II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

Alors que Michel Onfray rassemble encore toutes ses forces pour démontrer que Freud est un imposteur, on pourrait se demander si sa prochaine cible ne sera pas les inventeurs du rock :-). Car le rock n'est-il pas un peu l'abolition du surmoi ?! C'est encore à cause de Freud tout "ça" !
Après "Rock'n philo" de Francis Métivier, je me suis plongée dans le livre "Culture Rock" de Denis Roulleau, attirée par les couleurs très "pop" et vitalisantes de la couverture. Je n'ai pas été déçue d'avoir traversé les mythes (au sens de Roland Barthes) de cette révolution culturelle. Aisément accessible, cette encyclopédie est composée de 250 entrées par ordre alphabétique, dans une ligne graphique très Rock & Folk. On peut y entrer par n'importe quelle lettre, l'effet psychédélique est assuré !


La culture rock, un mode de pensée aussi révolutionnaire que la psychanalyse ?
"Il y a des gens rock qui ne jouent pas du rock and roll : Jean-Paul Sartre n'a rien à voir avec le rock et pourtant il est rock ! C'est pour cela que, finalement, je crois qu'il s'agit d'une culture.", disait bizarrement Pete Townshend de The Who. Sartre, un philosophe rock and roll ? Ce n'est pas l'image la plus spontanée que nous avons de l'auteur de la Nausée, mais comme l'esprit rock est très ambivalent, le maître du paradoxe pourrait y faire figure d'icône !

Le rock irrigue tellement de domaines (littérature, cinéma, mode, graphisme...), qu'il est difficile d'en saisir un système de pensée. Une ligne directrice semble néanmoins se dégager nettement : se rebeller contre tout système, le pouvoir de la négation (attention nous frôlons le nihilisme). Dans le livre "Culture Rock", le rock se découvre (sans tout à fait se dévoiler) par des mots qui se lisent comme des tatouages de l'histoire du rock : Androgynie, Beat Generation (J. kerouac, A. Ginsberg et W. Burroughs), Charles Bukowski, Canal plus, Censure, Contre-culture, Comics, Deezer, Festivals, Flyers, Indépendant, les Inrockuptibles, Ipod, Jean, Libération, Logo, lunettes noires, MTV, Myspace, Boris Vian, Vinyle, pédale Wah-wah, the Wall... La mythologie du rock nous enivre. Si bien qu'à la fin, on a envie de jouer à un quizz : rock ou pas rock ? Exemples, les réseaux sociaux, c'est rock ou pas rock ? Twitter c'est rock, mais Facebook, avec ses avalanches de portraits "photoshopés", est bien trop lisse pour se prêter aux aspérités d'une guitare enragée. Entre Paris et Londres, quelle est la ville la plus rock ? Londres sans la moindre hésitation... Entre le journal Libération et Le Monde... Libé l'emporte largement. Mais pourquoi ? Pour comprendre, j'attends maintenant un livre sur la pensée rock and roll !

En attendant que sorte ce prochain livre, voici mon pronostic en philosophie (sans réfléchir) :
Les philosophes les plus rocks : Nietzsche et Schopenhauer
Les philosophes les moins rocks : Kant et Rousseau (quoiqu'encore Rousseau peut avoir un côté très naïf and folk !)

C'est bien évidemment discutable ! So, let's rock Kant...

"Culture rock, l'encyclopédie", Denis Roulleau, Flammarion, 2011.

Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 11 Novembre 2012 à 15:52 | Commentaires (2)

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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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