Le PS veut plafonner les salaires des patrons d'entreprises dont l'Etat est actionnaire. Eco89 a fait le calcul… qui fait mal.
Le PS ne dévoilera son programme que ce mardi, mais les principales mesures ont déjà fuité. La plus spectaculaire ? Le plafonnement du salaire des dirigeants d'entreprises dont l'Etat est actionnaire : ils ne pourraient pas gagner plus de vingt fois plus que leurs salariés les moins bien payés.
Sortons nos calculatrices. En se basant sur le smic mensuel et en prenant en compte un treizième mois, le plafond serait fixé à 354 900 euros par an. Quel est le patron qui a le plus à craindre une victoire du PS en 2012 ?
Le classement des perdants
Les entreprises entièrement publiques ne sont pas directement concernées : le salaire du président de la SNCF, par exemple, est inférieur au plafond prévu. Le PS vise plutôt douze entreprises cotées en Bourse sur lesquelles l'Etat actionnaire a moins de prise.
Pour évaluer les dégâts pour les patrons concernés, nous avons soustrait le maximum prévu par le PS (354 900 euros) aux rémunérations totales (salaire fixe et bonus) annoncées dans les derniers rapports annuels de ces entreprises. Attention, ça fait mal :
1. Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez : -2 985 835 euros (-89%)
2. Louis Gallois, président d'EADS : -2 277 600 euros (-86%)
3. Jean-François Cirelli, directeur général de GDF Suez : -1 709 719 euros (-82%)
4. Henri Proglio, PDG d'EDF : -1 249 920 euros (-77%)
5. Stéphane Richard, PDG de France Télécom : -1 233 092 euros (-77%)
6. Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran : -1 051 394 euros (-74%)
7. Pierre Mariani, président du comité de direction de Dexia : -953 433 euros (-72%)
8. Carlos Ghosn, PDG de Renault : -887 755 euros (-71%)
9. Anne Lauvergeon, présidente d'Areva : -715 136 euros (-66%)
10. Gilles Benoist, directeur général de CNP Assurances : -671 923 euros (-65%)
11. Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France : -545 100 euros (-60%)
12. Pierre Graff, président d'Aéroports de Paris : -415 100 euros (-53%)
13. Luc Vigneron, PDG de Thales : -386 300 euros (-52%)
14. Edmond Alphandery, président du conseil d'administration de CNP Assurances : -95 343 euros (-21%)
15. Francis Mer, président du conseil de surveillance de Safran : -93 078 euros (-20%)
Ce classement fournit surtout un ordre de grandeur. Par définition, la part variable de la rémunération peut évoluer : Gérard Mestrallet ne touchera pas forcément autant de bonus l'année prochaine et perdra peut-être sa première place.
Surprise : le PDG de Renault s'en tire mieux que ses petits camarades. D'abord, parce que Carlos Ghosn n'a pas touché de bonus pour 2009 (en contrepartie d'une aide financière de l'Etat), ni pour 2010 (il y a renoncé pour se faire pardonner sa gestion calamiteuse de la pseudo-affaire d'espionnage chez Renault). Surtout, parce qu'il ne révèle que sa rémunération en France : Carlos Ghosn est aussi le patron du japonais Nissan, et tout compris, sa rémunération atteindrait en fait huit millions d'euros.
Est-ce vraiment possible ?
Pour les entreprises 100% publiques, comme la SNCF ou La Poste, c'est facile. La rémunération des dirigeants est contrôlée directement par le gouvernement, en vertu d'un décret remontant à 1953.
Pour les entreprises cotées, c'est plus compliqué. Selon le code du commerce, c'est au conseil d'administration de fixer la rémunération du big boss, et à lui seul. Que faire, alors, lorsque l'Etat est minoritaire au capital ? Difficile d'imaginer que les autres administrateurs accepteront de bon cœur d'imposer au PDG ce salaire plafonné. Il faudra donc passer par la loi pour priver les conseils d'administration de cette prérogative et pour définir le montant maximum des salaires.
Cela promet aussi quelques migraines au ministre de l'Economie. EADS est un groupe franco-allemand, et la banque Dexia est franco-belge : pourra-t-on imposer un salaire plafonné dans ces entreprises internationales ?
Une idée neuve, vraiment ?
Le PS aurait-il volé l'idée à Jean-Luc Mélenchon ? En octobre 2010, celui-ci avait déjà évoqué un plafonnement des salaires, avec les mêmes proportions : « Jamais d'écart plus grand que de 1 à 20 entre le plus petit salaire et le plus grand dans une entreprise. » Sa proposition était un peu plus radicale. Il visait toutes les entreprises – pas seulement celles dont l'Etat est actionnaire – et prévoyait aussi un « revenu maximum » de 320 000 euros par an, un plafond encore moins élevé que celui du PS.
A moins que ce ne soit Jean-Luc Mélenchon qui ait volé l'idée aux socialistes. Le PS semble l'avoir oublié, mais il avait déjà adopté exactement la même mesure en avril 2010, dans sa « Convention nationale sur le nouveau modèle économique, social et écologique » :
« Nous proposons qu'au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. »
En revanche, dans cette « convention » de 2010 comme dans ce qui a fuité du programme pour 2012, le PS n'évoque pas la question qui fâche : que deviendrait l'argent économisé en plafonnant le salaire de ces patrons ?
Cette année, par exemple, GDF-Suez aurait économisé près de trois millions d'euros en plafonnant la rémunération de Gérard Mestrallet. A qui devrait profiter cette petite fortune :
* aux actionnaires (en dividendes),
* au personnel (avec une hausse des salaires),
* à l'entreprise (avec de nouveaux investissements),
* aux clients (en dispensant le groupe d'augmenter ses tarifs) ?
Par François Krug | Eco89 | 04/04/2011
Sortons nos calculatrices. En se basant sur le smic mensuel et en prenant en compte un treizième mois, le plafond serait fixé à 354 900 euros par an. Quel est le patron qui a le plus à craindre une victoire du PS en 2012 ?
Le classement des perdants
Les entreprises entièrement publiques ne sont pas directement concernées : le salaire du président de la SNCF, par exemple, est inférieur au plafond prévu. Le PS vise plutôt douze entreprises cotées en Bourse sur lesquelles l'Etat actionnaire a moins de prise.
Pour évaluer les dégâts pour les patrons concernés, nous avons soustrait le maximum prévu par le PS (354 900 euros) aux rémunérations totales (salaire fixe et bonus) annoncées dans les derniers rapports annuels de ces entreprises. Attention, ça fait mal :
1. Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez : -2 985 835 euros (-89%)
2. Louis Gallois, président d'EADS : -2 277 600 euros (-86%)
3. Jean-François Cirelli, directeur général de GDF Suez : -1 709 719 euros (-82%)
4. Henri Proglio, PDG d'EDF : -1 249 920 euros (-77%)
5. Stéphane Richard, PDG de France Télécom : -1 233 092 euros (-77%)
6. Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran : -1 051 394 euros (-74%)
7. Pierre Mariani, président du comité de direction de Dexia : -953 433 euros (-72%)
8. Carlos Ghosn, PDG de Renault : -887 755 euros (-71%)
9. Anne Lauvergeon, présidente d'Areva : -715 136 euros (-66%)
10. Gilles Benoist, directeur général de CNP Assurances : -671 923 euros (-65%)
11. Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France : -545 100 euros (-60%)
12. Pierre Graff, président d'Aéroports de Paris : -415 100 euros (-53%)
13. Luc Vigneron, PDG de Thales : -386 300 euros (-52%)
14. Edmond Alphandery, président du conseil d'administration de CNP Assurances : -95 343 euros (-21%)
15. Francis Mer, président du conseil de surveillance de Safran : -93 078 euros (-20%)
Ce classement fournit surtout un ordre de grandeur. Par définition, la part variable de la rémunération peut évoluer : Gérard Mestrallet ne touchera pas forcément autant de bonus l'année prochaine et perdra peut-être sa première place.
Surprise : le PDG de Renault s'en tire mieux que ses petits camarades. D'abord, parce que Carlos Ghosn n'a pas touché de bonus pour 2009 (en contrepartie d'une aide financière de l'Etat), ni pour 2010 (il y a renoncé pour se faire pardonner sa gestion calamiteuse de la pseudo-affaire d'espionnage chez Renault). Surtout, parce qu'il ne révèle que sa rémunération en France : Carlos Ghosn est aussi le patron du japonais Nissan, et tout compris, sa rémunération atteindrait en fait huit millions d'euros.
Est-ce vraiment possible ?
Pour les entreprises 100% publiques, comme la SNCF ou La Poste, c'est facile. La rémunération des dirigeants est contrôlée directement par le gouvernement, en vertu d'un décret remontant à 1953.
Pour les entreprises cotées, c'est plus compliqué. Selon le code du commerce, c'est au conseil d'administration de fixer la rémunération du big boss, et à lui seul. Que faire, alors, lorsque l'Etat est minoritaire au capital ? Difficile d'imaginer que les autres administrateurs accepteront de bon cœur d'imposer au PDG ce salaire plafonné. Il faudra donc passer par la loi pour priver les conseils d'administration de cette prérogative et pour définir le montant maximum des salaires.
Cela promet aussi quelques migraines au ministre de l'Economie. EADS est un groupe franco-allemand, et la banque Dexia est franco-belge : pourra-t-on imposer un salaire plafonné dans ces entreprises internationales ?
Une idée neuve, vraiment ?
Le PS aurait-il volé l'idée à Jean-Luc Mélenchon ? En octobre 2010, celui-ci avait déjà évoqué un plafonnement des salaires, avec les mêmes proportions : « Jamais d'écart plus grand que de 1 à 20 entre le plus petit salaire et le plus grand dans une entreprise. » Sa proposition était un peu plus radicale. Il visait toutes les entreprises – pas seulement celles dont l'Etat est actionnaire – et prévoyait aussi un « revenu maximum » de 320 000 euros par an, un plafond encore moins élevé que celui du PS.
A moins que ce ne soit Jean-Luc Mélenchon qui ait volé l'idée aux socialistes. Le PS semble l'avoir oublié, mais il avait déjà adopté exactement la même mesure en avril 2010, dans sa « Convention nationale sur le nouveau modèle économique, social et écologique » :
« Nous proposons qu'au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. »
En revanche, dans cette « convention » de 2010 comme dans ce qui a fuité du programme pour 2012, le PS n'évoque pas la question qui fâche : que deviendrait l'argent économisé en plafonnant le salaire de ces patrons ?
Cette année, par exemple, GDF-Suez aurait économisé près de trois millions d'euros en plafonnant la rémunération de Gérard Mestrallet. A qui devrait profiter cette petite fortune :
* aux actionnaires (en dividendes),
* au personnel (avec une hausse des salaires),
* à l'entreprise (avec de nouveaux investissements),
* aux clients (en dispensant le groupe d'augmenter ses tarifs) ?
Par François Krug | Eco89 | 04/04/2011
Alors que les médias parlent du «miracle» qui a guéri sœur Marie Simon-Pierre, Jack Dion se penche sur un autre bien plus croustillant : celui des bonus des traders. Le contrôleur des rémunérations des opérations de marché, l'ex-président du FMI, Michel Camdessus, vient de rendre un rapport indiquant... que le montant des bonus diminue. Mais encore 3 milliards en 2009 : un miracle.
La presse en tient pour les miracles. Au pays de Voltaire et des Lumières, on nous relate l’histoire merveilleuse de Marie Simon-Pierre, surnommée « sœur Marie Simon-Pierre » car nous sommes dans un pays laïc qui n’a pas oublié qu’il fut, naguère, la fille aînée de l’Église.
Pour les béotiens qui auraient débarqué ce matin de la planète Mars, ou qui auraient pris un TGV bloqué dans la campagne à cause d’un incident de caténaire du à un attentat terroriste, on résumera rapidement l’histoire.
Marie Simon-Pierre est une religieuse atteinte par la maladie de Parkinson et qui a été guéri du jour au lendemain, en 2005. Pour elle comme pour l’Église, il n’y a pas de mystère. Elle ne doit son salut qu’à ses prières et à l’intercession personnelle de feu Jean-Paul II auprès de Dieu. C’est ce « miracle », comme on nous dit à la télé, qui va permettre au prédécesseur de Benoit XVI d’accéder au statut de saint.
On se gardera bien de jeter la pierre à la religieuse. Sa vie de croyante investie totalement dans la piété et l’entraide mérite le respect. Elle est libre de croire à qui elle veut et de baptiser « miracle » l’un de ces phénomènes médiaux inexpliqués qui jalonnent l’histoire de la science. Plus étonnant, en revanche, est l’envahissement du domaine médiatique public par un discours qui est à la laïcité ce que le clan Ben Ali est à la justice.
Mais puisqu’il est question de « miracle », il faut en souligner celui des bonus versés par les banques à leurs traders. Lui aussi vaut le détour.
Tout le monde se souvient qu’il fut question, au plus fort de la crise, de modérer les fameux bonus et de les ramener à un niveau présentable, ce qu’ils n’étaient guère jusqu’ici. Des ministres fort respectables et qui le sont toujours (ministres) avaient alors expliqué que c’en était fini des abus, et que Jérôme Kerviel ne laisserait aucune lignée financière. Les PDG des grandes banques, la main sur le cœur (c’est là qu’est le portefeuille), avaient juré qu’ils allaient être d’une sévérité exemplaire, et qu’à défaut de loi contraignante, les engagements pris seraient surveillés comme le niveau du CAC 40.
D’ailleurs, pour vérifier que ce code de la route financière, le gouvernement avait créé un poste de super-gendarme, confié à un super pro, Michel Camdessus, ancien président du Fonds Monétaire International (FMI), un prédécesseur de DSK. Michel Camdessus avait donc été bombardé « contrôleur des rémunérations des professionnels des marchés », ce qui vous classe son homme.
L’impétrant vient de rendre son rapport, et c’est là que l’on découvre le petit miracle, celui des bonus en principe contrôlés et qui demeurent néanmoins incontrôlables. C’est aussi drôle que les frasques spirituelles de Marie Simon-Pierre et de Jean-Paul II.
Que nous dit Sa Sainteté Camdessus, grand prêtre de la morale de l’argent ? Que tout ne va pas trop mal, puisque le montant total des bonus a baissé. En vérité, il n’a été « que » de 3 milliards d’euros en 2009, soit un peu moins qu’en 2008.
Il n’empêche que le bonus moyen s’élève à 242.000 euros, et surtout que les sommes touchées par les stars de la « bonus connection » dépassent toujours l’entendement. Ainsi, les 400 traders les mieux lotis ont reçu en moyenne 1,65 million d’euro en 2009. Les dix qui composent le dessus du panier ont même eu droit à 4 millions d’euros par tête de pipe. Quant au roi des rois, il s’est arrogé le pactole de 10 millions d’euros, une somme qui vient s’ajouter, rappelons-le, aux salaires et aux diverses autres avantages entrant dans les émoluments versés aux traders.
Fort pudiquement, le rapport Camdessus évoque « un système de rémunération hors normes ». Le mot est juste. Mais on se demande pourquoi il n’y a pas de normes. Il suffirait de le décider, en instaurant un salaire maximum, ou ayant recours à l’impôt pour conférer visage humain à ces revenus. Mais évoquer ces éventualités, dans certains milieux, relève du sacrilège, ou du crime contre l’esprit saint des marchés, un blasphème aussi grave que de contester la présence de la main de Dieu sous le voile de Marie Simon-Pierre.
Prions donc, mes frères, pour que les traders puissent sauver leur pain quotidien. Amen.
Jack Dion - Marianne | Mardi 18 Janvier 2011
Pour les béotiens qui auraient débarqué ce matin de la planète Mars, ou qui auraient pris un TGV bloqué dans la campagne à cause d’un incident de caténaire du à un attentat terroriste, on résumera rapidement l’histoire.
Marie Simon-Pierre est une religieuse atteinte par la maladie de Parkinson et qui a été guéri du jour au lendemain, en 2005. Pour elle comme pour l’Église, il n’y a pas de mystère. Elle ne doit son salut qu’à ses prières et à l’intercession personnelle de feu Jean-Paul II auprès de Dieu. C’est ce « miracle », comme on nous dit à la télé, qui va permettre au prédécesseur de Benoit XVI d’accéder au statut de saint.
On se gardera bien de jeter la pierre à la religieuse. Sa vie de croyante investie totalement dans la piété et l’entraide mérite le respect. Elle est libre de croire à qui elle veut et de baptiser « miracle » l’un de ces phénomènes médiaux inexpliqués qui jalonnent l’histoire de la science. Plus étonnant, en revanche, est l’envahissement du domaine médiatique public par un discours qui est à la laïcité ce que le clan Ben Ali est à la justice.
Mais puisqu’il est question de « miracle », il faut en souligner celui des bonus versés par les banques à leurs traders. Lui aussi vaut le détour.
Tout le monde se souvient qu’il fut question, au plus fort de la crise, de modérer les fameux bonus et de les ramener à un niveau présentable, ce qu’ils n’étaient guère jusqu’ici. Des ministres fort respectables et qui le sont toujours (ministres) avaient alors expliqué que c’en était fini des abus, et que Jérôme Kerviel ne laisserait aucune lignée financière. Les PDG des grandes banques, la main sur le cœur (c’est là qu’est le portefeuille), avaient juré qu’ils allaient être d’une sévérité exemplaire, et qu’à défaut de loi contraignante, les engagements pris seraient surveillés comme le niveau du CAC 40.
D’ailleurs, pour vérifier que ce code de la route financière, le gouvernement avait créé un poste de super-gendarme, confié à un super pro, Michel Camdessus, ancien président du Fonds Monétaire International (FMI), un prédécesseur de DSK. Michel Camdessus avait donc été bombardé « contrôleur des rémunérations des professionnels des marchés », ce qui vous classe son homme.
L’impétrant vient de rendre son rapport, et c’est là que l’on découvre le petit miracle, celui des bonus en principe contrôlés et qui demeurent néanmoins incontrôlables. C’est aussi drôle que les frasques spirituelles de Marie Simon-Pierre et de Jean-Paul II.
Que nous dit Sa Sainteté Camdessus, grand prêtre de la morale de l’argent ? Que tout ne va pas trop mal, puisque le montant total des bonus a baissé. En vérité, il n’a été « que » de 3 milliards d’euros en 2009, soit un peu moins qu’en 2008.
Il n’empêche que le bonus moyen s’élève à 242.000 euros, et surtout que les sommes touchées par les stars de la « bonus connection » dépassent toujours l’entendement. Ainsi, les 400 traders les mieux lotis ont reçu en moyenne 1,65 million d’euro en 2009. Les dix qui composent le dessus du panier ont même eu droit à 4 millions d’euros par tête de pipe. Quant au roi des rois, il s’est arrogé le pactole de 10 millions d’euros, une somme qui vient s’ajouter, rappelons-le, aux salaires et aux diverses autres avantages entrant dans les émoluments versés aux traders.
Fort pudiquement, le rapport Camdessus évoque « un système de rémunération hors normes ». Le mot est juste. Mais on se demande pourquoi il n’y a pas de normes. Il suffirait de le décider, en instaurant un salaire maximum, ou ayant recours à l’impôt pour conférer visage humain à ces revenus. Mais évoquer ces éventualités, dans certains milieux, relève du sacrilège, ou du crime contre l’esprit saint des marchés, un blasphème aussi grave que de contester la présence de la main de Dieu sous le voile de Marie Simon-Pierre.
Prions donc, mes frères, pour que les traders puissent sauver leur pain quotidien. Amen.
Jack Dion - Marianne | Mardi 18 Janvier 2011
Selon une enquête de l’Ifop pour l’Humanité, trois Français sur quatre se prononcent en faveur d’un salaire maximal. À l’heure où la production de richesses n’a jamais été aussi importante, la gauche avance ses propositions.
«Au-dessus de 4 millions, je prends tout ! » Étonnante actualité de cette proposition lancée par Georges Marchais en 1981. Trente ans plus tard, la crise financière a remis la question des écarts de revenus au goût du jour. Après imposition, le revenu moyen des 10 % des foyers les plus riches reste neuf fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. À cet égard, Jean Gadrey, professeur émérite d’économie à l’université Lille-I, rappelle que, déjà, au Ve siècle avant notre ère, « Platon estimait que le législateur doit établir quelles sont les limites acceptables à la richesse et à la pauvreté. Il proposait un rapport de 1 à 4 ». En 1998, une enquête de l’économiste Thomas Piketty montrait que, selon les Français, les écarts entre hauts et bas revenus devaient être compris entre 1 et 3,6. Même constat aujourd’hui, au regard du sondage réalisé par l’Ifop pour l’Humanité. Ainsi, 75 % des personnes interrogées se disent plutôt favorables à la fixation par la loi d’un salaire maximal « car la rémunération de certains dirigeants de grandes entreprises atteint aujourd’hui des niveaux déraisonnables ». Sans surprise, cette mesure recueille 84 % d’avis favorables parmi les sympathisants de gauche. Plus intéressant : 58 % des sympathisants UMP donnent également leur assentiment à une telle législation.
Stock-options et tranches d’impôt
À gauche, le cortège de licenciements consécutifs à la crise – malgré des profits record pour les entreprises – a remis au goût du jour l’idée d’un revenu maximal permettant une meilleure répartition des richesses. Dans son projet sur l’égalité réelle, le Parti socialiste propose que les rémunérations soient comprises dans une échelle d’ordre de 1 à 20 pour les entreprises où il existe une participation publique, sur le modèle de Barack Obama, qui proposait, en 2009, de limiter à 389 000 euros les revenus annuels globaux des patrons des banques renflouées par l’État. En France, avec un smic à 1 055 euros net, le salaire du dirigeant ne pourrait ainsi excéder 21 100 euros mensuels. Restent les autres formes de rémunération telles que les actions gratuites ou les stock-options qui pourraient croître. De leur côté, les députés communistes, républicains et du Parti de Gauche ont déposé une proposition de loi à l’automne dernier pour une « fiscalité juste et efficace ».
Production de richesses et redistribution
Le texte, rejeté par la majorité, visait également à plafonner le niveau des salaires de 1 à 20, d’en finir avec les stock-options et les parachutes dorés, de taxer à 9,9 % les revenus financiers afin de faire contribuer l’ensemble des revenus du capital au budget de la nation. Enfin, les députés proposaient de revenir à neuf tranches d’impôt, contre cinq actuellement. Dans ce cadre, la tranche du haut verrait son taux d’imposition porté à 54,8 %, au lieu de 40 % aujourd’hui. Pour sa part, le Nouveau Parti anticapitaliste souhaiterait rétablir le taux de 65 % d’imposition pour cette tranche supérieure. Selon Olivier Besancenot, le porte-parole du NPA, il est désormais nécessaire de « reprendre les 10 % de richesse nationale passés de la masse salariale aux plus hauts revenus ». Enfin, Europe Écologie-les Verts parlent d’un revenu maximal qui correspondrait à 30 fois le revenu médian (28 570 euros par ménage en 2008) et qui permettrait d’investir dans la reconversion d’une part de l’industrie vers des activités à faible impact écologique. Que le revenu maximal soit autorisé, admissible ou acceptable, l’ensemble des partis de gauche s’accordent aujourd’hui à résoudre l’écart entre une production de richesses qui n’a jamais été aussi importante et sa distribution. Écart que la suspension temporaire des bonus promise par Nicolas Sarkozy en temps de crise n’a pas réduit.
Stock-options et tranches d’impôt
À gauche, le cortège de licenciements consécutifs à la crise – malgré des profits record pour les entreprises – a remis au goût du jour l’idée d’un revenu maximal permettant une meilleure répartition des richesses. Dans son projet sur l’égalité réelle, le Parti socialiste propose que les rémunérations soient comprises dans une échelle d’ordre de 1 à 20 pour les entreprises où il existe une participation publique, sur le modèle de Barack Obama, qui proposait, en 2009, de limiter à 389 000 euros les revenus annuels globaux des patrons des banques renflouées par l’État. En France, avec un smic à 1 055 euros net, le salaire du dirigeant ne pourrait ainsi excéder 21 100 euros mensuels. Restent les autres formes de rémunération telles que les actions gratuites ou les stock-options qui pourraient croître. De leur côté, les députés communistes, républicains et du Parti de Gauche ont déposé une proposition de loi à l’automne dernier pour une « fiscalité juste et efficace ».
Production de richesses et redistribution
Le texte, rejeté par la majorité, visait également à plafonner le niveau des salaires de 1 à 20, d’en finir avec les stock-options et les parachutes dorés, de taxer à 9,9 % les revenus financiers afin de faire contribuer l’ensemble des revenus du capital au budget de la nation. Enfin, les députés proposaient de revenir à neuf tranches d’impôt, contre cinq actuellement. Dans ce cadre, la tranche du haut verrait son taux d’imposition porté à 54,8 %, au lieu de 40 % aujourd’hui. Pour sa part, le Nouveau Parti anticapitaliste souhaiterait rétablir le taux de 65 % d’imposition pour cette tranche supérieure. Selon Olivier Besancenot, le porte-parole du NPA, il est désormais nécessaire de « reprendre les 10 % de richesse nationale passés de la masse salariale aux plus hauts revenus ». Enfin, Europe Écologie-les Verts parlent d’un revenu maximal qui correspondrait à 30 fois le revenu médian (28 570 euros par ménage en 2008) et qui permettrait d’investir dans la reconversion d’une part de l’industrie vers des activités à faible impact écologique. Que le revenu maximal soit autorisé, admissible ou acceptable, l’ensemble des partis de gauche s’accordent aujourd’hui à résoudre l’écart entre une production de richesses qui n’a jamais été aussi importante et sa distribution. Écart que la suspension temporaire des bonus promise par Nicolas Sarkozy en temps de crise n’a pas réduit.
L'émission "Du grain à moudre" sur France culture du 13 décembre dernier aborde une question connexe à celle du salaire maximum...
Si vous hésitez encore pour le cadeau de Noël que vous destinez à votre mari, épouse, compagnon, maîtresse, ou significant other », comme on dit, que diriez-vous d’une voiture ? Oui, je veux parler d’ une de ces voitures de rêve qui feront bisquer les amis, moins gâtés par le Père Noël. Pourquoi pas, par exemple, la Bugatti Veyron ? Certes, son prix a un peu augmenté, cette année, elle est passée à 1 430 000 Euros et de toute façon, il y a une liste d’attente assez longue. Bon, pour les budgets plus modestes, je recommande la Lamborghini Reventon à seulement 1 020 000 Euros. Même à ce prix-là, reconnaissez qu’elle en jette. Il/elle ne s’intéresse pas aux voitures ? Ne quitte Paris qu’en hélicoptère ? Alors, il vous reste les montres. Que diriez-vous, tenez, de la Sky Moon Tourbillon de Patek Philipp. Bon goût, pas bling bling pour deux sous. Un vrai placement. Son fils la revendra dans trente ans pour se payer sa maison de campagne en Toscane. Oui, d’accord, 630 000 Euros, c’est un peu cher pour votre budget. Rabattez-vous plutôt sur la Blancpain 1735. 592 000 Euros seulement, mais même à ce prix-là, elle dénote une grande réussite sociale et lui ouvrira les portes des endroits les plus fermés des capitales.
Si, comme à nous, ces chiffres vous donnent le vertige, s’ils vous exaspèrent, si vous vous demandez quelles sortes de jouissance une micro-classe de super-riches peut bien tirer de la possession de gadgets aussi coûteux, écoutez bien cette émission.
Le grand économiste américain Robert Frank nous a expliqué, il y a quinze ans, dans son livre, « The Winner-Takes-All Society » comment le système de rémunération des vedettes du show-business et du sport spectacle avait progressivement contaminé les échelles de revenus de la plupart des secteurs d’activité.
Aujourd’hui, il revient avec un livre précieux – et une longue interview dans Books – pour nous expliquer pourquoi les dépenses somptuaires des super-riches ont un effet délétère sur le style de consommation et le niveau de vie des classes moyennes.
Invité(s) :
Frederic Bonnevay, économiste, fondateur de « La Coulisse des marchés » (tribune médiatique créée avec le concours du quotidien Les Échos) et expert-associé auprès de l'Institut Montaigne.
Robert Frank, professeur d'Economie à Cornell University
Jacques Le Cacheux, professeur des Universités en économie à l'Université de Pau, chercheur à l'OFCE,
Sandrine Tolotti, rédactrice en chef du Magazine Books
Du Grain à moudre, émission du 13 décembre 2010
Si, comme à nous, ces chiffres vous donnent le vertige, s’ils vous exaspèrent, si vous vous demandez quelles sortes de jouissance une micro-classe de super-riches peut bien tirer de la possession de gadgets aussi coûteux, écoutez bien cette émission.
Le grand économiste américain Robert Frank nous a expliqué, il y a quinze ans, dans son livre, « The Winner-Takes-All Society » comment le système de rémunération des vedettes du show-business et du sport spectacle avait progressivement contaminé les échelles de revenus de la plupart des secteurs d’activité.
Aujourd’hui, il revient avec un livre précieux – et une longue interview dans Books – pour nous expliquer pourquoi les dépenses somptuaires des super-riches ont un effet délétère sur le style de consommation et le niveau de vie des classes moyennes.
Invité(s) :
Frederic Bonnevay, économiste, fondateur de « La Coulisse des marchés » (tribune médiatique créée avec le concours du quotidien Les Échos) et expert-associé auprès de l'Institut Montaigne.
Robert Frank, professeur d'Economie à Cornell University
Jacques Le Cacheux, professeur des Universités en économie à l'Université de Pau, chercheur à l'OFCE,
Sandrine Tolotti, rédactrice en chef du Magazine Books
Du Grain à moudre, émission du 13 décembre 2010
La chronique économique du 28 décembre 2010 de Bénédicte Tassart
Et aujourd'hui, ce n'est plus un écart, même plus un grand écart : c'est un fossé énorme. Pendant les trente glorieuses, l'enrichissement des français a été collectif, tout le monde a profité de la croissance. Mais, depuis 10 ans, depuis le début des années 2000, on assiste à un enrichissement incroyable des plus fortunés, grâce aux produits financiers et à l'immobilier. Entre 2004 et 2007, les 0, 01% des français les plus riches ont gagné 40% de plus, soit 360.000 euros supplémentaires en moyenne, c'est l'équivalent de 30 ans de S.M.I.C ! 30 ans de S.M.I.C en trois ans. Et le krach boursier que nous venons de subir n'est déjà plus qu'un mauvais souvenir pour eux. Les plus gros patrimoines de notre pays se sont encore engraissés de 20% cette année. Dans un pays où l'on compte 8 millions de pauvres, dans un pays symbole du pacte social, la déchirure fait mal. Car la France n'est pas le pays le plus inégalitaire du monde, loin de là, mais on y tolère moins qu'ailleurs ces écarts de revenus.
Alors, quelles pistes pour tenter de remédier à ce fossé ?
On commence à réfléchir, du moins certains, pas tous. Le silence des plus riches, comme Bernard Arnault, le patron de L.V.M.H, est assourdissant. Mais du côté du patronat, Marc Ladreit de la Charrière, fondateur de Fimalac, veut militer pour un capitalisme de solidarité où les patrons redistribuent une partie de leur bonus. On entend aussi de plus en plus parler d'un revenu maximum, une idée en vogue chez les Verts, notamment, mais pas seulement. Quelques-uns, à l'U.M.P, y réfléchissent. Pourquoi ne pas limiter le salaire des patrons avec un écart de 1 à 20 avec leurs employés ?
Mais en France, on pense toujours que la redistribution par l'impôt est plus efficace que la charité. La fiscalité, vous le savez, c'est l'un des grands chantiers promis par le président de la république pour l'année prochaine. On va voir si Nicolas Sarkozy revient sur le paquet fiscal qu'il a généreusement accordé aux plus aisés en 2007. On va voir ce que devient l'idée d'abandonner l'impôt sur la fortune pour le remplacer par une tranche d'imposition plus élevée. Il y a apparemment urgence !
RTL, 28 décembre 2010
Alors, quelles pistes pour tenter de remédier à ce fossé ?
On commence à réfléchir, du moins certains, pas tous. Le silence des plus riches, comme Bernard Arnault, le patron de L.V.M.H, est assourdissant. Mais du côté du patronat, Marc Ladreit de la Charrière, fondateur de Fimalac, veut militer pour un capitalisme de solidarité où les patrons redistribuent une partie de leur bonus. On entend aussi de plus en plus parler d'un revenu maximum, une idée en vogue chez les Verts, notamment, mais pas seulement. Quelques-uns, à l'U.M.P, y réfléchissent. Pourquoi ne pas limiter le salaire des patrons avec un écart de 1 à 20 avec leurs employés ?
Mais en France, on pense toujours que la redistribution par l'impôt est plus efficace que la charité. La fiscalité, vous le savez, c'est l'un des grands chantiers promis par le président de la république pour l'année prochaine. On va voir si Nicolas Sarkozy revient sur le paquet fiscal qu'il a généreusement accordé aux plus aisés en 2007. On va voir ce que devient l'idée d'abandonner l'impôt sur la fortune pour le remplacer par une tranche d'imposition plus élevée. Il y a apparemment urgence !
RTL, 28 décembre 2010
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Tassart
Créer un "revenu minimum" était le combat des années 1980 ; instituer "un revenu maximum" pourrait bien devenir, à gauche, celui de la décennie à venir.
Alors que la précampagne présidentielle de 2012 est lancée, la répartition des richesses redevient un sujet majeur. De Martine Aubry (PS) à Eva Joly (Europe Ecologie- Les Verts), en passant par Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), tous cherchent le moyen de réduire les inégalités de salaires et de revenus qui se sont creusées en France ces dix dernières années.
La crise est passée par là. Quand toute l’économie est mise au régime sec, les écarts de rémunérations ne passent plus. "Les niveaux atteints ne parlent plus aux gens. Ils ont l’impression que l’économie perd sa boussole et que la machine est devenue folle", souligne Jérôme Fourquet, directeur de l’institut Ipsos, qui sent monter cette incompréhension dans les études d’opinion.
En librairie, l’ouvrage des sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon "Le Président des riches" (éditions Zones), connaît un franc succès. Plus de 88 000 exemplaires auraient déjà été -vendus. Les actions ludiques lancées par le groupe d’activistes "Sauvons les riches", qui dénonce le mode de vie des plus riches sont regardées avec sympathie. La page Facebook intitulée "Quel montant pour le revenu maximum" connaît une forte consultation.
Les revues militantes s’emparent, elles aussi, du sujet. Le mensuel de sensibilité communiste Regards en fait sa "une" de décembre en demandant "Avons nous besoin des riches ? "
"POINT LIMITE"
L’annonce, la semaine dernière, que le smic ne connaîtrait pas de coup de pouce, a déclenché à gauche une salve d’indignation. Olivier Besancenot a dénoncé un "smic de misère", le comparant aux 3,3 millions d’euros qui seraient la rémunération annuelle moyenne des dirigeants d’entreprises du CAC 40. "200 fois le salaire d’un smicard, c’est édifiant !", s’est-il exclamé. Martine Aubry a enchaîné en notant qu’"il faut qu’un smicard travaille quatre vies pour gagner ce que gagne en un an un patron du CAC 40". "On atteint un point limite de la décence. Il faut que la gauche indique le cap d’une civilisation morale", insiste Patrick Bessac, porte-parole du PCF.
Mais comment faire payer les riches ? Pour certains, ce ne serait qu’une question de "volonté politique". "Il faut reprendre les 10 % de richesse nationale passés de la masse salariale aux plus hauts revenus", exige M. Besancenot qui veut rétablir le taux de 65 % d’imposition pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu.
Jean-Luc Mélenchon, député européen du Parti de gauche (PG), affirme qu’au-dessus de 350 000 euros annuels, il "prend tout". Comment ? en prolongeant le barème de l’impôt sur le revenu par la création d’une dizaine de nouvelles tranches dont le taux irait de 40 % à 100 %. "Il ne doit pas y avoir de revenus plus de vingt fois supérieur au salaire médian (1 600 euros en 2010) ", souligne Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche
Les mots changent, les taux varient mais la demande est identique chez les écologistes. Ici, on parle de "revenu maximum fixé à 30 fois le revenu médian". "Personne ne doit gagner plus de 500 000 euros annuels ou 40 000 euros par mois ", précise Pascal Canfin, eurodéputé et conseiller économique d’Europe Ecologie-Les Verts. Cette ponction pourrait passer par trois voies : la fixation par la loi d’un "salaire forfaitaire maximum", la réintégration des revenus du patrimoine dans l’impôt sur le revenu, ou la création d’une tranche pour les revenus de plus 500 000 euros les taxant à "au moins à 70 %".
Le Parti socialiste s’y est mis, lui aussi mais avec plus de précaution. Les propositions contenues dans son texte sur "l’égalité réelle", présenté le 11 décembre, sont encore peu précises. Des pistes cependant existent : réforme de l’impôt sur le revenu, fiscalisation des stock-options au même titre que les salaires, et, surtout, plafonnement des rémunérations qui seraient "comprises dans une échelle de l’ordre de un à 20" dans les entreprises où l’Etat est actionnaire.
TAXATION SUR DIX ANS
Il faudra attendre la campagne des primaires pour savoir où les socialistes situent le curseur. On peut cependant tabler sur une surenchère. Interrogé lors de l’émission "Dimanche Soir politique" (France Inter, iTélé, Le Monde) Arnaud Montebourg a estimé que c’est "aux très grandes fortunes", de payer les conséquences de la crise. Le député de Saône-et-Loire, candidat aux primaires, propose une taxation sur les patrimoines pendant au moins dix ans. Et pour modifier la répartition entre salaires et profits dans l’entreprise, il propose une loi d’indexation des salaires sur la productivité. "C’est cette loi du partage des profits qu’il va falloir que tous les pays européens, sans exception, imposent", estime-t-il.
Sylvia Zappi Article paru dans l’édition du 21.12.10
La crise est passée par là. Quand toute l’économie est mise au régime sec, les écarts de rémunérations ne passent plus. "Les niveaux atteints ne parlent plus aux gens. Ils ont l’impression que l’économie perd sa boussole et que la machine est devenue folle", souligne Jérôme Fourquet, directeur de l’institut Ipsos, qui sent monter cette incompréhension dans les études d’opinion.
En librairie, l’ouvrage des sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon "Le Président des riches" (éditions Zones), connaît un franc succès. Plus de 88 000 exemplaires auraient déjà été -vendus. Les actions ludiques lancées par le groupe d’activistes "Sauvons les riches", qui dénonce le mode de vie des plus riches sont regardées avec sympathie. La page Facebook intitulée "Quel montant pour le revenu maximum" connaît une forte consultation.
Les revues militantes s’emparent, elles aussi, du sujet. Le mensuel de sensibilité communiste Regards en fait sa "une" de décembre en demandant "Avons nous besoin des riches ? "
"POINT LIMITE"
L’annonce, la semaine dernière, que le smic ne connaîtrait pas de coup de pouce, a déclenché à gauche une salve d’indignation. Olivier Besancenot a dénoncé un "smic de misère", le comparant aux 3,3 millions d’euros qui seraient la rémunération annuelle moyenne des dirigeants d’entreprises du CAC 40. "200 fois le salaire d’un smicard, c’est édifiant !", s’est-il exclamé. Martine Aubry a enchaîné en notant qu’"il faut qu’un smicard travaille quatre vies pour gagner ce que gagne en un an un patron du CAC 40". "On atteint un point limite de la décence. Il faut que la gauche indique le cap d’une civilisation morale", insiste Patrick Bessac, porte-parole du PCF.
Mais comment faire payer les riches ? Pour certains, ce ne serait qu’une question de "volonté politique". "Il faut reprendre les 10 % de richesse nationale passés de la masse salariale aux plus hauts revenus", exige M. Besancenot qui veut rétablir le taux de 65 % d’imposition pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu.
Jean-Luc Mélenchon, député européen du Parti de gauche (PG), affirme qu’au-dessus de 350 000 euros annuels, il "prend tout". Comment ? en prolongeant le barème de l’impôt sur le revenu par la création d’une dizaine de nouvelles tranches dont le taux irait de 40 % à 100 %. "Il ne doit pas y avoir de revenus plus de vingt fois supérieur au salaire médian (1 600 euros en 2010) ", souligne Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche
Les mots changent, les taux varient mais la demande est identique chez les écologistes. Ici, on parle de "revenu maximum fixé à 30 fois le revenu médian". "Personne ne doit gagner plus de 500 000 euros annuels ou 40 000 euros par mois ", précise Pascal Canfin, eurodéputé et conseiller économique d’Europe Ecologie-Les Verts. Cette ponction pourrait passer par trois voies : la fixation par la loi d’un "salaire forfaitaire maximum", la réintégration des revenus du patrimoine dans l’impôt sur le revenu, ou la création d’une tranche pour les revenus de plus 500 000 euros les taxant à "au moins à 70 %".
Le Parti socialiste s’y est mis, lui aussi mais avec plus de précaution. Les propositions contenues dans son texte sur "l’égalité réelle", présenté le 11 décembre, sont encore peu précises. Des pistes cependant existent : réforme de l’impôt sur le revenu, fiscalisation des stock-options au même titre que les salaires, et, surtout, plafonnement des rémunérations qui seraient "comprises dans une échelle de l’ordre de un à 20" dans les entreprises où l’Etat est actionnaire.
TAXATION SUR DIX ANS
Il faudra attendre la campagne des primaires pour savoir où les socialistes situent le curseur. On peut cependant tabler sur une surenchère. Interrogé lors de l’émission "Dimanche Soir politique" (France Inter, iTélé, Le Monde) Arnaud Montebourg a estimé que c’est "aux très grandes fortunes", de payer les conséquences de la crise. Le député de Saône-et-Loire, candidat aux primaires, propose une taxation sur les patrimoines pendant au moins dix ans. Et pour modifier la répartition entre salaires et profits dans l’entreprise, il propose une loi d’indexation des salaires sur la productivité. "C’est cette loi du partage des profits qu’il va falloir que tous les pays européens, sans exception, imposent", estime-t-il.
Sylvia Zappi Article paru dans l’édition du 21.12.10
"La première mesure à prendre pour lutter contre l’esprit de démesure qui s’est abattu sur le monde ces trente dernières années est de poser qu’aucun être humain n’est autorisé à jouir de richesses potentiellement infinies."
En 1797, Thomas Paine, le principal champion et théoricien des droits de l’homme, dédie au Directoire un libelle dont l’argumentation reste plus actuelle que jamais. Se demandant si «l’état de société… a augmenté ou diminué le bonheur de la race humaine en général», il conclut que la question politique première est de savoir comment rendre la civilisation préférable à l’état de nature aux yeux de la grande majorité des êtres humains. Qui peut douter que ce sera là la question première du XXIe siècle également : comment éviter qu’une partie de l’humanité, rendue d’autant plus pauvre que l’autre sera toujours plus riche, ne préfère systématiquement «l’état de nature», autrement dit la guerre de tous contre tous, à l’état de société ?
Au-delà des multiples réponses particulières possibles à ce défi, il importe d’appréhender le problème ainsi posé dans sa plus grande généralité. Il réside très probablement dans le fait que les fondements de notre conception héritée de la démocratie se révèlent de plus en plus inadaptés à l’état du monde globalisé. Ces fondements utilitaristes sont organisés à partir de la question : «A quoi ça [me] sert ?» Dès lors, la démocratie est vue comme le fruit d’une libre association entre des individus mutuellement indifférents, cherchant tous à maximiser leur avantage individuel. Le but en est la recherche du plus grand bonheur du plus grand nombre, et le moyen, la croissance économique.
Cette interprétation utilitariste de la démocratie pose trois séries de problèmes :
1) A mesure que l’idéal démocratique se mondialise il rend de plus en plus insupportables l’inégalité et la dissymétrie entre les anciens dominants occidentaux - qui sont souvent les anciens colonisateurs - et les autres pays, nations, cultures ou civilisations. Sans une reconnaissance de l’égale dignité de tous les peuples et de toutes les cultures, plus facile à dire qu’à réaliser, on n’évitera pas la guerre de tous contre tous.
2) L’acceptation de la démocratie de marché a été largement conditionnée par une croissance économique sans précédent qui offrait à tous la perspective d’une mobilité sociale ascendante. Or en Occident les ressorts de cette forte croissance sont désormais brisés. La question, redoutable, sera de savoir si l’idéal régulateur démocratique va pouvoir y rester vivace en présence d’une croissance faible ou quasi nulle.
3) Enfin, tout le monde voit bien que là où la dynamique de la croissance reste encore puissante, dans les Bric et les pays émergents, rien n’assure qu’elle sera facteur de démocratisation effective et pérenne. Et surtout, tout porte à croire qu’elle ne sera possible qu’un temps relativement bref, au prix et en raison d’une dégradation dramatique et irréversible de l’écosphère. On le sait, il faudrait plusieurs planètes pour rendre possible l’universalisation du standard de vie occidental.
Tout ceci se résume en une question dramatiquement simple : l’espoir utilitariste porté par l’Occident depuis des siècles aura été celui d’un dépassement du conflit entre les hommes par l’accroissement de la prospérité matérielle. Une telle croissance sans limites devient désormais de plus en plus problématique : saurons-nous, en l’absence d’une croissance infinie, trouver les moyens de vivre ensemble, démocratiquement et d’une vie digne, sans nous massacrer les uns les autres ?
Que pourrait donc signifier le projet de trouver à la démocratie des fondements non utilitaristes, anti-utilitaristes, ou supra anti-utilitaristes ? Dans l’Essai sur le don (1924), Marcel Mauss établit que les sociétés archaïques ne reposaient nullement sur le marché ou le troc, l’achat, la vente ou le contrat mais sur ce qu’il appelle la triple obligation de donner, recevoir et rendre. Sur l’obligation, autrement dit, de rivaliser de superbe et de générosité pour être reconnu comme pleinement humain. Ce qu’expose Marcel Mauss est donc une conception politique du don, et réciproquement. Le don - mieux vaudrait dire le défi du don - est cet opérateur paradoxal qui permet aux guerriers de transformer les ennemis en alliés, de passer de la guerre à la paix, donc, et, complémentairement, de la mort et de la stérilité à la vie et à la créativité. Si le don a cette vertu pacificatrice, c’est parce qu’il symbolise la reconnaissance que les hommes en conflit se donnent de leur valeur humaine réciproque. Il affirme qu’avant de produire et échanger des biens matériels utiles, il faut commencer par faire la paix en s’accordant mutuellement une reconnaissance première inconditionnelle.
C’est ce que devra apprendre à faire une idéologie politique d’un nouveau type qu’il est possible d’identifier par provision sous l’étiquette de «convivialisme». Libéralisme, socialisme ou communisme auront été autant de modalités d’une philosophie politique utilitariste faisant de la croissance indéfinie de la prospérité matérielle la réponse par excellence à l’aspiration démocratique. Le convivialisme pose la question de savoir comment «bien vivre ensemble» et comment faire vivre la démocratie même s’il n’y a pas ou plus de croissance économique continue. Il s’affronte donc directement à la question cruciale de notre temps qui est celle des moyens de lutter contre la démesure, l’ubris : comment l’humanité peut-elle apprendre à s’autolimiter ? Le principe de base du convivialisme et de la lutte contre l’illimitation consiste dans l’affirmation de la «commune humanité» et de la «commune socialité» de tous les êtres humains. Sa prise au sérieux implique la subordination de toute mesure politique au respect prioritaire de la dignité humaine, matérielle et morale. Le principe de commune humanité a deux corrélats nécessaires : éviter que certains ne tombent dans un état de sous-humanité, et que d’autres n’aspirent à basculer dans un état de suprahumanité.
Concrètement, le premier corrélat rejoint la proposition développée par Thomas Paine dans son libelle. Le seul moyen, écrivait-il, de convertir l’immense majorité des humains à la certitude que la civilisation est préférable à l’état de nature est de leur accorder sans condition un revenu minimum leur permettant d’échapper à la misère. Généralisons : dans la société conviviale à édifier, la source première de la légitimité des Etats et des gouvernements résidera dans leur capacité à assurer effectivement aux citoyens les conditions matérielles de leur existence de base, proportionnées à la situation générale du pays ou de la région, quelles que soient leur race, leur religion ou leurs croyances.
Symétriquement, la première mesure à prendre pour lutter contre l’esprit de démesure qui s’est abattu sur le monde ces trente dernières années est de poser qu’aucun être humain n’est autorisé à jouir de richesses potentiellement infinies. Ce propos n’est en lui-même porteur d’aucun égalitarisme radical ou dogmatique. C’est au débat démocratique qu’il appartiendra de déterminer quel est l’écart de richesse et de revenus désirable et acceptable. Mais il suffit de constater que l’écart de revenu entre les cent patrons américains les mieux payés et leurs salariés de base a été multiplié par 25 depuis 1970 pour se convaincre qu’il y a de la marge. Posons donc que, pour les pays occidentaux, le retour le plus rapide possible aux normes d’égalité-inégalité qui prévalaient encore dans les années 70 doit désormais devenir une priorité absolue.
Seule l’affirmation du principe inconditionnel de commune humanité et l’institution conjointe d’un revenu minimum et d’un revenu maximum peut nous donner de vraies chances d’éviter la double catastrophe qui nous guette à brève échéance : celle d’une dégradation dramatique et irréversible de l’environnement naturel et celle du déchaînement de la guerre de tous contre tous.
Par ALAIN CAILLÉ
Libération, le 9 novembre 2010
Au-delà des multiples réponses particulières possibles à ce défi, il importe d’appréhender le problème ainsi posé dans sa plus grande généralité. Il réside très probablement dans le fait que les fondements de notre conception héritée de la démocratie se révèlent de plus en plus inadaptés à l’état du monde globalisé. Ces fondements utilitaristes sont organisés à partir de la question : «A quoi ça [me] sert ?» Dès lors, la démocratie est vue comme le fruit d’une libre association entre des individus mutuellement indifférents, cherchant tous à maximiser leur avantage individuel. Le but en est la recherche du plus grand bonheur du plus grand nombre, et le moyen, la croissance économique.
Cette interprétation utilitariste de la démocratie pose trois séries de problèmes :
1) A mesure que l’idéal démocratique se mondialise il rend de plus en plus insupportables l’inégalité et la dissymétrie entre les anciens dominants occidentaux - qui sont souvent les anciens colonisateurs - et les autres pays, nations, cultures ou civilisations. Sans une reconnaissance de l’égale dignité de tous les peuples et de toutes les cultures, plus facile à dire qu’à réaliser, on n’évitera pas la guerre de tous contre tous.
2) L’acceptation de la démocratie de marché a été largement conditionnée par une croissance économique sans précédent qui offrait à tous la perspective d’une mobilité sociale ascendante. Or en Occident les ressorts de cette forte croissance sont désormais brisés. La question, redoutable, sera de savoir si l’idéal régulateur démocratique va pouvoir y rester vivace en présence d’une croissance faible ou quasi nulle.
3) Enfin, tout le monde voit bien que là où la dynamique de la croissance reste encore puissante, dans les Bric et les pays émergents, rien n’assure qu’elle sera facteur de démocratisation effective et pérenne. Et surtout, tout porte à croire qu’elle ne sera possible qu’un temps relativement bref, au prix et en raison d’une dégradation dramatique et irréversible de l’écosphère. On le sait, il faudrait plusieurs planètes pour rendre possible l’universalisation du standard de vie occidental.
Tout ceci se résume en une question dramatiquement simple : l’espoir utilitariste porté par l’Occident depuis des siècles aura été celui d’un dépassement du conflit entre les hommes par l’accroissement de la prospérité matérielle. Une telle croissance sans limites devient désormais de plus en plus problématique : saurons-nous, en l’absence d’une croissance infinie, trouver les moyens de vivre ensemble, démocratiquement et d’une vie digne, sans nous massacrer les uns les autres ?
Que pourrait donc signifier le projet de trouver à la démocratie des fondements non utilitaristes, anti-utilitaristes, ou supra anti-utilitaristes ? Dans l’Essai sur le don (1924), Marcel Mauss établit que les sociétés archaïques ne reposaient nullement sur le marché ou le troc, l’achat, la vente ou le contrat mais sur ce qu’il appelle la triple obligation de donner, recevoir et rendre. Sur l’obligation, autrement dit, de rivaliser de superbe et de générosité pour être reconnu comme pleinement humain. Ce qu’expose Marcel Mauss est donc une conception politique du don, et réciproquement. Le don - mieux vaudrait dire le défi du don - est cet opérateur paradoxal qui permet aux guerriers de transformer les ennemis en alliés, de passer de la guerre à la paix, donc, et, complémentairement, de la mort et de la stérilité à la vie et à la créativité. Si le don a cette vertu pacificatrice, c’est parce qu’il symbolise la reconnaissance que les hommes en conflit se donnent de leur valeur humaine réciproque. Il affirme qu’avant de produire et échanger des biens matériels utiles, il faut commencer par faire la paix en s’accordant mutuellement une reconnaissance première inconditionnelle.
C’est ce que devra apprendre à faire une idéologie politique d’un nouveau type qu’il est possible d’identifier par provision sous l’étiquette de «convivialisme». Libéralisme, socialisme ou communisme auront été autant de modalités d’une philosophie politique utilitariste faisant de la croissance indéfinie de la prospérité matérielle la réponse par excellence à l’aspiration démocratique. Le convivialisme pose la question de savoir comment «bien vivre ensemble» et comment faire vivre la démocratie même s’il n’y a pas ou plus de croissance économique continue. Il s’affronte donc directement à la question cruciale de notre temps qui est celle des moyens de lutter contre la démesure, l’ubris : comment l’humanité peut-elle apprendre à s’autolimiter ? Le principe de base du convivialisme et de la lutte contre l’illimitation consiste dans l’affirmation de la «commune humanité» et de la «commune socialité» de tous les êtres humains. Sa prise au sérieux implique la subordination de toute mesure politique au respect prioritaire de la dignité humaine, matérielle et morale. Le principe de commune humanité a deux corrélats nécessaires : éviter que certains ne tombent dans un état de sous-humanité, et que d’autres n’aspirent à basculer dans un état de suprahumanité.
Concrètement, le premier corrélat rejoint la proposition développée par Thomas Paine dans son libelle. Le seul moyen, écrivait-il, de convertir l’immense majorité des humains à la certitude que la civilisation est préférable à l’état de nature est de leur accorder sans condition un revenu minimum leur permettant d’échapper à la misère. Généralisons : dans la société conviviale à édifier, la source première de la légitimité des Etats et des gouvernements résidera dans leur capacité à assurer effectivement aux citoyens les conditions matérielles de leur existence de base, proportionnées à la situation générale du pays ou de la région, quelles que soient leur race, leur religion ou leurs croyances.
Symétriquement, la première mesure à prendre pour lutter contre l’esprit de démesure qui s’est abattu sur le monde ces trente dernières années est de poser qu’aucun être humain n’est autorisé à jouir de richesses potentiellement infinies. Ce propos n’est en lui-même porteur d’aucun égalitarisme radical ou dogmatique. C’est au débat démocratique qu’il appartiendra de déterminer quel est l’écart de richesse et de revenus désirable et acceptable. Mais il suffit de constater que l’écart de revenu entre les cent patrons américains les mieux payés et leurs salariés de base a été multiplié par 25 depuis 1970 pour se convaincre qu’il y a de la marge. Posons donc que, pour les pays occidentaux, le retour le plus rapide possible aux normes d’égalité-inégalité qui prévalaient encore dans les années 70 doit désormais devenir une priorité absolue.
Seule l’affirmation du principe inconditionnel de commune humanité et l’institution conjointe d’un revenu minimum et d’un revenu maximum peut nous donner de vraies chances d’éviter la double catastrophe qui nous guette à brève échéance : celle d’une dégradation dramatique et irréversible de l’environnement naturel et celle du déchaînement de la guerre de tous contre tous.
Par ALAIN CAILLÉ
Libération, le 9 novembre 2010
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Le PS propose un salaire maximum pour les patrons des entreprises publiques
C'est une mesure osée, que le PS avait déjà dévoilée dans son projet économique en avril dernier: dans les entreprises où il y a une participation publique, les rémunérations devront être comprises dans une échelle d'ordre 1 à 20.
Le salaire le plus bas, dans les entreprises publiques comme dans toutes les entreprises, c'est le Smic, c'est-à-dire 1343 euros brut. Avec la nouvelle règle édictée par le PS, le plus haut salaire, souvent celui du PDG, ne pourrait donc excéder vingt fois ce montant, c'est-à-dire 26 860 euros brut mensuels, soit 322 000 euros brut par an. Cela impliquerait, pour tous les patrons des entreprises publiques cotées, une baisse de salaire drastique: chez EDF, Henri Proglio gagne par exemple 2 millions d'euros par an. Et l'efficacité d'un tel plafonnement n'est pas prouvée, car les entreprises pourraient choisir d'augmenter d'autres formes de rémunération - actions gratuites, stock-options.
Extrait de l'article de Thomas Bronnec et Laurence Debril
Le salaire le plus bas, dans les entreprises publiques comme dans toutes les entreprises, c'est le Smic, c'est-à-dire 1343 euros brut. Avec la nouvelle règle édictée par le PS, le plus haut salaire, souvent celui du PDG, ne pourrait donc excéder vingt fois ce montant, c'est-à-dire 26 860 euros brut mensuels, soit 322 000 euros brut par an. Cela impliquerait, pour tous les patrons des entreprises publiques cotées, une baisse de salaire drastique: chez EDF, Henri Proglio gagne par exemple 2 millions d'euros par an. Et l'efficacité d'un tel plafonnement n'est pas prouvée, car les entreprises pourraient choisir d'augmenter d'autres formes de rémunération - actions gratuites, stock-options.
Extrait de l'article de Thomas Bronnec et Laurence Debril
Dans le Figaro du 28 mai 2010, Xavier Delacroix expert, qui conseille les chefs d'entreprise sur l'éthique, s'interroge sur l'opportunité de limiter les revenus des cadres dirigeants.
Le président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, invité de Bourdin Direct ce lundi 28 juin 2010, est notamment revenu sur l'implication d'Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt.
Ironisant sur le fait que cette affaire affaiblit Woerth sur la question des retraites et que cela arrange plutôt le Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon a néanmoins défendu l’ancien ministre du Budget. Selon lui, ce sont bien « les trop grandes richesses » et « les Bettencourt » qui posent problème.
« Le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !»
« Si Monsieur Woerth a fait quelque chose qui n’est pas acceptable, alors il sera puni. J’en suis certain. Maintenant, je ne voudrais pas que ça serve de diversion. Il n’y a pas un syndicat ouvrier qui parle de la démission de Monsieur Woerth. Pourquoi ? Parce que l’on n’a pas envie que sous prétexte de Monsieur Woerth, on arrête de parler de sa réforme sur les retraites et je vais même plus cyniquement vous dire que cela m’arrange qu’il reste en poste parce qu’il est affaibli. Mais surtout je ne veux pas que l’on déglingue un type simplement sur la base de deux ou trois dénonciations…Le vrai problème, c’est les Bettencourt et les autres, c’est de ceux-là dont on devrait parler. Comment cela se fait que l’on ne s’intéresse pas d’avantage au fait qu’une fois de plus ces gens se comportent comme des irresponsables sociaux. C’est la première fortune du pays mais elle a caché une île, rien que ça ! Pourquoi pas une montagne ? Une île et plein d’argent. Et on n’a rien à dire sur les fraudeurs fiscaux ! 40 milliards par an s’évadent de cette manière ! Voilà la vérité : le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !Les trop grandes richesses !» a déclaré le leader du Parti de gauche, ajoutant qu’il plaide, quant à lui, pour un revenu maximum ne dépassant pas 20 fois le revenu moyen.
http://www.rmc.fr/editorial/116335/affaire-woerth-le-vrai-probleme-c-est-les-bettencourt/
« Le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !»
« Si Monsieur Woerth a fait quelque chose qui n’est pas acceptable, alors il sera puni. J’en suis certain. Maintenant, je ne voudrais pas que ça serve de diversion. Il n’y a pas un syndicat ouvrier qui parle de la démission de Monsieur Woerth. Pourquoi ? Parce que l’on n’a pas envie que sous prétexte de Monsieur Woerth, on arrête de parler de sa réforme sur les retraites et je vais même plus cyniquement vous dire que cela m’arrange qu’il reste en poste parce qu’il est affaibli. Mais surtout je ne veux pas que l’on déglingue un type simplement sur la base de deux ou trois dénonciations…Le vrai problème, c’est les Bettencourt et les autres, c’est de ceux-là dont on devrait parler. Comment cela se fait que l’on ne s’intéresse pas d’avantage au fait qu’une fois de plus ces gens se comportent comme des irresponsables sociaux. C’est la première fortune du pays mais elle a caché une île, rien que ça ! Pourquoi pas une montagne ? Une île et plein d’argent. Et on n’a rien à dire sur les fraudeurs fiscaux ! 40 milliards par an s’évadent de cette manière ! Voilà la vérité : le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt !Les trop grandes richesses !» a déclaré le leader du Parti de gauche, ajoutant qu’il plaide, quant à lui, pour un revenu maximum ne dépassant pas 20 fois le revenu moyen.
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