s’agit plutôt d’une tristesse légère, une nostalgie inspirante comme une douce saudade (sens Brésilien). C’est le vague à l’âme qui pousse à la réflexion ou à la créativité. Les poètes maudits en sont les fers de lance. Pour Baudelaire, la joie était tout simplement vulgaire. Il y a du mystère dans la mélancolie nonchalante et grise. « Le bonheur d’être triste », comme dirait Victor Hugo. C’est aussi un sens de l’esthétique, comme le soulignait Kant, la mélancolie peut aider à atteindre le sentiment du sublime.

Mais derrière ce beau tableau esthétique de la mélancolie, il n’en reste pas moins que le spleen comporte une grande part de narcissisme. Ce peut être le symptôme d’un trop plein de soi. Dans La culture du narcissisme, Christopher Lasch alerte sur le fait que la mélancolie est souvent le signe d’un excès de soi. « C’est de trop s’intéresser à soi-même » qui provoque la mélancolie, comme le rappelle Geneviève Brisac dans l’émission d’Eva Bester. Travailler permet de s’ouvrir aux autres et de s’éloigner de soi-même. Avoir des passions « bonnes » est aussi un bouclier efficace contre les pentes descendantes de la mélancolie.

On pourrait penser que l’intérêt que l’on porte actuellement à la découverte de soi-même, au développement personnel, représente un repliement sur soi dangereux. Certains raillent le succès de la psychologie positive. Or cette dernière nous pousse à avoir confiance dans les autres pour avoir confiance en soi. L’optimisme est une ouverture vers les autres. C’est le contraire du repli sur soi. Pour être optimiste, il faut reconnaître la force du présent, la beauté de l’existence, être dans la gratitude. L’action nous sort de soi.

La mélancolie est plutôt associée à un état de contemplation. Tout ce qui est régressif permet de lutter contre la mélancolie car l’enfance vit dans l’instant présent. Alors que le mélancolique est souvent tourné vers le passé ou l’avenir.

Pour Nietzsche, il y a aussi le rire, le rire des hommes supérieurs. Nietzsche est le plus cité dans l’émission. Car il est l’un des philosophes qui connaît le mieux nos parts d’ombres et nous invite à les dépasser, à éjecter le ressentiment, à refuser la tentation nihiliste. Il nous propose 3 boucliers contre la mélancolie : le rire, l’art et la connaissance.

Vivre dans le surréalisme peut également nous aider à nous extraire d’un quotidien trop lourd, comme le suggère Eric Naulleau. Le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur.

Alors comment lutter en synthèse contre la mélancolie ? La potion est assez simple. Quelques ingrédients pour démarrer : être dans l’instant présent, s’ouvrir aux autres, remercier la beauté, s’ouvrir au hasard, rire et travailler.
Puis, faites comme Robin S. Sharma : devenez un « paranoïaque inversé », c’est-à-dire quelqu’un qui imagine que le monde conspire à faire de belles choses pour vous…

Pour en savoir plus :
- Remèdes à la mélancolie, Eva Bester, 2016, Autrement
- Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier, 2018.


Rédigé par Marjorie Rafécas le Samedi 17 Novembre 2018 à 18:50 | Commentaires (0)

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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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