« Il faut resserrer l'éventail de la disparité des revenus. » (mais il faudra fixer les modalités avec Europe Ecologie)



Tags : EELV Hulot
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Jeudi 9 Juin 2011 à 13:35 | Commentaires (0)

Eux aussi sont pour

Extrait d'un sondage Harris Interactive pour Tilder et l’Institut Montaigne intitulé "Les Français, les valeurs et le bien commun"


Pour rendre le « monde de l’entreprise » plus juste, 25% des personnes interrogées favorables à un salaire maximum
Pour rendre le « monde de l’entreprise » plus juste, la mesure la plus approuvée est l’augmentation du salaire minimum, avec 41% de citations, devant la prévention du stress au travail (31%), la création d’un salaire maximum (25%) et la transparence des rémunérations (23%). On le voit, par « inégalités dans le monde du travail », les Français entendent souvent « inégalités salariales » : c’est principalement sur le levier de la rémunération que se joue pour eux la question de la justice dans l’entreprise, et le sentiment d’injustice est davantage alimenté par une attente d’aide envers les salariés en bas de l’échelle (augmenter le salaire minimum) que par une sanction des hauts revenus (création d’un salaire maximum). Les autres propositions sont citées par moins d’un quart des Français, que ce soit le développement de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (21%), la lutte contre les discriminations (18%), l’augmentation de la présence de femmes dans les instances dirigeantes (15%) ou l’amélioration du lien intergénérationnel dans l’entreprise (11%).

L’augmentation du salaire minimum est particulièrement citée par les femmes (45%, pour 36% des hommes), les catégories populaires (48%, pour 35% des catégories supérieures) et les sympathisants de Gauche (50%, pour 24% des sympathisants de Droite), mais aussi par les personnes sans préférence partisane (41%). De façon générale, la proximité politique a une influence sur le jugement porté à l’égard des différentes orientations proposées, puisque les sympathisants de Gauche soutiennent davantage la prévention du stress au travail et la création d’un salaire maximum (respectivement 31% et 29% à Gauche, pour 25% et 22% à Droite), quand les sympathisants de Droite sont plus nombreux à valoriser la transparence des rémunérations et le développement de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (respectivement 27% et 27% à Droite, pour 23% et 22% à Gauche). Soulignons également que les hommes citent davantage que les femmes la création d’un salaire maximum (30% pour 21%) et la transparence des rémunérations (27% pour 19%), quand la lutte contre les discriminations et l’augmentation de la présence de femmes dans les instances dirigeantes sont au contraire davantage citées par les femmes (respectivement 21% et 20%) que par les hommes (respectivement 14% et 10%).

Retrouver la totalité de l'enquête ici

Tags : sondage
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Mercredi 8 Juin 2011 à 14:48 | Commentaires (0)

Info et débat

"La nouvelle est tombée au début du mois de mai : hors stock options et autres actions gratuites, le salaire moyen des P-DG du CAC 40 s’est fixé en 2010 à 2,4 millions d’euros. Soit 150 fois le salaire minimum. En hausse de 20% par rapport à l’année précédente, année de « vaches amincies », destinée à montrer que les patrons, eux-aussi, souffraient dans leur chair suite à la crise financière et économique". Où l’auteur conclut à la nécessité d’instaurer conjointement un revenu maximum et un revenu minimum.


Les rémunérations obscènes
La nouvelle est tombée au début du mois de mai : hors stock options et autres actions gratuites, le salaire moyen des patrons des P-DG du CAC 40 s’est fixé en 2010 à 2,4 millions d’euros. 150 fois le salaire minimum. En hausse de 20% par rapport à l’année précédente, année de « vaches amincies », destinée à montrer que les patrons, eux-aussi souffraient dans leur chair suite à la crise financière et économique [1]. « Profits et bonus obscènes » avait déclaré Barak Obama dans son discours de l’Union en janvier 2010 pour s’offusquer des pratiques de Wall Street. Les rémunérations obscènes sont devenues le vecteur emblématique de la crise idéologique ouverte par la crise de 2008. L’enrichissement extrême permis par la libéralisation financière est devenue la passion dominante de la finance et de la banque bien sûr, mais aussi de la direction des grandes entreprises. On la trouve également dans l’industrie du spectacle, sportif ou non.

Ce monde flamboyant et son principe de disproportion alimenté par la recherche d’un statut que seules semblent pouvoir satisfaire des rémunérations toujours plus élevées, et que les codes de bonne conduite du MEDEF ne sauraient restreindre. Les rémunérations obscènes stupéfient le mode économique ordinaire. Tout en croyant que les grands patrons ne gagnent que 850 000 euros (Olivier Galland et Michel Forsé, Les Français et l’inégalité, 2011) 65% des français trouvent ce revenu (sous évalué de presque 300% !) trop élevé et proposent de le ramener à 320 000 euros.

Va-t-on voir se reconstituer une fine couche de très riches, ce 1% de ménages qui percevaient à eux seuls presque 20% de la richesse produite en 1928 ? Il est temps de mettre en place un revenu maximum d’existence, comme il existe un revenu minimum d’existence. La ruine du lien d’égalité symbolique entre les individus inégaux que magnifient les rémunérations obscènes fait surgir une crainte devant les possibilités de domination arbitraire. Quand on mesure les bonus en années de vie-salaire, minimum ou médian, on peut aussi dire que les détenteurs de ces rémunérations obscènes peuvent commander, pour chaque million d’euros perçus, le travail de plusieurs dizaines de personnes.

Les effets sociaux de l’inégalité produite par les rémunérations obscènes ne s’arrêtent pas là. De même qu’il existe des activités sociales qui détruisent les ressources naturelles (la qualité de l’air, la reproduction de l’environnement, etc.), des activités sociales peuvent détruire les ressources sociales (les sentiments de justice, la confiance, etc.). Les rémunérations obscènes sont une forme de pollution dont la diminution améliorerait l’environnement social et politique. Deux épidémiologistes anglais (Richard Wilkinson et Kate Pickett, The Spirit Level. Why Equality is Better for Every One, 2009) en ont récemment apporté une belle démonstration en indiquant que l’inégalité économique était le facteur qui expliquait le mieux la manière dont une vaste gamme de pathologies sociales étaient distribuées dans un ensemble de pays riches ainsi qu’entre les différents Etats américains. L’anxiété chez les adolescents, les pathologies mentales, l’usage des drogues illégales, l’obésité chez les adolescents comme chez les adultes, la maternité chez les adolescentes, les homicides, le nombre de personnes mises en prison croissent avec les inégalités de revenus. À l’inverse, la confiance dans les autres, l’espérance de vie des hommes à la naissance diminuent avec les inégalités. Lorsque les données sont disponibles, comme c’est le cas pour les performances scolaires des enfants ou pour les taux de mortalité, la comparaison entre deux pays très inégalitaires (les Etats-Unis et le Royaume-Uni) montre que la situation est pire dans le plus inégal des deux pays y compris pour les plus riches. La pollution sociale atteint même ceux qui sont sensés en profiter !

La solution est politique. Il faut traduire les intérêts du plus grand nombre en une force politique capable de réduire les rémunérations obscènes en raison de ses effets sociaux négatifs sur l’esprit public et le bon fonctionnement des sociétés. L’arme traditionnelle, dont Thomas Piketty a montré l’efficacité dans la période 1945-1980, est celle de la politique fiscale : des taux marginaux progressifs peuvent limiter l’attrait des très hauts revenus puisqu’une part croissante de ceux-ci va dans les caisses publiques. Dans un récent ouvrage, développant une proposition très argumentée et très habilement mise à disposition de tous, ils montrent comment une réforme fiscale de grande ampleur peut être réalisée, assurant une progressivité effective de la fiscalité prise dans son ensemble [2]. Il est intéressant de remarquer que la réforme proposée repose sur un taux de prélèvement effectif de 60% sur les revenus des détenteurs des rémunérations obscènes, ceux qui reçoivent plus de 100 000 euros mensuels. Et rien n’empêche, ainsi qu’ils le suggèrent, d’aller au-delà.

On peut aussi chercher à réduire l’émission de cette pollution sociale comme on a taché de réduire la pollution atmosphérique. Une première option serait celle d’un impôt qui ferait porter une partie du coût social de la pollution par le pollueur, selon le principe de pollueur-payeur. Une deuxième option consisterait à créer un marché de droits à polluer socialement. Une fois définie une limite politiquement acceptable des pollutions sociales, les entreprises voulant verser à leurs dirigeants des rémunérations obscènes seraient obligées de racheter les droits non utilisés par les entreprises plus « vertueuses ». Une autre possibilité consisterait à réserver la vente de ces droits à une institution dont les revenus ainsi créés abonderaient des fonds destinés à améliorer la vie des plus démunis. Ce serait un second pas essentiel pour lutter contre les effets politiquement et socialement dévastateurs des rémunérations obscènes.

[1] Une version légèrement réduite de ce texte a paru dans la rubrique « rebonds » de Libération (vendredi 13 mai 2011) ; par ailleurs, ce texte prend appui sur les conclusions d’un ouvrage, Les rémunérations obscènes. Sociologie d’une injustice, à paraître en octobre 2011 à La Découverte.

[2] Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez, Pour une révolution fiscale. Un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle, 2011. L’ouvrage est couplé à un site internet (www.revolution-fiscale.fr permettant de réaliser des simulations correspondant à différents scénarios de réforme.

Philippe Steiner, « Les rémunérations obscènes », Revue du MAUSS permanente, 7 juin 2011 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article816

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Mercredi 8 Juin 2011 à 14:38 | Commentaires (0)

Analyse

Animateur du site « Pour un salaire maximum » et coauteur de « Voyage au bout de la droite » (Mille et une nuits, 2011), Jean-Philippe Huelin défend l'idée qu'une loi pour le salaire maximum serait un symbole judicieux pour la campagne présidentielle de 2012.


Le salaire maximum : aujourd'hui dans Pater, demain dans la loi ?
Histoire d'une complicité puis d'un affrontement entre un président de la République (Alain Cavalier, le réalisateur) et son Premier Ministre (Vincent Lindon), le film Pater avance et défend l'idée d'un salaire maximum indexé sur le salaire minimum selon un coefficient qui sur lequel les deux hommes sont en désaccord : le Premier Ministre pense que le ratio doit être de un à dix, le président penche pour un à quinze. Pater ne figure pas au palmarès du festival, l’honneur des festivaliers est donc sauf !

Loin de la Croisette néanmoins, l’idée fait son chemin depuis le lancement de la pétition de Marianne en 2009. Elle fait aujourd’hui partie du programme des principaux partis de gauche : écart maximum de 1 à 20 entre les plus bas et les plus hauts salaires dans chaque entreprise pour le Parti de gauche, revenu maximal qui correspondrait à 30 fois le revenu médian pour Europe écologie - Les Verts, même le PS y vient puisque dans son projet pour 2012, il propose « qu'au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. » L’avancée peut paraître timide par rapport aux autres partis de gauche, il n’en reste pas moins que c’est un progrès encore inenvisageable il y a quelque temps…

Dans cette précampagne présidentielle, le salaire maximum sert de marqueur. Il est de presque tous les discours de Jean-Luc Mélenchon qui n’hésite jamais, avec son verbe gouailleur, à ressusciter le Georges Marchais de 1981 qui disait sur le plateau de l’émission Cartes sur table : « Au-dessus de 4 millions (d’anciens francs), 100% d'impôt, je prends tout ! » Eva Joly le reprend à son compte sans que Nicolas Hulot, étrangement, n’en fasse autant. Rien encore du côté des candidats socialistes à la primaire mais Arnaud Montebourg devrait sans doute le défendre pour donner du contenu symbolique à son socialisme de transformation. N’oublions pas qu’un récent sondage de l'Ifop publié par L’Humanité (1) montrait contre toute attente que la mesure recevait le soutien de 75% des personnes interrogées.

Le salaire maximum serait certes une mesure symbolique, c’est sa limite mais c’est sa principale force. Comment entrer dans un débat aussi ardu que celui sur la fiscalité sans annoncer une rupture avec les excès de la période actuelle ? Le salaire maximum pourrait être l’accroche populaire à la révolution fiscale si brillamment défendu par le trio Landais-Piketty-Saez (2). On ne pourra pas faire croire aux Français qu’on va sérieusement réformer l’impôt sur le revenu en lui redonnant sa nécessaire progressivité sans fixer de limites à la goinfrerie des hauts salaires. Un nouveau partage entre travail et capital passe par un retour à une décence commune qui rend impossible des écarts de revenus de 1 à 400.

Le salaire maximum est donc une formidable arme dont pourra se saisir un candidat de gauche qui voudrait battre le président sortant au second tour. Pour retrouver un écho et une crédibilité dans les couches populaires, le candidat de l’alternative en aura bien besoin.

(1) L’Humanité du 11 janvier 2011
(2) Pour une révolution fiscale, Le Seuil, 2011

Jean-Philippe Huelin - Tribune | Lundi 30 Mai 201

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Lundi 30 Mai 2011 à 13:32 | Commentaires (0)

Revue de presse

Dans le projet socialiste pour 2012
3.1.2 Limiter les écarts de rémunérations

Pour réduire les inégalités, combattre le déclassement qui frappe les salariés, revaloriser le mérite et l'effort, les écarts de salaires devront être limités.

L'Etat actionnaire et employeur doit donner l'exemple. Nous proposons qu'au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. Dans les autres, l'assemblée générale des actionnaires, sur proposition du conseil d'administration après avis du comité d'entreprise, fixera ce ratio.

Voir dans le contexte, page 13 : http://www.parti-socialiste.fr/projet

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Samedi 28 Mai 2011 à 00:20 | Commentaires (0)

Proposition

Le salaire maximum au festival de Cannes
Histoire d'une complicité puis d'un affrontement entre un président de la République (Alain Cavalier, le réalisateur) et son Premier Ministre (Vincent Lindon), le film "Pater" avance et défend l'idée d'un salaire maximum indexé sur le salaire minimum selon un coefficient qui est la seule pomme de discorde entre les deux hommes : Lindon pense que le ratio doit être de un à dix, le président penche pour un à quinze. Parmi les répliques du Premier Ministre, notons celle-ci : « Dans une entreprise, quand le dernier ouvrier, non qualifié, touche cinquante fois moins que son patron, il y a quelque chose qui ne va pas. »


Tags : cinéma
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Vendredi 27 Mai 2011 à 17:01 | Commentaires (0)

Info et débat

Alors que le gouvernement s'enlise sur la question du pouvoir d'achat, une étude universitaire fait le point sur 30 ans d'évolution des salaires. Pour 90 % des salariés, la progression de leur pouvoir d'achat est à peine visible, quand le haut du panier s'est acordé de royales augmentations. Résultat: une hausse des inégalités. Le rapport entre les salaires moyens de ces deux populations est passé de 1 à 23 en 1980 à 1 à 81 en 2007.


Pouvoir d'achat: 340% d'augmentation pour les plus riches en 30 ans
« Je serai le président de l’augmentation du pouvoir d’achat ». Si Nicolas Sarkozy peine à tenir la promesse de campagne du candidat qu’il fut en 2006, la faute toute entière en reviendrait à cette satanée « crise sans précédent ». Les heures sup inclues dans la loi TEPA (Travail, emploi, pouvoir d’achat) la réforme phare de juillet 2007 : raté question pouvoir d’achat ! La baisse de la TVA dans la restauration : encore ratée !

En sortant la fameuse prime de 1 000 euros pour les salariés des entreprises qui versent de plantureux dividendes, Nicolas Sarkozy croyait tenir sa recette miracle. Mais ni le patronat, ni les syndicats n’ont gouté la cuisine élaborée à l’Elysée et servie dès vendredi par François Baroin, le ministre du budget.

Laurence Parisot, la patronne du Medef, n’avale pas le coté obligatoire de la mesure. Et de prêcher pour une baisse des charges et de la fiscalité, façon de retourner la balle à l'envoyeur. Du coté des syndicats, on n’apprécie guère l’épaississement de la feuille de salaire via une prime, par nature non permanente, surtout quand seulement « 15 à 20% des salariés », principalement au sein des grandes entreprises, seraient concernés, comme le martèle François Chéréque, patron de la CFDT. « Que demandent les salariés aujourd'hui ? Ils veulent plus sur leur fiche de paye, c'est tout simple », conclu Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force Ouvrière.

Augmenter les salaires

Une récente étude réalisée par Olivier Godechot
, chercheur à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris, confirme cette atonie de la feuille de salaire des salariés du privé. Certes cela ne date pas d’hier. La dynamique inégalitaire qui a vu les 0,01% plus riches capter l’essentiel des augmentations de salaires, à l’œuvre depuis près de 30 ans, s’est cependant amplifiée.

Quand en 1980, ce gros millier de super salariés gagnaient 23 fois ce que 90% des salariés touchaient (413 035 euros de 2007 par an contre 17 716 euros). 27 ans plus tard en 2007, ce ratio est multiplié par presque 4 : il monte à 81. En réalité, cette explosion des inégalités résulte d’une course entre les lièvres du top management, sphère où se côtoient les stars du sport, des PDG, mais surtout les beaux gosses du monde de la finance et les cohortes de tortues où se mêlent ouvriers, employés et cadres.

Entre 1980 et 2007, le salaire moyen de l’immense majorité des salariés (les 90 % les moins bien payés) progresse de 0,82% par an net de l’inflation. Résultat, sur la période, le travail n’a rapporté que 26 % de pouvoir d’achat supplémentaire. 40% pour les cadres sup qui, avec 65 000 euros annuels bruts occupent la place entre les 1% très riches et le gros de la troupe. Tout en haut, le salaire moyen des 0,01% les mieux rémunérés est multiplié par 3,4, soit une progression annuelle de 5,7%. En 2007, ces 1 692 bienheureux carburaient chacun à 1,8 millions d’euros en moyenne.

Les travaux d’économistes comme Thomas Landais, Thomas Piketty, et Emmanuel Saez avaient déjà donné à voir une telle évolution. Leurs études tirées des déclarations fiscales permettaient de mesurer l’évolution des revenus pris dans leur totalité, y compris les revenus du capital, et ceux pour l’ensemble des salariés. En se focalisant sur les seuls revenus du travail des salariés du privé, Olivier Godechot, dresse un tableau encore plus noir de l’évolution de la politique de rémunération au sein des entreprises.

Evidemment, on ne distribue que ce que l’on peut produire, ou que l’on prévoit de produire. Sur la période 1980-2007, la valeur ajoutée créée en France a progressé de 72 %, soit 794 milliards d’euros en plus. Les salariés du privé eux n’auront reçu que 280 milliards d’euros en plus. Compte tenu de la progression du nombre de travailleurs, presque 6 millions, ce n’est pas 280 milliards d’euros qu’il convient de retenir comme supplément de salaire individuel mais un peu moins de la moitié, soit 134 milliards d’euros.

Aussi, la vitesse entre les lièvres et les tortues se révèle-t-elle violemment quand on compare comment, à l’arrivée, se sont partagés ces 134 milliards d’euros de pouvoir d’achat supplémentaire du travail.

Selon les travaux d’Olivier Godechot, les 0,01% ont plus que triplé leur part du gâteau. En 27 ans, celle-ci est passée de 0,19% à 0,65%. Ensemble avec leurs suivants immédiats, ces 0,1% les plus riches, 16 922 personnes, ont presque doublé la leur, passant de 1,08% à 2,01%. Traduction : un gain de 4,5 milliards d’euros.

Voilà donc comment en moins de 30 ans, au sein du monde du travail, cette poignée de salariés (0,1% du total) a détourné à son profit une part importante des hausses de salaires consentie par les entreprises. Autrement dit, pour chaque euro d’augmentation consenti à un salarié lambda, un de ces seigneurs en recevait, lui, 35.

Derrière cette déformation du partage des revenus entre salariés apparaît également l’évolution de la société vers un capitalisme financiarisé. Il n’est pas anodin, et c’est là l’objet du travail du chercheur, que l’essentiel (57%) de la progression des très hauts salaires est le fait des traders. En France, en 2007, on en comptait 626 parmi les 1 692 bienheureux très riches du haut du panier. Ensemble cette petite poignée de salariés de luxe s’est accaparée 0,25% du total des salaires versés dans le privé en 2007, soit 1,2 milliards d’euros. La crème de la crème, les 100 salariés de la finance les mieux payés gagnaient en moyenne 4,65 millions d’euros chacun….10 fois plus qu’en 1997…En une année, de tels traders gagnaient donc 284 années de Smic, presque 7 vies de Smicard, à raison de 42 années de travail.

Merci pour eux.

Emmanuel Lévy - Marianne | Mardi 19 Avril 2011

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Mercredi 25 Mai 2011 à 11:27 | Commentaires (0)

Analyse

Réunion publique avec Hervé Kempf le mardi 31 mai à 20h, au Brady (10e)


Revenu maximum, gaspillages minimum : une autre société est possible !
Bienvenue en oligarchie

Sommes-nous toujours en démocratie ? La démocratie s’est effacée devant les injonctions de ceux qui sont aux manettes des banques et des marchés financiers. Écosystème, services publics, travail, santé, école, tout est devenu une marchandise car la seule logique est celle du profit. L'Europe libérale et le FMI, sous prétexte de crise, imposent l'accélération de la privatisation des services publics et du système social. Nicolas Sarkozy et les gouvernements UMP ne sont pas en reste dans la course à l'imposition de l'austérité.

Le capitalisme gaspille nos ressources et épuise nos vies

Plus que jamais, nous prenons conscience des limites physiques de la biosphère. Réchauffement climatique, crise énergétique, perte de biodiversité, effet des pollutions sur la santé, montrent qu'il y a urgence à changer de mode de production, d'échange et de consommation pour la survie des sociétés humaines. Premiers réfugiés climatiques, marée noire du golfe du Mexique, Fukushima, sont autant d'événements qui doivent nous alerter. Mais selon les porte-parole de l'oligarchie, la priorité des priorités serait la relance, la croissance. Plutôt que de répondre aux besoins humains et aux enjeux écologiques, ils poursuivent une expansion infinie, inévitablement vouée à l'échec.

Car la destruction de l'environnement et le gaspillage des ressources ne sont pas les seules nuisances du capitalisme. Les profits et les rentes des plus riches conduisent aussi à la dégradation de nos conditions de travail et de nos conditions de vie. D’un côté, des salariés précarisés et pressurés jusqu'à craquer et se suicider, de l’autre, du chômage de masse. Et partout, la dégradation de l'environnement. Le capitalisme exploite les humains sans tenir compte de notre bien-être, tout comme il exploite les richesses naturelles sans tenir compte de la planète.

La seule solution passe par la répartition des richesses !

Les plus riches s'enrichissent comme jamais. En pleine crise financière, les dividendes versés aux actionnaires du CAC 40 ont encore bondi pour atteindre 40 milliards d'euros. Les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Dans ce modèle, les richesses mondiales produites devraient être multipliées par 15 pour que les pays du Sud « rattrapent » ceux du Nord ! C'est écologiquement insoutenable !

Rompons avec ce système pour lequel tout est marchandise et spéculation : eau, alimentation, terre, mais aussi éducation, santé, sécurité publique, transports et loisir.

Pour répondre à la crise écologique, replaçons l’humain au centre de notre société et redistribuons les richesses existantes !

Info sur le site de Martine Billard

Tags : kempf
Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Lundi 23 Mai 2011 à 12:13 | Commentaires (0)

Info et débat

Pour 2012, le PS veut limiter les écarts de revenus entre les plus bas et les plus hauts salaires, mais uniquement dans les entreprises à participation publique. Un peu timide ?


Le PS frileux sur les écarts de revenus?
Finie, l’époque des grands symboles en politique ? Pas sûr. Parmi les trente propositions du projet 2012 du projet socialiste présenté le 5 avril dernier, une mesure, déjà adoptée lors de la convention « Égalité réelle » de novembre 2010, attire l’attention : limiter, dans un ordre de 1 à 20, les revenus au sein d’une en­treprise dont l’État est actionnaire.

L’objectif est simple : combattre les écarts excessifs de rémunération. Il y a dix ans, les patrons du CAC 40 touchaient environ 100 Smic par an. Aujourd’hui, c’est quatre fois plus. Une note de la fon­dation Terra Nova, think tank proche du PS, pointait ce problème en 2008 et avan­çait un certain nombre de propositions, qui se retrou­vent donc dans le projet socialiste.

OBAMA

Dans ce plan pour la présidentielle, il est aussi question qu’une assemblée générale des actionnaires fixe elle-même ce ratio dans le privé, que les salariés participent aux comités de rémunération, et enfin que les revenus variables (stock options, jetons de présence, récompenses en actions…) n’excèdent pas le traitement fixe.

Le projet propose enfin une transparence extrême dans les entreprises et des mesures fiscales affectant les très hauts revenus.

Le PS veut que « l’État ac­tionnaire et employeur donne l’exemple ». Pour le député socialiste Michel Sapin, secrétaire national du parti à l’économie, la mesure pourrait s’appliquer « là où l’État a la capacité de peser, soit par sa présence au capital, soit par son soutien ».

Les entreprises concernées seraient EDF, Areva, France Télécom, Renault… et tou­tes celles qui touchent des subventions ou passent un contrat avec l’État. « Légalement, selon M. Sapin, on ne peut li­miter les revenus que dans ces cas précis ».

L’idée n’est pas neuve. Depuis la crise, il y a eu un encadrement des salaires aux États-Unis. « Quand l’État est intervenu pour sauver les entreprises, précise Olivier Ferrand, président de Terra Nova, Barack Obama a posé comme condition de limiter les revenus des dirigeants ».

La Suède avait mené une expérience de ce type dans les années 1960, jusqu’à prendre 100 % dans la dernière tranche de l’impôt sur le revenu… En France, on retrouve ces pratiques dans le champ de l’économie sociale et solidaire. « Dans les gran­des mutuelles comme la Maif », ajoute Olivier Ferrand. « Et les écarts sont raison­nables dans l’administration. »

L’idée avait disparu depuis le milieu des années 1990, mais il y a quelques mois, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale avait déjà déposé une proposition de loi dans ce sens. « Ce projet en est la reprise », commente le dirigeant socialiste. « Ce n’est pas parce que Jean-Luc Mélenchon l’a proposée qu’on l’a re­prise, tempère-t-il. Au moment du soutien aux banques, on avait déjà exigé une contrepartie sur les hauts revenus. » Raté.

FISCALITÉ

La mesure ne devrait donc pas toucher les plus gros salaires du CAC 40. À Terra Nova, on considère simp­lement que « c’est un signe qui est donné ». La mesure est en effet de l’ordre du symbolique, et toute la gauche ne se sa­tisfait pas de cette ligne.

Roland Muzeau, chef de file des députés commu­nistes, considère l’idée « intéressante », mais ajoute qu’« il y a la question des bonus, des stock-options, des retraites chapeaux qui sont essentielles pour les salariés qui considèrent que l’injustice, ça suffit ».

Cécile Duflot, en déplacement à Dijon, trouvait la position « étonnante ». Elle voudrait étendre ce dispositif par la fiscalité, parce que cela « concerne tout le monde ».

Les députés communistes et du Parti de gauche avaient aussi déposé une proposition de loi pour une « fiscalité écologiste », avançant l’idée d’un salaire maximum légal. Le PS demeure donc loin de ces positions. 

Par Thibault Leroy, 13 avril 2011

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Vendredi 15 Avril 2011 à 14:20 | Commentaires (0)

Revue de presse

Le PS veut plafonner les salaires des patrons d'entreprises dont l'Etat est actionnaire. Eco89 a fait le calcul… qui fait mal.


Salaires plafonnés : le hit des patrons qui y perdraient le plus
Le PS ne dévoilera son programme que ce mardi, mais les principales mesures ont déjà fuité. La plus spectaculaire ? Le plafonnement du salaire des dirigeants d'entreprises dont l'Etat est actionnaire : ils ne pourraient pas gagner plus de vingt fois plus que leurs salariés les moins bien payés.

Sortons nos calculatrices. En se basant sur le smic mensuel et en prenant en compte un treizième mois, le plafond serait fixé à 354 900 euros par an. Quel est le patron qui a le plus à craindre une victoire du PS en 2012 ?

Le classement des perdant
s

Les entreprises entièrement publiques ne sont pas directement concernées : le salaire du président de la SNCF, par exemple, est inférieur au plafond prévu. Le PS vise plutôt douze entreprises cotées en Bourse sur lesquelles l'Etat actionnaire a moins de prise.

Pour évaluer les dégâts pour les patrons concernés, nous avons soustrait le maximum prévu par le PS (354 900 euros) aux rémunérations totales (salaire fixe et bonus) annoncées dans les derniers rapports annuels de ces entreprises. Attention, ça fait mal :

1. Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez : -2 985 835 euros (-89%)
2. Louis Gallois, président d'EADS : -2 277 600 euros (-86%)
3. Jean-François Cirelli, directeur général de GDF Suez : -1 709 719 euros (-82%)
4. Henri Proglio, PDG d'EDF : -1 249 920 euros (-77%)
5. Stéphane Richard, PDG de France Télécom : -1 233 092 euros (-77%)
6. Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran : -1 051 394 euros (-74%)
7. Pierre Mariani, président du comité de direction de Dexia : -953 433 euros (-72%)
8. Carlos Ghosn, PDG de Renault : -887 755 euros (-71%)
9. Anne Lauvergeon, présidente d'Areva : -715 136 euros (-66%)
10. Gilles Benoist, directeur général de CNP Assurances : -671 923 euros (-65%)
11. Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France : -545 100 euros (-60%)
12. Pierre Graff, président d'Aéroports de Paris : -415 100 euros (-53%)
13. Luc Vigneron, PDG de Thales : -386 300 euros (-52%)
14. Edmond Alphandery, président du conseil d'administration de CNP Assurances : -95 343 euros (-21%)
15. Francis Mer, président du conseil de surveillance de Safran : -93 078 euros (-20%)

Ce classement fournit surtout un ordre de grandeur. Par définition, la part variable de la rémunération peut évoluer : Gérard Mestrallet ne touchera pas forcément autant de bonus l'année prochaine et perdra peut-être sa première place.

Surprise : le PDG de Renault s'en tire mieux que ses petits camarades. D'abord, parce que Carlos Ghosn n'a pas touché de bonus pour 2009 (en contrepartie d'une aide financière de l'Etat), ni pour 2010 (il y a renoncé pour se faire pardonner sa gestion calamiteuse de la pseudo-affaire d'espionnage chez Renault). Surtout, parce qu'il ne révèle que sa rémunération en France : Carlos Ghosn est aussi le patron du japonais Nissan, et tout compris, sa rémunération atteindrait en fait huit millions d'euros.

Est-ce vraiment possible ?

Pour les entreprises 100% publiques, comme la SNCF ou La Poste, c'est facile. La rémunération des dirigeants est contrôlée directement par le gouvernement, en vertu d'un décret remontant à 1953.

Pour les entreprises cotées, c'est plus compliqué. Selon le code du commerce, c'est au conseil d'administration de fixer la rémunération du big boss, et à lui seul. Que faire, alors, lorsque l'Etat est minoritaire au capital ? Difficile d'imaginer que les autres administrateurs accepteront de bon cœur d'imposer au PDG ce salaire plafonné. Il faudra donc passer par la loi pour priver les conseils d'administration de cette prérogative et pour définir le montant maximum des salaires.

Cela promet aussi quelques migraines au ministre de l'Economie. EADS est un groupe franco-allemand, et la banque Dexia est franco-belge : pourra-t-on imposer un salaire plafonné dans ces entreprises internationales ?

Une idée neuve, vraiment ?

Le PS aurait-il volé l'idée à Jean-Luc Mélenchon ? En octobre 2010, celui-ci avait déjà évoqué un plafonnement des salaires, avec les mêmes proportions : « Jamais d'écart plus grand que de 1 à 20 entre le plus petit salaire et le plus grand dans une entreprise. » Sa proposition était un peu plus radicale. Il visait toutes les entreprises – pas seulement celles dont l'Etat est actionnaire – et prévoyait aussi un « revenu maximum » de 320 000 euros par an, un plafond encore moins élevé que celui du PS.

A moins que ce ne soit Jean-Luc Mélenchon qui ait volé l'idée aux socialistes. Le PS semble l'avoir oublié, mais il avait déjà adopté exactement la même mesure en avril 2010, dans sa « Convention nationale sur le nouveau modèle économique, social et écologique » :

« Nous proposons qu'au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. »

En revanche, dans cette « convention » de 2010 comme dans ce qui a fuité du programme pour 2012, le PS n'évoque pas la question qui fâche : que deviendrait l'argent économisé en plafonnant le salaire de ces patrons ?

Cette année, par exemple, GDF-Suez aurait économisé près de trois millions d'euros en plafonnant la rémunération de Gérard Mestrallet. A qui devrait profiter cette petite fortune :

* aux actionnaires (en dividendes),
* au personnel (avec une hausse des salaires),
* à l'entreprise (avec de nouveaux investissements),
* aux clients (en dispensant le groupe d'augmenter ses tarifs) ?

Par François Krug | Eco89 | 04/04/2011

Rédigé par Jean-Philippe Huelin le Mardi 5 Avril 2011 à 19:10 | Commentaires (0)

Revue de presse

1 ... « 4 5 6 7 8 9 10 » ... 27








RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile


Recherche

Archives