Jacques Attali
« Ceux qui pouvaient se résigner à en voir d'autres vivre dans une réalité différente de la leur ne pourront admettre durablement que le travail d'une personne soit évalué, dans la même monnaie, 1000 ou 10 000 fois plus que le leur. Aucun être humain ne mérite un tel écart, or les artistes, les inventeurs et tous ceux, infiniment rares, qui changent la nature du monde. En acceptant de voir leurs privilèges ainsi définis par la même unité de mesure que les revenus de survie de leurs employés, les dirigeants des entreprises prennent le risque de déclencher une véritable révolution. Dans les démocraties les plus avancées surgira l'idée d'un revenu maximal. Elle sera d'abord aussi insupportable aux puissants que le fut, en son temps, l'idée d'un revenu minimal. Puis elle fera son chemin et s'imposera, sans suffire à réduire les injustices, qui tiennent au moins autant à l'absence de mobilité sociale qu'à l'inégalité des revenus. Mais elle permettra, au moins, de donner un peu de réalité à cette proposition supposée fonder la démocratie : tout homme en vaut un autre. "
L'Express, 02/05/05
L'Express, 02/05/05
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attali
Eva Joly
"Vous savez bien que la réalité n’existe pas, il n’y a que la perception de la réalité qui existe. Et, dans cette perception, les symboles sont très importants. Pour notre « vivre ensemble », notre contrat social, il est vital que ces comportements cessent. Il existe un salaire minimum, il faudrait créer un salaire maximum. Depuis vingt ans, une frange de la population s’est autoproclamée indispensable et s’est arrogé des rémunérations délirantes. Il faut la ramener à la réalité."
site Altermonde-sans-frontières, 19 avril 2009
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article10316
site Altermonde-sans-frontières, 19 avril 2009
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article10316
José Bové
"Je souhaite aussi instaurer un salaire maximum car ce n'est pas normal que des gens gagnent cent fois le Smic."
Sud-Ouest, 16 avril 2009
Et aussi le lien vers une interview donnée à RMC : http://www.rmc.fr/blogs/bourdinandco.php?post/2009/04/15/un-revenu-maximum-d-environ-40-000-euros-par-mois
Sud-Ouest, 16 avril 2009
Et aussi le lien vers une interview donnée à RMC : http://www.rmc.fr/blogs/bourdinandco.php?post/2009/04/15/un-revenu-maximum-d-environ-40-000-euros-par-mois
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Vendredi 17 Avril 2009 à 19:16
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Commentaires (0)
Eux aussi sont pour
L'hebdomadaire Marianne promeut le combat pour la salaire maximum.
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« Il est vain de souhaiter, dans l’état actuel de l’évolution du monde — écrit-il ainsi dans Le Lion et la Licorne — que tous les êtes humains possèdent un revenu identique. Il a été maintes fois démontré que, en l’absence de compensation financière, rien n’incite les gens à entreprendre certaines tâches. Mais il n’est pas nécessaire que cette compensation soit très importante. Dans la pratique, il sera impossible d’appliquer une une limitation des gains aussi stricte que celle que j’évoquais. Il y aura toujours des cas d’espèce et des possibilités de tricher. Mais il n’y a aucune raison pour qu’un rapport de un à dix ne représente pas l’amplitude maximum admise. Et à l’intérieur de ces limites, un certain sentiment d’égalité est possible. Un homme qui gagne trois livres par semaines et celui qui en perçoit mille cinq cent par ans peuvent avoir l’impression d’être des créatures assez semblables [can feel themselves fellow creatures] ce qui est inenvisageable si l’on prend le duc de Westminster et un clochard de l’Embankment. »
George Orwell, Essais, Articles, Lettres, vol. 2, éditions Ivrea/L’Encyclopédie des nuisances, 1996, p. 126.
George Orwell, Essais, Articles, Lettres, vol. 2, éditions Ivrea/L’Encyclopédie des nuisances, 1996, p. 126.
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orwell
Le débat public sur la rémunération des hauts dirigeants ne tarit pas. Ce matin Xavier Bertrand, Brice Hortefeux et Alain Juppé en ont parlé sur les trois radios les plus populaires. Sans aborder la seule question qui vaille : le salaire maximum.
Décidément, les dirigeants de la droite s’inquiètent de la tournure prise par le débat public sur les rémunérations des dirigeants.
Xavier Bertrand a joué les délégués CGT sur RTL ce matin en promenant au bout d’une pique la tête de turc Daniel Bouton, ex-patron de la Société Générale, dont on apprend qu’il percevra un million d’euros de retraite. Il a aussi défendu le partage des profits en rappelant que les salariés y apportaient une contribution au moins aussi importante que celle des actionnaires.
Brice Hortefeux renvoie, lui, la balle sur le MEDEF : « les propositions du MEDEF n’étaient pas suffisantes » a-t-il dit sur Europe 1 .
Enfin Alain Juppé a évoqué sur France Inter l’hypothèse de la suppression des stock-options. Ce serait en effet une mesure de bons sens : les stock-options - surtout au moment où les cours sont aussi bas qu'aujourd'hui - sont l'une des bulles du capitalisme financier, qui diffusent auprès des salariés l'idée de capital virtuel, donc de richesse virtuelle.
30 à 40 fois le salaire minimum, c'est raisonnable !
Tous ces responsables ont compris quelque chose aux temps de crise, qui soulignent en rouge vif l'importance des inégalités dans nos sociétés et l'indécence de certains membres des élites à vouloir «continuer comme avant».
Mais les solutions proposées sont inadaptées :
- le décret du gouvernement ne concerne que les sociétés «aidées». Mais en France, comme l'a souligné Malakine, toutes les sociétés ou presque sont aidées, notamment sous la forme de dégrèvements de charges;
- les mesures proposées sont présentées comme transitoires, limitées dans le tempos jusqu'à 2010; ainsi être payé plusieurs dizaines de millions d'euros par an serait légitime, sauf en temps de crise ? Quel aveu!
En réalité, ce matin, la vérité est sortie de la bouche d'un auteur de France Inter, technicien chez Sun Microystem : il a calculé que, payé 3000 euros par mois, il gagnait 350 fois moins que son PDG!
Il faut arrêter de tourner autour du pot : en réalité, les salaires des dirigeants d'entreprise ne sont pas seulement choquants en temps de crise mais en permanence. Gagner plus de 50 000 ou 100 000 euros par mois n'a aucun sens ni pour le bénéficiaire, en incapacité de dépenser de telles sommes même s'il existent des cafetières à plusieurs milliers d'euros. Ils témoignent surtout d'un véritable dérèglement social : au dessus d'un certain niveau de rémunération, les hommes s'extirpent d'une société.
Le problème n'est pas nouveau. Au début des années 1990, bien avant les folies du capitalisme financier, Ségolène Royal avait proposé de limiter à 50 000 F le salaire maximal! La proposition parait presque surréaliste aujourd'hui!
Plus loin dans le temps, Henry Ford, l'homme qui avait compris qu'il valait mieux fabriquer des 2 CV que des Bugatti, avait pensé que le salaire du PDG ne devait pas excéder 40 fois celui de l'employé le plus mal payé de son entreprise. Cette proposition était considéré comme une condition de fonctionnement quasi anthropologique du système capitaliste.
De son côté, George Orwell pensait que ce rapport devait être de un à dix.
Plus près de nous, le blogueur Seb Musset penche pour le chiffre de trente, qui parait très raisonnable :
Mardi 31 Mars 2009 - 11:50
Philippe Cohen
http://www.marianne2.fr/Bonus,-stocks-options-il-faut-oser-le-salaire-maximum!_a177716.html
Xavier Bertrand a joué les délégués CGT sur RTL ce matin en promenant au bout d’une pique la tête de turc Daniel Bouton, ex-patron de la Société Générale, dont on apprend qu’il percevra un million d’euros de retraite. Il a aussi défendu le partage des profits en rappelant que les salariés y apportaient une contribution au moins aussi importante que celle des actionnaires.
Brice Hortefeux renvoie, lui, la balle sur le MEDEF : « les propositions du MEDEF n’étaient pas suffisantes » a-t-il dit sur Europe 1 .
Enfin Alain Juppé a évoqué sur France Inter l’hypothèse de la suppression des stock-options. Ce serait en effet une mesure de bons sens : les stock-options - surtout au moment où les cours sont aussi bas qu'aujourd'hui - sont l'une des bulles du capitalisme financier, qui diffusent auprès des salariés l'idée de capital virtuel, donc de richesse virtuelle.
30 à 40 fois le salaire minimum, c'est raisonnable !
Tous ces responsables ont compris quelque chose aux temps de crise, qui soulignent en rouge vif l'importance des inégalités dans nos sociétés et l'indécence de certains membres des élites à vouloir «continuer comme avant».
Mais les solutions proposées sont inadaptées :
- le décret du gouvernement ne concerne que les sociétés «aidées». Mais en France, comme l'a souligné Malakine, toutes les sociétés ou presque sont aidées, notamment sous la forme de dégrèvements de charges;
- les mesures proposées sont présentées comme transitoires, limitées dans le tempos jusqu'à 2010; ainsi être payé plusieurs dizaines de millions d'euros par an serait légitime, sauf en temps de crise ? Quel aveu!
En réalité, ce matin, la vérité est sortie de la bouche d'un auteur de France Inter, technicien chez Sun Microystem : il a calculé que, payé 3000 euros par mois, il gagnait 350 fois moins que son PDG!
Il faut arrêter de tourner autour du pot : en réalité, les salaires des dirigeants d'entreprise ne sont pas seulement choquants en temps de crise mais en permanence. Gagner plus de 50 000 ou 100 000 euros par mois n'a aucun sens ni pour le bénéficiaire, en incapacité de dépenser de telles sommes même s'il existent des cafetières à plusieurs milliers d'euros. Ils témoignent surtout d'un véritable dérèglement social : au dessus d'un certain niveau de rémunération, les hommes s'extirpent d'une société.
Le problème n'est pas nouveau. Au début des années 1990, bien avant les folies du capitalisme financier, Ségolène Royal avait proposé de limiter à 50 000 F le salaire maximal! La proposition parait presque surréaliste aujourd'hui!
Plus loin dans le temps, Henry Ford, l'homme qui avait compris qu'il valait mieux fabriquer des 2 CV que des Bugatti, avait pensé que le salaire du PDG ne devait pas excéder 40 fois celui de l'employé le plus mal payé de son entreprise. Cette proposition était considéré comme une condition de fonctionnement quasi anthropologique du système capitaliste.
De son côté, George Orwell pensait que ce rapport devait être de un à dix.
Plus près de nous, le blogueur Seb Musset penche pour le chiffre de trente, qui parait très raisonnable :
Mardi 31 Mars 2009 - 11:50
Philippe Cohen
http://www.marianne2.fr/Bonus,-stocks-options-il-faut-oser-le-salaire-maximum!_a177716.html
"Platon proposait il y a 2500 ans une différence de 1à 4 : 1 pour l'employé et 4 pour le patron. Aujourd'hui nous sommes à une différence de 1 à 400 pour les entreprises du CAC 40 !! Nous proposons un partage raisonnable de 1 à 10"
RMC, 31 mars 2009
http://www.rmc.fr/blogs/lesgrandesgueules.php?post/2009/03/31/La-notion-du-partage-des-richesses-doit-etre-au-coeur-d-un-debat-public-et-nationnal-Aurelie-Trouve
RMC, 31 mars 2009
http://www.rmc.fr/blogs/lesgrandesgueules.php?post/2009/03/31/La-notion-du-partage-des-richesses-doit-etre-au-coeur-d-un-debat-public-et-nationnal-Aurelie-Trouve
"Il faut instaurer un revenu maximal autorisé, de l’ordre de 30 fois le revenu médian, au-delà duquel les revenus seraient massivement imposés."
Blic revient de la manif, des tracts plein les poches, toute joyeuse, fredonnant "Les potes croquent, la planète craque", la chanson du quartette Nouhouh.
"Ah, tiens, Blork, ben, t’es pas venu ? -Non, je méditais. Comment être gentil avec le président ? -Gentil avec le président ?" Blic manque de s’étrangler.
"Gentil avec... ! -Eh oui. Obsessionnel du pouvoir, fasciné par l’argent, incapable de passer ses vacances ailleurs que chez des milliardaires, ce pauvre garçon a besoin d’aide. -Mais enfin..."
Blic cherche ses mots...
"C’est le pire président qu’on ait eu depuis le maréchal Pétain, le plus couché devant les puissants, le plus dangereux pour les libertés publiques ! -On est bien d’accord, chère Blic. Mais enfin, ce porte-parole de l’oligarchie, ce sont bien les Français qui l’ont élu ? Et la gauche, elle disait quoi quand il faisait campagne ? Non, il faut aider ce pauvre Sarkozy. Tiens, écoute ce qu’écrit le collectif Sauvons les riches."
En entendant Sauvons les riches, Blic s’évanouit. Blork ne le remarque pas et lit à voix haute : "Il faut sauver les riches de leur vie clinquante, vulgaire, et tellement triste. Notre mission : ramener sur terre les Bernard Arnault, Serge Dassault et autres Jacques Séguéla. Il faut instaurer un revenu maximal autorisé, de l’ordre de 30 fois le revenu médian, au-delà duquel les revenus seraient massivement imposés." Blork s’arrête : "Moi, je veux faire un gentil smac au président - un bon gros salaire maximum anticumul." Il rit de sa facétie, en mimant des baisers qu’il envoie à tous les anges.
Dans son dos, Blic, encore étourdie, se relève.
"Heu, c’est bien la chronique écologie, ici ?, balbutie-t-elle. -Et comment !, s’exclame Blork. Pourquoi réduire ces rémunérations insensées ? -Oui, pourquoi ?, demande Blic, qui reprend ses esprits. -Pour l’écologie ! D’abord, les super-riches, par leur délire consommatoire, imprègnent toute la société d’un modèle de consommation matérielle insensée. Regarde Séguéla et sa Rolex... Il faut changer ce modèle culturel. Alors, smac. Ensuite, pour prévenir l’aggravation de la crise écologique, il faut réduire collectivement notre consommation matérielle et notre consommation d’énergie. Mais les classes moyennes ne voudront pas changer leurs habitudes s’il y a toujours ces super-ringards au sommet. Donc, il faut réduire l’inégalité. Smac, smac. Enfin, ces oligarques amassent un trésor dont on a besoin, pour aider les pauvres à passer la crise de sortie du capitalisme et pour investir dans les activités qui ont un faible impact écologique, créent des emplois et ont une vraie utilité sociale : santé, éducation, culture, agriculture, énergie sobre, transports en commun... Donc, smac, smac, smac."
Blork sourit, béat. Blic a l’air très contente. Blork l’interroge : "Au fait, ils ont parlé de la crise écologique, à la manif ?"
Article publié dans Le Monde du 22-23 mars 2009.
"Ah, tiens, Blork, ben, t’es pas venu ? -Non, je méditais. Comment être gentil avec le président ? -Gentil avec le président ?" Blic manque de s’étrangler.
"Gentil avec... ! -Eh oui. Obsessionnel du pouvoir, fasciné par l’argent, incapable de passer ses vacances ailleurs que chez des milliardaires, ce pauvre garçon a besoin d’aide. -Mais enfin..."
Blic cherche ses mots...
"C’est le pire président qu’on ait eu depuis le maréchal Pétain, le plus couché devant les puissants, le plus dangereux pour les libertés publiques ! -On est bien d’accord, chère Blic. Mais enfin, ce porte-parole de l’oligarchie, ce sont bien les Français qui l’ont élu ? Et la gauche, elle disait quoi quand il faisait campagne ? Non, il faut aider ce pauvre Sarkozy. Tiens, écoute ce qu’écrit le collectif Sauvons les riches."
En entendant Sauvons les riches, Blic s’évanouit. Blork ne le remarque pas et lit à voix haute : "Il faut sauver les riches de leur vie clinquante, vulgaire, et tellement triste. Notre mission : ramener sur terre les Bernard Arnault, Serge Dassault et autres Jacques Séguéla. Il faut instaurer un revenu maximal autorisé, de l’ordre de 30 fois le revenu médian, au-delà duquel les revenus seraient massivement imposés." Blork s’arrête : "Moi, je veux faire un gentil smac au président - un bon gros salaire maximum anticumul." Il rit de sa facétie, en mimant des baisers qu’il envoie à tous les anges.
Dans son dos, Blic, encore étourdie, se relève.
"Heu, c’est bien la chronique écologie, ici ?, balbutie-t-elle. -Et comment !, s’exclame Blork. Pourquoi réduire ces rémunérations insensées ? -Oui, pourquoi ?, demande Blic, qui reprend ses esprits. -Pour l’écologie ! D’abord, les super-riches, par leur délire consommatoire, imprègnent toute la société d’un modèle de consommation matérielle insensée. Regarde Séguéla et sa Rolex... Il faut changer ce modèle culturel. Alors, smac. Ensuite, pour prévenir l’aggravation de la crise écologique, il faut réduire collectivement notre consommation matérielle et notre consommation d’énergie. Mais les classes moyennes ne voudront pas changer leurs habitudes s’il y a toujours ces super-ringards au sommet. Donc, il faut réduire l’inégalité. Smac, smac. Enfin, ces oligarques amassent un trésor dont on a besoin, pour aider les pauvres à passer la crise de sortie du capitalisme et pour investir dans les activités qui ont un faible impact écologique, créent des emplois et ont une vraie utilité sociale : santé, éducation, culture, agriculture, énergie sobre, transports en commun... Donc, smac, smac, smac."
Blork sourit, béat. Blic a l’air très contente. Blork l’interroge : "Au fait, ils ont parlé de la crise écologique, à la manif ?"
Article publié dans Le Monde du 22-23 mars 2009.
Dans la proposition de loi déposée à l'Assemblée Nationale et au Sénat par les parlementaires du Parti de Gauche, il est indiqué :
Article 17 : « Il est institué un salaire maximum légal dont le montant ne peut pas dépasser vingt fois celui du salaire minimum. Le salaire maximum légal inclut, le cas échéant, la partie fixe du salaire et la partie variable en fonction des objectifs prévus au contrat de travail ou du chiffre d'affaire généré par l'activité du salarié ».
http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1560.asp
http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1560.asp
Le gouvernement néerlandais est le premier pays à adopter une réglementation contre les rémunérations excessives des dirigeants. Le pays a mis en œuvre depuis le 1er janvier 2009 une politique fiscale taxant les bonus, parachutes dorés et autres augmentations de salaires, allant jusqu’à 30%. Pionniers en la matière, les Pays-Bas espèrent être les précurseurs d’une nouvelle ère.
C'est un jeune député du parti travailliste (PVDA), majoritaire à l'assemblée, qui est principalement à l'origine d'une loi qui risque bien de révolutionner les pratiques des grands dirigeants de compagnies installées sur le sol néerlandais. Paul Tang, qui passait pour un utopiste il n'y a pas si longtemps, voit, en effet, son texte adopté et mis en pratique le 1er janvier de cette année. Sont visés dans cette loi, les grands patrons dont le revenu dépasse les 500 000 euros annuels : retraites « gonflées », parachutes dorés et compagnies gérant des fonds d'investissement seront désormais sérieusement taxés. Pas moins de 15% d'imposition sur les bénéfices d'une société qui augmenterait le salaire de son dirigeant juste avant son départ en retraite, 30 % sur la prime de départ de ce même dirigeant si celle-ci dépasse son salaire annuel, et enfin 25 % sur le gain des compagnies qui gèrent des fonds d'investissement. Les bonus n'échappent pas à cette nouvelle fiscalité: « La crise du crédit est en partie due aux bonus que les directeurs d’établissements financiers touchent quand ils font beaucoup de bénéfices », constate le Ministre des Finances Wouter Bos, « ils doivent, par conséquent être justifiés », ajoute-t-il. Et de menacer : « Si le secteur financier lui-même ne s’accorde pas sur ce point, nous devrons le faire par loi », l'idée étant d'exiger le remboursement des-dits bonus par les grands patrons de banque et de compagnies d'assurance en cas de "mauvaise gestion".
Inefficacité du Code de bonne conduite
Si le gouvernement hausse ainsi le ton, c'est en grande partie pour apaiser la colère exprimée par les néerlandais, suite à plusieurs scandales financiers. Déjà en 2004, le gouvernement est incité à créer un code de bonne conduite des dirigeants, suite à l'énorme scandale financier du géant de la distribution Ahol, condamné pour avoir truqué ses résultats. Ce code, dit « code Tabaksblat », du nom de l'ancien directeur d'Unilever choisi pour en rédiger les 100 propositions, se voulait un outil de gouvernance des affaires. Aucune obligation de s'y plier, cependant, les dirigeants ayant pour seule obligation d’expliquer leur refus - C’est d’ailleurs sur ce même principe que repose le code d’éthique du MEDEF en France-. Son application fut donc sans réelle surprise un échec, en particulier sur la rémunération des dirigeants, et notamment la règle stipulant que les primes de départs ne devaient pas excéder un an de salaire…Cette disposition n’a jamais été appliquée.
Enfin, le démantèlement en 2007 de ABN Amro, la plus grande banque du pays, qui entraina la perte de 7 500 emplois pendant que son PDG Rijkman Groenink partait avec un pactole de 30 millions d'euros, fut l'affaire de trop ! La fierté nationale et l'esprit égalitaire fortement prégnant dans la culture néerlandaise ne l’ont pas supporté.
Aujourd’hui, les mentalités semblent changer. Récemment, le PDG de la banque ING , Jan Hommen, -qui enregistre toujours de sérieuses pertes malgré l'injection de 10 milliards d'euros par le gouvernement-, se plie à l'injonction du Ministre des Finances Wouter Bos et renonce, ainsi que ses principaux actionnaires, à percevoir tout bonus pour 2008 et 2009. Cet ancien dirigeant de Philips renonce aussi à percevoir un quelconque salaire jusqu'à 2010, quand la nouvelle politique de rémunération du groupe sera fixée. Floris Deckers, président du conseil d’administration de la banque néerlandaise Van Lanschot Bankie vient quant à lui de présenter ses excuses, à la demande du Ministre des Finances, pour sa responsabilité dans la crise financière.
De manière générale, les principaux grands dirigeants s'expriment très peu sur le sujet. Le plus grand syndicat patronal néerlandais (le VNO-NCW) qui, à propos de cette nouvelle loi fiscale, se contente d'agiter l'habituel chiffon rouge des délocalisations a déclaré : « Nous n'avons pas de réaction particulière sur le sujet, sinon qu'il y a toujours le risque que nous perdions des compétences internationales à cause de mesures nationales ».
Enfin, le groupe franco-allemand EADS, dont le siège est installé juridiquement à Amsterdam "pour des raisons de gouvernance et de neutralité terrritoriale", va-t-il quitter cette domiciliation ? « Non", répond le groupe. "EADS ne déménagera pas. L’entreprise restera à Amsterdam malgré cette loi du 1er janvier ». De fait, les Pays-Bas espèrent bien ne pas rester le seul pays à prendre des mesures contraignantes à l'égard des grands patrons et observent attentivement la politique du président américain Obama, concernant les salaires supérieurs à 500 000 dollars.
Sandrine Dumont à Rotterdam (Pays-Bas)
Mis en ligne le : 19/03/2009 © 2009 Novethic Tous droits réservés
Inefficacité du Code de bonne conduite
Si le gouvernement hausse ainsi le ton, c'est en grande partie pour apaiser la colère exprimée par les néerlandais, suite à plusieurs scandales financiers. Déjà en 2004, le gouvernement est incité à créer un code de bonne conduite des dirigeants, suite à l'énorme scandale financier du géant de la distribution Ahol, condamné pour avoir truqué ses résultats. Ce code, dit « code Tabaksblat », du nom de l'ancien directeur d'Unilever choisi pour en rédiger les 100 propositions, se voulait un outil de gouvernance des affaires. Aucune obligation de s'y plier, cependant, les dirigeants ayant pour seule obligation d’expliquer leur refus - C’est d’ailleurs sur ce même principe que repose le code d’éthique du MEDEF en France-. Son application fut donc sans réelle surprise un échec, en particulier sur la rémunération des dirigeants, et notamment la règle stipulant que les primes de départs ne devaient pas excéder un an de salaire…Cette disposition n’a jamais été appliquée.
Enfin, le démantèlement en 2007 de ABN Amro, la plus grande banque du pays, qui entraina la perte de 7 500 emplois pendant que son PDG Rijkman Groenink partait avec un pactole de 30 millions d'euros, fut l'affaire de trop ! La fierté nationale et l'esprit égalitaire fortement prégnant dans la culture néerlandaise ne l’ont pas supporté.
Aujourd’hui, les mentalités semblent changer. Récemment, le PDG de la banque ING , Jan Hommen, -qui enregistre toujours de sérieuses pertes malgré l'injection de 10 milliards d'euros par le gouvernement-, se plie à l'injonction du Ministre des Finances Wouter Bos et renonce, ainsi que ses principaux actionnaires, à percevoir tout bonus pour 2008 et 2009. Cet ancien dirigeant de Philips renonce aussi à percevoir un quelconque salaire jusqu'à 2010, quand la nouvelle politique de rémunération du groupe sera fixée. Floris Deckers, président du conseil d’administration de la banque néerlandaise Van Lanschot Bankie vient quant à lui de présenter ses excuses, à la demande du Ministre des Finances, pour sa responsabilité dans la crise financière.
De manière générale, les principaux grands dirigeants s'expriment très peu sur le sujet. Le plus grand syndicat patronal néerlandais (le VNO-NCW) qui, à propos de cette nouvelle loi fiscale, se contente d'agiter l'habituel chiffon rouge des délocalisations a déclaré : « Nous n'avons pas de réaction particulière sur le sujet, sinon qu'il y a toujours le risque que nous perdions des compétences internationales à cause de mesures nationales ».
Enfin, le groupe franco-allemand EADS, dont le siège est installé juridiquement à Amsterdam "pour des raisons de gouvernance et de neutralité terrritoriale", va-t-il quitter cette domiciliation ? « Non", répond le groupe. "EADS ne déménagera pas. L’entreprise restera à Amsterdam malgré cette loi du 1er janvier ». De fait, les Pays-Bas espèrent bien ne pas rester le seul pays à prendre des mesures contraignantes à l'égard des grands patrons et observent attentivement la politique du président américain Obama, concernant les salaires supérieurs à 500 000 dollars.
Sandrine Dumont à Rotterdam (Pays-Bas)
Mis en ligne le : 19/03/2009 © 2009 Novethic Tous droits réservés
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