"Nous pensons qu'il faut instaurer un revenu maximum autorisé indexé au revenu minimum (1 à 4 ?)"


Europe décroissance
Europe décroissance
Aller vers une société de la sobriété.

Faire croire que les problèmes d’aujourd’hui pourraient se traduire par le mot « crise » est intellectuellement malhonnête. D’une part, parce qu’en entendant « crise » nous ne pouvons pas nous empêcher de croire qu’elle ne serait que passagère, et qu’à la fin de celle-ci tout pourra redevenir comme avant. D’autre part, parce que, crise ou pas crise, crise de la croissance ou pas crise de la croissance, nous maintiendrions notre critique de la société de croissance.

Pourquoi ?

Parce qu’aujourd’hui, si tous les humains vivaient comme un Européen, il faudrait au moins 3 planètes. Ce modèle de développement n’est donc pas généralisable : il doit être remis en question. Parce que 20% de la population s’accapare 86% des ressources naturelles. Devant ces irresponsabilités écologiques et ces inégalités sociales, il est urgent de réaliser que nous ne produirons et ne consommerons plus jamais comme avant cette « crise » car nous atteignons les limites des ressources naturelles de notre terre.
Ces limites nous obligent aujourd’hui à voir les choses bien autrement. C’est pour ça que nous ne voulons pas appeler cela une « crise » mais une « métamorphose », métamorphose dorénavant nécessaire pour « décoloniser nos imaginaires » afin d’engendrer des comportement plus sobres et plus vertueux.
Il est temps de comprendre que l’humain ne se réduit pas au couple producteur-consommateur et qu’il est urgent de réinventer de nouveaux usages individuels et collectifs qui nous transforment enfin en usagers de toutes sortes plutôt qu’en consommateurs aliénés. Il appartient alors à l’Europe dont la surconsommation nuit gravement à l’ensemble de l’humanité, de rétablir un équilibre qui commence par la sobriété de nos modes de vies : alors, oui, d’autres mondes sont possibles.

Quitter le couple infernal productivisme/capitalisme

Le capitalisme et le productivisme font de l’humain la variable d’ajustement des stratégies de croissance, à travers le chômage, la délocalisation, les mépris des droits des hommes, des femmes et des enfants. Si le capitalisme a le formidable pouvoir de susciter le désir de la possession et du paraître, il ne peut nous faire oublier les valeurs que nos sociétés modernes sont censées défendre : l’égalité, la fraternité, le partage, le « liyannaj kont pwofitsyon ». L’économie doit répondre à nos besoins et non créer sans cesse des désirs toujours insatisfaits. Il convient alors de définir démocratiquement les besoins de notre société (ressources alimentaires, logement, santé, éducation, transport, « produits de haute nécessité »...) et de permettre à chacun d’y avoir accès, sans être contraint d’entrer dans une compétition de chaque individu contre chaque individu.

Dans cette optique, nous pensons qu’il faut :

Instaurer un revenu social européen garanti financé par une refonte des impôts sur les sociétés et sur le revenu, et par une réforme des prestations sociales : pour protéger tous les « sans-voix » qui seront de plus en plus nombreux et leur garantir des droits souverains sur les biens publics mondiaux.

Instaurer un revenu maximum autorisé indexé au revenu minimum (1 à 4 ?), réformer en profondeur nos modes de production pour un partage du temps de travail en adaptant la durée hebdomadaire des salariés (28 heures ? 4 jours ?), les temps partiels (pour qu’ils soient voulus et non imposés), le départ à la retraite (pour qu’il soit fonction des pénibilités du travail et ne favorise plus l’isolement).

Mettre en place la gratuité ou quasi-gratuité du « bon usage » et le renchérissement du « mésusage » (pourquoi payer au même prix l’eau que l’on boit et celle qui remplit les piscines privées ? le même prix pour un objet réparable et le même jetable ?) Pourquoi faudrait-il continuer à confondre propriété d’usage avec la propriété abusive.

Retrouver la liste Europe-Décroissance sur leur site : http://nanorezo.free.fr

Tags : décroissance
le Dimanche 31 Mai 2009 à 12:26 | Commentaires (0)

Eux aussi sont pour

Nos sympathiques amis du collectif "Sauvons les riches" qui militent joyeusement pour l'établissement d'un salaire maximum se sont invités à la cantine du Président...


"Sauvons les riches" s'invite dans un palace parisien
Le collectif "Sauvons les riches" s'est invité dans les jardins de l'hôtel Bristol, palace parisien où Nicolas Sarkozy a ses habitudes, pour persuader les "vrais riches" de changer de vie.

Il a eu cependant beaucoup de mal à résister au service de sécurité, qui a fini par évacuer manu militari plusieurs meneurs, a constaté Reuters.

Au départ, la quinzaine de militants voulait aller "à la rencontre des vrais riches anonymes qui déjeunent à 95 euros le plat" dans le "resto du président", à deux pas de l'Elysée, dans le VIIIe arrondissement.

"On est là pour leur dire: 'Il est temps de revenir sur terre, on est là pour vous sauver'", explique un porte-parole, Manuel Domergue.

Le groupe, qui agit dans le cadre de la campagne d'Europe Ecologie pour les européennes, entend convaincre les plus riches de changer de mode de vie et d'accepter une hausse conséquente des impôts des plus fortunés.

Il s'est déjà illustré en surprenant le publicitaire Jacques Séguéla lors d'un déjeuner sur les Champs-Elysées ou en jetant une pantoufle en direction du dirigeant François Pérol lors d'une assemblée générale de Natixis.

"Sauvons les riches" a également remis un "diplôme de fils à papa" à Jean Sarkozy lors de la conférence que donnait "le Dauphin de la place Dauphine", fils du chef de l'Etat, au Rotary-Club.

L'opération "Bristol" s'est avérée plus compliquée.

Quatre militants ont d'abord pris place à une table réservée par téléphone, tandis qu'à l'extérieur leurs camarades s'équipaient de baguettes de pain et de boîtes de fromage à tartiner.

"TRISTES À MOURIR"

"On veut dire aux riches qu'ils peuvent changer de vie, pour leur bien. Une baguette avec du fromage, c'est pas mal aussi. Leur vie n'est même pas enviable. Regardez les Grimaldi de Monaco, ces gens-là sont tristes à mourir", explique Manuel Domergue.

"On leur propose de ne gagner que 30.000 à 40.000 euros par mois. Leur vie sera peut-être plus belle avec moins d'argent", ajoute-t-il.

Le militant porte sur le crâne la casquette de la police de New York "qui fait l'admiration de notre président" et qu'il enlève avant le début de l'action, pour ne pas effaroucher les portiers du palace.

Peu de temps après, la quinzaine de militants suivie par une meute de journalistes traverse sans encombre le hall jusqu'aux jardins où seules cinq tables sont occupées par de rares clients déjeunant au soleil dans un silence feutré.

Aussitôt, le groupe fait entendre le générique de la série "Dallas" et explique le sens de son action à l'aide d'un petit mégaphone. Aucune personnalité ne semble présente.

"Moi, ça me fait sourire", dit une cliente d'un ton un peu pincé, expliquant être venue exceptionnellement pour l'anniversaire de son mari. "C'est la première fois que nous venons."

Non loin, un homme d'âge mûr accompagné d'une femme affirme que son mode de vie "n'est pas si éloigné" de celui des membres du collectif. "Je ne suis pas très éloigné de comprendre ce qu'ils font", précise-t-il prudemment.

Mais, entre-temps, le personnel du palace d'abord médusé a décidé de prendre les choses en main. Quelques employés se présentant comme des membres du service de sécurité saisissent par le bras plusieurs meneurs et tentent de les entraîner dans les sous-sol. L'un sera jeté à terre, un autre rudoyé jusqu'à ce que l'arrivée des caméras leur sauve la mise.

REUTERS | 22.05.2009 | 15:05
Par Gérard Bon
Edité par Guy Kerivel

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/topnews_reuters/20090522.REU0116/sauvons_les_riches_sinvite_dans_un_palace_parisien.html

Voir la vidéo : http://www.lepost.fr/article/2009/05/22/1546653_le-collectif-sauvons-les-riches-ejecte-de-facon-muscle-du-bristol.html

le Samedi 23 Mai 2009 à 09:17 | Commentaires (0)

Revue de presse

Par Jean-Philippe Huelin, professeur d’histoire-géographie, militant socialiste et coauteur d’un essai à paraître sur les mutations sociales et politiques des couches populaires en France.


Retrouver la décence commune
On croyait être blasé de tout dans le néolibéralisme : la crise et son cortège de chômage, nous étions tristement préparés à les voir débouler dans l’actualité un jour ou l’autre, mais ce qui révolte le plus les « simples » citoyens que nous sommes, c’est bien l’étalage des salaires grands-patronaux à la une de nos journaux. Le faramineux répond au superflu, l’ostentatoire au scandaleux… jusqu’à la nausée. Si la colère gronde, elle se focalise sur des chiffres qui dépassent l’entendement !

Bien plus qu’hier encore, la « common decency » de George Orwell demeure un horizon pour tous les gens de bonne volonté. Lui qui n’envisageait l’existence d’un sentiment d’égalité que dans un rapport salarial de 1 à 10 au maximum, il abominerait notre société encore plus que la sienne. Face à cette injustice sociale, qui est d’abord une aberration éthique, notre devoir est de nous attaquer à ce système.

Pour cela, la question du salaire maximum s’impose comme une piste de sortie de crise. Certes, cette mesure ne peut pas tout régler ; elle a néanmoins le mérite de poser le problème là où cela fait le plus mal, au cœur du système. La détermination commune d’un niveau de salaire maximum pourrait finalement être la meilleure façon de poser en termes simples un problème essentiel dans le débat public : celui de la place de la richesse dans notre société.

Plus qu’un principe éthique, l’établissement d’un salaire maximum pourrait être la première pierre d’un programme alternatif au néolibéralisme. Il a de plus le mérite de pouvoir réconcilier gauche utopique et gauche gestionnaire : à la première le parfum du doux rêve qui se réalise, à la seconde la mission de bâtir un « RMI à l’envers ». Pour donner une base de discussion à tous, le site Pour un salaire maximum (www.salairemaximum.net) rassemble les contributions, invite chacun à proposer les modalités de son établissement et entend surtout faire vivre et imposer cette question dans le débat public.

Tribune libre parue dans l'Humanité du 9 mai 2009
http://www.humanite.fr/2009-05-09_Tribune-libre_Retrouver-la-decence-commune

Tags : huelin
le Lundi 11 Mai 2009 à 16:25 | Commentaires (0)

Revue de presse

Le site www.salairemaximum.net est lancé pour promouvoir un large débat public visant à l’établissement d’un salaire maximum.


Jean-Philippe HUELIN
Jean-Philippe HUELIN
Notre crise n’a rien de moderne et son ancienneté remonte à l’Antiquité grecque. C’est une crise de l’hubris, c’est-à-dire de la démesure. Elle est née d’une volonté rapace de captation de richesses qui rappelle à ceux qui ont fait leurs humanités l’ambition folle de certains Grecs à vouloir se hisser à la hauteur des dieux. L’accumulation outrancière de richesses est en effet au cœur d’un système rongé par le vice de la démesure.

Rien de nouveau sous le soleil donc ? La « moralisation du capitalisme » répond le chœur des coryphées du système. Prenons-les au mot et faisons de cette tarte à la crème notre nectar et notre ambroisie : et si la moralisation venait d’abord par une limitation à s’enrichir à l’excès ? Est-il « moral » de permettre à certains de gagner l’équivalent du travail de mille autres. Dans quel système un homme peut-il en valoir mille ?

C’est pourquoi, l’établissement d’un salaire maximum qui rétribue le plus justement le travail de chacun, en tenant compte de son mérite, de ses responsabilités et du temps qu’il y passe s’impose comme une piste de sortie de crise. Certes, cette mesure ne peut pas tout régler ; elle a néanmoins le mérite de poser le problème là où cela fait mal, au cœur du système. La détermination commune d’un niveau de salaire maximum pourrait finalement être la meilleure façon de poser simplement un problème complexe dans le débat public.

Faire tomber l’éthique dans la politique ! Une pincée d’Aristote pour diluer tous les Onassis du monde capitaliste ! Un doux rêve diront certains mais qui a pour lui la force du symbole et une popularité certainement aussi forte que son petit frère le « salaire minimum ». Le principe ainsi posé, on doit en discuter les modalités et le site « Pour un salaire maximum » (www.salairemaximum.net) y invite chacun. Il rassemble les contributions, encore trop peu nombreuses, sur le sujet et entend surtout faire vivre et imposer cette question dans le débat public.

L'appel lancé par l'hebdomadaire Marianne sur son site Internet permet déjà de rassembler un certain nombre d'hommes politiques, d'économistes et de journalistes qui soutiennent l'instauration d'un salaire maximum. Dans la discrète campagne des européennes, la liste Europe-Ecologie et le Parti de Gauche mettent en avant cette proposition. Aujourd’hui, il importe d’inviter tous les courants et tous les composantes de la Gauche (et d'ailleurs) à se saisir de cette question afin d’en faire une mesure-phare d'un programme alternatif dans la perspective des élections de 2012.

Jean-Philippe HUELIN, directeur de la publication du site www.salairemaximum.net

Tags : huelin
le Jeudi 7 Mai 2009 à 18:00 | Commentaires (0)

Analyse

" Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez dans leur mangeoire. Et non seulement ils se sont enrichis de façon honteuse, mais ils ont entrainé l’économie dans des phases de cycle courts, dans le court terme, les bulles et les krach. "


 Faut-il limiter les rémunérations des patrons ?, par Bernard Maris
Vous savez qu’il existe un salaire minimum, faut-il un salaire maximum ? Sachant qu’à ce salaire maximum s’ajoutera du revenu du capital, via les dividendes, les rémunérations pour participations à des conseils d’administration, les attributions d’options etc. Mais se pose une question : pourquoi les rémunérations des patrons ont-elle explosé ? Les patrons d’aujourd’hui ne sont pas plus géniaux que ceux d’autrefois, ils n’ont pas de neurones supplémentaires, mais ce sont les entreprises et les conditions de leur direction qui a changé.

Avec plusieurs effets pervers

Premier effet pervers, déjà souligné par Galbraith, la dispersion du capital entre une multitude d’actionnaires qui sont totalement impuissants. La « démocratie » du capital est une calembredaine, seuls les gros actionnaires peuvent avoir quelque influence sur les conseils d’administration, où la consanguinité est la règle. C’est pourquoi les entreprises familiales sont beaucoup plus exigeantes en matière de salaire des dirigeants que les entreprises où les patrons n’en font qu’à leur tête. Deuxième effet pervers : l’asymétrie d’information. Quand vous êtes patron, vous savez des tas de choses que les autres ne savent pas. En matière de produits, de vente, de bilan etc. Les dirigeants privilégient systématiquement leur propre intérêt au détriment des actionnaires, ne parlons pas des salariés dont ils n’ont que faire.

Comment lutter contre ce phénomène d’ « asymétrie » ?

Les économistes, qui sont de grands enfants, ont inventé une théorie, dite « théorie de l’agence » qui permet de lutter théoriquement (je dis bien théoriquement !) contre ce genre de problème. Les actionnaires vont inciter les patrons à jouer dans le même sens qu’eux. Et comment ? en leur distribuant des stock options, tiens, ce qui va les inciter à faire flamber le cours des actions. Théorie totalement, ne disons pas stupide, mais naïve, évidemment : les stock options incitent les dirigeants à faire flamber évidemment la valeur des actions, par des rachats d’actions, des fusions acquisitions, à s’enrichir énormément à court terme, tout en sachant que leur activité serait sans doute préjudiciable à la firme à long terme. Bref, les dirigeants ont fait jouer le principe « take the money and run ». Comme le marché, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez dans leur mangeoire. Et non seulement ils se sont enrichis de façon honteuse, mais ils ont entrainé l’économie dans des phases de cycle courts, dans le court terme, les bulles et les krach. Elle y est encore !

La phrase : « Mundus est immundus » Saint Augustin.

Chronique du 6 mai 2009
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lautreeconomie/index.php?id=79217

le Jeudi 7 Mai 2009 à 17:59 | Commentaires (0)

Revue de presse

Europe-Ecologie
Europe-Ecologie
Proposition 12- Un revenu minimum d’existence et un revenu maximum

En cette période de crise économique et sociale, l’établissement d’un revenu minimum d’existence est plus que jamais indispensable. La solidarité, base de notre modèle social, doit bénéficier à tous les citoyens européens. Ce revenu minimum serait financé par chaque Etat membre et supérieur au seuil de pauvreté de chaque pays, soit 60 % du revenu médian.

Nous proposons par ailleurs la fixation d’un revenu maximum, fixé à 30 fois le minimum annuel par exemple. Au-delà, les revenus seraient au choix largement imposés ou reversés à des fondations, associations, organismes d’intérêt général.

http://www.europeecologie.fr/reseau/les-billets/la-proposition-un-revenu-minimum-d-existence-et-un-revenu-maximum

Tags : propositions
le Mercredi 6 Mai 2009 à 13:57 | Commentaires (0)

Proposition

Signataires de l'appel
Signataires de l'appel

le Mercredi 6 Mai 2009 à 13:10 | Commentaires (0)

Eux aussi sont pour

Rémunération des hauts dirigeants - Yves Michaud veut un salaire maximum


Un débat qui touche également le Canada
«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillage de l'avoir des actionnaires», croit le fondateur du MEDAC

Selon Yves Michaud, du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, «il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes».

Les hauts dirigeants des grandes entreprises touchent des rémunérations «himalayennes» et il est plus que jamais temps de leur imposer des limites, affirme le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires. Au gouvernement d'agir.

Yves Michaud n'a absolument pas fini d'en découdre avec les grandes entreprises. Cette fois-ci, il espère lancer un débat sur l'imposition d'une «rémunération maximale» des grands dirigeants de celles-ci, à l'instar de celui mené par différents économistes et intellectuels français. Et selon lui, ce sera aux élus de leur forcer la main en légiférant.

«Il faut maintenir, dans l'opinion publique, le débat sur les rémunérations absolument pharaoniques, excessives, himalayennes, outrageantes, indécentes -- choisissez le terme que vous voulez -- des dirigeants d'entreprise, qui ne sont pas au service des actionnaires, mais plutôt à leur service à eux», lance-t-il d'entrée de jeu en entrevue au Devoir.

«Les salaires exagérés et démentiels sont une forme de pillage de l'avoir des actionnaires, en plus de donner un fort mauvais exemple, soutient le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). Dans la majorité des cas, c'est de l'enrichissement sans cause.»

Une situation déplorable rendue possible grâce à la complicité des conseils d'administration, «qui servent d'estampilles à caoutchouc, qui sont complaisants et qui sont au service de la direction, alors qu'ils sont élus pour défendre les intérêts des actionnaires».

Insistant sur le fait qu'«on ne peut se fier aux conseils d'administration», M. Michaud propose plutôt de lancer «une pétition gigantesque» qui permettrait de faire pression sur la classe politique, au point de forcer le gouvernement du Québec à légiférer en la matière. Il suggère ainsi, par exemple, que tout revenu excédant un million de dollars soit imposé à 90 %.

Exemples européens

Une proposition similaire a été lancée sous forme de pétition publiée sur le site de l'hebdomadaire Marianne par des économistes bien en vue, notamment Samir Amin, et soutenue par le cofondateur du Parti socialiste en France, Jean-Pierre Chevènement. «Ce n'est pas une question de morale mais de société, insistent-ils. Le système hyper-inégalitaire que nous connaissons vient d'exploser, il nous faut inventer autre chose.»

Les Pays-Bas, rappelle M. Michaud, ont justement adopté une réglementation qui fait office de pionnier contre les rémunérations des dirigeants qui excèdent 500 000 euros, soit environ 785 000 $. Depuis le 1er janvier, le pays a mis en œuvre une politique fiscale taxant les bonus, les parachutes dorés et autres augmentations de salaire, allant jusqu'à 30 %.

Dans certains autres États européens, comme la Norvège et la Suède, on ne doit pas seulement consulter les actionnaires au sujet du programme de rémunération des dirigeants, il faut soumettre le plan à un vote décisionnel. Et début avril, les membres du G20 se sont engagés à mettre en place des principes «fermes» sur la rémunération dans les compagnies.

Celui qui a été surnommé le Robin des banques a fait part de son idée à «plusieurs membres» du Parti québécois, mais aussi du Parti libéral du Québec. Il devrait en outre contacter les formations politiques de la scène fédérale à cet effet. Il faut dire qu'au Canada, il n'existe aucune mesure contraignante. Jusqu'à présent, le gouvernement Harper n'a pas non plus fixé de règle spéciale à l'intention des institutions financières qui bénéficient de son aide en cette période tourmentée.

Vote «consultatif»

Le MEDAC a néanmoins remporté une petite victoire en faisant adopter, par les grandes banques canadiennes, une proposition qui stipule que la politique de rémunération de leurs hauts dirigeants doit faire l'objet d'un vote «consultatif» auprès des actionnaires. Au MEDAC, on précise que la Financière Manuvie et BCE devraient voter en ce sens lors de leurs assemblées, qui se tiennent demain. Power Corporation a pour sa part refusé de suivre.

Aux États-Unis, l'administration de Barack Obama a annoncé en février que le total du salaire et des bonus versés aux principaux dirigeants des entreprises qui bénéficieront d'une «aide exceptionnelle» du gouvernement américain ne devra pas dépasser 500 000 $US par année.

Mais ce resserrement des règles pourrait bien n'être, pour ces entreprises, qu'un mauvais moment à passer, observait en février Claudio Gardonio, conseiller principal en rémunération des cadres supérieurs chez Mercer, au cours d'un entretien avec Le Devoir. «Cela ne durera qu'un temps. Une fois la crise passée, le gouvernement n'aura plus de raison de fixer la rémunération des dirigeants d'entreprise et elle reviendra à ce qu'elle était auparavant. Ce n'est pas la première fois que l'on traverse une récession et que l'on affirme en avoir tiré des leçons. Ces bonnes intentions sont chaque fois oubliées aussitôt la crise terminée.»

Selon une étude du Centre canadien des politiques alternatives publiée au début de 2008, l'écart entre la rémunération d'un p.-d.g. et celle d'un salarié moyen atteint aujourd'hui 218 fois. Dix ans auparavant, un tel rapport était de 104 fois.

http://www.ledevoir.com/2009/05/06/249052.html

Tags : Canada
le Mercredi 6 Mai 2009 à 08:45 | Commentaires (0)

Revue de presse

Un appel du site Marianne2 qui relaie notre initiative.
Nous sommes de plus en plus nombreux !


Un Appel pour le salaire maximum
Le Comité des Sages sur les abus des rémunérations des grands patrons, mandaté par le MEDEF et l'AFEP, va commencer à travailler. On se souvient que ledit Comité avait été créé après la grosse colère de Nicolas Sarkozy contre la rémunération des dirigeants de la Société Générale.
Mais comme beaucoup de coups de gueules présidentiels, on sait déjà que celui-ci ne sera guère suivi d'effets. D'abord parce que le Comité a limité son champ d'intervention aux entreprises qui recourent « massivement » au chômage partiel ou à des plans sociaux « d'ampleur ». Ensuite parce que le sage désigné pour présider le Comité, Claude Bébéar dispose de plusieurs jetons de présence dans des grands groupes (Axa, mais aussi Schneider, Vivendi et BNP-Paribas). Même s'il est l'auteur inspiré du livre « Ils vont tuer le capitalisme », co-écrit avec Philippe Manière, le quotidien fort peu gauchiste Les Echos se demande s'il est le mieux placé pour aider les grands patrons à prendre conscience de ce que peuvent avoir de choquant leurs pratiques dans ce domaine.

Il faut donc nous occuper nous-même de lancer le débat public. C'est l'objet de cette appel, que nous appelons à signer et faire signer. La limitation de la rémunération des dirigeants ne résoudra pas à elle seule la crise. Mais sa valeur symbolique est forte. Et il n'y a aucune raison pour les sacrifices et les efforts ne soient concentrés que sur les salariés sous prétexte qu'ils sont les plus nombreux. Ce n'est pas une question de morale mais de société : le système hyper-inégalitaire que nous connaissons vient d'exploser, il nous faut inventer autre chose.

Pour un salaire maximum

Avec la crise économique a surgi le débat sur le salaire maximum qui aurait été jugé totalement ringard voici encore quelques mois.
Pourtant, cette proposition est de bon sens. Elle est même un symbole indispensable si les dirigeants veulent montrer qu’ils ont compris quelque chose au marasme actuel et qu’ils ne souhaitent pas que tout revienne « comme avant ».
Le salaire maximum, ou mieux, la rémunération maximale, intégrant bonus et primes, est presque une nécessité : le salarié le mieux payé d’une entreprise vit dans la même société que celui qui est le plus mal payé. Si le premier gagne, comme c’est le cas aujourd’hui, 300 ou 400 fois, voire 5 ou 600 fois plus que le second, il n’a aucune chance de comprendre son univers et donc de prendre des décisions raisonnables qui le concernent. Conscient du problème, l’écrivain George Orwell avait proposé que le salaire du chef d’entreprise ne puisse jamais être plus de dix fois celui de l’ouvrier le plus mal payé.
Pour Henry Ford, qui avait deviné qu'il vaudrait mieux fabriquer des 2 CV que des Jaguar, la bonne proportion était 40 fois.
Dans la France de 2009, cela représente environ 500 000 euros de rémunération annuelle, ce qui est déjà une somme motivante. Le plafond pourrait être instauré par la loi ou par une mesure fiscale comme aux Etats-Unis, taxant à 80 ou 90% les revenus au-delà d’un certain niveau. Bref, la méthode se discute, mais le principe doit s’imposer au législateur le plus vite possible.

Premiers signataires : Samir Amin (économiste), Philippe Cohen (journaliste), Eric Conan (journaliste), Laurent Cordonnier (économiste), Liêm Hoang-Ngoc (économiste), Frédéric Lordon (économiste), Bernard Maris (économiste), Hervé Nathan (journaliste), Dominique Pilhon (économiste), Christophe Ramaux (économiste), Gilles Raveaud (économiste), Bertrand Rothé (économiste), Maurice Szafran (journaliste), Jacques Sapir (économiste), Henri Sterdyniak (économiste), Bruno Tinel (économiste), Michel Le Net
(président d'honneur du Cercle d'Ethique des Affaires).

Soutenus par : Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Glavany, Jean-François Kahn, Marie-Noëlle Lienemann, Jean-Luc Mélenchon, Alain Liepietz.

Pour signer l'appel pour un salaire maximum, allez sur le lien suivant:
http://www.marianne2.fr/Un-Appel-pour-le-salaire-maximum_a179349.html?com&start=50#comments

le Mardi 5 Mai 2009 à 17:40 | Commentaires (0)

Appel et pétition

"On n’a jamais autant parlé de «revenu minimum garanti» ni de «revenu maximal autorisé». Même Obama se dit partisan d’un salaire maximum annuel de 200 000 dollars."


Paul Ariès
Paul Ariès
Voici une interview de Paul Ariès, politologue et écrivain, directeur de la publication Le Sarkophage. Elle est parue samedi 2 mai dans le journal Libération, à l'occasion du Contre-Grenelle de l'environnement, organisé à Lyon.

Comment un partisan de la décroissance traverse-t-il la période actuelle, frappée par une crise financière, économique et sociale ?

D’un côté, cette crise repousse toujours plus loin le sentiment d’urgence écologique… L’heure est à défendre le pouvoir d’achat et les emplois. On repousse à demain l’idée qu’il faille non pas seulement mieux partager les richesses, mais aussi changer la recette du gâteau car ce gâteau est totalement indigeste socialement et écologiquement. La meilleure preuve en est la relance de l’industrie automobile. On sait que la voiture est condamnée écologiquement mais on continue à la favoriser. Cette crise risque aussi de renforcer le sentiment d’impuissance : chacun sait bien que le ciel risque de nous tomber sur la tête mais on ne sait pas quoi faire. D’un autre côté, la crise actuelle montre que nous avons vécu sur des mensonges depuis des décennies. Non, il n’est pas possible d’avoir une croissance infinie dans un monde fini. Non, on ne peut pas toujours accélérer sans que cette vitesse ne finisse par être insupportable. Non, l’avenir n’est pas au village planétaire mais à une Europe où chaque pays aurait ses propres moyens de vivre. Les gens ne croient plus en des lendemains radieux pour leurs enfants et leurs petits-enfants.

Les jeunes ont aussi ce sentiment d’être les laissés-pour-compte de cette société d’abondance. Ils parlent avec colère de leur appartenance à la génération des bac + 5 à 1 000 euros. Les idées de la décroissance sont donc beaucoup plus facilement compréhensibles. Il va falloir apprendre à vivre beaucoup mieux avec beaucoup moins. Il faut organiser le ralentissement de la société et sa relocalisation. Il faut retrouver individuellement et collectivement le sens des limites.

La crise apparaît-elle comme une bonne nouvelle pour les objecteurs de croissance ?

La crise n’est pas une bonne nouvelle, ni une revanche, pour la décroissance. Je n’ai cessé de combattre l’idée d’une pédagogie des catastrophes chère à l’économiste Serge Latouche. Les crises accouchent en effet plus souvent d’Hitler et de Staline que de Gandhi. Les crises nous font oublier ce que nous savons, comme le prouve la relance du nucléaire. La crise est génératrice de misères matérielles mais aussi morales. Hannah Arendt disait qu’il n’y a rien de pire qu’une société fondée sur le travail sans travail. J’ajouterai qu’il n’y a rien de pire qu’une société de croissance sans croissance. La crise est donc porteuse à la fois du pire et du meilleur.

A quoi ressemblerait ce meilleur ?

La crise peut être l’occasion de démentir tous ceux qui rêvent d’une société d’abondance. Elle peut être l’occasion pour la gauche de rattraper son retard théorique. La gauche mondiale est en effet dans une impasse politique car elle campe encore dans l’idée qu’il faudrait faire croître le gâteau (PIB) avant de pouvoir le partager plus équitablement. Les objecteurs pensent, au contraire, que puisqu’il n’est plus possible de faire croître le gâteau, la question du partage des ressources, sans cesse repoussée, devient plus que jamais incontournable.

C’est-à-dire ?

La première des décroissances que nous voulons est celle des inégalités sociales car c’est la condition première pour que les autres décroissances puissent être acceptables. Pas seulement par souci de justice sociale mais pour casser la logique actuelle d’imitation des modes de vie des classes aisées par les classes moyennes, car ce mode de vie petit-bourgeois n’est tout simplement pas généralisable. Puisqu’on ne pourra pas tous demain vivre comme des riches, il faut donc redevenir des «partageux». Puisque la planète ne pourra pas supporter trois milliards d’automobilistes, il faut sortir de la civilisation de la voiture et développer des transports en commun urbains quasi gratuits.

La crise actuelle est une crise systémique. Il n’est donc pas possible de penser trouver une issue en réglant quelques dysfonctionnements. J’avais montré dans Décroissance ou barbarie [éd. Golias] que la crise qui s’annonçait était autant une crise financière, économique, sociale, politique, institutionnelle que symbolique. Nous devons donc être capables de répondre à tous ces niveaux. Ce qui fait lien c’est la perte du sens des limites. Notre société capitaliste et productiviste a totalement sombré dans la démesure.

Un individu incapable de se donner des limites va nécessairement les chercher dans le réel : conduites à risque, toxicomanies, suicides, etc. Pour une société, c’est la même chose : incapable de se donner des limites, elle va aussi les chercher dans le réel : explosion des inégalités, épuisement des ressources, réchauffement planétaire, etc. La grande question est donc notre capacité à renouer avec le sens des limites, ce qui suppose d’en finir avec l’économisme et l’idéologie du progrès. Il faut au contraire faire primer la culture et le politique. La culture qui nous immunise contre les fantasmes les plus archaïques (toute-puissance, idée d’un monde sans limite), et la politique comme définition de la loi, première limite que nous rencontrons dans la société.

Cette crise est l’occasion idéale pour, peut-être, ouvrir la voie à toutes ces réflexions…

Le bilan de la crise au regard de nos thèses est en fait contradictoire. Sur le versant positif, on peut citer une prise en compte de nos questionnements par différentes sensibilités politiques, sociales, écologiques et par de grandes institutions comme la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, ndlr] qui demande, par exemple, un moratoire sur les OGM ou par l’ONU qui rappelle que le problème n’est pas de produire plus d’aliments mais d’éviter d’en gaspiller le tiers.

Une nouvelle gauche écologiste se cherche, mais elle n’est pas encore à la hauteur des enjeux. Elle ne sait pas encore comment concilier les contraintes environnementales avec son souci de justice sociale et le besoin de reconnaissance (de dignité) face à une société du mépris. Elle propose donc sa propre version rose, rouge ou verte de la croissance face à la croissance bleue de Sarkozy. Einstein disait que lorsqu’on a la tête sous forme de marteau on voit tous les problèmes sous forme de clous. Il faut donc changer notre façon de penser, décoloniser notre imaginaire de consommateur. Le «toujours plus» n’est pas la solution ni dans le cadre du capitalisme, ni dans celui du socialisme. On n’a jamais autant parlé de «revenu minimum garanti» ni de «revenu maximal autorisé». Même Obama se dit partisan d’un salaire maximum annuel de 200 000 dollars.

D'Obama à Borloo, tout le monde pique des idées aux objecteurs de croissance. Ça sent l'effet de mode, non?

Tout le monde se veut aujourd’hui écolo depuis, notamment, la mascarade du Grenelle de l’environnement. Conséquence : on parle de plus en plus de croissance verte, de capitalisme vert, bref on a tout oublié. Le pire est lorsque la décroissance passe dans certains médias pour être un discours d’adaptation à la crise. Comme si nous faisions la pub des hard discount et des prix bas, voire de la récupération dans les poubelles pour les plus pauvres. La décroissance n’est pas une stratégie d’adaptation individuelle ou collective à la misère du monde. Elle ne propose pas des recettes pour vivre avec moins et l’espoir de pouvoir reconsommer demain comme avant.

Nous ne sommes pas des consommateurs radins ou malins, nous sommes des militants politiques qui veulent changer le monde. Nous ne donnons pas des recettes pour apprendre à mieux se serrer la ceinture en conservant le sourire. Nous ne sommes pas dans l’union sacrée pour sauver le système. Nous cultivons le dissensus car nous pensons que ce système est foncièrement mauvais, immoral et dangereux.

Les objecteurs de croissance semblent avoir du mal à se constituer politiquement. Comment l’expliquez-vous ?

Nous avions proposé au Front de gauche (Parti de gauche et PCF) et au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de faire régionalement exception en accordant une tête de liste pour les européennes à un objecteur de croissance afin de montrer que la gauche en a fini avec son productivisme. Le grand danger serait que des forces politiques instrumentalisent certains de nos thèmes pour tenter de se verdir. Mon espoir était que les partis des gauches prennent au sérieux les questions que pose la décroissance ainsi que les débuts de réponses que nous apportons depuis des années. L’échec des négociations avec le NPA d’une part, et le Front de gauche, d’autre part, prouve que ces gauches ne sont pas encore à la hauteur des enjeux historiques.

Elles ne sont pas encore prêtes à rompre totalement avec leur passif productiviste ou ne croient pas que les gens y seraient prêts. Nous avions suggéré au Parti de gauche de se dire Parti de gauche écologiste… Nous aurions aimé que le NPA se nomme Nouveau Parti anticapitaliste et antiproductiviste (NP2A). On nous a répondu que l’écologie allait suffisamment de soi pour ne pas avoir besoin d’être dite. On a même ajouté qu’il faudrait alors se dire antiraciste, antisexiste comme si la gauche avait été sexiste et raciste de la même façon qu’elle fut et reste productiviste et consumériste. Les milieux de la décroissance sont aussi responsables de cet échec par leur immaturité politique, par leur sectarisme idéologique ou leur refus de tout engagement politique.

Pourquoi faire parti ?

Se compter est d’abord une contrainte politique en démocratie. Si la vérité est en partage, donc aux suffrages, nous devons affronter le suffrage universel. Nous le devons d’autant plus que nous avons confiance dans la force de nos idées, dans la capacité à convaincre et à gagner une majorité de citoyens à notre combat. S’organiser est aussi la seule façon, aujourd’hui, d’être reconnu comme partenaire. Pour l’instant, la seule utilité des objecteurs de croissance est d’obliger l’ensemble des forces politiques à se positionner face à cette mutation civilisationnelle. Il y aura ensuite des décroissances de gauche et d’autres de droite et même d’extrême droite.

J’appartiens de cœur et de raison à la gauche et elle reste ma famille de pensée. Je pense cependant que ce passage par l’objection de croissance lui est indispensable. Sinon, la gauche est condamnée à disparaître non seulement en raison de la montée en puissance des nouveaux démocrates, mais aussi en raison de son incapacité à en finir avec son passif et son passé productivistes. La gauche doit devenir écologiste au moment même où le terme est vidé de son sens. La seule façon aujourd’hui d’être partisans de l’écologie politique, c’est d’être pour l’objection de croissance.

Comment s’articule la décroissance ?

Selon trois formes de résistance. D’abord, la simplicité volontaire qui consiste à vivre en conformité avec ses valeurs. Cela semble aller de soi mais toute une tradition politique remettait aux lendemains du Grand Soir ce changement nécessaire des modes de vie et comme ce grand soir ressemblait souvent à des petits matins blêmes, on n’a finalement pas changé grand-chose. Tout ce qui va dans ce sens est donc positif, comme ne pas avoir de voiture, travailler à temps partiel, etc.

Mais si nous ne faisions que cela, la simplicité volontaire serait doublement dangereuse. Elle pousserait les objecteurs à se vivre comme les nouveaux parfaits, les nouveaux Cathares, à jouer à «plus-décroissant-que-moi-tu-meurs». La décroissance passerait alors d’un discours politique à une logique religieuse.

Le second piège serait d’entériner la division de la société et sa tendance à la dualisation. Notre but n’est pas de vivre entre nous une utopie concrète, il est de changer fondamentalement la société. Ensuite, les expérimentations collectives sont également indispensables. Nous devons bricoler des alternatives dans les franges, dans les marges et au cœur de la société.

Nous devons cependant être conscients que le capitalisme a une extraordinaire capacité de récupération. Il a détourné l’idée de microcrédit pour étendre la marchandisation. Il a dénaturé l’agriculture biologique pour en faire la bio-industrie. Pour finir, un troisième niveau de résistance, politique cette fois, est nécessaire.

Lequel ?

Nous devons inventer un paradigme politique capable d’articuler la prise en compte des contraintes environnementales avec le souci d’égalité sociale et le besoin de reconnaissance face à une société qui fonctionne toujours plus au mépris. L’idée d’une gratuité du bon usage face au renchérissement, ou à l’interdiction du mésusage, me semble constituer le socle de toute refondation d’une véritable alternative politique.

Non seulement parce qu’elle permet de répondre aux enjeux anticapitalistes et antiproductivistes, mais aussi parce qu’elle est à même de susciter le désir puisque nous portons la gratuité chevillée au corps. L’eau potable va devenir toujours plus rare au XXIe siècle, raison de plus pour en rendre son usage normal gratuit et pour interdire son mésusage, comme le gaspillage et pas seulement dans les golfs…

Quelle est la définition objective de l’usage et du mésusage ?

C’est aux citoyens de décider à tous les niveaux ce qu’est une consommation normale ou abusive. La décroissance est donc une façon de donner du grain à moudre à la démocratie participative, sinon elle ne sera qu’une illusion incapable de mobiliser le peuple et de lui rendre le pouvoir.
Pour cela, il faudrait réussir à prendre le pouvoir…

Si nous échouons politiquement, c’est aussi de notre faute. Nous sommes dans une période de recomposition totale, la gauche est toujours dans une impasse : le non majoritaire de la Constitution européenne ne sera pas, ou peu, représenté aux prochaines européennes.

On peut reprocher tout ce que l’on veut à la société consumériste, mais on n’arrivera à sa cheville en matière de désir. Cette société sait capter le désir : nous sommes tombés dedans il y a soixante-dix ans et nous en voulons encore. Pour la décroissance, reste à rendre le projet désirable.

http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2009/05/il-faut-rendre-la-d%C3%A9croissance-d%C3%A9sirable.html#more

le Lundi 4 Mai 2009 à 18:39 | Commentaires (0)

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